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Batman Rebirth – Tome 01 : Mon nom est Gotham

Après la longue série (9 tomes) de Batman Renaissance (qui débutait après le relaunch du même nom), c’est une « nouvelle » série qui commence pour le Chevalier Noir suite au nouveau relaunch de l’éditeur DC Comics. Mais on ne repart pas à zéro sur ce nouveau Batman, au contraire, on poursuit ce qui avait été instauré sur certains points (par exemple le personnage de Duke Thomas). C’est le scénariste Tom King (Grayson) qui devient l’auteur principal de cette nouvelle série. Compliqué ? Pas tant que ça. Découverte.

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[Histoire]
Batman a un projet pour le jeune Thomas Duke, dont les parents sont toujours victimes du gaz rendant fou répandu par le Joker (voir Mascarade). Il lui propose de devenir un nouvel allié et non un nouveau Robin. Parallèlement, une certaine « valse des bombes » a lieu dans la ville : ponts, avion… tout y passe.

C’est justement quand il veut sauver les passagers d’un avion que le Chevalier Noir est aidé par deux nouveaux super-héros : Gotham et Gotham Girl (Hank et Claire, frère et sœur dans la vie — Batman avait secouru Hank quand il était enfant).

Dans l’ombre, plusieurs protagonistes semblent établir un plan secret. D’un côté le docteur Hugo Strange et son acolyte le Pyscho-Pirate (Roger Hayden, le maître des émotions), d’un autre Amanda Waller, à la tête de la Suicide Squad. De plus, des citoyens apeurés clament que « les monstres arrivent ».

Gotham & Gotham Girl

[Critique]
Pas facile de débuter une nouvelle série sur le Chevalier Noir, encore moins quand celle-ci n’est pas vraiment un nouveau départ mais poursuit la continuité instauré par le passé. Pour ce premier tome, Tom King réalise un travail plus que correct (mais loin d’être une réussite totale), largement aidé par les dessins de David Finch. Le premier chapitre introductif (co-scénarisé par Scott Snyder) est le moins intéressant car il est un peu détaché de la véritable histoire principale. Il s’agit, en VO de Batman Rebirth #1, un chapitre one-shot qui revient sur un affrontement étrange face à Calendar Man (traduit par Almanach – sic). Il avait déjà fait l’objet d’une courte critique sur le site, complétée par celle du premier chapitre de la « vraie » série qui reprend sa numérotation à un, à savoir : Batman #1.

Alfred Batman Rebirth

Les éléments plus fascinants arrivent rapidement, à commencer par les deux nouveaux personnages : Claire et Hank, alias Gotham-Girl et Gotham. La nature de leur pouvoir est expliquée, l’évolution des deux (chaque heure de pouvoir utilisée réduit de quelques années leur espérance de vie) permet de redistribuer un peu les cartes de l’univers Gothamien. Ça tombe bien, la ville est (à nouveau) au cœur du récit avec toujours cette réflexion sur la nécessité de rebâtir les fondations, etc. Un air de déjà-vu malgré tout, suite à la série de Scott Snyder.

Gordon Gotham Rebirth

D’autres éléments sont mal développés. Le duo d’ennemis (Strange et le Psycho-Pirate) n’apparaît pas assez, si bien qu’on a du mal à suivre leur plan efficacement, pire : on ne les voit quasiment jamais en action. Idem côté Amanda Waller mais c’est moins grave car on « sent » que son arc est surtout en développement pour la suite de l’histoire (dans laquelle il est légitime d’espérer revoir au moins Claire qui peut devenir une alliée ambigüe au destin tragique). Le principal souci de ce tome 1 réside dans son orientation axée connaisseurs de l’univers de Batman. Les sous-titres « tout commence ici » placés en avant sur les livres sont faussement réalistes. Bien sûr, n’importe qui peut lire ce livre sans comprendre tous les enjeux sans que ce soit problématique, mais… pour le lecteur entièrement novice, bien difficile de se familiariser avec Thomas Duke par exemple, de constater des rappels à toutes les histoires passées de Batman (sous l’ère Snyder), des connexions à l’univers DC Comics (Suicide Squad, Justice League…).

L’apparition de la Justice League, justement, même si elle est éphémère, est par contre relativement réjouissante et réussie. Comme  tous les véhicules du Chevalier Noir, qui prennent ici une place de choix ! Un aspect qu’on ne voit pas forcément souvent et qui est bien mis en avant ici.

Batman Gotham

Les dessins sont soignés, David Finch excelle lors des pleine pages. L’artiste avait déjà signé quelques aventures (ratées) de Batman dans la série Le Chevalier Noir (4 tomes) qui succédait plus ou moinas à La Nouvelle Aube, mais surtout derrière quelques beaux ouvrages de la période Renaissance (New 52) de Justice League. Sur le plan graphique (Ivan Reis et Mikel Janin sont présents le temps de quelques planches) c’est clairement un sans faute. On s’étonne par contre de l’armée d’encreurs différents, parfois trois sur un seul chapitre ! Sur le plan scénaristique, comme vu au-dessus on n’est pas tout à fait convaincu par tout ce que propose Tom King mais c’est suffisamment bien écrit pour se lire d’une traite et, surtout, avoir envie de lire la suite !

Une longue galerie de couvertures alternatives, quelques crayonnées et travaux de recherches complètent l’ouvrage, assez riche en bonus.

Gotham Girl

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 9 juin 2017. Précédemment publié dans le magazine Batman Rebirth #1 à #3 (juin à août 2017).

Titre des chapitres :
Batman Rebirth #1 : Jour après jour
Batman #1 : Mon Nom est Gotham (chapitres 1 à 6)

Scénario : Tom King (+ Scott Snyder pour BR#1)
Dessins : David Finch, Mikel Janín (BR#1), Ivan Reis (#6)
Encrage : Matt Banning, Danny Miki, Sandra Hope, Scott Hana, Joe Prado, Oclair Albert
Couleur : Jordie Bellaire, June Chung (BR#1), Marcelo Maiolo (#6)

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Stephan Boschat (Studio MAKMA)

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DC Univers Rebirth – Le Badge

Le Badge (The Button en VO) est un tome un peu particulier. Il rassemble les chapitres #21 et #22 des séries Batman et The Flash (sous l’ère Rebirth, second relaunch de DC Comics). Ces quatre épisodes font également suite à des éléments distillés dans plusieurs histoires publiées chez l’éditeur ces dernières décennies (principalement sur Le Bolide Écarlate, mais aussi des events de DC Comics, comme Flashpoint et DC Univers Rebirth, le tout planant dans l’ombre du gigantesque et culte Watchmen). Un très bon avant-propos éditorial récapitule tout cela avant de se lancer dans la lecture. Tour d’horizon.

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[Introduction]
Guide de lecture • « Le Mystère de DC Rebirth se dévoile »
Texte entièrement reproduit depuis l’édition librairie d’Urban Comics ©

1. Le Tapis Cosmique | Flash la légende – Tome 01
Barry Allen est l’homme le plus rapide du monde. Il est le catalyseur de l’Univers Renaissance : quand il a tenté de sauver sa mère des griffes de son ennemi, Néga-Flash, il a modifié à jamais le cours de l’Histoire.

2. Flashpoint | Flashpoint
En utilisant le tapis, Barry remonte le temps afin d’empêcher le meurtre de sa mère, Nora, par son pire ennemi, le professeur Zoom, aussi appelé Néga-Flash. Ce faisant, il modifie le cours des évènements et créé un présent au bord de l’Apocalypse. Aidé par Thomas Wayne, le Batman de cette dimension baptisée « Flashpoint » *, qui assassine Zoom, Flash parvient à rétablir la continuité des évènements… sans remarquer que certains éléments ont été modifiés.

* Outre l’histoire de Flash (et de cet important chamboulement) narré dans le tome éponyme, on peut découvrir l’histoire de ce Batman particulier et original dans l’excellent one-shot Cité Brisée et autres histoires… Elle est également disponible dans les deuxième numéro du magazine Flashpoint publié en 2012.

3. Le Retour de Kid Flash | DC Univers Rebirth [mini-critique]
Wally West qui fut le partenaire de Barry Allen, pendant des années sous le pseudonyme de Kid Flash, a disparu suite au Flashpoint. Le monde entier, y compris sa femme, Linda, et Flash, l’a oublié. Lors d’une mystérieuse tempête, Wally parvient à s’extirper de ces limbes et à contacter Barry qui, se souvenant de lui, réussit à le ramener à la réalité. Wally affirme qu’une entité a enlevé dix années aux héros de la Terre, effaçant des souvenirs, des relations ou même des individus.

4. Le Pétase de Mercure | Flash Rebirth – Tome 02
Après ces retrouvailles, Flash perçoit un nouveau mouvement dans la Force Véloce et a une vision d’un objet qu’il ne reconnaît pas mais qui le remplit d’espoir : un pétase de Mercure. Un casque qui appartenait des années auparavant à Jay Garrick, le Flash des années 1940.

Batman Button Badge Comedien

5. Le Badge | Watchmen
La nuit du retour de Wally West, Batman (Bruce Wayne), le plus grand détective du monde, remarque un étrange objet dans un recoin de sa batcave : un badge « smiley » jaune taché de sang. Il s’agit du badge du Comédien, un justicier radical vivant dans une dimension parallèle, dans les évènements ont été altérés par le Dr Manhattan, un être surpuissant capable de modifier la réalité à l’envi.

6. La lettre de Thomas Wayne | Flashpoint
Dans la réalité du Flashpoint, Bruce Wayne a été abattu enfant, son père est alors devenu Batman pour le venger. Avant que cette temporalité soit effacée, Thomas a laissé une lettre à Flash afin qu’elle soit remise à Bruce, une fois la réalité restaurée. Wally West a pointé du doigt cette lettre lors de son retour.

7. Le Masque de Méduse | Batman Rebirth – Tome 03 [critique]
Roger Hayden, le Psycho-Pirate, est un super-vilain dont le Masque de Méduse lui permet de manipuler les émotions de ses adversaires. Batman a ramené le Psycho-Pirate de l’île de Santa Prisca afin d’aider son amie, Claire Clover, alias Gotham Girl. Le Psycho-Pirate est également le seul personnage qui se souvient des dimensions parallèles datant d’avant la première Crise de l’Univers DC (Crisis on Infinite Earths).

8. Johnny Thunder et Saturn Girl | DC Univers Rebirth [mini-critique]
Deux personnages semblent connaître certains secrets de l’univers de DC Rebirth. Le premier est Johnny Thunder, un métahumain retraité, qui faisait partie de la Société de Justice, la plus grande équipe de héros durant la Seconde Guerre mondiale. Il en a effacé le souvenir afin de les protéger des investigations de la Commission des activités anti-américaines, dans les années 1950. Le second est Saturn Girl, une jeune télépathe issue du XXXIème siècle, qui fait partie de la Légion des Super-Héros, une équipe d’adolescents à super-pouvoirs. Elle est actuellement enfermée à l’asile d’Arkham, mais il semblerait qu’elle soit au courant des évènements à venir.

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Le récit est également disponible en kiosque le 6 avril 2018 dans les magazines Batman Rebirth #11
et Justice League Rebirth #11 (couvertures de gauche), pour 5,90€ chacun.
Les deux bénéficient d’une édition collector limitée avec une couverture en noir et blanc, au prix de 9,90€ le magazine (couvertures de droite).
Liens pour les acheter tout en bas de cette critique.
Le recueil en librairie coûte, quant à lui, 14,50€ et sera en vente le 13 avril 2018 (couverture du haut de cet article).

[Histoire]
À Arkham, Saturn Girl regarde un match de hockey et se rappelle qu’un joueur va mourir. Batman visualise le même match, sachant (à priori) également ce qu’il va se dérouler. Le Chevalier Noir lance le badge qu’il avait retrouvé dans la Bat-Cave à côté du Masque de Méduse et le fantôme de son père, costumé également en Dark Knight (le « Batman » de la version Flashpoint) lui apparaît sporadiquement.

En attendant l’aide de Flash pour résoudre ce mystère, Bruce se fait agresser par Eobard Thawne, le professeur Zoom, alias Néga-Flash. Ce dernier avait justement été tué par Thomas Wayne dans l’univers Flashpoint.

Batman et Flash vont devoir voyager dans le temps pour résoudre l’énigme du badge et la mort de quelqu’un…

Batman Nega Flash  Nega Flash Batman

[Critique]
Premier chapitre (Batman #21) écrit par Tom King hyper efficace : un excellent rythme, un combat d’anthologie, des dessins incroyablement beaux et stylés (par Jason Fabok, qui les encre également), un découpage dynamique (qui rend hommage à Watchmen par ses cases type gaufrier — neuf par planche — et l’omniprésence du célèbre jaune des Gardiens — Brad Anderson est à la colorisation), un coup de théâtre final, bref c’est un sans faute !

Deuxième chapitre (The Flash #21) avec une autre équipe artistique, notamment Joshua Williamson à l’écriture, Howard Porter pour les dessins et Hi-Fi pour les couleurs. En résulte un style graphique différent mais extrêmement soigné à sa manière, dont les mouvements colorés de Flahs sont un pur régal visuel. Après l’action et la violence, place à la réflexion et à l’enquête. Des dialogues interminables entre les deux justiciers ont lieu, sans qu’on comprenne clairement tous les enjeux, faute à un certain jargon plus ou moins scientifique. Rien de très grave cependant. La plupart des connexions à d’autres comics mentionnées en introduction sont abordées à nouveau ici (DC Univers Rebirth, Flashpoint, Cité Brisée et autres histoires…, Flash Rebirth – Tome 02, etc.).

De façon anecdotique, on apprend aussi que le sang sur le badge (celui du Comédien de Watchmen) n’est pas recensé dans l’univers actuel. L’ensemble de cette histoire, un chouilla plus centré sur Flash a un côté « psychédélique » grâce aux couleurs vives causées par le voyage dans le temps (ou les univers) de Batman et du Bolide Écarlate. Ce qui donne lieu à une rencontre surréaliste (et fantasmée depuis des années par les fidèles lecteurs fans de Flashpoint) : le Batman de Flashpoint, donc Thomas Wayne, face à « notre » Batman, donc Bruce Wayne !

Flash The Button

Troisième chapitre (Batman #22) replongeant dans l’univers Flashpoint avec un flash-back de Thomas Wayne qui s’était recueilli dans son manoir, attendant les soldats d’Aquaman et Wonder Woman (les deux étaient alors en guerre avant de s’allier). On nous explique qu’il ne s’agissait pas d’un univers alternatif mais d’une histoire alternative et que le lieu est le même. Un brin confus quand même pour le lecteur, qu’il soit connaisseur des œuvres précitées et de l’univers DC (il a tout intérêt à l’être) ou simple néophyte (qui risque d’être totalement largué).

En résulte malgré tout de très beaux moments entre Bruce et Thomas, quand le fils annonce au paternel qu’il est grand-père par exemple, c’est émouvant, le temps d’une case mémorable. La relation entre les deux pourrait faire l’objet d’une série à part, tant il y aurait à proposer avec ce duo original ! Le costume croqué à l’origine par Eduardo Risso est respecté et permet d’identifier aisément quel Chevalier Noir parle ou agit.

Bruce Thomas Wayne Batman

Quatrième chapitre (The Flash #21) flamboyant et coloré ! Avec ce ton pastel unique qui dénote clairement avec la série Batman mais qui passe tout de même très bien. Ce petit manque de cohérence graphique n’est pas très important car les deux sont originaux et soignés.

La conclusion nous (re)présente Jay Garrick, le tout premier Flash (publié pour la première fois en janvier 1940 !) et évidemment un autre personnage célèbre du monde de DC Comics (pas vraiment une surprise de le voir mais assez jouissif quand même).

Un épilogue de deux planches, sans texte, clôt une partie de l’ouvrage avec une élégance rare (à priori lié à l’autre évènement DC « Superman Reborn », disponible dans les magazines Justice League Rebirth #10, #11 et #12 (mars, avril et mai 2018) et dans DC Univers Rebirth : Superman, en vente dès le 29 juin 2018).

Flash Batman Button

La « suite », la confrontation des héros de Watchmen avec ceux de DC Comics est à découvrir dans la série Doomsday Clock, écrite par Geoff Johns et dessinée par Gary Frank. Elle est actuellement en publication et se déroule sur douze chapitres prévus de novembre 2017 à juillet 2019. Superman sera opposé au Dr. Manhattan. Urban Comics propose les six premières pages (en noir et blanc) en exclusivité (The Road to Doomsday Clock). Il s’agit donc de la suite « officielle » de Watchmen (spoiler : le journal de Rorschach a bien été publié par la presse, Adrien Veidt (Ozymandias) a donc été démasqué et est activement recherché).

Que vaut donc Le Badge une fois la lecture terminée ? L’impression de lire un récit « important » dans l’histoire du DC Comics. Une histoire un peu courte qui fait surtout office d’introduction (à Doomsday Clock). Sur les graphismes, il n’y a rien à dire, comme évoqué les deux styles (de Jason Fabok et de Joshua Williamson) se conjuguent à merveille malgré leurs flagrantes différences. Le travail de colorisation est à salué également tant il apporte un plus non négligeable. Le livre comporte de magnifique doubles pages qui sont, une fois de plus, un régal pour les yeux. Par ailleurs, huit superbes couvertures alternatives concluent le tome.

Sur le scénario, le plus gros défaut du titre est son accessibilité. Un novice total de l’univers de DC n’y comprendra pas grand chose (niveau connexions avec les autres personnages et œuvres) et ne saisira aucune référence. Même les fans les plus aguerris auront bien besoin du récapitulatif en début d’ouvrage pour tout bien avoir en tête. Idéalement donc, il faut à minina connaître Flashpoint mais aussi son extension sur Batman, sans oublier Watchmen. Cela fait « beaucoup » pour séduire un nouveau lectorat. Mais ce n’est pas le but ici. L’idée est de proposer un vaste chantier éditorial et une prise de risque énorme dans le paysage des comics. Et à ce niveau là, le pari est gagné haut la main. Le fan de Watchmen et de Batman ne pourra qu’être conquis ! Coup de cœur 2018.

Bruce Wayne Flash

[À propos]
Publié en France le 13 avril 2018 chez Urban Comics.

Scénario : Tom King (Batman #21-22), Joshua Williamson (The Flash #21-22), Geoff Johns (Doomsday Clock)
Dessin : Jason Fabok (Batman #21-22), Howard Porter (The Flash #21-22), Gary Franck (Doomsday Clock)
Couleur : Brad Anderson (Batman #21-22), Hi-Fi (The Flash #21-22)

Traduction : Alex Nikolavitch, Jérôme Wicky, Ed Tourriol
Lettrage : Stephan Boschat (Studio MAKMA)

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DC Univers Rebirth – Le Badge
Batman Rebirth #11 : Batman / Flash – Le Badge (1/2)
Justice League Rebirth #11 : Batman / Flash – Le Badge (2/2)
Batman Rebirth #11 : Batman / Flash – Le Badge (1/2) • Édition collector limitée noir et blanc
Justice League Rebirth #11 : Batman / Flash – Le Badge (2/2) • Édition collector limitée noir et blanc

Batman Thomas Bruce Wayne

Guide de lecture minimaliste avant de découvrir Le Badge :
1. Watchmen
2. Flashpoint
3. Batman : Cité brisée et autres histoires…
ou version kiosque magazine en occasion : Flashpoint #2
4. DC Univers Rebirth (intégrale)
ou version kiosque magazine en occasion : DC Univers Rebirth #1

5. DC Univers Rebirth – Le Badge (13 avril 2018)
6. DC Univers Rebirth – Superman (29 juin 2018)
7. Doomsday Clock (premier tome au plus tôt fin 2018)

Batman Le Badge The Button Smile Smiley Watchmen

Grayson – Tome 02 : Nemesis

Suite des aventures de l’ancien Robin, puis ex-Nightwing, ayant désormais une série à son nom dont la critique du premier tome est disponible ici.

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[Histoire]
Helena est désormais à la tête de Spyral, rendant des comptes à Spyder, étrange trio arachnéen. Helena est sommée par d’autres instances d’enquêter sur une série de meurtres à priori commis par Grayson. En effet, chaque fois que l’Agent 37 a combattu quelqu’un, ce dernier a été retrouvé mort peu après. Ses soupçons se dirigent vers l’Agent 1 (Tiger), qui tient Dick responsable de la mort de son ancienne coéquipière : l’Agent 8 (survenue dans le premier tome).

De son côté, Grayson a pour mission de voler un collier et de le remettre à son acheteur, qui s’avère être Lex Luthor. Le bijou étant constitué de kryptonite, et le puissant homme étant devenu membre à part entière de la Ligue de Justice et à la tête de l’A.R.G.U.S. (voir Justice League – Tome 08 : La Ligue d’Injustice), il est de son devoir de trouver des éléments pouvant faire plier ses collègues (Superman en l’occurrence).

L’ancien Robin n’arrive d’ailleurs plus à joindre Batman pour rendre les comptes de son infiltration (pour cause : Bruce Wayne est devenu amnésique après son combat contre le Joker et Alfred ne lui a pas dit qu’il avait été le célèbre justicier masqué — voir Batman – Tome 08 : La Relève (première partie)). Il décide dans la foulée de quitter Spyral et de retourner voir ses anciens alliés pour leur annoncer qu’il est en vie…

Grayson Fly

[Critique]
Ce second tome est clairement supérieur au premier. Il fait même partie des « coups de cœur » du site (même s’il n’est pas exempt de défauts). Outre la partie graphique, toujours autant soignée et agréable (on y reviendra après), l’histoire évolue de façon très intéressante, aussi bien pour le personnage principal, que sur les trames narratives et les connexions avec l’univers de Grayson. Il y a tout d’abord un agréable point de vue changeant du premier chapitre qui reprend le même que dans l’ouvrage précédent mais du point de vue d’un adversaire de Grayson. Ce petit aspect est la première pierre à l’édifice sur la plus grosse enquête dans Nemesis. Qui aboutira à la fois sur un combat contre « le double » de Dick (extrêmement bien écrit et dessiné, en plus d’être drôle) et une révélation qui est surprenante et non prévisible. C’est suffisamment rare dans le monde des comics que cela mérite d’être souligné. En outre, quelques aspects de Spyral, avec notamment Spyder, l’organisation Checkmate et deux ou trois détails rendent un chouilla confus certaines informations, surtout sur la fin, mais ce n’est pas très problématique. Le premier chapitre comporte des dialogues en espagnol non traduits, tandis que ceux du deuxième le sont, étrange (même chose dans les Batman Univers qui publiaient la série).

Grayson Tiger

Le quatrième chapitre narre les retrouvailles de l’ex-Nightwing avec tour à tour Bruce Wayne (amnésique donc) Jason, Tim, Barbara et Damian. Ce qui amène à de nombreuses références, à commencer par quelques échos au Deuil de la Famille sur les mensonges de Dick, similaires à ceux de Bruce à l’époque. Mais surtout au second tome de Batgirl (pour mieux saisir les réactions de Barbara), et plus ou moins au retour de Damian (L’éveil de Robin, Robin : Son of Batman, à lire dans les numéros de Batman Saga) et à la préparation de Robin War (un mini-évènement qui touchera plusieurs séries). Batman Eternal est aussi plus ou moins nommé, et les prémices de sa suite, Batman & Robin Eternal arrivent doucement. Mais pour ces cas des retrouvailles, nul besoin d’être familier avec tout l’univers pour apprécier la bande dessinée. On notera aussi des rappels, plus discrets, aux traditionnels Hiboux (introduits dans La Cour des Hiboux et régulièrement mentionnés) et à L’An Zéro ; et même à un ennemi de seconde zone : le Requin Tigre. Il est vrai par contre, que la série Batman, en particulier le tome 8, livre une clé de compréhension non négligeable sur l’absence de Bruce Wayne/Batman et même son remplaçant très robotique.

Grayson 2 Helena

Dans le même genre, il est évoqué une portion d’autoroute durant le chapitre annual, placé en milieu du tome, sur laquelle Batman avait combattu la Justice League. Il s’agit cette fois du tome 7 de la série Batman (Mascarade). Cette séquence voit Dick s’associer à Superman, un très bon moment, qui fait cette fois référence à Superman : L’Homme de Demain – Tome 02, puisque l’Homme d’Acier a, à priori perdu, ses pouvoirs. À nouveau ce n’est pas très grave de ne pas connaître toutes ses séries annexes pour la compréhension globale (même si c’est toujours un peu dommage), mais cela donne une séquence très « Mad Max Urbaine », assez comique (la moto « Lana » et les échanges entre Clark et Dick). On y retrouve aussi « Die Faust der Kain » (Le Poing de Cain), une équipe de mercenaires (évoquée à la toute fin de Nightwing ; qui servait de transition vers Grayson) qui tue bon nombre de personnes et leur permet de récupérer des points. Ce système, baptisé par Dick « Le Candy Crush du Meurtre », les motive (sic) à se débarrasser de plusieurs cibles, dont l’Agent 37 et Superman bien sûr.

La seconde partie de Nemesis, Comme un fantôme de la tombe remet l’Agent 37 au sein des mécanismes de Spyral. Ces deux derniers chapitres sont déjà plus convenus, peut-être moins prenants (exceptée la fin), un brin complexe, mais ça continue de fonctionner. Si l’éditeur les avait exclu, on aurait frôlé le tome « parfait » tant tout tenait la route et restait très bon visuellement parlant.

Grayson Mad Max

Une excellente première moitié d’ouvrage, un petit aparté un peu soudain (avec Superman, mais tout de même réussi) et une suite et fin satisfaisante (bien qu’en deça du début mais suffisante quand même). Graphiquement, c’est à nouveau un sans faute avec des planches parfois découpées de façon originale, donnant un bon dynamisme aux acrobaties du héros et lors des scènes de combat. Les traits sont toujours aussi soignés et élégants. À l’instar du tome précédent, seul le chapitre annual, dessiné cette fois par Alvaro Martinez vient casser la belle cohérence d’illustrations jusqu’ici mise en place par Mikel Janin, mais ce n’est pas non plus trop dramatique, juste un peu moins joli. Idem avec le chapitre final, croqué par Stephen Mooney, qui avait déjà opéré sur le premier tome à plusieurs reprises. On s’y retrouve, même si ça ne vaut pas la perfection de Janin.

On notera aussi quelques plans montrant le héros nu (ou son torse, ou encore quelques allusions sexuelles, déjà récurrentes dans le précédent livre). À priori, pas de quoi faire polémique, au contraire. Certains lecteurs y ont vu un côté érotique (!) et homosexuel (!!) ; il est plus pertinent d’y voir un penchant alternatif aux traditionnels dessins sexualisant constamment ses figures féminines. Ce qu’on voit dans Grayson (le corps pas forcément vêtu de Dick) n’est qu’un infime pourcentage de ce que produisent en continue les bandes dessinées américaines classiques mais en « sens inverse », c’est à dire au niveau de la femme (d’habitude ce sont les héroïnes qui sont courtement habillées ou dans des poses suggestives — sans que cela n’émeuve plus que ça). À prendre donc sous un prisme plutôt féministe, voire une évolution intéressante dans le monde malheureusement très sexiste (et encore bien fermé) d’une majorité des lecteurs de comics.

Grayson Tiger Shark

En attendant, cette série propose toujours quelque-chose de résolument original, « frais » et bien écrit. Drôle et parfois surprenante, Grayson souffre un chouilla des multiples références et légères connexions à ses nombreuses séries sœurs. Cela ne gâche pas la lecture mais n’en fait pas forcément une lecture « à part » et intemporelle, ce qui lui aurait permis de pouvoir presque devenir « culte ». Même si l’on est encore éloigné du côté super-héroïque, ce qui n’est absolument pas un reproche, au contraire, et des figures classiques (Batman, Nightwing, Robin), on s’en rapproche doucement sans que cela soit dommageable ou mal amené. Une lecture étonnante, à nouveau plus proche d’un James Bond qu’autre chose, mais particulièrement addictive et visuellement attractive.

Une galerie de couvertures alternatives et de dessins de recherches de personnages concluent l’ouvrage.

Grayson Superman

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 20 mai 2016.
Scénario : Tim Seeley & Tom King
Dessin : Mikel Janin, Alvaro Martinez (Un homme ordinaire) et Stephen Mooney (Comme un fantôme de la tombe — chapitre 2 (Grayson #14))
Encrage : Raul Fernandez (Un homme ordinaire) et Hugo Petrus (Comme un fantôme de la tombe)
Couleur : Jeromy Cox
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Thomas Davier

(Contient : DC Sneak Peek Grayson #1, Grayson #9-14 + Annual #2)
Prologue — Nemesis (3 chapitres) — Sous vos applaudissements — Un homme ordinaire (annual) — Comme un fantôme de la tombe (2 chapitres)
Publié dans Batman Univers #1 à #7 (mars à septembre 2016)

Grayson James Bond Grayson Kiss

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