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Injustice – Intégrale : Année deux

Après un excellent premier tome, la vaste saga Injustice se poursuit (cf. index) pour dévoiler son « Année deux » dans cette seconde intégrale. Les fans de(s) Green Lantern devraient apprécier. Découverte.

[Résumé de l’éditeur]
La guerre est déclarée entre fidèles et dissidents au régime totalitaire instauré par l’Homme d’Acier, et chacun doit à présent choisir son camp. Avec la disparition d’Arrow et un Batman hors-jeu, Black Canary tente tant bien que mal de rassembler sa propre équipe. Mais tandis que sur Terre, la poigne de fer de Superman se resserre, aux confins de la galaxie, une autre menace s’éveille.

[Début de l’histoire]
Les super-héros se rendent à l’enterrement de Green Arrow, toujours divisés en deux camps distincts. Si Superman tente de s’excuser auprès de Black Canary, cette dernière ne l’entend pas de cette oreille et compte bien se venger pour Ollie mais aussi son futur enfant.

Peu après, l’Homme d’Acier convoque James Gordon afin de savoir où se trouve Batman, en vain… Il annonce en même temps une terrible nouvelle au commissaire.

Dans la tour du Dr. Fate, Bruce Wayne se repose et tente de récupérer après son terrible combat contre Superman. Il peut compter sur Zatanna et Alfred pour être auprès de lui.

Dans l’univers, Sinestro compte bien profiter de la situation pour s’allier au kryptonien et, pourquoi pas, réduire à néant le Green Lantern Corps ?!

[Critique]
La montée en puissance de l’ère totalitaire de Superman se poursuit à échelle cosmique ! En effet, deux grands arcs narratifs se croisent dans cette seconde année/intégrale. D’un côté, le Corps des Green Lantern ainsi que les Gardiens se doivent d’intervenir pour stopper la folie grandissante du kryptonien. On retrouve donc pas mal de Green Lantern familiers pour les connaisseurs : Kyle Rayner, John Stewart, Guy Gardner, Kilowog… Leur but ? Faire entendre raison à Superman bien sûr mais aussi à Hal Jordan qui avait rejoint sa croisade. La puissance et clairvoyance de Ganthet, l’un des Gardiens de l’Univers, ne sera pas de trop, d’autant plus que Sinestro est, lui aussi, devenu allié de Clark entre temps !

D’un autre côté, c’est une résistance plus « terre à terre » qui se prépare. L’équipe de Batman ayant pu synthétiser les pilules procurant des pouvoirs surhumains, c’est Gordon et ses acolytes qui sont chargés de renverser une milice de sécurité à Gotham – première ville choisie par Superman pour instaurer son armée. Le Chevalier Noir est sur la touche suite à son combat contre l’Homme d’Acier ; réfugié grâce à Zatanna dans une tour magique, hors du temps et de l’espace, conçue par Dr Fate – deux êtres aux pouvoirs magiques qui n’étaient pas encore apparus. Il revient donc à Oracle/Barbara Gordon, quelques équipiers restants de la Bat-Famille et, surtout, Black Canary, de tenter le tout pour le tout pour emprisonner Superman.

Une fois de plus, Tom Taylor réussit un coup de maître en jonglant entre les genres. On apprécie toujours l’émotion mais aussi un brin d’humour (merci Catwoman de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas de Damian !). La réflexion sur la moralité et la déification est un peu mise de côté, au profit du règne par la peur qui prédomine (via Sinestro, forcément) mais l’intrigue est toujours aussi passionnante et l’ensemble palpitant. Quelques héros sont mis de côté (Wonder Woman blessée à la fin de l’opus précédent, Batman moins présent également, Aquaman complètement absent, etc.), de quoi se concentrer sur d’autres, étonnamment Black Canary comme évoqué plus haut et, surtout, mettre en avant la vaste galerie de protagonistes de l’univers de Green Lantern.

Difficile de savoir si un néophyte sera perdu dans tout ça tant on a l’impression de lire un titre centré sur les célèbres corps des Green Lantern. C’est peut-être un « point négatif » (on insiste sur les guillemets), rendant la fiction moins accessible que son tome précédent. Néanmoins, pas de quoi bouder son plaisir devant cette dimension cosmique qui relance les enjeux et brille par les multiples forces menaçantes. Une fois de plus, le rythme est brillant, sans temps mort et le récit est ultra convaincant.

En plus de son écriture solide et son intrigue toujours aussi haletante, on apprécie l’approche « humaine » et sentimentale autour d’Harley Quinn, Black Canary et la relation père/fille entre James et Barbara Gordon (qui sera enrichie à la fin du volume par un annual qui leur est consacré de moitié – avec Gueule d’Argile en guest ! – avant de revenir sur l’association improbable entre Hal Jordan et Sinestro dans deux fictions qui se sont déroulées entre d’autres épisodes plus tôt). Une fois de plus, il n’y a pas grand chose à reprocher côté scénario et dialogues. Bien sûr, la tournure fasciste qu’entame Superman peut dérouter tant elle semble éloignée de l’ADN du super-héros mais il y a encore un peu de nuance, de doutes et de fond « noble » (comprendre : vouloir une paix durable pour tous) chez le célèbre alien.

Le vrai point noir de l’œuvre est, à l’instar du premier volet, la myriade de dessinateurs qui opère avec des styles parfois très différents (quelques visages sont franchement hideux). Injustice – Année Deux compte sept artistes distincts aux pinceaux : Bruno Redondo, Mike S. Miller, Alejandro Gonzalez, Thomas Derenick, David Yardin, Daniel HDR et Vicente Cifuentes. Si chacun croque la vaste galerie du bestiaire DC Comics, on est parfois dubitatif dans les choix de colorisation, mise en scène ou simplement vêtements/costumes de personnages, surtout féminin.

Tantôt, certaines sont sexualisées au possible, tantôt non (même le plus misogyne des lecteurs ne comprendra pas pourquoi Harley Quinn se rend à la maternité en mini-short ouvert et string apparent dans une tenue de civile – c’est complètement gratuit et, peut-être que certains apprécient ce côté sexy, mais il n’apporte rien ici, c’est dommage). On rappelle également que la publication initiale était numérique et de moitié pour les planches, raréfiant ainsi les pleines planches.

En somme, si la première année d’Injustice vous avez convaincu et happé, aucune raison de faire l’impasse sur cette seconde salve. Et si, en plus, vous êtes fans des chevaliers de l’émeraude galactique, c’est du pain béni !

À noter que cette première intégrale regroupe donc les tomes simples 3 et 4 de la précédente édition (quelques couvertures alternatives ne sont pas reprises dans l’intégrale). Retrouvez l’index de toute la saga Injustice sur cette page.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 29 janvier 2021.
Contient : Injustice : Year Two #1-12 + Annual #1
Nombre de pages : 328

Scénario : Tom Taylor
Dessin : Collectif (voir critique)
Encrage : Collectif
Couleur : Collectif

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Cromatik Ltée – Île Maurice

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Injustice – Intégrale : Année un

Retour sur la grande saga Injustice (cf. index), complément du célèbre jeu vidéo éponyme. Que vaut ce premier tome (de la première série, Injustice – Les dieux sont parmi nous) ? Faut-il connaître le jeu pour le lire et l’apprécier ? Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Manipulé par le Joker, Superman tue la mère de son enfant à naître : Lois Lane. Fou de rage, l’Homme d’Acier s’en prend directement au Clown Prince du Crime et l’arrache des mains de Batman pour lui ôter la vie. Cet assassinat de sang-froid marque le début d’une ère sombre pour les héros de la Ligue de Justice. Une ère où chacun devra choisir soigneusement son camp : rejoindre la croisade aveugle de Superman contre le crime ou entrer en rébellion aux côtés de Batman.

Inutile de détailler le début de l’histoire, le résumé officiel de l’éditeur suffit.

[Critique]
Injustice
ne vole pas sa réputation élogieuse (sur le jeu vidéo et la série de comics). Beaucoup de protagonistes gravitent dans ce volume qui couvre donc « la première année » du point de bascule de Superman vers un état totalitaire (soit cinq ans avant le début du jeu). L’auteur Tom Taylor (DCEASED, Suicide Squad Renégat, Batman – La Dernière Sentinelle…) réussi un coup de maître : être à la fois original, passionnant et très « juste » dans sa gestion de l’émotion et de caractérisation des justiciers et leurs ennemis. On explique.

Au départ, il y a le Joker, lassé de perdre contre Batman, qui se tourne contre Superman. Par une habile machination il fait d’une pierre trois coups : il manipule Superman qui tue Lois Lane (!), celle-ci étant enceinte, leur enfant « succombe » aussi et… Métropolis explose, causant la mort de onze millions de personnes. Même le plus bon, le plus généreux et le plus boy scout des justiciers ne peut rester insensible face à cette tragédie. Comme évoqué plus haut, le kryptonien assassine donc le Joker.

C’est le premier domino qui va entraîner la chute d’autres personnages (alliés ou vilains) et de statu quo divers. Si ce premier meurtre est excusable selon certains vu le contexte, ce sont les actions de Clark qui vont suivre qui vont créer un véritable schisme au sein de la vaste galerie de protagonistes DC. Qui ne s’est jamais demandé pourquoi les super-héros n’intervenaient pas dans les conflits géopolitiques existants ? Taylor propose non pas d’y répondre mais carrément de les solutionner par la force de Superman.

L’homme d’acier veut en effet instaurer une ère de paix dans le monde entier grâce à sa puissance (et celle de son entourage). Pourquoi pas… Seul Batman et une poignée de héros semblent réticents ou dans l’observation. Terminé, par exemple, le conflit israélo-palestinien et de nombreux autres qui perduraient. Superman se réserve le droit d’intervenir si quelqu’un ne respecte par ses règles (somme toute basiques : pas de violence et la paix sera préservée).

Mais, on le sait, dans ce genre de situation, rien ne fonctionne comme prévu. Un petit peu comme dans Breaking Bad ou des fictions du même style. C’est un état totalitaire qui régit, lentement mais sûrement. On ferme les yeux sur une ou deux choses (une victime handicapée à vie, un nouveau meurtre…), jugées « pas graves » ou « obligatoires » pour le fameux « bien commun ». Quel prix pour maintenir la paix ? Seul Batman est clairvoyant et, même s’il accorde quelques chances à Superman, par respect pour leur amitié et leur parcour commun, le Chevalier Noir anticipe déjà le changement planétaire qui se profile.

Tom Taylor produit un travail d’écriture magistral aussi bien sur l’état des lieux changeant se profilant (par petites touches ici et là) que par des dialogues ultra efficaces. Les échanges sont percutants, que ce soit pour évoquer la tournure politique ou bien les simples états d’âme des protagonistes (mentions spéciales à Harley Quinn, Green Arrow et la Trinité). Car au-delà de la dimension terrienne et cosmique, politique et sérieuse, c’est aussi l’émotion et les décisions de chaque héros (ou ennemis) qui prédominent.

Ainsi, la perte du Joker affectera évidemment Harley avec la simple pointe d’empathie nécessaire pour rendre la complice criminelle touchante. D’autres morts surviendront ensuite (on ne les dévoilera pas ici), ajoutant également la tristesse et la « justesse » des réactions autour d’eux. Les doutes et questionnements sans fin (dans chacun des camps) sont brillamment mis en texte. Mention spéciale pour Flash qui ne cesse de remettre en cause cette façon de régner de Superman, tout en reconnaissant l’efficacité à peu près global de ce qui se trame. Sans oublier la dose parfaite d’humour de temps en temps pour apporter un brin de légèreté à un récit assez anxiogène.

D’autres personnages, habituellement plus secondaires, sont de la partie. Difficile de tous les lister pour ne pas gâcher le plaisir de la lecture mais, à ce stade, très peu sont oubliés ou apparaissent à minima le temps de quelques cases. Aucun doute que certains viendront par la suite. Si l’on ne connaît pas le jeu vidéo, on ne sera absolument pas perdu. Mieux : on ignorera ce qu’il arrivera par la suite (à voir si cela sera abordé en comics).

Cela permet aussi d’être circonspect quant à l’évolution finale d’Injustice ? Comment Batman va pouvoir rétablir quoique ce soit ? Son équipe est composée majoritairement d’humains, la Bat-Famille et les Birds of Prey inclus (Catwoman, Huntress, Nightwing, Batwoman, Green Arrow, Alfred…) avec une poignée d’êtres aux pouvoirs (Black Canary, Captain Atom, Black Lightning…). Côté Superman, l’alien a embarqué Wonder Woman, Green Lantern, Cyborg, Shazam, Flash, Hawkgirl, Raven et quelques autres.

Certains changent aussi de camp en fonction de l’évolution de la situation. Damian Wayne par exemple est plus enclin à rejoindre l’homme d’acier qu’à rester avec son père. A moins que des traîtres infiltrent les camps respectifs ? Les humains ne sont pas en reste (les parents de Clark, le président des États-Unis…) et d’autres figures familières sont de la partie, même si certains demeurent à l’écart de la guerre imminent. Aquaman par exemple semble rester en retrait sous la mer dans un premier temps (mais il n’est pas oublié de la fiction, il a bien droit à un chapitre). Quelques marginaux pointent leur tête (à découvrir dans les dernières images en bas de cette critique après l’explosion de Metropolis, à regarder en toute connaissance de cause donc).

Le chapitrage peut d’ailleurs décontenancer, chacun regroupant parfois deux ou trois épisodes distincts, avec une cassure nette graphique (on y reviendra) et narrative. Comprendre que l’on passe soudainement à un autre personnage sans transition ou encore qu’on a un récapitulatif de ce qu’on vient juste de lire. Pourquoi ? Parce qu’Injustice fut d’abord publié sous forme numérique en demi-planche (c’est aussi pour cela qu’il y a peu de pleine planche et qu’on ressent une coupure parfaitement identique à chaque moitié de page régulièrement), facilitant une lecture sur tablette ou smartphone à l’époque.

De janvier 2013 à septembre 2016, le titre a donc montré les années précédant le jeu (puis un peu ce dernier apparemment) avant de revenir à l’année zéro, se déroulant évidemment juste avant la tragédie de Superman. En outre (et avant Injustice 2), un complément dédié à Harley Quinn a vu le jour (Ground Zero) pour relater son point de vue. Pour répondre à la question de l’avant-propos : il ne faut donc pas connaître le jeu vidéo pour savourer les comics (ces derniers se déroulant bien avant et ne nécessitent aucune connaissance particulière au préalable).

Entre la multiplication des pensées de chacun, le grand nombre d’évènements, le bestiaire DC Comics, on pouvait craindre un labyrinthe complexe ou inégal, il n’en est rien. Tout est traité avec grande justesse et appréciabilité. La lecture est extrêmement limpide, on est même dans un page turner version BD (initialement un roman dont on tourne les pages sans cesse pour absolument connaître la suite). La réflexion (au sens noble du mot) est de mise (responsabilité et justice, morale et loi, etc. – de quoi amener à de nombreuses analyses passionnantes !), de même que l’émotion, c’est tellement rare dans les comics. Tom Taylor signe sincèrement une œuvre captivante et généreuse ! Le scénariste met en scène un dilemme classique (de prime abord), souvent abordé mais pas foncièrement travaillé : Batman est-il responsable des victimes de ses nombreux ennemis qu’il préfère laisser en vie ? Superman a-t-il la légitimité pour imposer la paix ?

Seul point noir : une armée de dessinateurs se succèdent à tour de rôle. En vrac : Jheremy Raapack, Mike S. Miller, Bruno Redondo, Axel Gimenez, David Yardin, Tom Derenick, Diana Egea, Kevin Maguire, Neil Googe et Alejandro Gonzales, soit dix différents (et presque autant de coloristes). Certes, tous les protagonistes sont reconnaissables, bien aidé par leurs costumes emblématiques (idem pour les lieux : la Batcave, la Tour de Garde…), mais ça ne suffit pas à avoir une unité graphique. Les visages sont parfois hideux, parfois majestueux. Harley Quinn et Black Canary sont parfois hyper sexy, parfois plus « convenues ». Heureusement, la plupart des scènes d’action conservent leur dynamisme et lisibilité visuelle. Au même titre que le jeu vidéo, l’action est omniprésente, présentant de multiples combats (parfois inimaginables entre certains !) à bout de champ. Parfois cheap, parfois gore, souvent viscéral, c’est un vrai régal pour les amateurs !

On pourrait déplorer la mutation de Wonder Woman en cohésion avec Superman mais sans nuance, la transformant en guerrière au sens propre du terme. Ce n’est pas très grave mais cela peut dérouter les habitués. Attention également à la chronologie : dans les faits il ne s’écoule pas réellement une année mais surtout un bon mois ; là aussi rien d’inquiétant mais ne pas s’attendre à un arc mois par mois par épisode par exemple.

Il n’y a pas grand chose d’autres à reprocher à Injustice, c’est bien sûr un coup de cœur pour ce site, un ouvrage conseillé pour ceux aimant les elseworlds, les amoureux des grands titres DC Comics (proches des fameuses crises et même meilleurs que certaines d’entre elles) et, évidemment, un complément indispensables pour les férus du jeu vidéo éponyme !

À noter que cette première intégrale regroupe donc les tomes simples 1 et 2 de la précédente édition (quelques couvertures alternatives ne sont pas reprises dans l’intégrale). Le premier volet avait aussi bénéficié d’une publication avec le jeu vidéo inclus sur Windows. Retrouvez l’index de toute la saga Injustice sur cette page.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 25 novembre 2020.
Contient : Injustice: Gods Among Us Vol. 1 (#1-12 + Annual #1)
Nombre de pages : 432

Scénario : Tom Taylor
Dessin : Collectif (voir critique)
Encrage : Collectif
Couleur : Collectif

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Christophe Semal & Laurence Hingray (Studio Myrtille)

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