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Alan Moore présente DC Comics

Le génie d’Alan Moore n’est plus à prouver et aucun doute que les fans vont se ruer (à raison) sur cette compilation passionnante et inédite. Toutefois, si le lecteur espère lire et voir du Batman, il risque d’être assez déçu. Présentation et courte critique.

[Résumé de l’éditeur]
Acclamé comme l’un des scénaristes les plus influents de l’industrie des comics, Alan Moore a laissé une empreinte indélébile sur le genre, marquant l’ensemble de la pop culture au passage. De sa reprise de Swamp Thing à l’ouragan Watchmen, en passant par son mythique V pour Vendetta, l’auteur britannique a également proposé sa propre version des personnages phares de DC Comics. Batman, Superman, Green Lantern… tous se sont renouvelés sous sa plume, se sont vus réinventés. Ce recueil regroupe l’ensemble des épisodes qu’Alan Moore a scénarisés pour l’éditeur américain, et que des artistes incontournables de l’industrie ont illustrés, tels Dave Gibbons (Watchmen), Kevin O’Neill (La Ligue des Gentlemen Extraordinaires), Rick Vetich (Swamp Thing) ou encore Klaus Janson (Daredevil).

Cet article ne sera pas une critique de l’intégralité d’Alan Moore présente DC Comics mais uniquement une présentation de son sommaire et de l’unique segment consacré à Batman, ou plutôt au troisième Gueule d’Argile (Preston Payne). Tout d’abord, vous l’aurez compris avec les illustrations de couverture, le récit (en deux chapitres) Les derniers jours de Superman est inclus dans l’ouvrage. Curieusement, le célèbre Killing Joke ne l’est pas, lui… Pourtant il est cité dans les textes, s’étale sur peu de pages (moins de cinquante) et on peut voir Batman sur la couverture ainsi que (de nombreuses fois) sur la section des super-héros urbain.

La bande dessinée se divise en quatre sections consacrés à différents super-héros. Tous les récits ont été publiés entre 1985 et 1987.

L’HOMME DE DEMAIN (Superman) : Pour celui qui a déjà tout (Superman Annual #11), Aux frontières de la jungle (DC Comics Presents #85), Les derniers jours de Superman en deux parties (Superman #423 et Action Comics #583).
> Les fans de l’Homme d’acier seront donc conquis avec ces trois histoires (même si l’une était déjà connue et publiée), s’étalant au total sur plus de 100 pages.

AUX CONFINS DE L’ESPACE (Green Lantern, Omega Men, Phantom Stranger) : Mogo n’est pas sociable (Green Lantern #188), Tigres (Tales of the Green Lantern Annual #2), Dans la nuit noire (Tales of the Green Lantern Annual #3), Vies brèves (The Omega Men #26), Un monde d’hommes (The Omega Men #27), Pas à pas (Secret Origins #10).
> Contrairement à ce qu’on peut penser, ces six titres ne sont pas très longs et ne durent qu’une cinquantaine de pages au total (!). En effet, il s’agit principalement de back-ups ou épisodes spéciaux. Les trois autour de Green Lantern s’étalent sur moins de 30 pages, ceux des Omega Men uniquement 8 pages et celui sur Phantom Stranger une dizaine…

JUSTICIERS URBAINS (Green Arrow, Vigilante, Gueule d’Argile III) : La nuit des Olympiades en deux parties (Detective Comics #549-550), Fête des pères en deux parties (Vigilante #17-18), Noces d’argile (Batman Annual #11)
> Là aussi une précision s’impose concernant l’histoire sur Green Arrow parue dans Detective Comics (dont la couverture montre Batman et Bullock – induisant un peu erreur de prime abord). Il s’agit à nouveau de back-ups, donc le total dure une grosse douzaine de pages et Batman n’apparaît absolument pas dedans (le récit en lui même reste intéressant).  Vigilante est devenu « connu » par le public car il apparaît dans la chouette série TV Peacemaker. Noces d’argile est donc le seul épisode qui nous intéresse dans ce contexte de comics liés à Batman, sa critique est un petit plus bas.

CRÉPUSCULE (Twilight of the Superheroes) : il s’agit d’un texte de presque 50 pages présentant l’ambitieux projet d’Alan Moore d’un event post Crisis on Infinite Earths qui visait à la fois à conserver la continuité, séduire un nouveau lectorat, faire appel à l’entièreté des protagonistes de DC Comics (et même permettre de vendre des jeux de rôle voire jeux vidéo !). Il aurait été écrit en 1986 ou 1987 et dévoilé dans les années 1990 (probablement 1995) dans un fanzine. Son authenticité a été prouvé et confirmé par de nombreux auteurs de l’industrie. Crépuscule ne verra pas le jour suite au refus du responsable éditorial Dick Giordano, estimant le nombre de morts trop élevés. Un témoignage inédit et passionnant !

On l’a évoqué plusieurs fois, cet ouvrage ne contient, in fine, qu’un seul chapitre lié à Batman. Et encore… il est centré sur le troisième Gueule d’Argile (Preston Payne). En soi, ce n’est pas un problème mais on peut tiquer sur la mise en avant sur la couverture de Batman (et même Swamp Thing) alors qu’ils ne sont pas vraiment dans cette compilation. Par ailleurs, la section sur les justiciers urbains est illustrée sur une double page montrant quatre fois Batman (!), une fois Robin (qu’on ne verra pourtant jamais – dans cette section mais on le voit brièvement dans les récits sur Superman, accompagné de Batman), une fois le Vigilante, Green Arrow et Gordon. Exposer autant le Chevalier Noir alors qu’il n’apparaît que quelques cases en tant que personnage secondaire… On le redit, cela n’entache évidemment pas l’intérêt de cette précieuse compilation mais il ne faut surtout pas s’attendre à avoir du Batman (ni Killing Joke donc – lui aussi mis en avant avec son célèbre Joker dans une page d’illustration, cf. ci-dessus) !

Noces d’argile
Batman Annual #11 (juillet 1987)
Scénario : Alan Moore | Dessin & encrage : Georges Freeman | Couleur : Lovern Kindzierski
Dans un centre commercial, la nuit une étrange créature recherche un mannequin d’exposition de vêtements. Gueule d’Argile est amoureux de ce personnage factice et vit très mal son changement de places au rayon lingerie…

► Cet épisode est assez déstabilisant (dans le bon sens du terme). On voit en effet une « vraie » folie chez un être. Pas un simple meurtrier, vraiment quelqu’un qui imagine une romance avec un mannequin d’exposition. En étant dans sa psyché, on constate donc comment il voit « son monde ». Par ailleurs, on ne sait pas forcément si c’est bien Gueule d’Argile au début : il porte un costume de héros (ou vilain), une cape et sa tête (déformée) est sous une sorte de bulle ou sac plastique transparent. Un look atypique qui prend son sens quand Batman répond à Vicky Vale qu’il s’agit du troisième Gueule d’Argile, Preston Payne (peu exploité dans la mythologie de Batman). On ne le voit donc pas arborer le visage ou le corps d’autres personnes (comme Basile Karlo, le premier Gueule d’Argile), ses objectifs sont différents et sa folie bien définie. Les dessins de Freeman et la colorisation de Kindzieski apportent le charme rétro de l’époque avec une exécution parfaitement maîtrisée

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 24 novembre 2023.
Contient : voir sommaire
Nombre de pages : 336 pages

Acheter sur amazon.frAlan Moore présente DC Comics (30 €)

Batman Showcase #2 (Batman & Robin #20-22 + 26)

[Contextualisation]
Durant le run de Grant Morrison (cf. index), la série Batman & Robin (2009-2011) met en avant les aventures de Dick Grayson et Damian Wayne en Batman et Robin. Les quinze premiers chapitres sont disponibles dans la deuxième intégrale de Grant Morrison présente Batman, le seizième dans la troisième. Les dix chapitres suivants n’ont pas tous été publiés en France. Les #17-19 forment l’arc The Sum of Her Parts, écrit par Paul Cornell, et restent inédit en VF.

Les #20-22 compilent l’histoire Dark Knight vs. White Knight, Tree of Blood, disponible justement dans ce magazine Batman Showcase #2 (sorti fin avril 2012). Traduit sous le titre L’Arbre de Sang, Chevalier Noir contre Chevalier Blanc, ce récit est écrit par Peter Tomasi et dessiné par Patrick Gleason. C’est ce duo qui reprendra la série qui conservera le même titre, Batman & Robin (2011-2015), après le relaunch DC Comics et, donc, la période New 52/Renaissance, où cette nouvelle salve suivait désormais Bruce Wayne en Batman accompagné de son fils Damian en Robin (voir critiques des sept tomes depuis l’index A à Z).

Revenons aux derniers chapitres de la première série. Les #23-25 sont écrit par Judd Winick (L’énigme de Red Hood, Des ombres envahissantes…) et mettent en avant son personnage fétiche, Red Hood, dans The Streets Run Red. Cette fiction n’a pas été publié en France. Enfin, l’épisode #26, le dernier, s’intitule Earthly Delights Scenes from a Work in Progress en VO, signé David Hine, est aussi proposé dans ce Batman Showcase, traduit par Plaisirs Terrestres, Scènes d’un work in progress. (Re)découverte de ces deux histoires qui avaient eu une courte critique au tout début du lancement de ce site, celles-ci ont été supprimées afin de tout centraliser ici.

[Résumé de l’éditeur]
Batman et Robin rencontrent un nouvel adversaire qui s’en prend aux familles des plus fameux criminels d’Arkham ! Au « Dynamic Duo » de jouer les gardes du corps des proches de leurs ennemis tout en cherchant à démasquer cet assassin ! Puis, ils seront amenés à faire équipe avec Nightrunner, l’agent français de Batman Incorporated, pour affronter les pensionnaires surréalistes du Jardin Noir !

[Critique]
Dans L’Arbre de Sang, Chevalier Noir contre Chevalier Blanc, après un moment rare et agréable (tous les fils de Bruce réunis autour de lui et Alfred pour une soirée cinéma), Dick et Damian enquêtent sur un tueur étrange dont les victimes sont des membres de la famille de célèbres résidents d’Arkham (Man-Bat, Victor Zsasz, Le Chapelier Fou…). Ce nouvel ennemi, le fameux Chevalier Blanc (Lewis Bayard de son identité civile), est à mi-chemin entre une figure de science-fiction et de fantastique. Il n’a pas de corps ni de visage précis, uniquement un ensemble physique lumineux et doré (on ne comprend pas très bien s’il s’agit d’un pouvoir acquis via le Dr. Phosphore plus jeune ou non). Il transforme même ses victimes en « anges » et nourrit une sorte d’arbre gigantesque.

Si Lewis Bayard est oubliable (il n’est d’ailleurs jamais réapparu ensuite), ses actes sont tout de même graves et marquants, tuant plusieurs innocents connectés aux grands vilains habituels, ce sera malheureusement aussi sera sans réelles conséquences – cela se déroule peu avant le fameux relaunch de DC. Tout se passe un peu trop vite et la fiction se termine un peu trop rapidement. L’intérêt se situe davantage dans la dynamique entre Batman et Robin, donc Dick Grayson et Damian Wayne, formant un duo toujours aussi sympathique, entre autres grâce au caractère du rejeton de Bruce, moins tête à claque qu’à l’accoutumée.

Surtout, les dessins de Patrick Gleason sont particulièrement réussis, à l’exception, toujours des gros plans sur visage, comme toujours. L’illustrateur semble même en forme que sur la suite de la série qu’il reprendra avec Peter J. Tomasi. En somme, ce récit en trois chapitres est anecdotique mais pas déplaisant pour autant, formant une sorte d’introduction au futur run du duo d’artistes (Tomasi sera nettement plus inspiré, cf. critiques depuis l’index).

Quant à Plaisirs Terrestres, Scènes d’un work in progress, de David Hine, c’est un voyage à la fois géographique, en France, à Paris au Louvre, avec le Parkoureur (Nightrunner en VO) et onirique, bercé d’illusions et d’improbabilités. On ne comprend d’ailleurs pas grand chose, Batman, Robin et le Parkoureur tentent de rassembler les évadés du Jardin Noir, un asile psychiatrique regorgeant de psychopathes, à l’instar de celui d’Arkham. Derrière leur évasion se cache « L’homme qui rit » (Norman Rotrig) et, parmi les fous libérés, se trouvent quatre personnages singuliers : Sœur Cristal, Le Ça, Ray Man et Parle-à-ma-peau. Le trio combat donc ces ennemis en essayant de démêler les illusions de la réalité… C’est un peu dommage qu’un chapitre conclusif d’une série soit aussi peu épique.

On savoure principalement le court dépaysement graphique – Greg Tocchini et Andrei Bressan – et quelques références chauvines dans ce one-shot assez surprenant. La référence à « L’homme qui rit » semble évidente : création de Victor Hugo dans son roman éponyme qui inspirera ensuite Bill Finger, Jerry Robinson et Bob Kane pour créer le Joker. Hugo est d’ailleurs croqué, impossible aussi de ne pas songer aux œuvres de Magritte. Les amateurs de bandes dessinées françaises pourraient y voir une (très) légère allusion à l’excellent La Brigade Chimérique, monument du genre qui met en avant les premiers super-héros du pays du siècle dernier, bien avant que les États-Unis s’emparent du sujet.

Ce second numéro de Batman Showcase (le dernier donc) servait plus ou moins de transition avant le magazine Batman Saga. On apprécie les textes informatifs sur les quatre Robin ainsi que les hommages à Jerry Robinson et Sheldon Moldoff (tous deux décédés peu avant), à priori signés par Yann Graf, éditeur spécialiste de Batman chez Urban. Il s’occupe, entre autres, du travail éditorial dans les Batman Chronicles depuis. Les épisodes de ce Showcase n’ont jamais été republiés dans un ouvrage librairie par la suite par Urban mais vu leur qualité ce n’est pas très grave. On peut se tourner vers le marché de l’occasion pour retrouve ce magazine (à moins de 2 € !) qui était assez déconnecté du premier (qui proposait la fin de la série Batman Incorporated).

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 27 avril 2012.
Contient : Batman & Robin #20-22 & 26
Nombre de pages : 96

Scénario : Peter Tomasi, David Hine
Dessin : Patrick Gleason, Greg Tocchini et Andrei Bressan
Encrage : Mick Gray
Couleur : Alex Sinclair, Artur Fujita

Traduction : Alex Nikolavitch
Lettrage : Laurence Hingray et Christophe Semal

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Batman – Face à Face (Face the Face)

De juin à septembre 2007, Panini Comics a publié le récit Face à Face (Face the Face en VO) dans les quatre premiers numéros de son magazine Superman & Batman (cf. index kiosque des anciens éditeurs). Une histoire écrite par James Robinson et dessinée par Don Kramer et Leonard Kirk, étalée sur huit numéros (Detective Comics #817-820 et Batman #651-654 – sortis entre mai et août 2006 aux États-Unis). Découverte d’un titre qui n’a jamais été reproposé par Urban Comics mais qui est disponible en relié en anglais, dans une première édition (septembre 2006) puis une seconde « deluxe », renommée Batman/Two-Face, en vente depuis mai 2017.

[Début de l’histoire]
Poison Ivy a pris en otage plusieurs chefs d’entreprise, responsables de ne pas limiter leur empreinte écologique.

Tandis que Gordon convoque Batman et Robin (Bruce et Tim) pour la première fois depuis leur retour à Gotham après un an autour du monde (dans la série 52 – voir contexte dans la critique), un mystérieux tueur s’en prend à différents ennemis de seconde zone.

Tout porte à croire qu’il s’agit de Double-Face, pourtant guéri…

Les justiciers mènent l’enquête dans une ville qui se réjouit de leur retour mais craignent aussi ceux des vilains.

[Critique]
Une enquête extrêmement bien rythmée, quelques rebondissements, des personnages secondaires intéressants et une évolution « parfaite » du duo Bruce/Tim et donc Batman/Robin, voilà les ingrédients du chouette Face à Face ! L’œuvre n’est évidemment pas sans défauts, à commencer par ses dessins (on y reviendra) et deux ou trois détails, mais elle est reste très efficace dans le genre polar urbain. La fiction est importante car c’est la première qui se déroule au retour à Gotham City de Batman, après son voyage autour du monde durant un an avec Dick et Tim (après les évènements d’Infinite Crisis, relatés dans la série 52 – pas encore chroniquée sur ce site).

On renoue donc avec les citoyens de la ville et le GCPD, nourris d’un nouvel espoir quand le Bat-Signal s’illumine dans le ciel. On retrouve aussi quelques ennemis habituels (Poison Ivy, Double-Face…), certains sont mentionnés (Le Pingouin…) et des très secondaires sont carrément tués ! Cela commence par KGBeast puis Magpie. Un troisième, nettement plus « célèbre » meurt aussi, un certain choc dans l’univers de Batman ! D’autant plus que cette incarnation du vilain (l’originel) ne reviendra pas à la vie « comme par magie », mais sera remplacé par d’autres personnes qui reprendront son costume.

Si le parcours d’Harvey Dent est assez balisé (d’abord guéri puis revenant à son alias maléfique Double-Face sans réelle surprise), ses pensées internes caractérisent bien le célèbre schizophrène et lui donnent de belles scènes. Tout tend à croire que Dent est coupable et cela semblerait « trop facile » si c’était le cas ; heureusement la vérité est toute autre. Sans la révéler, elle peut se révéler aussi bien déceptive que jouissive. Décevante car venant intervenir un inconnu et un ennemi très tertiaire, sympathique car peu prévisible, plausible et pouvant être anticipée si on est attentif.

Au-delà de tous ces antagonistes, Face à Face offre une très belle exposition à la relation entre Bruce et Tim ! L’écriture de James Robinson (Starman…) est soignée, montrant les qualités et défauts des deux, leur avancement réciproque dans leur vie privée et héroïque et une conclusion parfaite (qu’on détaille un peu plus loin). Les fans de Tim Drake ne doivent pas faire l’impasse sur ce titre ! Malheureusement Urban Comics ne l’a jamais réédité… Il y a de fortes chances qu’il soit dans les futurs Batman Chronicles dédiés à l’année 2006 mais cela sera donc dans très longtemps. Autre surprise : Harvey Bullock est très réussi, là aussi dans ses échanges avec le Chevalier Noir.

L’histoire propose aussi deux nouveaux alliés. Une policière, lieutenant Harper, qui n’a pas grand intérêt et ne reviendra pas vraiment ensuite. Un détective privé, Jason Bard, étonnant d’efficacité et embauché par Batman pour l’épauler dans l’investigation. De quoi offrir quelques back-ups consacrés à cet homme charismatique. Le rôle de Bard évolue différemment, il a été créé en mai 1969 et on a pu le voir, dans l’ère moderne dans Batgirl – Année Un et Batman Eternal notamment. Pour l’anecdote, dans les dialogues de la série, Batman tutoie Gordon, ce qui est assez rare dans les traductions françaises et, forcément, sonne un peu bizarrement en lecture.

Côté dessin, Leonard Kirk signe les quatre épisodes de Detective Comics et Don Kramer les quatre de Batman avec donc une alternance entre les deux lorsqu’on lit l’entièreté du titre à la suite. Heureusement, le style des deux artistes est relativement proche ainsi que l’encrage (malgré quatre personnes différentes, cf. bloc À propos). Visuellement, c’est satisfaisant sans faire d’éclat, faute à des visages parfois grossiers, principalement à cause de la colorisation de John Kalisz, probablement numérique et beaucoup trop lisse. Cela manque de relief et nuance et gâche un peu l’ambiance « film noir » qu’on pouvait un peu retrouver dans Face à face. De la même manière, trop de planches et cases sont beaucoup trop sombres. À l’instar des Derniers Jours du Chevalier Noir, on conseillerait plutôt de découvrir le titre en noir et blanc encré mais ce n’est pas possible…

En synthèse, à part la partie graphique un peu en deçà, tout le comic book est satisfaisant, s’inscrivant comme un pan assez « important » de la chronologie de Batman et la continuité, comme il s’agit de la première aventure au retour de Batman à Gotham, comme vu plus haut. Rien que pour ça, ça vaut le coup d’œil ! Citons aussi la mort d’un ennemi plutôt connu et qu’on ne reverra jamais ensuite. Mais, surtout (attention à la potentielle révélation – allez au paragraphe sinon), c’est dans Face à face que Bruce annonce à Tim qu’il va l’adopter et en faire son pupille. Un passage particulièrement touchant, avec une écriture très « juste » quant au rôle paternel de substitution, sans remplacer évidemment le vrai père de Tim (mort dans l’excellent Crise d’identité).

Face à face mériterait une réédition en librairie, aussi bien pour les fans de Double-Face, ceux de Tim Drake (à quand une collection consacrée à ce troisième Robin ? Il y a tellement de matière en VO à proposer !) ou simplement les lecteurs de Batman qui veulent une enquête palpitante, un récit bien écrit et globalement réussi. La fiction fait la part belle aussi bien aux alliés qu’aux ennemis, avec un bon équilibre. En attendant, on peut le retrouver dans le marché de l’occasion en prenant les quatre premiers numéros de Superman & Batman de Panini Comics – les suivants ont publié les runs de Paul Dini et Grant Morrison (en plus de celui de Geoff Johns sur Superman), cf. index des kiosques des anciens éditeurs.

[À propos]
Publié dans les magazines Superman & Batman #1-4 (juin-septembre 2007)
Contient : Detective Comics #817-820 et Batman #651-654

Scénario : James Robinson
Dessin : Leonard Kirk (#1, #3, #5 et #7) et Don Kramer (#2, #4, #6, #8)
Encrage : Andy Clarke (#1, #3, #5 et #7), Keith Champagne (#2), Wayne Faucher (#3, #4, #5, #6 et #8) et Michael Bair (#4, #6)
Couleur : John Kalisz

Traduction : Sophie Viévard
Lettrage : Christophe Semal

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Batman – Face the Face [en anglais] / Deluxe Edition