Archives de catégorie : Justice League

Crisis Compagnon

Afin de mieux comprendre le récit Crisis on Infinite Earth, qui a chamboulé l’univers DC et posé de nouvelles bases « modernes » (en 1985/1986), Urban Comics a choisi de publier un autre pavé (près de 550 pages) intitulé Crisis Compagnon. Celui-ci suit les différents super-héros existant sur les différentes Terres qui peuplent le monde de DC Comics. En version originale, Crisis Compagnon regroupe des volumes de Crisis on Multiple Earths. Le but étant de se familiariser avec les nombreux héros, mais aussi leurs ennemis, leurs « univers » (comprendre leurs planètes respectives), ainsi que les notions de voyages dans les dimensions, le temps, mais aussi les premières bases de futurs conflits.

Comme expliqué dans le dernier paragraphe introductif de l’ouvrage : cet album propose un florilège des meilleurs team-ups entre les héros de différentes dimensions, non seulement dans les pages de Justice League of America mais également dans les autres titres DC. Au cours de ces sagas épiques, vous sont présentées les diverses Terres composant le « Multivers » ; Terre-1, Terre-2, Terre-3, Terre-S, Terre-X, Terre-Prime, ainsi que les éléments qui vont définir la mythologie de DC Comics, comme les Sept Soldats de la Victoire ou Apokolips, en une tapisserie cosmique aussi étrange que captivante.

Tour d’horizon sur les publications sélectionnées (s’étalant sur quasiment vingt ans !) avec un petit récapitulatif de chaque histoire et une rapide critique avec.

Crisis Compagnon

Terre-2 | Crise sur Terre-1 ! /////  Crise sur Terre-2 !
Justice League of America #21-22, août-septembre 1963

La Ligue de Justice d’Amérique de Terre-1, composée de Batman, Superman, Wonder Woman, Aquaman, Green Lantern, Flash, Green Arrow, J’onn J’onzz (Le Limier Martien) et Atom, est mise au défi d’arrêter les Champions du Crime par eux-mêmes, à savoir Félix Faust, Docteur Alchimie et Chronos.
De leur côté, après un hiatus de douze ans, la Société de Justice d’Amérique, c’est à dire Docteur Fate, Black Canary, Hawkman, Hourman, mais également « d’autres » Flash, Green Lantern et Atom (ceux de la précédente génération de comics) affronte les Champions du Crime de leur Terre-2 : Le Violoneux, Le Glaçon et Le Sorcier.
Dans les deux cas : c’est un échec pour les justiciers, tandis que leurs ennemis « s’enfuient » sur les Terres parallèles (les ennemis de Terre-1 vont sur Terre-2 et vice-versa) où ils sont totalement inconnus.
Grâce aux deux Flash qui peuvent vibrer à la même vitesse et par conséquent se rendre d’une Terre à l’autre, chaque équipe de super-héros peut aller se confronter à leurs ennemis d’origine sur leur autre Terre. Mais à nouveau c’est un échec et tous les justiciers vont bien vite se retrouver en prison dans l’espace !

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Deux histoires (de trois mini-chapitres chacune) qui se suivent et introduisent un grand nombre de personnages. Avec tous les éléments de charme de l’époque : des dessins certes « old-school » et des couleurs plutôt flashy mais dans l’ensemble réussis et fluides, des scènes d’action plutôt kitchs et pas très épiques et, surtout, cette narration omniprésente à chaque case qui détaille tout ce qu’il se passe, à nouveau doublonner par les citations des protagonistes expliquant chacune de leurs actions… Un style qui a évidemment bien vieilli et paraît parfois ridicule mais qui se lit avec nostalgie. Cela rappelle évidemment quelques moments de Batman Anthologie. Les « ennemis » n’ont guère d’objectifs originaux si ce n’est s’enrichir et prouver qu’ils sont plus forts que les héros (sic). Dans tous les cas, on plonge rapidement dans ce Crisis Compagnon et tout est très clair (même si les super-héros paraissent assez ridicules voire totalement boulets…).

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[Scénario : Gardner Fox / Dessin : Mike Sekowsky / Encrage : Bernard Sachs]

Terre-3 | Crise sur Terre-3 ! ///// La plus dangereuse de toutes les Terres !
Justice League of America #29-30, août-septembre 1964

La dimension de Terre-3 regorge de « doubles maléfiques », avec des versions négatives des héros. Ultraman, Owlman, Superwoman, Power Ring et Johnny Quick remplacent ainsi Superman, Batman, Wonder Woman, Green Lantern et Flash. Ils exercent « le mal » et non « le bien », à la différence qu’il n’y a pas la conscience morale pour eux de ces actions (idem pour les habitants de Terre-3). Ce concept est assez compréhensible à travers « Justice League – L’Autre Terre » de Grant Morrison. Déroutant aux premiers abords mais finement scénarisé. Par la suite, ce sont ces mêmes « anti-héros » qui verront le jour dans la série Justice League des New52, notamment durant Le Règne du Mal.

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Le Syndicat du Crime d’Amérique règne en maître sur Terre-3. Ils peuvent voler, truander, agresser… sans aucune difficulté. Ses cinq membres, Ultraman, Power Ring, Owlman, Superwoman et Johnny Quick découvrent l’existence de leurs « doubles » sur une autre Terre. Ainsi, ils défient Superman, Green Lantern, Batman, Wonder Woman et Flash en allant sur Terre-1 (les justiciers ont également le jeune homme Snapper Carr dans leur rang).
Les cinq surhommes machiavéliques remportent une première bataille grâce à une habile technique. Piégeant la Ligue de Justice d’Amérique, ils continuent leur croisade contre La Société de Justice d’Amérique, cette fois-ci sur Terre-2. Celle-ci est composée de Docteur Fate, Black Canary, Hawkman, Dr Mid-Nite et Starman.
Le Syndicat du Crime de Terre-3 affronte donc La Société de Justice d’Amérique sur Terre-2 et sort vainqueur. Ils décident d’utiliser ce lieu « neutre » pour affronter « à la loyale » la Ligue de Justice de Terre-1.

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À nouveau deux histoires (par le même trio d’artistes) en trois mini-chapitres qui se suivent et introduisent efficacement les anti-héros de Terre-3. L’on pourra reprocher les mêmes défauts qu’aux précédentes productions (côté kitch, fonds de case assez pauvres, narration omni-présente explicitant chaque fait et geste, etc.) mais une fois de plus ça fonctionne bien et permet de lire de vieux épisodes inédits en français qui familiarisent totalement l’incursion dans le futur event.

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[Scénario : Gardner Fox / Dessin : Mike Sekowsky / Encrage : Bernard Sachs]

Terre-Prime | Flash : réalité ou fiction ?
The Flash #179, mai 1968

Après trois attaques consécutives d’une mystérieuse créature contre Barry Allen, le bolide écarlate se retrouve projeté sur Terre-Prime, c’est à dire « notre Terre » ! Dans celle-ci les super-héros n’existent pas et Flash n’existe que dans des comics. Barry rend donc visite à l’éditeur des aventures de Flash pour obtenir de l’aide !

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Si cette idée peut paraître loufoque aux premiers abords, elle est suffisamment bien écrite pour paraître intelligente et « plausible ». De plus l’on comprend que ce n’est pas la première fois que Flash a conscience que cette possibilité d’être dans des bandes dessinées existe. Pour l’époque, cela permettait sans doute de marquer le coup dans l’imaginaire collectif des « jeunes ». Si le choix de cette publication paraît anecdotique à première vue, nul doute que l’existence de Terre-Prime aura son importance pour la suite. Plaisant.

[Scénario : Cary Bates / Dessin : Ross Andru / Encrage : Mike Esposito]

Les Sept Soldats de la Victoire | Le Soldat Inconnu de la Victoire ! ///// La main qui fit trembler le monde ! ///// Et l’un de nous devra mourir !
Justice League of America #100-102, août-octobre 1972

À l’occasion de la centième réunion de la Ligue de Justice, tous les super-héros de Terre-1 sont conviés à fêter l’évènement. Mais la Société de Justice de Terre-2 requiert l’aide de leurs amis (et « doubles ») car leur univers s’apprête à disparaître ! En effet, un immense poing se rapproche dangereusement de leur planète et s’apprête à détruire leur astre. Pour contrer cette main galactique, les justiciers font appel à L’Oracle, un voyant cosmique. Celui-ci leur explique qu’une ancienne équipe, Les Sept Soldats de la Victoire, ont mis à mal le titanesque Nebula Man quelques années auparavant, un ennemi qui est sans doute le même que ce mystérieux poing cosmique. Problème : personne ne se souvient qui composait les Sept Soldats, ni lequel repose dans une tombe après un sacrifice de sa part. Les super-héros sont alors envoyés par l’Oracle dans plusieurs dimensions à la recherche des Sept Soldats restants… Certains ceux retrouvent à la préhistoire, d’autres au cœur de Robin des Bois ou de la culture maya/aztèque, ou bien en pleine guerre entre indiens !

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Trois chapitres ne sont pas de trop pour parfaitement comprendre les enjeux de cette « nouvelle » équipe qui existait auparavant mais dont l’éditeur n’avait pas su garder une certaine pérennité (excepté pour Green Arrow, membre restant devenu emblématique). L’on saisit également la notion de « vraie » mort de certains personnages et, enfin, devant la multitude de personnages les nombreux repères d’Urban Comics sont légions. Les Sept Soldats de la Victoire ont bénéficié d’un « remake » en 2004 par Grant Morrisson, qui a écrit quatre chapitres sur sept héros (différents de ceux de l’époque), comme Zatanna, Frankenstein, etc. chacun se lisant dans un ordre précis, le tout publié chez Panini Comics et malheureusement pas encore réédité.

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[Scénario : Len Wein / Dessin : Dick Dillin / Encrage : Joe Giella | Dick Giordano]

 TERRE-X | Crise sur Terre-X ! /////  Treize contre la Terre !
Justice League of America #107-108, septembre-décembre 1973

La Ligue de Justice (de Terre-1) expérimente une « machine à transmatière » avec la Société de Justice (de Terre-2). Le but ? Permettre la téléportation des justiciers dans l’ingénieuse trouvaille des deux Flash d’une Terre à l’autre. Ainsi Batman, Green Arrow et Extensiveman (Plastic Man) permutent avec Sandman, Superman et Dr Fate. Mais leur ami robotique Red Tornado (revenu à la vie malgré son sacrifice dans l’histoire précédente) s’est infiltré dans la machine et créé une défaillance. Tous se retrouvent sur Terre-X, un monde parallèle dans lequel le IIIème Reich est sorti vainqueur de la Seconde Guerre Mondiale ! Les États-Unis sont donc sous le joug des nazis et c’est une équipe hétéroclite qui fait office de résistance. Menée par Oncle Sam, aux côtés Phantom Lady, Black Condor, Le Rayon, Doll Man et La Bombe Humaine, ces « Combattants de la Liberté » trouvent dans les sept super-héros de Terre-1 et Terre-2 de nouveaux alliés. Trois groupes de quatre héros parcourent alors trois endroits stratégiques pour lutter contre l’invasion nazie. L’occasion pour Batman d’aller à Paris !

L’uchronie montrant les nazis gagnants la Seconde Guerre Mondiale n’est pas forcément une idée « originale » mais dans ce cas précis, elle sert de prétexte à se familiariser avec de nouveaux personnages. Même s’ils sont à peine esquissés, le lecteur novice « sait » qu’ils existent. Mais il est indéniable qu’une réédition plus globale de cette Terre-X serait particulièrement alléchante et intéressante ! Pour le reste, tout est très « similaire » aux histoires passées : les héros découvrent de nouveaux lieux, se familiarisent très rapidement avec leurs nouveaux amis et gagnent les combats plus ou moins facilement. La particularité de la Terre-X (tout comme la Terre-S à découvrir juste en-dessous) est qu’elle accueille des héros provenant d’autres éditeurs plus ou moins récupérés chez DC par la suite.

[Scénario : Len Wein / Dessin : Dick Dillin / Encrage : Dick Giordano]

Terre-S | Le choc des Terres !
All New Collectors’Ediction C-58, 1978

Karmang Le Mauvais met en place un habile plan. Il force Black Adam à aller sur Terre-1 en se faisant passer pour Captain Marvel (nouvellement connu sous le nom de Shazam) et à provoquer Superman en duel. Karmang soumet également Quarrmer, créature sablée proche de l’Homme d’Acier, à se rendre sur Terre-S, la Terre de Captain Marvel et sa famille. Quarrmer se mue en Superman et affronte Captain Marvel avant de s’enfuir. But ultime de cette double manœuvre ? Mettre en marche d’étranges machines de chaque Terre qui rentreront en collision mortelle et inéluctable si les vrais Superman et Captain Marvel se livrent un combat titanesque. Mais la cousine de l’alien de Krypton, Supergirl, et Mary Marvel, sœur dudit Captain, veillent…

Une idée « faussement originale » (assez classique malgré ce qu’on peut croire au premier abord) et plutôt longuette (près de soixante-quinze pages) pour un dénouement prévisible. Clairement l’histoire la moins passionnante jusqu’ici. Mais nécessaire pour introduire le personnage de Captain Marvel, cet enfant qui devient un adulte surpuissant doué d’une force surhumaine grâce à la magie que lui a transmis un sorcier. Quand le garçon prononce le mot SHAZAM (correspondant aux prénoms des plus puissants mages : SHAZAM) il est aussi puissant voire plus que Superman (ce dernier mène de peu et « gagne » officiellement leur combat). Mais ici, on manque cruellement de contexte : pourquoi Diana n’a plus ses pouvoirs, pourquoi Lois a l’air d’en vouloir à Clark, etc.
Dans le Relaunch de 2011, Captain Marvel est officiellement baptisé Shazam (logique, il faut éviter le nom du concurrent) et bénéficiera de sa propre histoire en back-up de la série Justice League. Les chapitres qui étaient publiés en France en kiosque seront même compilés dans un livre (volume unique), plutôt conseillé pour se familiariser efficacement avec ce héros atypique. Héros qui aura un rôle un peu plus important au fur et à mesure que la série Justice League (toujours en New52) avance, vers sa fin notamment. Mais dans Crisis Compagnon, pas besoin de trop s’épancher sur ce Captain Marvel pour comprendre qui il est et ses pouvoirs. Utile mais un poil barbant.

[Scénario : Gerry Conway / Dessin : Rich Buckler / Encrage : Dick Giordano / Couleur : Adrienne Roy]

Néo-Genesis et Apokolips | Crise sur Néo-Genesis ///// Apokolips Now ! ///// L’ascension de Darkseid
Justice League of America #183-185, octobre-décembre 1980

Lors d’une réunion entre la Ligue de Justice d’Amérique (de Terre-1) et de la Société de Justice (Terre-2), certains justiciers sont envoyés sur Néo-Genesis, une planète comprenant des Néo-Dieux comme Metron, Orion, etc. ceux-ci se rendent sur Apokolips accompagnés de quelques super-héros. Le but ? Sauver des enfants esclaves de la planète du tyrannique Darkseid, mais également mettre à mal Le Violoneux, le Glaçon et le Sorcier (vus dans les premières histoires du recueil, des ennemis sur Terre-2) qui agissent pour Darkseid. Lui-même souhaite évidemment la destruction de la planète Terre-2.

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Le « grand méchant » fait son apparition (ou plutôt sa réapparition), c’est bientôt la fin de l’ouvrage mais le début de la « vraie » crise des Terres infinies. L’ensemble est très rythmé, très efficace. Il rappelle le neuvième tome de Justice League, qui a modernisé Métron, Mister Miracle, etc.. et repris plus ou moins la même trame narrative (qui s’inspire donc en fait de ces jets ici). Si l’histoire de Geoff Johns a été lue peu avant, le lecteur ne sera pas trop perdu ici, sinon cela fait à nouveau des personnages à découvrir. Tous inspirés par Le Quatrième Monde de Jack Kirby, actuellement édité chez Urban (deux tomes sur quatre, le troisième prévu pour fin 2016).

Darkseid et Apokolips renvoient à la suite de la création de Jack Kirby (Le Quatrième Monde, avec deux tomes publiés pour l’instant) et ses Néo-Dieux. Pour le lecteur de la série Justice League actuelle (New52), cela permet de mieux saisir le neuvième tome sorti quelques jours avant (La Guerre de Darkseid – 1ère partie), puisque l’on va retrouver les mêmes éléments et personnages).

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[Scénario : Gerry Conway / Dessin : Dick Dillin | George Pérez / Encrage : Frank McLaughlin / Couleur : Gene D’Angelo]

Crise sur Terre-Prime | Crise puissance trois ! ///// Les hommes-mystère du mois d’octobre ! ///// L’explosion qui a retenti sur le globe ! ///// Le Maître du Monde et du Temps ///// Ce n’est qu’un au revoir…
Justice League of America #207-209, octobre-décembre 1982 ///// All Star Squadron #14-15, octobre-novembre 1982

Lors de la vingtième réunion annuelle entre la Ligue de Justice (Terre-1) et la Société de Justice (Terre-2), au moment du transfert d’une Terre à l’autre (via le cube à transmatière), c’est le Syndicat du Crime qui débarque sur Terre-1 et met en déroute l’équipe de Superman ! La Société de Justice, après un court passage dans la bulle de prison qui retenait le Syndicat du Crime, arrive sur Terre-Prime, (la Terre où les super-héros n’existent pas, sauf dans des bandes dessinées) en ruine et totalement dévastée à cause du nucléaire.

De son côté, la Ligue de Justice se met à la poursuite de la Société de Justice pour les secourir en allant sur Terre-2, mais atterrisse à une époque qu’ils pensaient lointaine mais qui s’avère bien être le présent. Avec un changement de taille notable : le monde vit sous le commandement de Per Degaton, puissant dictateur. Ils vont rencontrer l’Escadron des Étoiles (Robotman, Steel, Firebrand, Liberty Belle et Johnny Quick).

Pour imposer sa suprématie, l’homme machiavélique Per Degaton a tué le savant qu’il assistait et profité d’une machine à voyager dans le temps et les dimensions pour atterrir sur Terre-Prime. Au passage il a délivré le Syndicat du Crime (venant de Terre-3 et vaincue quelques histoires plus tôt). Il réussit même à manipuler mentalement l’Escadron des Étoiles et la Société de Justice pour qu’ils s’affrontent mutuellement !

La Ligue de Justice, la Société de Justice et l’Escadron des Étoiles vont retourner dans le passé pour arrêter à temps Per Degaton, sur chacune des planètes où il sème le mal.

Voyage dans le temps, entre les différentes Terre, manipulations diverses, justiciers dans l’incompréhension et la découverte… Les épreuves sont nombreuses pour les super-héros, qui rencontreront même le Président des États-Unis avec plusieurs faits réels (crise de Cuba) mis en avant pour accentuer le côté science-fiction uchronique de l’ensemble.

Assurément l’histoire la plus complexe mais également la plus fascinante de l’ouvrage. Cinq chapitres ne sont pas de trop pour comprendre ces multiples allées et venues dans le temps mais aussi dans les dimensions et Terre différentes. S’il est dommage d’avoir choisi « un simple humain » comme menace (Per Dagaton, créé quarante ans auparavant) face à une tonne de super-héros, cela peut apparaître comme ridicule, mais cela permet aussi de concevoir qu’un cerveau peut mettre en péril des surhommes (rappelant ainsi Batman). Plusieurs récapitulatifs parsèment les chapitres, une nécessité si on ne lit pas tout à la suite. La Terre-Prime (la « notre ») est terriblement ancré dans la réalité avec les menaces nucléaires et les chefs d’états respectifs de plusieurs pays (Russie, États-Unis, Allemagne, Japon et même brièvement la France). On notera aussi, pour l’anecdote, la ressemblance frappante de Superman avec l’acteur qui l’interprétait dès lors : Christopher Reeves.

[Scénario : Gerry Conway | Roy Thomas / Dessin : Don Heck | Adrian Gonzales / Encrage : Romeo Tanghal | Jerry Ordway | Sal Trapani | Don Heck / Couleur : Carl Gafford]

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Crisis Compagnon relève un double niveau de lecture, passionnant en tout point. Il est évidemment destiné à tout néophyte de l’univers DC dans sa globalité, mais aussi à tous les lecteurs déjà bons connaisseurs de son (très large) éventail de héros, et —surtout— du récit Crisis of Infinite Earth. On (re)découvre un point d’entrée idéale, très utile pour resituer les contextes marquants des vingts ans de publication. Même si les défauts (évoqués dans les mini-critiques ci-dessus) sont légions, le charme de l’époque opère, et on en fait gracieusement fi puisque l’intérêt est d’introduire de la façon la plus simple possible, tout le matériel possible gravitant autour de Crisis on Infinite Earth. À ce titre, le prix onéreux (35€) peut ralentir le lecteur potentiel (qui devra débourser la même somme pour la « suite », donc 70€ au total) ; mais il est clairement dommage de passer à côté de cette foule d’histoires évènementielles. Saluons, une fois de plus, le travail d’Urban Comics lorsqu’il s’agit d’éditer des récits anciens, sous formes d’anthologie ou par artistes marquants, avec des introductions et présentation efficaces avant chaque bande dessinée. La sélection intransigeante et généreuse est on ne peut plus idéale. De nombreuses couvertures alternatives concluent le livre, dont les très belles d’Alex Ross (cf. ci-dessous). Cette plongée dans l’Âge d’Argent et de Bronze de DC Comics est un régal, mais il faut vraiment avoir conscience que c’est « qu’une introduction » à un immense cross-over plus épique.

Livre impeccable sur le côté éditorial et matériel, donc en tant qu’objet et guide, sur la forme plus artistique, c’est à dire les dessins, la multitude d’artistes officiant ne craint pas un manque de cohérence, au contraire. L’ensemble se ressemble, sans être exceptionnel ni mauvais, ce sont les traits et les styles de l’époque (un véritable témoignage dont la colorisation a été retravaillé, bien plus vive, là aussi un travail efficace de l’éditeur), cela permet de garder au moins une certaine logique dans les multiples justiciers (costumes, couleur…). Sur le fond, les scénarios donc, la qualité est plutôt homogène, si l’on met de côté un ou deux chapitres (notamment celui sur Captain Marvel (Shazam) toutefois nécessaire), avec une prédilection pour les multiples croisements de Ligue/Société et créations d’équipes éphémères.

Un comic-book à posséder, pour les novices ou les fans, qui permet de (re)trouver un univers riche en personnages et d’avancer, lentement mais sûrement, vers un pan mythologique, quasiment ancré dans la culture populaire, de DC Comics.

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La suite est évidemment à découvrir dans Crisis on Infinite Earth

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(Critique prochainement en ligne sur le site,
ainsi que la finalisation des illustrations de cet article.)

Justice League – Tome 10 : La Guerre de Darkseid (2ème partie) / Justice League Univers Hors-Série #2

MàJ (21/10/2016) : Une version plus courte et remaniée de cet article est sur le site UMAC – Comics & Pop Culture.

Après une excellente première partie de La Guerre de Darkseid dans le neuvième volume, le dixième et dernier de la série Justice League (des New52) est enfin disponible.
Attention : le deuxième hors-série du magazine Justice League Univers est un bon complément (disponible le 26 août en kiosque).

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[Histoire — Justice League – Tome 10 : La Guerre de Darkseid (2ème partie)]
Après la mort de Darkseid, certains membres de la Justice League acquièrent davantage de puissance : Batman (depuis qu’il est sur le trône de Mobius), Flash (qui est devenu l’hôte du Pisteur Noir qui a terrassé Darkseid), Shazam et Green Lantern, mais aussi Superman et Lex Luthor, qui sont sur Apokolips. Chacun devient un « néo-Dieu » et va devoir trouver le bon équilibre entre la maîtrise des nouveaux pouvoirs et la moralité humaine à conserver.

Ainsi, Batman devient le Dieu de la Connaissance, Superman est le Dieu de la Force, Flash le Dieu de la Mort, Shazam le Dieu des Dieux, Green Lantern le Dieu de la Lumière et, enfin, Lex Luthor le Dieu d’Apokolips.

Wonder Woman, Cyborg, Jessica/Power Ring, Scott Free et Steve Trevor forment une équipe chargée à la fois de les « contrôler » mais aussi de combattre certains sbires de Darkseid, désirant vouloir venger leur maître.

De son côté, La Société du Crime refait surface, tandis que l’Anti-Monitor est redevenu Metron (et va chercher à récupérer son siège de Mobius) et que Graal, la fille de Darkseid, manigance de sombres desseins…

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[Critique — Justice League – Tome 10 : La Guerre de Darkseid (2ème partie)]
Toutes les qualités du tome précédent se retrouvent dans cette suite, à quelques exceptions près. Sur la cohérence graphique tout d’abord, si Jason Fabok excelle à nouveau sur quatre chapitres (les 7, 8, 10 et le 11, appelé « conclusion »), les deux premiers (5 et 6) sont signés par Francis Manapul (qui œuvre sur la série The Flash, conseillée). Attention, c’est tout aussi sublime, mais dans un registre très différent (cf. illustration ci-dessus, avec un côté plus « pastel » voire « indépendant »). Comme ses planches sont surtout focalisées sur les néo-Dieux, cela créé une certaine homogénéité pour cette mini-histoire. Le neuvième chapitre (Justice League Darkseid War Special #1) est dessiné par Ivan Reis, Paul Pelletier (tous deux ont été sur Aquaman), ainsi qu’Oscar Jimenez. C’est un sans-faute car les trois se fondent parfaitement dans le style de Fabok, si bien que les différences sont très subtiles et absolument pas gênantes. Côté dessin donc, tout roule pour l’ensemble du tome. Les combats sont toujours aussi beaux et fluides, les visages parfaitement détaillés et les cases magnifiés par les couleurs de Brad Anderson (Alex Sinclair pour le chapitre « bonus » et Manapul s’occupe lui-même de la colorisation de ses dessins, parfois accompagné de Brian Buccellato).

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Côté scénario, on retrouve une foule de personnages, avec toujours Wonder Woman mise en avant (elle est la narratrice de l’ensemble) et quelques autres prennent davantage d’importance, comme Graal, Steve Trevor et même Jessica. On découvre le passif de la fille de Darkseid, les raisons de cette guerre, ses motivations. Chaque super-héros de la Justice League joue un rôle important mais, hélas, tout s’enchaîne un peu trop vite pour vraiment comprendre ce qu’il se passe. Ainsi, Green Lantern, devenu Dieu de la Lumière, n’a plus l’air de l’être peu de temps après. Que fait Shazam de ses pouvoirs, quels sont-ils d’ailleurs ? Comment Luthor devient le nouveau Dieu de la planète de Darkseid ? Les explications sont volontairement survolées.

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Tout ceci est malheureusement « normal » car c’est à découvrir dans des chapitres séparés, publiés dans le deuxième hors-série de Justice League Univers. Même si on a du mal à comprendre comment chaque super-héros-néo-Dieu a le temps de vivre une petite aventure « en solo » à côté de cet immense champ de bataille. La critique du magazine est à retrouver ci-après, elle ne convainc pas plus que ça et il aurait été plus judicieux d’inclure un chapitre d’une vingtaine de pages passant sur chaque héros un par un, tout en entretenant une dose de mystères, plutôt que de d’expliciter des choses finalement très convenues (Lex Luthor) ou complexes (Shazam). Notons un combat intérieur plutôt fort pour Flash, Green Lantern et Superman cela dit. Et une histoire du Chevalier Noir qui aurait surtout sa place dans une de ses séries.

Outre cet aspect un peu dommageable, le reste du récit tient bien la route, c’est épique, dramatique, parfois un brin plus léger et drôle (grâce à Green Lantern). La fin est surtout un « nouveau départ », comme le dit Diana elle-même. Le statu quo de la Trinité demeure changé à jamais : Superman a un destin bien précis qui l’attend (normalement à découvrir dans les magazines Superman Univers #11 et #12, soit en janvier et février 2017), Batman découvre un terrible secret à propos du Joker et Diana apprend un secret de famille. Luthor aussi accède à un nouvelle étape cruciale de sa vie. Bref, beaucoup de pistes qu’on voudrait découvrir (et qui le seront dans les séries du relaunch Rebirth) mais qui donnent une fin trop ouverte à l’histoire.

Lire les tomes 9 et 10 s’avèrent, heureusement, un excellent divertissement, l’équivalent d’un blockbuster du cinéma savoureux et qu’on se plaît à revoir de temps en temps, donc ici à relire et découvrir.

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[Histoire — Justice League Univers Hors-Série #2]
Idéalement à lire entre le premier et deuxième chapitre du tome 10 de Justice League (soit les #5 et #6).

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Darkseid War : Batman #1 – Dieu seul sait
Depuis que Batman est devenu le Dieu de la Connaissance (fin du tome 09 de Justice League), il est omniscient : il a les réponses à toutes les questions possibles, il peut savoir ce qu’il va se passer, etc. Le Chevalier Noir, toujours sur le fauteuil de Mobius, arrête donc les criminels de Gotham City avec une facilité déconcertante ; pour cause : ceux-ci n’ont pas encore commis leurs méfaits (puisque Batman « sait » qu’ils vont les faire, même s’ils ne sont pas encore passés à l’acte). Un problème de taille pour Gordon, qui n’approuve pas cette méthode d’une part, et qui est contraint de relâcher le nombre conséquent de prisonniers faute de place et de rapidité administrative d’autre part. Mais, plus important pour Batman, il est temps de rencontrer Joe Chill et d’avoir une conversation avec lui, le tueur de ses parents, et donc le « créateur » de Batman.
Un excellent chapitre qui reflète bien toute la psychologie absolue du Batman « noir » qui sévit depuis une trentaine d’années. Sa quête de justice, peu importe le prix et le sacrifice, la douleur d’un deuil toujours très présent et « une fin » qui peut « justifier » les moyens. Écrit par Peter J. Tomasi (auteur de la bonne série Batman & Robin, dont une référence au sixième tome est placée subtilement) et dessiné tout en beauté par Fernando Pasarin, cette courte aventure du Bat-néo-Dieu est une bonne entrée en matière.

Darkseid War : Superman #1 – Le Dieu de l’acier
Lorsque Lex Luthor et Superman se sont retrouvés sur Apokolips (à nouveau dans le tome 09 de Justice League), l’Homme d’Acier fut privé de ses pouvoirs petit à petit à cause du manque de soleil sur cette planète. Luthor le pousse alors dans la Fosse Ardente et Superman en sort métamorphosé, nettement plus puissant mais en perte d’humanité et donc capable de tuer.
Superman revient à Metropolis. Tout le monde le pensait disparu et est ravi de son retour, à commencer par son ami Jimmy Olsen. Mais Superman a changé, et pas que de costume et de pouvoirs, il ne veut plus aider et sauver les humains. Il en a marre de devoir toujours être là pour les aider. Il y voit clair désormais, ce n’est plus son rôle. Jimmy va tenter de le raison et lui prouver que les hommes aiment Superman, peu importe qu’il soit kryptonien ou non.
Efficace mais trop court. La première partie est assez « risible » (Superman qui casse tout partout, se comporte comme une brute et veut juste de la tarte aux pommes…) mais la seconde, le combat pour retrouver son humanité, est réellement touchante. Son échange avec Olsen et la conclusion de Superman à ce sujet est efficace. Bong Dazo dessine ce chapitre, scénarisé par Francis Manapul l’artiste qui dessine la première partie du dixième tome de Justice League (et la série The Flash des New52).

Darkseid War : Lex Luthor #1  – Le Jugement Oméga
Abandonné sur Apokolips mais héritant de la force Oméga, et se vantant d’être le nouvel élu qui sauvera la planète (en se faisant passer pour… Superman !), Luthor affronte plusieurs épreuves en se remémorant son enfance et une rencontre avec l’Homme d’Acier. S’il réussit, il deviendra le Dieu de la planète de Darkseid.
Un chapitre très attendu (la transformation en néo-Dieu dans le tome dix de Justice League n’est pas expliquée et le personnage relégué au second plan) mais qui peine finalement à convaincre. Rien de très surprenant ni de réellement épique, dommage. Même équipe artistique que le précédent numéro, avec un Bong Dazo qui signe des planches plus soignées et un ensemble plus homogène et réussi.

Darkseid War : The Flash #1 – L’éclair de la Mort
Devenu Le Pisteur Noir, Flash est contraint de cohabiter avec la Mort en personne. Ce néo-Dieu et sa faucheuse ont vaincu l’Anti-Monitor, ce qui cause un gros problème moral à Barry Allen. Le bolide écarlate décide alors de s’émanciper du corps du Pisteur Noir et de courir le plus vite possible pour ne plus être en fusion avec lui.
Si l’on sait « d’avance » comment va se terminer ce chapitre, il est judicieux de revenir sur le questionnement intérieur de Barry. On découvre, comme souvent, un homme profondément bon et tâchant de se sortir d’une situation complexe. A ce titre, cela rappelle Flashpoint et l’ensemble est très plaisant. Les planches de Jesus Merino sont à la hauteur de l’histoire de Rob Williams.

Darkseid War : Shazam #1 – Puissance
Quand Darkseid est mort, Shazam, un garçon doté des pouvoirs de six sorciers et qui devient l’homme le plus puissant du monde en disant son nom, se voit désormais confiné dans un voyage plus ou moins onirique, pour recouvrer sa force.
Assez confuse, cette histoire sort totalement du lot ; il faudrait avoir le volume unique consacré à Shazam en tête pour peut-être mieux tout saisir. Le combat magique interne de Shazam ne passionne guère, trop expéditif et manquant de souffle épique. Le scénariste Steve Orlando est un peu trop en roue libre, mais les dessins de Scott Kolins sont toutefois très soignées.

Darkseid War : Green Lantern #1 – Seras-tu mon Dieu ?
Hal Jordan tente de sauver la planète Oa. Combattant les parademons, il devient le Dieu de la Lumière et par conséquent peut faire ce qu’il veut des planètes. Une conversation dans une église lors de la mort de son père et le questionnement du non-agissement de Dieu pour sauver celui-ci refont surface. Green Lantern doit choisir de continuer d’être un Dieu, comme Batman qui communique avec lui, ou bien de rester humain et garder son libre arbitre.
Si le début n’est pas spécialement prenant, en plus de graphismes parfois très sommaires, la dernière partie est nettement plus efficace. La liaison avec Batman, le choix de « jouer » à être Dieu et la situation finale sont plaisantes. Cela permet de comprendre aussi l’assistance de Green Lantern Corps dans le tome 10 de Justice League, même si on n’a pas forcément besoin de lire ce chapitre pour comprendre tous les aboutissements. Tom King l’écrit, il travaille déjà avec brio, sur la série Grayson. Doc Shaner est son complice aux crayons et livre un travail correct mais parfois inachevé (un nombre impressionnant de fonds vides et de cases « simplistes »).

[Critique globale Justice League Univers #2]
Le magazine est de qualité inégale, aucune histoire ne paraît réellement incontournable. Celles sur Batman et Superman s’ancrent bien dans le récit mère (le tome 10 de Justice League), même si elles auraient leur place (surtout celle du Chevalier Noir) dans les séries classiques consacrées à chacun d’entre eux. Les chapitres sur Lex Luthor et Shazam sont globalement décevants et n’apportent finalement aucun ajout narratif intéressant. Ceux consacrés à Flash et Green Lantern sont plaisants mais là aussi pas indispensables. C’est donc une lecture mitigée, complémentant efficacement le dixième et dernier tome de la Justice League mais sans pour autant être nécessaire pour tout comprendre. Dommage, on se rêvait à un « beau livre luxueux » regroupant les tomes neuf et dix ainsi que ce magazine, Urban n’a pas besoin de le faire. En revanche, une version intégrale de La Guerre de Darkseid, dans un format agrandi dans un tome sans numérotation serait particulièrement jouissif pour les lecteurs et collectionneurs !

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[Conclusion de l’ensemble]
Cette suite et fin de La Guerre de Darkseid est à la hauteur des attentes, avec son lot de surprises, de combats épiques et de conclusions satisfaisantes (même s’il y a trop de fins « ouvertes »). Sur l’ensemble de la série (parfaitement résumée avec une belle iconographie au début du livre), Justice League aura déçu par ses débuts (tome 1 et 2), trop « grand public » et « léger » pour certains, puis emprunté un tournant nettement plus intéressant avec la mise en avant d’Aquaman (tome 3). La nouvelle ligue (d’Amérique) était plaisante (tome 4) mais n’a servi qu’à entamer les arcs suivants, à commencer par une passable Guerre des Ligues (tome 5). Celle-ci mériterait une version en librairie avec toutes les séries impactées ainsi que celle qui n’ont pas été publiées en France (quid d’ailleurs de Pandora, La Question et le Phantom Stranger ?), pour vraiment l’apprécier. Elle introduisait surtout le Règne du Mal (tomes 6 et 7) : plutôt abouti, impactant quelques séries à côté et propulsant Lex Luthor dans la ligue. Une poursuite efficacement menée (tome 8) et agréablement conclue (tomes 9 et 10) bouclant ce qui avait été entamé au début du cycle de Geoff John, architecte principal depuis 2011 sur la série. Avait-il « prévu » chaque évènement ? Sans doute pas dans les détails mais dans les grandes lignes directrices oui, indéniablement.

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Ces dix volumes de Justice League ne sont pas d’une parfaite qualité homogène mais ont su séduire un public pas forcément connaisseurs au lancement d’Urban Comics. L’ensemble des artistes qui ont dessiné les chapitres sont talentueux et là-dessus, il y a globalement peu à redire. Si certains tiqueront sur un scénario parfois trop simpliste ou une édition manquant d’éléments important, on se souviendra (aussi bien outre-Atlantique qu’en France) assez longtemps de cette longue série. Convenant aussi bien aux enfants, adolescents et adultes, elle a su allier plus ou moins bien les ingrédients nécessaires à la réussite d’une bonne bande dessinée « grand public ». D’une manière générale, on a envie de tout relire « à la suite », à partir de là, on peut dire que le pari de l’auteur est réussi.

Cinquante chapitres et plusieurs autres issus de séries annexes (Aquaman, La Ligue de Justice d’Amérique, les one-shot des Free Comics Books Day, etc.) au total auront donc été publiés au cours des quatre derniers années pour l’édition française en dix tomes. Cela évitant l’obligation d’aller lire en annexe d’autres séries (même si, à l’inverse, on aurait aimé en voir davantage, lors de La Guerre des Ligues et Le Règne du Mal par exemple). Urban Comics a fait du très bon travail. Il va être intéressant de voir comment la nouvelles série de Justice League (Rebirth) va être accueillie chez nous et avec quelle appelation sera-t-elle éditée (« La Ligue de Justice » au lieu de « Justice League » ?). On peut prévoir sans trop de risque une réédition sous forme d’intégrale pour celle chroniquée ici en tout cas, sous forme de Geoff John présente Justice League, compilant chaque fois deux à trois volumes. Ainsi, le « titre » Justice League pourra être repris pour les nouvelles publications. Mais tout ceci n’est que spéculation, gardons confiance en Urban Comics pour la suite des aventures !

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[À propos]
Publié chez Urban Comics le 17 juin 2016

Scénario : Geoff Johns
Dessin : Jason Fabok (ch. 7, 8, 10 et 11), Francis Manapul (ch. 5 et 6) | Ivan Reis, Oscar Jimenez et Paul Pelletier (ch. 9)
Couleur : Brad Anderson (ch. 7, 8, 10 et 11), Francis Manapul (ch. 5 et 6), Brian Buccellato (ch. 5) et Alex Sinclair (ch. 9)
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Edmond Tourriol — Studio Makma

(contient : Justice League #45-50 + Justice League Darkseid War Special #1)

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MàJ (21/10/2016) : Une version plus courte et remaniée de cet article est sur le site UMAC – Comics & Pop Culture.

Justice League (JLA) – Ascension

Au début des années 2000 l’éditeur Soleil a publié quelques récits de la licence DC Comics (et de Wildstorm, entre autres). De novembre 2000 à novembre 2001, trois tomes individuels de la Justice League ont ainsi vu le jour. Intitulé JLA (pour Justice League of America), chaque volume pouvait se lire indépendamment de tout le reste : Terre-2, Ascension et Seule contre tous. Le premier, Terre-2, est ressorti chez Urban Comics sous le titre L’Autre Terre. Le second est chroniqué dans cet article (couverture ci-dessous à gauche) et le dernier le sera à l’occasion, car c’est clairement un récit orienté sur Wonder Woman et un chouilla Batman.

Mise à jour (novembre 2017) : Urban Comics a publié Ascension en kiosque dans le deuxième hors-série « récit complet » du magazine Justice League, sorti le 10 novembre 2017 (couverture ci-dessous à droite). L’intégralité de l’histoire y est proposée et deux chapitres, également scénarisés par Bryan Hitch, la complète. Il s’agit de la huitième et neuvième partie (la conclusion) de La Puissance et la Gloire, correspondant aux chapitres #9 et #10 de la série Justice League of America, débutée dans le deuxième numéro du magazine Justice League Univers (avril 2016) et dont le précédent chapitre (le #8) avait été publié dans le dixième numéro en novembre 2016. Il aura donc fallu un an pour connaître la suite et fin de ce arc. La mini-critique de ces deux chapitres est à découvrir tout en bas de cet article.

Mise à jour (février 2019) : Urban Comics a ajouté Ascension dans le sixième et dernier volume de la série Justice League of America rééditée ces derniers mois. Le run de Morrison et Waid est ainsi complet et plus accessible via cette sage en sept tome (elle contient un #0). Un peu compliqué à suivre mais désormais tout est terminé !

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[Histoire]
La Ligue de Justice d’Amérique est composée de Superman, Batman, Wonder Woman, J’onn J’onnz (le Limier Martien), Aquaman, Flash (Wally West, neveu de Barry Allen), Green Lantern (Kyle Rayner, quatrième incarnation terrienne à porter l’anneau ), Atom (le scientifique de la taille d’un atome), Steel (un justicier, John Henry, portant une armure remplie de technologie et maniant un terrible marteau, c’est « un peu » l’équivalent du Cyborg actuel) et Plastic Man (un individu, Eel O’brian, au corps élastique pouvant prendre toute forme et doté d’un fort sens de l’humour *).

Batman est à Gotham City pour enquêter sur un meurtre dont le coupable est tout désigné comme étant le Pingouin. Les autres super-héros, dans la Tour de Guet sur la lune, assistent à une scène sans précédent : un gigantesque « vaisseau spatial » (au premier abord) vole, ou plutôt kidnappe, littéralement la Terre en perforant son axe de rotation avec une immense « pique » ! Pire encore, il semblerait que cet engin s’approprie toutes les planètes alentours.

La Ligue découvre qu’il s’agit là de l’œuvre de la toute première création universelle, celle qui existait avant les atomes. Une race extra-terrestre pour qui un humain est l’équivalent d’une bactérie. Celle-ci n’avait jamais eu conscience de « la mort » et a envoyé des agents dormants sur chaque planète existante pour appréhender l’idée de la fin. Le but était de comprendre, par exemple, la création des religions, de la foi ou la spiritualité.

Les super-héros se dispersent pour rassurer la population Terrienne, affronter ce nouvel ennemi et les autres « habitants » des planètes et sauver l’ensemble de celles-ci d’une annihilation. Le Chevalier Noir reste sur la Terre et prend la tête des Titans et de la Young Justice pour coordonner toutes les équipes.

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* Il n’est pas sans rappeler Luffy, du manga One Piece.

[Critique]
Ascension est sans aucun doute un récit à la fois très simpliste (dans son traitement) et très complexe (dans son analyse et ses détails). Beaucoup de dialogues nécessitent une seconde lecture. De nombreuses références à la physique quantique, mais également à une certaine approche de la spiritualité, parsèment l’ouvrage. Les interlocuteurs différents sont évidemment les membres de la Justice League, sans qu’aucun ne soit mis de côté ou davantage mis en avant. L’équilibre est très bien conservé.

 — Pour la première fois, ces êtres anciens ont été brutalement confrontés à leur mortalité et à leur inévitable non-existence… Leur race est pétrifiée par la peur de l’inconnu.
— Oui… Et dans une telle situation, le réconfort n’est pas facile à trouver. Ont-ils une spiritualité vers laquelle se tourner ? Certains doivent bien croire en la vie Après la mort… ?
— Voilà où se trouve leur originalité Flash. C’est le but des machines… De tout cela. S’ils veulent accéder au paradis… ils devront d’abord le bâtir.

Mark Waid, qui avait déjà signé l’excellent Kingdom Come (et d’autres récits sur la Justice League, dont leur Year One), continue de s’interroger, élégamment, sur les mythes des super-héros. Cette fable cosmique et métaphysique est passionnante, et son faible nombre de pages (soixante-douze) n’est absolument pas un défaut. Chaque lecteur peut interpréter à sa manière la volonté des aliens. Leur but est-il de se construite un paradis ? De prendre exemple sur toutes les planètes pour concevoir le meilleur chemin de « l’après-vie » possible ? Ou seulement de découvrir le plus usité pour le suivre aussi ? Cette quête existentielle, au lieu d’entraîner un affrontement manichéen prévisible, prend un tournant empathique quand la Justice League décide non plus d’affronter, mais d’aider cet étrange « ennemi ».

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L’ensemble aurait mérité des cheminements philosophiques un chouilla plus poussés. Même si Mark Waid ne survole pas son sujet, il aurait pu aller encore plus loin, quitte à dérouter davantage ses lecteurs. Ascension n’est pas non plus sans rappeler Matrix, dont le premier film était sorti à peine deux ans plus tôt. Une certaine idée de la création des machines, à l’origine de notre monde, se nourrissant d’humains, etc.

« Écoutez-moi ! Il n’y a aucune honte à être reliés à nous ! Il s’agit peut-être de votre seule chance ! Nous pensions que l’obstacle à votre transcendance était votre manque de foi… et nous avions tort ! Ce n’est pas ça du tout ! Vous niez la réalité ! Vous êtes plus proches des autres formes de vie que vous ne voulez l’admettre. Mais c’est cette fierté, cet isolationnisme… qui vous a fait perdre tout sens de la spiritualité ! La distance que vous créez entre vous et nous est la même qui vous séparer du divin ! Quand vous êtes isolés… vous êtes seuls ! […] Ne nous niez pas l’honneur de sauver les âmes les plus anciennes de l’univers. Œuvrez avec nous. »

Bryan Hitch (The Authority et plus récemment America’s Got Powers) dessine intégralement l’ouvrage. Son style, fin et précis, est magnifié lors des pleines pages de séquences spatiales. L’infiniment grand et petit sont très justement mis en scène grâce à ses planches, c’est un régal. La colorisation de Laura Depuy propose des jeux d’ombres de toute beauté et, surtout, des ambiances chaudes ou glaciales grâce au rendu parfois quasi-monochrone, ou en tout cas dans la même palette de couleur. Toute la partie graphique est un sans-faute. Seuls les (nombreux) sourires des membres de la Justice League laissent parfois pantois, un côté « boy scout » et trop « gentille équipe ». Cet aspect enlève toute proportion dramatique possible, alors qu’on est à deux doigts de la fin du monde. Heureusement, les scènes épiques ne manquent pas pour autant. D’autant plus que le format de l’éditeur de l’époque, Soleil, est plus proche du franco-belge, donc agrandi.

Une bande dessinée qui mériterait une nouvelle publication chez Urban Comics, avec pourquoi pas des commentaires de scientifiques et de philosophes en guise de compléments. Le titre pourrait d’ailleurs être plus « poétique ». Heaven’s Ladder en version originale, donnerait quelque chose comme « L’échelle du Paradis », ou « L’Ascension vers un Paradis » ? C’est en tout cas un des coups de cœur du site, conseillé pour les fins connaisseurs ou les nouveaux lecteurs. On trouve Ascension assez facilement en occasion sur Internet ou dans des enseignes à un prix plus que correct (entre cinq et quinze euros en général).

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Mise à jour (novembre 2017) : Dans la nouvelle réédition d’Urban, les chapitres #9 et #10 de la série Justice League of America, publiés aux États-Unis fin 2016/début 2017, complètent le magazine. Le chapitre #9 a été écrit et dessiné par Bryan Hitch (Alex Sinclair à la colorisation), le #10 a son intrigue créé par Bryan Hitch également, les dialogues sont signés Tony Bedard et les dessins sont de Tom Derenick (Jeremiah Skipper aux couleurs). Ces deux chapitres sont la fin de l’arc La Puissance et la Gloire (très précisément il s’agit de la huitième partie et de la conclusion). Les précédents ont été publiés dans le magazine Justice League Univers, du numéro 2 au 10 (soit d’avril à novembre 2016). Un an plus tard, la « suite et fin » est donc enfin disponible (principalement à cause du retard de Hitch dans la livraison de ses planches).

[Histoire]
Rappel (via la note éditoriale d’Urban) : les membres de la Justice League luttent contre les fidèles de Rao (un ennemi kryptonien quasi divin) après avoir compris que ce dernier se servait de l’énergie vitale des populations afin de conserver sa longévité. Tandis que certains membres sont perdus dans le temps, Superman semble ne pas avoir survécu à sa dernière confrontation avec ce dieu solaire…

Dans le passé lointain, Green Lantern, déchu de ses pouvoirs et fait prisonnier par « le Rao du futur » sur Krypton. Le Rao de l’époque constate amèrement l’héritage que laissera son « moi » futur. Sur Terre, Wonder Woman tente de ramener Superman à la vie…

[Critique]
Clairement, sans connaître les précédents chapitres (le cas de l’auteur de ces lignes) il est difficile de tout comprendre. La portée métabolique et le questionnement du divin effleurent brièvement le récit (peut-être la poursuite de ce qui était proposé en amont) sans être révolutionnaire. Graphiquement, les dessins de Hitch sont hyper soignés et classes, ceux de Derenick fades au possible. La conclusion n’est pas des masses épiques et a même un arrière-goût de déjà vu si on a lu l’intégrale de Dark Knight III. Totalement dispensable donc, en lecture indépendante en tout cas, peut-être qu’en conclusion du run ça passe mieux mais vu cette fin c’est très moyen.

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(Image issue d’Ascension)

[A propos]
Publié en France chez Soleil en mai/juin 2001. Puis en novembre 2017 chez Urban Comics.
Titre original : Heaven’s Ladder.
Publication originale en octobre 2000.

Scénario : Mark Waid
Dessin : Bryan Hitch
Encrage : Paul Neary
Couleurs : Laura Depuy
Traduction : Ange / Thierry Fraysse
Lettrage : Gris Mouse / Stephan Boschat (Studio Makma)

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Ci-dessous l’intégralité du dessin de couverture, dont le recto est la partie de droite (cf. la première illustration en haut de cet article), le verso celle de gauche.

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