Archives de catégorie : Justice League

Justice (également titré « Justice League – La Promesse »)

Récit hors continuité sur la Justice League, le one-shot Justice a été proposé en juillet 2017 sous forme d’intégrale par Urban Comics. Auparavant, il avait fait l’objet d’une publication en quatre volumes (contenant chacun trois chapitres) chez Panini Comics, étalés de juillet 2006 à février 2008. Critique.

 

[Histoire]
Les ennemis des membres de la Ligue de Justice s’associent pour… rendre le monde meilleur ! Captain Cold conçoit de l’eau dans les déserts par exemple, Cheetah contribue grandement aux associations de défense des animaux, Toyman propose des prothèses pour enfants amputés, le Sphinx résout l’énigme de la famine dans le monde pour l’éradiquer, et ainsi de suite…

Mais Edward Nygma vole aussi des données extrêmement sensibles à Batman, contenant notamment l’identité civile de tous les super-héros sur Terre. En parrallèle, Aquaman est kidnappé par Brainiac et ni le Limier Martien, ni Red Tornado n’arrivent à le retrouver.

Dans l’ombre, Lex Luthor avance ses pions pour arriver à son but secret tandis que l’opinion public commence à se détacher de la Ligue de Justice et favoriser la Légion de Doom. Pour cause, Luthor pointe du doigt les inactions des super-héros qui, certes préservent le monde de ses dangers mais ne tentent pas de le changer pour l’améliorer, chose que les habituels ennemis et terroristes vont faire…

[Critique]
Pavé d’un peu plus de  500 pages, Justice est une œuvre très accessible malgré sa profusion de personnages et se situe « hors continuité », facilitant encore plus sa lecture pour les néophytes. Les fans de DC Comics ne sont pas en reste tant quasiment tous les super-héros, vilains, anti-héros et antagonistes apparaissent.

En douze chapitres, on assiste à un schéma narratif très classique (qu’on pourrait découper en plusieurs actes) : son introduction qui donne envie de connaître la suite, la mise en place des enjeux narratifs, la défaite des héros puis leur contre-attaque et la conclusion de l’ensemble, avec quelques mises en avant bien placées de certains justiciers.

On pense entre autres à Aquaman et son rôle singulier dans cette aventure et à Hal Jordan/Green Lantern, lui aussi isolé de ses compagnons mais d’une manière inédite. Sont aussi de la partie : des « membres de la réserve » (de la Justice League) comme les appelle Shazam, qui s’inclut dedans. On y ajoute volontiers Atom, Plastic Man et le couple Hawkman et Hawkgirl.

D’autres outsiders sont présents, comme Phantom Stranger ou Zatanna. Enfin, deux équipes atypiques se joignent à cette grande galerie : les Metal Men et la Doom Patrol. Outre ces personnages, la Trinité classique (Superman, Batman et Wonder Woman) est évidemment au premier plan mais parfaitement équilibrée et, surtout, tout aussi dominante que leurs ennemis Luthor et Brainiac.

Côté histoire, rien de révolutionnaire passé le concept de départ (amorçant une dimension géo-politique un peu simpliste) si ce n’est l’utilisation de « vers nanotechnologiques » pour justifier des contrôles mentaux. C’est l’un des rares points négatifs car cela peut apparaître comme une facilité scénaristique (à l’appréciation de chacun donc et sa prédominance ou non de suspension consentie de l’incrédibilité).

Le récit se loupe (un peu) sur la fin en conservant en vie deux figures iconiques, qui auraient eu une conclusion homérique — dont un départ particulièrement épique pour l’une d’elle mais il n’en est rien (dommage). Le reste est assez « basique » mais il est bien exécuté, écrit par Jim Krueger principalement. On prend donc plaisir à lire cette (longue) histoire. Bien sûr il faut compter sur la partie graphique pour apprécier davantage l’ensemble !

Côté illustrations en effet, les mises en pages et dessins de Doug Braithwaite accompagnés par la colorisation d’Alex Ross (qui a aussi contribué à l’écriture de l’histoire avec Krueger) leur confèrent ce style unique de réalisme mi-lyrique mi-rétro, éclipsant presque le travail de Braithwaite au profit de celui de Ross.

De superbes planches qui rappellent justement les autres travaux emblématiques de ce dernier comme l’excellent Kingdom Come (ainsi que Justice League Icônes (1)). Ce sont avant tout ces dessins « parfaits » qui donnent à Justice son intérêt.

Tour à tour hommage à un certain passé, dont l’Âge d’Argent de DC Comics (costumes kitchs de certains super-héros, postures iconiques parfois dépassées…) tout en restant intemporel et d’une modernité sans faille (seul l’usage d’un CD-Rom de données peut cristalliser cet aspect), le comic-book jouit de la peinture quasi photographique de Ross couplé aux dialogues rythmés des auteurs et à une exposition très juste de ses protagonistes.

Pour l’anecdote, on peut assimiler les inspirations des Batman Metal (de Snyder et Capullo) puisées dans les looks des armures nées d’une sorte de fusion entre les costumes classiques des justiciers et des Metal Men (cf. illustration ci-dessous).

Une cinquantaine de pages bonus revient sur les caractéristiques de chaque personnage, de quoi aider les plus débutants (aussi bien dans l’édition d’Urban Comics que celle de Panini Comics), incluant bien sûr les couvertures alternatives.

(1) – On peut même qualifier de triptyque le travail d’Alex Ross à travers ces trois œuvres DC Comics formant chacune un segment « chronologique » propre à son univers. La « jeunesse », comprendre origines et débuts des super-héros, est ainsi à découvrir dans Justice League Icônes. Ils sont tous « adultes » dans cette colossale aventure qu’est Justice. Enfin, les mêmes personnages sont particulièrement âgés dans Kingdom Come. Accessibles et agréables, ces comics sont un pan inédit et intéressant pour quiconque s’intéresse à l’univers de l’éditeur. Les deux derniers étant d’ailleurs des coups de cœur du site.

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 7 juillet 2017.
Précédemment publié chez Panini Comics en quatre volumes de juillet 2006 à février 2008.

Histoire : Jim Krueger et Alex Ross
Scénario : Jim Krueger
Dessins : Doug Braithwaite
Couleur : Alex Ross
Lettrage : Christophe Semal
Traduction : Jean-Marc Lainé

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Justice League vs. Suicide Squad

Volume unique « blockbuster », Justice League vs. Suicide Squad a été publié en one-shot en librairie en février 2018 (un mois plus tôt, le tome fut proposé en édition limitée à 200 exemplaires avec une couverture alternative pour le festival d’Angoulême) et auparavant (novembre et décembre 2017) dans trois numéros de magazines : Suicide Squad Rebirth #5 et #6 et Justice League Rebirth #7 (deux d’entre eux formaient d’ailleurs une magnifique couverture éclatée horizontalement et tous trois ont également eu une couverture variante à l’époque). Histoire indépendante en six chapitres connectée à deux chapitres des deux séries précitées éponymes aux magazines (donc dix chapitres en tout, l’un étant un back-up), que vaut cette aventure XXL ?

Ci-dessus, la couverture alternative proposée à 200 exemplaires (pas trouvé en meilleure qualité)
et les deux des magazines formant une illustration complète horizontale.
Ci-dessous les trois variantes des mêmes magazines en édition limitée.

   

[Résumé de l’éditeur]
La Ligue de Justice défend depuis des années la Terre des menaces cosmiques les plus redoutables ! La Suicide Squad, elle, remplit les missions les plus dangereuses pour le compte du gouvernement et, surtout, de leur chef, Amanda Waller. Bien que Batman voie d’un mauvais œil ce groupe, un nouvel adversaire surpuissant va forcer les deux équipes à s’allier… si elles ne s’entredéchirent pas avant !

[Histoire]
Killer Frost rejoint le pénitencier de Belle Reve. La prisonnière devient membre de la Force Spéciale X, alias la Suicide Squad, dirigée par Rick Flag, qui est secondé par Katana (et le tout sous l’égide d’Amanda Waller bien entendu). Cette équipe particulière qui agit dans l’ombre pour le gouvernement compte également Deadshot, Harley Quinn, Killer Croc, L’Enchanteresse (June Moon), Captain Boomerang et El Diablo dans ses rangs. Tous peuvent bénéficier de remises de peine en échange de missions suicide…

De son côté, la Ligue de Justice a vent de cette organisation grâce à une enquête de Batman. Le Chevalier Noir, Wonder Woman, Aquaman, Flash, Cyborg, le « nouveau » Superman et les deux récents Green Lantern (Jessica Cruz et Simon Baz — cf. la nouvelle composition de cette équipe à découvrir dans Justice League Rebirth) souhaitent arrêter les agissements de la Suicide Squad.

Un affrontement épique a lieu entre les deux équipes, mais le seul vainqueur est… Amanda Waller. Qui a besoin d’une association entre les deux !

En parrallèle, une mystérieuse personne libère les cinq détenus de la prison secrète Les Catacombes, cachée sous terre dans la Vallée de la Mort en Californie. Elle abrite les plus dangereux criminels qui ont un but commun : tuer Amanda Waller. Docteur Polaris, L’impératrice Émeraude, Lobo, Johnny Sorrow et Rustam font donc équipe, menés par… Maxwell Lord (ancien dirigeant de l’organisation Checkmate), un puissant télépathe qui peut donc contrôler les pensées des humains. Pourquoi en veulent-ils à Waller ? Que cache cette alliance soudaine ? Pour la combattre, la Justice League et la Suicide Squad vont devoir s’associer !

[Critique]
Voilà un comic-book dans la pure veine « mainstream » (donc commercial) réussie. L’histoire est simple sans être non plus trop creuse, l’ensemble est accessible aux nouveaux lecteurs (on mentionne très brièvement Batman Rebirth 1 et 2 ainsi qu’OMAC, l’arme ultime (pour Maxwell Lord — le tout en version modernisée de la création de Jack Kirby)) comme aux fans de longue date, la plupart des dessins sont beaux (surtout au début), il y a plein de couleurs, c’est à la fois palpitant, plutôt drôle et rempli d’action sans être expéditif. En synthèse, c’est un divertissement fort sympathique. Imparfait bien sûr, mais ne boudons pas notre plaisir.

La narration se scinde clairement en trois actes, le premier est rapide et efficace, il présente les protagonistes et pose ses enjeux (le meilleur du livre). Le second est moins prévisible, bien rythmé et palpitant (mais moins bien dessiné — voir plus loin). Le troisième en dessous des deux autres, plus convenu, exécuté rapidement et maladroitement pour une conclusion un peu trop soudaine…

Cinq personnages se détachent de toute cette orgie super-héroïque colorée. Batman en premier, tête pensante de la Ligue jouant un rôle un peu plus important, une aubaine donc pour ceux qui préfèrent suivre le Chevalier Noir. Amanda Waller, peut-être la figure centrale de cette œuvre : machiavélique, insupportable, géniale. Killer Frost, qui bénéficie d’une introduction puis d’une évolution soignée, elle aussi au cœur de l’intrigue. Maxwell Lord, grand antagoniste de l’ombre, à qui un chapitre entier est dédié. Lobo, mercenaire immortel en roue libre, qui apporte une dose d’humour et d’action très brutale. Toutes les autres figures iconiques, « gentilles ou méchantes », ne sont pas en reste (à commencer par Harley Quinn) mais clairement l’accent est mis sur ces cinq là.

Si l’évènement est appréciable et sans prétention (à l’inverse d’autres chez le même éditeur), il ne marquera pas pour autant la mythologie DC Comics, on est loin d’une crisis ou d’un énième chamboulement temporel. L’ensemble demeure sans réelles conséquences mais sera tout de même à suivre (sans obligation évidemment) dans la série Suicide Squad Rebirth (principalement pour Amanda Waller).

L’écriture de Joshua Williamson est bien équilibrée, l’auteur ne s’encombre pas d’éléments inutilement complexe (comme aime le faire Scott Snyder avec qui il collabore parfois, sur Batman Metal par exemple) et les dialogues fonctionnent bien, entre punchlines ou échanges nerveux, c’est plaisant. Si l’émotion ou l’interrogation intellectuelle ne sont pas au cœur du comic-book, les plus exigeants devraient tout de même apprécier le spectacle. Visuellement, entre les affrontements dantesques et quelques trouvailles inspirées de la pop-culture (Batman en Hannibal Lecter tout en rappelant le jeu vidéo Arkham Asylum), on en prend plein les yeux.

Les interludes explicatifs situés entre les chapitres de l’histoire principale cassent une certaine immersion et un bon rythme, mais il aurait été difficile de ne pas les inclure (les placer en tête ou en fin du livre n’aurait pas forcément été une bonne idée non plus).

Un des défauts majeurs de ce JL vs SS est l’armée de dessinateurs différents officiant sur tous les titres. Certains sont en grande forme, à commencer par Jason Fabok puis Tony S. Daniel. D’autres peinent à s’imposer au niveau de leurs confrères. Inégal graphiquement donc… C’est dommage, l’arc entier par un ou deux artistes seulement aurait assurément élever le niveau et contrebalancer le scénario, qui ne brille pas par son originalité et reste, in fine, très « classique/mainstream ».

De l’action, de l’aventure, des retournements de situation, quelques héros et antagonistes soignés, de beaux dessins (mais pas partout), un bon rythme, un récit complet… voilà de quoi passer un bon moment sans avoir besoin de connaissances poussées en amont ou réclamer une suite. De l’entertainment pur, simple et efficace.

En plus d’avoir publié plusieurs éditions (principalement kiosque), Urban Comics propose une tonne de couvertures variantes en bonus, de quoi se régaler les yeux.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 2 février 2018.
Contient : Justice League vs Suicide Squad #1-6, Suicide Squad #8-10, Justice League #12-13

Scénario : Josh Williamson + collectif
Dessins : Collectif
Encrage : Collectif
Couleur : Collectif

Traduction : Mathieu Auverdin, Benjamin Rivière et Edmond Tourriol (studio MAKMA)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio MAKMA)

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Justice League : No Justice

Après les évènements dans Batman Metal, plusieurs « suites » (lisibles indépendamment) sont à découvrir. La série dérivée Le Batman Qui Rit mais aussi ce one-shot, No Justice, dont deux nouvelles séries en découlent : New Justice et Justice League Dark (Rebirth). Que vaut ce volume unique qui « remanie » la fameuse Ligue ?

[Résumé de l’éditeur]
Après la destruction du mur cosmique de la Source, Brainiac attaque une fois de plus Metropolis et force la Ligue de Justice à trouver de nouveaux alliés pour le contrer. Son but ? Les préparer à affronter les Titans Oméga : des entités représentant les énergies qui régissent l’univers tels le Merveilleux, la Sagesse, le Mystère et l’Entropie. Chacune des entités tient à reverser les autres afin de devenir la seule puissance régentant la création.

[Histoire]
Brainiac
, un ennemi de Superman extrêmement intelligent, est sur Terre. Mais il ne vient pas pour combattre la Ligue de Justice « classique », il vient les chercher pour l’aider à détruire quatre frères. Quatre Dieux cosmiques surpuissants. Les Titans Oméga. Chacun incarnant l’une des énergies fondamentales de la vie. L’Entropie, la Sagesse, le Merveilleux et le Mystère. Ces frères considèrent les univers comme un jardin géant, un terrain de jeu où ils plantent leurs graines cosmiques. Comme les super-héros ont brisé le Mur Source de la frontière du Multivers connu (dans Batman Metal), les Titans Oméga sont de retour pour voir quelle énergie, donc quel Dieu cosmique entre eux quatre, l’emporterait sur les autres. Comme l’a résumé Aquaman : « notre univers est comme un aquarium qu’on aurait vidé dans l’océan. Nous sommes un banc de poissons rouges qui tente de lutter contre les requins…« 

Sur Colu, la planète de Brainiac, ce dernier a conçu quatre équipes, incluant aussi bien les justiciers de la Terre que certains de leurs ennemis, pour combattre les Titans. Brainiac les « force » à coopérer et sauver Colu car s’ils perdent, la prochaine planète victime des Titans sera la Terre. Ainsi, quatre nouvelles « League » émergent.

L’Escadron Entropie est composée de Batman, Lobo, Deathstroke, Lex Luthor et Changelin (Garfield Logan, le métamorphe des Teen Titans). L’Escadron Mystère de Superman, Starfire, le Limier Martien, Starro et Sinestro. L’Escadron Merveilleux regroupe Wonder Woman, Zatanna, Dr Fate, Raven et Etrigan. Enfin, l’Escadron Sagesse combine Flash, Cyborg, Robin, Atom et Harley Quinn.

Intelligence, puissance, magie et vitesse se dressent donc sur Colu pour sauver la Terre. Sur cette dernière, Green Arrow et Supergirl veillent… De son côté Amanda Waller prépare la Force Spéciale XI, composée des télépathes les plus puissants du monde (qu’elle a enlevé dans Justice League vs. Suicide Squad — un comic très « blockbuster sympathique », critique prochainement en ligne) pour pirater Brainiac une bonne fois pour toute.

[Critique]
No Justice se divise en quatre chapitre et un cinquième en marge (DC Nation #0) qui a été incorporé en ouverture de l’ouvrage. Ce qui… gâche un peu le suspense et les compositions inédites des équipes puisqu’elles sont dévoilées immédiatement durant ce flash-forward (une séquence censée se dérouler plus tard dans l’histoire). Néanmoins le comic se lit bien et rapidement (moins de 150 pages au total) et reste hyper accessible, aussi bien pour ceux qui n’ont pas lu Batman Metal (il n’y a vraiment pas besoin), que pour les fans dédiés à Batman uniquement ou pour ceux qui s’aventureraient chez DC (même si, clairement, vu la palette très large de personnages, c’est peut-être ardu si on n’en connait pas beaucoup).

D’ailleurs, si cette galerie de protagonistes est séduisante, quelques étrangetés sont à constater : Aquaman n’est pas sélectionné par exemple mais Harley Quinn et Robin (Damian Wayne) oui… Et tous les autres super-héros sont dans un coma causé par Brainiac, une solution un peu facile pour justifier l’injustifiable… D’autres points sont à déplorer.

Le récit est faussement épique. Le périple commun des héros et antagonistes assure de bons moments dans son second acte mais tombe à plat dans son dernier (l’affrontement avec les Titans — de simples figurants presque — n’a pas vraiment lieu). La résolution à coup d’arbres magiques est un peu facile et expéditive.

L’ensemble est également faussement révolutionnaire. Cette aventure commune va « simplement » générer de nouvelles ligues qui seront à découvrir dans trois autres séries (dont deux disponibles en France)  : une Justice League repensée malgré une composition somme toute convenue (Le Limier Martien en leader puis Batman, Superman, Flash, Green Lantern (John Stewart) et Hawk Girl, ainsi que Wonder Woman, Cyborg et Aquaman aux débuts — à lire dans New Justice), une Justice League « Dark » (Wonder Woman, Zatanna, Swamp Thing, Bobo/Detective Chimp et Man-Bat — dans Justice League Dark Rebirth) la Légion Fatale (dirigée par Lex Luthor, avec Sinestro, Grodd, Black Manta, Cheetah et le Joker). Une autre équipe, inédite en VF, est à découvrir dans Justice League Odyssey (Cyborg, Starfire, Green Lantern (Jessica Cruz), Darkseid (!) et Azrael).

Malgré ces faiblesses (nombreuses), le récit fonctionne quand même assez bien. Grâce au matériel inédit (ces rapprochements surréalistes, avec un humour certain, dans le duo entre Lobo et Changelin par exemple) et au côté « mainstream » assumé de l’œuvre. Beaucoup d’action, beaucoup de couleurs. On est en terrain connu et conquis pour les fans pas forcément trop exigeants. Le rythme est bon, les échanges aussi, tout se lit aisément, à l’inverse des récits récents de Snyder, toujours trop bavard, confus et inutilement compliqué. En lisant tous ses events à la suite, ce No Justice apparaît comme une bouffée d’air frais ! Il est ici accompagné de ses fidèles acolytes James Tynion IV et Joshua Williamson, peut-être responsable de cette fluidité narrative bienvenu.

Par ailleurs, une certaine place est accordée au Limier Martien, à Starro et à Cyborg. Un aspect bienvenu (Cyborg était déjà mis en avant dans le dernier volume de Batman Metal) qui redonne une position forte au Limier Martien, très très en retrait (voire inexistant) dans beaucoup de productions récentes DC. Ce come-back ravira les fans.

Le véritable atout de la bande dessinée réside dans sa partie graphique. À tous niveaux : les dessins de Francis Manapul (déjà à l’œuvre sur l’agréable Batman – Anarky) et la colorisation très vive, tour à tour chaude et froide, spectaculaire, sublime. Les découpages sont dynamiques, sans temps mort (couplé à la narration fluide) et de nombreux dessins s’étalent sur un format horizontal, donc en double page. Un vrai régal !

Malheureusement, les dessins du troisième chapitres sont partagés entre Riley Rossmo et Marcus To. L’un des deux (Rossmo visiblement) gâche complètement le travail de ses confrères avec des visages difformes et hideux ainsi que des corps aux proportions grotesques (surtout chez Wonder Woman, cf. images ci-après). Un véritable loupé qui n’est que sur quelques planches mais c’est fort dommage…

Des couvertures alternatives ferment le comic en bonus, on regrette qu’il n’y ait pas les dessins d’ébauches des teams et de leur couleur prédominante des costumes (pourtant bien présentes dans l’édition américaine). Les collectionneurs auraient appréciés aussi une sorte de jacquette/couverture réversible pouvant proposer quatre magnifiques couvertures (une par Escadron — visibles en toute fin et qui peuvent être de jolis fonds d’écran, servez-vous !), mais cela aurait gonflé le prix relativement faible (15,50€), pas de quoi chipoter donc.

No Justice n’est donc ni révolutionnaire, ni indispensable mais plaisant et rapide à lire comme un blockbuster sympathique, aux dessins agréables et aux nombreuses couleurs vives pour une histoire inédite mais un peu convenue.

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 8 mars 2019

Contient Justice League : No Justice #1-4 et DC Nation #0

Scénario : Scott Snyder, James Tynion IV et Joshua Williamson
Dessin : Francis Manapul, Jorge Jimenez, Riley Rossmo et Marcus To
Encrage : Hi-Fi et Alejandro Sanchez

Traduction : Edmond Tourriol
Lettrage : Stephan Boschat et Cyril Bouquet (Studio MAKMA)

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