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Batman – À la vie, à la mort

Court comic-book de 80 pages environ reprenant le deuxième chapitre « annual » de la série Batman Rebirth (du même titre À la vie, à la mort) et une curiosité (Elmer un peu, beaucoup… avec le chasseur Elmer des Looney Toon à Gotham !), À la vie, à la mort est un one-shot pouvant se lire totalement indépendamment de quoi que ce soit mais qui prend une certaine dimension (plus mélancolique) en le découvrant en parrallèle des tomes 7 et surtout 8 (Noces Noires) de la série Batman Rebirth. Toute sa première moitié a été publiée en noir et blanc et offert par Urban Comics lors du Batman Day Collector en septembre 2018.

MàJ novembre 2022 : le chapitre principal (le plus réussi et important) a été réédité dans Batman/Catwoman. Il ouvre d’ailleurs ce récit complet qui « poursuit » à nouveau le travail du scénariste Tom King dessus. Entre 15 € à débourser pour À la vie, à la mort ou bien vingt de plus (soit 35 €) pour Batman/Catwoman, on conseille évidemment le second choix (cf. critique).

[Histoire]
La relation entre Catwoman et Batman, le jeu du chat et de la (chauve) souris.

Ils se tournent autour, ils se découvrent, ils s’unissent. Ils vieillissent…

[Critique]
Le chapitre À la vie, à la mort (la première partie du livre donc) est un véritable coup de cœur, d’une efficacité redoutable et d’une perfection absolue ! La simplicité du récit vise juste grâce à ses dialogues profondément humains. Difficile d’en parler plus longuement sans dévoiler sa conclusion, montrant un couple âgé, à la santé fragile et rappelant, forcément, le monde qui nous entoure. C’est en misant sur ce postulat à la fois « facile » et inédit (la fin de vie de Bruce Wayne sous un angle sans doute jamais vu) que Tom King est à son meilleur (comme souvent). Exactement comme dans Noces Noires, dont cet épisode fait doublement écho : il peut être lu en complément pour imaginer ce que l’union de Selina et Bruce aurait donnée si leur mariage s’était bien déroulé ou bien être vu comme la suite d’une histoire (publiée en 1983 et incluse dans Noces Noires) qui montrait sur une Terre parrallèle les premiers pas du couple mythique (et sa « confirmation » sur le long terme puisque Bruce Wayne en parle longuement dans la rédaction de son autobiographie).

En croquant le début de romance entre les deux êtres sous leur costume, puis leur (presque) « fin » sous leur alias civils âgés en très peu de planches, l’ensemble séduit, émeut et marque comme rarement un comic-book le fait. Bien sûr, la bande dessinée trouve une résonance plus ou moins personnelle propre à chacun (son vécu, son entourage…) mais difficile (impossible ?) de ne pas être touché par ce très beau titre.

Les styles épurés mais réalistes de Lee Weeks et de Michael Lark accentuent la proposition singulière de l’œuvre, à la fois urbaine et très poétique. Nocturne et paradoxalement lumineuse. Un petit bijou qui trouve une autre vision dans sa version en noir et blanc (malheureusement limitée et non en vente) : plus poignante et mélancolique. Rares sont les œuvres dégageant autant d’émotions, il ne faut donc pas passer à côté.

Seul regret : À la vie, à la mort n’est pas inclus dans Noces Noires. Il y aurait largement mérité sa place. En l’ajoutant avec les autres chapitres (soit à la suite de celui publié initialement en 1983, soit en le remplaçant carrément), on aurait obtenu une pépite complètement indispensable et facilement accessible ! Mais c’est compréhensible : le proposer en volume unique permet d’attirer un public néophyte qui aurait eu peur de se lancer dans une série interminable (Batman Rebirth) même si ce fameux huitième tome (Noces Noires toujours) peut complètement se lire de façon déconnecté et garder tout autant sa puissance visuelle et narrative — et, comme on vient de le souligner, aurait gagné en intensité en incluant À la vie, à la mort. Peut-être dans une future réédition ?

Elmer un peu, beaucoup… met en avant Elmer Fudd (en couple avec Silver Saint-Cloud) qui veut tuer Bugs Bunny puis Bruce Wayne. Il s’agit bien des personnages du célèbre cartoon des Looney Tunes mais sous une forme humaine et non animale, avec un prisme noir, dans une veine polar singulière et étonnante ! On y croise aussi les alias de, entre autres, Titi, Porky Pig, Taz…

Si cette curiosité est agréable à lire, sincèrement originale et amusante, elle a la lourde tâche de succéder à un chapitre beaucoup plus terre-à-terre, réussi et important. In fine anecdotique, Elmer un peu, beaucoup… trouve difficilement sa place dans cet ouvrage. C’est clairement un remplissage justifié par les artistes communs qui ont travaillé sur les deux chapitres. Pourquoi ne pas avoir proposé uniquement le premier en couleur puis en noir et blanc avec différents bonus (et/ou avec l’histoire publiée en 1983 dans Noces Noires) ? C’est dommage, cela empêche À la vie, à la mort de rejoindre la très courte liste des comics Batman indispensables mais se hisse sans trop de difficulté dans celle des coups de cœur du site.

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 7 septembre 2018.

Contient : Batman Annual #2 + Batman/Elmer Fudd Special #1

Scénario : Tom King
Dessins : Lee Weeks, Michael Lark
Couleur : Elizabeth Breitweiser, June Chung, Lovern Kindzierski

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Stephan Boschat (Studio MAKMA)

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Jeux de Guerre

Retour sur une longue saga qui occupa sept magazines Batman en 2005 et 2006, à l’époque édité par Panini Comics. L’index détaillé se trouve d’ailleurs sur cette page. Ne lisez que l’introduction et le résumé du premier acte si vous ne voulez pas savoir des révélations.

Batman Jeux de Guerre[Introduction]
Plusieurs personnages de l’univers de Batman interviennent dans Jeux de Guerre. Mais un rappel est absolument nécessaire car beaucoup ne sont pas forcément « connus ». Stephanie Brown est Spoiler, une jeune justicière de Gotham City. Elle a remplacé Timothy Drake (qui est aussi son petit-ami) dans le rôle de Robin pendant quelques temps. En effet, le jeune homme a raccroché son costume lorsque son père a appris sa double identité. Mais Batman a viré Spoiler, car celle-ci lui a désobéit. Il lui a même carrément interdit d’officier sous le costume de Spoiler !

Nightwing est en mission à Blüdhaven, Huntress et Black Canary, deux héroïnes s’alliant au Chevalier Noir de temps en temps, ne sont pas non plus disponibles. Batman compte donc sur Barbara Gordon, alias Oracle, qui fournit les renseignements informatiques nécessaires à la croisade de Batman. Ce dernier peut compter sur le soutien de la nouvelle Batgirl, alias Cassandra Cain, fille de Lady Shiva. Deux autres personnes ont été recrutées il y a peu : Orpheus et Onyx. Ils agissent dans l’ombre et se font passer pour des criminels au sein des divers syndicats du crime. Enfin, Catwoman est une alliée sur laquelle peut compter le Dark Knight.

C’est donc une équipe radicalement différente de la régulière qui va tenter de sauver Gotham City !

Batman Jeux de Guerre Spoiler[Histoire — Prologue & Acte I]
Spoiler, déchue par Batman, veut se racheter et impressionner son ancien mentor. Elle observe secrètement une réunion de plusieurs criminels et mafieux de Gotham. Parmi eux : Le Pingouin, Deadshot, Scarface et le Ventriloque, de nombreux chefs de gangs…
Personne ne sait qui les a rassemblé et pourquoi. Les échanges sont extrêmement tendus et des coups de feu sont rapidement tirés. Spoiler, rejointe par Catwoman, n’intervient pas, tétanisée par la peur devant ce bain de sang.

Très vite, c’est donc une véritable guerre des gangs qui a lieu dans tout Gotham City. Pire encore : la règle universelle, stipulant qu’on ne s’en prend pas aux femmes et enfants, est bafouée. En effet, la fille d’un chef de gang est attaquée dans son lycée, le même où étudie Timothy Drake.

Batman, aidé d’Oracle, gère toutes ces vagues de violence comme il le peut. Mais sans l’aide de Robin et ses traditionnels alliés étant absents, y arrivera-t-il ? Parallèlement, Silence s’associe à Prometheus pour prendre le contrôle de la ville et refuse une association avec une mystérieuse personne. Enfin, les médias couvrent sans cesse les faits divers et donneraient tout pour filmer le Dark Knight en pleine action…

Batman Jeux de Guerre Batgirl[Histoire — Acte II (contient des révélations) ]
La violence fait de plus en plus rage dans Gotham. S’en prendre aux proches des divers dirigeants de la mafia n’a fait qu’accentuer la gravité du chaos. Un couvre-feu est décrété en urgence. Le docteur Leslie Thompson s’occupe des blessés, peu importe leurs origines. Timothy Drake décide de reprendre le costume de Robin et donc briser la promesse faite à son père.

Spoiler, culpabilisant d’avoir indirectement déclenché toute cette guerre, pense savoir comment la stopper mais est arrêtée et torturée par… Black Mask. Batman, de plus en plus solitaire, sans confiance, met en place un plan d’urgence qu’il avait concocté si ce cas extrême se produisait. Les médias commencent à changer l’image des justiciers, qu’ils considéraient comme bienfaiteurs pour la ville jusqu’à maintenant…

Batman Jeux de Guerre Batgirl Cassandra[Histoire — Acte III (contient des révélations) ]
Batman réussi à rassembler quasiment tous les criminels de Gotham dans la même zone, celle-ci étant cernée par la police et les alliés du Dark Knight. Pour cela, il a utilisé sa taupe, Orpheus, en tant que chef de gangs influent, qu’il contrôlait secrètement.

Mais ce que le Chevalier Noir ignore, c’est que Black Mask a tué Orpheus et se fait passer pour lui ! Celui-ci déclenche une nouvelle fois le chaos et la police, excédée, décide de tirer à vue sur tout le monde, même ceux qui portent des masques.

Batman Jeux de Guerre Batgirl Cassandra Cain[Critique]
Voici un long récit, extrêmement noir, qui mériterait une nouvelle publication en librairie. En effet, ce segment de l’histoire du Dark Knight est relativement important. Par ses conséquences tout d’abord : plusieurs personnes meurent, la famille de Batman est divisée (Oracle et Robin abandonnent, Nightwing est gravement blessé, la police ne soutient plus Batman, etc.). Mais aussi par son ton, très sombre, qui donne la part belle à la paranoïa constante du Chevalier Noir (son fameux plan extrême mis en place par ses soins, mais une fois œuvré se révélant catastrophique), mais aussi à Black Mask, véritable tortionnaire et tueur psychopathe.

Beaucoup de personnages interviennent dans cette saga et sans quelques connaissances cela peut s’avérer ardu. Trois jours de combats et d’affrontements non-stop ont donc lieu, et ce rythme se sent à la lecture puisqu’il n’y a aucun temps mort. On suit tour à tour Spoiler, Batman, Timothy/Robin, Catwoman, Nightwing et Batgirl avec une étonnante fluidité. L’omni-présence d’Oracle au sein de chacun d’entre eux est extrêmement plaisant, lui donnant un beau rôle que la fille de Gordon mérite largement. Gordon qui, lui, est relativement en retrait dans cette saga.

Batman Jeux de Guerre OracleÉgalement mis à l’écart : la plupart des ennemis classiques. On voit bien Le Pingouin, Deadshot, Le Ventriloque et Scarface, Silence et Prometheus, Le Chapelier Fou, L’Épouvantail… mais ceux-ci ne sont finalement que des personnages très mineurs à l’intrigue, qui se focalise surtout sur divers chefs de gangs peu connus et charismatiques (pas de Falcone ou Maroni ici) mais, surtout, sur les relations entre Batman et ses alliés. L’importance donnée à l’image du Dark Knight, à travers les médias, la population et ses propres partenaires est passionnante. Le récit s’attarde pas mal sur Black Mask donc, dans sa seconde moitié notamment. L’occasion de découvrir un ennemi très impressionnant et influent.

Presque vingt (!) dessinateurs et scénaristes officient sur Jeux de Guerre. Aucun style graphique ne se démarque réellement, les planches gardent une certaine cohérence, assez facilement grâce aux costumes du côté des alliés, un peu moins du côté des mafieux et leurs visages plutôt ordinaires. C’est peut-être le gros défaut de l’œuvre, un seul dessinateur, avec un univers encore plus sombre (le style cartoony de Batgirl tranche trop avec le reste par exemple), aurait sans doute était jubilatoire.

Cette histoire rappelle, d’une certaine façon, Knightfall en version condensée (pour le côté « ville chaotique et affrontements sans répits ») ainsi que le récent Le Deuil de la Famille (pour la perte de confiance inéluctable par les alliés de Batman). À noter que Jeux de Guerre se déroule au même moment que Crise d’Identité, cela a son importance pour le personnage de Timothy Drake et sa relation avec son père. Une suite intitulée Crime de Guerre, beaucoup plus courte, est sortie quelques mois plus tard.

Batman Jeux de Guerre[À propos]
Publiée en France chez Panini Comics dans Batman #06 à #10 (novembre 2005 à mars 2006) et dans Batman Hors-Série #03 et #04 (janvier et mars 2006).

Titre original : War Games
Scénario et Dessin (se référer à l’index complet pour plus de détails)
Batman : The 12 cent Adventure : Devin Grayson et Ramon Bachs
Detective Comics : Andersen Gabrych et Pete Woods
Batman : Legends of the Dark Knight : A. J. Lieberman / Dylan Horrocks et Brad Walker
Nightwing : Devin Grayson et Mike Lilly
Batman : Gotham Knights : A. J. Lieberman et Al Barrionuevo
Robin : Bill Willingham et Giuseppe Camuncoli / Jon Proctor / Thomas Derenick
Batgirl : Dylan Horrocks et Sean Phillips / Mike Huddleston
Catwoman : Ed Brubaker et Paul Gulacy
Batman : Bill Willingham et Kinsun / Paul Lee

Traduction : Sophie Viévard,

Première publication originale dans les magazines des séries respectives d’octobre 2004 à janvier 2005.