Batman – Arkham VR est un jeu disponible uniquement sur PlayStation 4 avec le casque PS VR, permettant une expérience en réalité augmentée.
Malgré son faible prix et son incontestable réussite (graphique et immersive), le jeu s’adresse avant tout aux connaisseurs non pas de Batman mais de la saga Arkham. En effet, Arkham VR prolonge (rapidement) l’histoire entamée dans Arkham City (il se déroule donc avant Arkham Knight).
Les captures d’écran ne rendent pas vraiment hommage au jeu puisque celui-ci nous plonge dans une réalité virtuelle « sphérique », mais il est impossible de retranscrire visuellement cela sur un article sur Internet. De plus, ces images sont assombries par rapport au jeu réel. Même si ce rendu paraît peu convaincant, sous le casque PS VR il l’est grandement !
[Histoire]
Nightwing et Robin ont disparu, ils ne répondent plus aux transmissions et leurs signaux GPS semblent hors-service. Batman se rend à Gotham City pour enquêter et trouve le cadavre de… Nightwing ! Il va chercher son assassin.
[Critique – contient des révélations sur l’histoire (dans le premier paragraphe uniquement)]
Vu la particularité d’Arkham VR, il convient de scinder en deux parties distinctes cette critique. Sur le fond tout d’abord, en terme de scénario, il est indispensable de contextualiser le jeu. La mort de Nightwing est choquante mais Batman conserve un sang froid incroyable, qui apparaît peu crédible… Le « twist final » viendra relativiser cet aspect, mais il est pour le moins étrange. La fin paraît énigmatique au possible mais trouve son sens si l’on est familier de la saga Arkham (ou si l’on termine le jeu à 100%). Il ne faut pas oublier que Batman a le sang du Joker dans ses veines. Par conséquent : la résolution du mystère n’est pas « réelle », tout se joue dans l’imagination de Batman. Cela est particulièrement convaincant lors de la scène finale dans la cellule où il se voit tour à tour en Joker et en Batman. Bien sûr, libre à chacun d’interpréter cette conclusion comme il le veut, à savoir que Batman a « vraiment » tué Nightwing à cause de son sang contaminé ou qu’il est complètement schizophrène (peu probable car Nightwing, et même Robin, apparaissent bien dans Arkham Knight)…
Placé ce contexte, on peut également évoquer les interactions liées à l’univers très riche d’Arkham, comme une pièce du Manoir Wayne, la Bat-Cave, une ruelle de Gotham City, la morgue, le Pingouin, les égouts, Killer Croc, trois cellules dont celle de Victor Zsasz et du Ventriloque… Même si certains éléments sont plus anecdotiques ou sous forme de clins d’œil, il est toujours agréable de retrouver la patte Rocksteady, à la fois musicale (ces quelques notes incontournables dès le générique), sonore (une ambiance excellente) et évidemment graphique (la continuité des costumes, gadgets et véhicules est respectée).
Mais… Tout ceci fait pâle figure par rapport au temps passé sur le jeu : une petite heure suffit à le terminer ! Certes il n’est pas onéreux (19,90€), il y a une certaine rejouabilité intéressante et il est très réussi mais c’est faible tout de même. La technologie du PS VR se scinde en trois catégories : la principale est bien sûr liée à l’immersion visuelle (et graphique) procurée par le casque. Tout autour de soi, en haut, en bas, à gauche, à droite, au-dessus, en-dessous, devant, derrière… Absolument TOUT plonge idéalement le joueur dans la peau du Dark Knight, chaque décor est pensé intelligemment pour proposer un mélange d’un jeu point and click et d’une aventure (il n’y a donc pas d’action – ni combat ni scène au volant d’un véhicule, on y reviendra plus tard en évoquant le gameplay).
Deuxième catégorie liée à la technologie du PS VR : le son en trois dimensions. Deux oreillettes étendues au casque permettent d’entendre parfaitement les sons en fonction de leur provenance : une cascade d’eau sur notre gauche dans la Bat-Cave, un sbire du pingouin sous notre position d’observation, un ricanement du Joker derrière nous, etc. Là aussi, tout est parfait et l’immersion s’avère très efficace. Enfin, troisième et dernière catégorie qui est optionnelle : les manettes PS Move, nettement plus intéressantes que la manette de jeu classique. Si l’on joue avec ces deux outils l’illusion d’incarner le Chevalier Noir, en tout cas ses mains (pour saisir des objets, enquêter avec des gadgets ou lancer des Batarangs), est, une fois de plus magistrale.
Passé cette prouesse technique, il est nécessaire d’aborder le côté gameplay qui ne se focalise absolument pas sur l’action (si le joueur s’attendait à de la baston et des courses en batmobile – à juste titre de prime abord – il risque d’être déçu). Pour déplacer Bruce Wayne et Batman, il faut simplement presser une touche qui va « téléporter » le héros sur cinq mètres environ (en fonction de la destination sélectionnée). Un choix qui peut paraître risible voire dommage, mais il permet d’éviter des maux de tête ou carrément la nausée.
Cela est propre au PS VR : si un jeu nous propulse en mouvement continue (sous forme, par exemple, de rail shooter dans Until Dawn : Rush of Blood, de luge terrestre dans un des cinq niveaux de PS VR Worlds, en vaisseau spatial dans Star Wars : Battlefront ou même en simple mouvement « de marche » dans Robinson : The Journey), en fonction de sa sensibilité, le mal au cœur peut survenir rapidement… Arkham VR fait donc le choix judicieux de proposer ce mode de déplacement quelque peu inédit, même si une course en Batmobile aurait été un bonus non négligeable et cette absence est clairement remarquée.
Du reste, les énigmes ne sont ni trop simples, ni trop difficiles, on conserve le bon équilibre cher à la saga Arkham. L’inspection d’une scène de crime prend des allures de science-fiction très plausibles, la recherche d’indices sur des corps est « sympathique » (même si trop facile) et la rejouabilité permet d’explorer plus en détails des situations. Après la frustration de la durée de jeu et, pour certains, de sa conclusion, l’on peut rejouer en découvrant davantage de clins d’œil et, surtout, une chasse aux fameux trophées de l’homme-mystère. Un aspect fort bienvenu. En effet, une seconde plongée dans la peau de Batman nous propose de détruire dix-huit objets répartis dans tous les niveaux (boîte à fusibles, lumières…) et de découvrir trois sortes de trophées.
Les premiers sont des artefacts ressemblant à des casses-têtes, il faut les dénicher dans des endroits insolites ou les récupérer en résolvant des petites énigmes. Les deuxièmes sortes sont des points d’interrogation à découvrir (sur des murs en général) et il faut placer un point vert devant pour que l’ensemble se valide. Les troisièmes, les plus difficiles, sont des phrases à trouver (qui se dévoilent avec un gadget pour être exact) et qui sont apposées sur des endroits auxquels on ne pense pas (et sans indications éventuelles pour nous aider !). Une fois révélée, il faut en comprendre le sens et et scanner l’élément auquel l’énigme fait référence. Par exemple, lorsqu’on consulte la liste des personnages dans la Bat-Cave, il faut choisir Robin, le matérialiser en grand, le tourner, scanner sa cape pour découvrir une phrase qui évoque… l’épée de Ra’s Al Ghul, elle aussi disponible sous forme de relief dans les données. Une fois celle-ci scannée, le trophée est accordé. C’est clairement la partie la plus difficile du jeu qui va nécessiter des recherches poussées un peu partout. Les trophées permettent d’accéder à un jeu de cartes où il faut choisir les deux mêmes pour débloquer un véhicule inédit (les Batmobiles des différents films) ou un personnage (sa biographie), éventuellement des costumes différents (pour Batman notamment).
L’absence de VF nuit quelque peu à l’ensemble du titre, car elle oblige à lire des sous-titres, ce qui casse un peu le rendu général et peut, là aussi, provoquer chez certains des maux de tête. Mais Arkham VR est très certainement l’immersion la plus réaliste pour se glisser dans la peau de Batman. Le jeu aurait gagné en proposant une durée de vie multipliée par quatre au minimum et, surtout, quelques séquences d’action pures et dures. Le résultat n’est pas bancal, loin de là, c’est clairement réussi et très efficace. Malheureusement la sensation de n’avoir jouer qu’à un petit test et non un vrai jeu complet perdure et frustre. Faut-il pour autant passer à côté de ce jeu ? Non, certainement pas, d’autant plus que son prix est plutôt bas (19,90€). Le jeu n’existe pas en boîtier physique mais uniquement sous forme de codes de téléchargement (sûrement par anticipation des reventes en occasion). Il ne faut par contre pas investir dans un équipement complet du PS VR uniquement pour jouer à Arkham VR, c’est un achat très onéreux, il faut donc le rentabiliser au maximum.
Force est de constater que ce jeu est l’un des meilleurs du casque de Sony, il explore tous les meilleurs aspects possibles du genre et porte les plus beaux graphismes actuellement possibles sur le marché du VR. Enfiler littéralement le masque du Chevalier Noir n’aura jamais été aussi jouissif !
La bande-annonce retranscrit difficilement tout ce qu’on peut ressentir en jouant à Arkham VR.
Espérons qu’un jeu similaire nettement plus long soit à l’étude !
(Une scène dans laquelle Batman bouge comme le joueur face au miroir, c’est logique mais terriblement efficace !)
(Un petit tour à la morgue pour parfaire son enquête.)
(Quelques figures mythiques reviennent brièvement, comme Killer Croc, le Joker ou ici Le Pingouin en bien mauvaise posture.)
(La reconstitution du meurtre de Nightwing, un grand moment d’une jouabilité et fluidité exemplaire !)