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MàJ août 2018 — Étude et analyse de la postérité du film.
[Histoire]
Dix-huit mois après l’apparition de Superman et la destruction d’une bonne partie de Metropolis par ce dernier lors de combat contre Zod, deux personnes cherchent un moyen potentiel de le contrer. Bruce Wayne/Batman tout d’abord, le violent justicier voit d’un très mauvais œil tant de pouvoirs qui ne sont pas contrôlés et pouvant devenir une menace à tout moment. Lex Luthor ensuite, jeune génie de la ville, qui souhaite créer une arme de persuasion massive en récupérant de la kryptonite.
De son côté, Clark Kent, en couple avec Loïs Lane, continue de sauver des innocents sous l’identité de son alter ego. L’Homme d’Acier est convié par une sénatrice à se responsabiliser de ses actes. Le surhomme, adulé tel un Dieu par certains et détestés par d’autres, accepte.
Une mystérieuse jeune femme cherche également une photo possédée par Lex Luthor. Celle-ci croise plusieurs fois Bruce Wayne et les deux seront amenés à s’associer…
[Critique – contient quelques révélations]
Le nouveau long-métrage de Zack Snyder a la lourde tâche d’être à la fois une suite de Man of Steel, de proposer un nouveau Chevalier Noir après l’excellente trilogie de Nolan, d’être un « bon » film (de super-héros) qui se suffit à lui-même et de poser quelques pierres du nouveau DC Universe au cinéma, qui viendra accueillir dans les prochaines années Wonder Woman, Aquaman, Flash, Cyborg et bien sûr la Justice League.
Pari réussi ? Oui et non. Sur la forme, Bat V Sup souffre de nombreux défauts : un montage haché qui enchaîne les successions de scènes sans réels raccords et un gros problème de rythme. Extrêmement long (2h30 environ), le film manque d’action dans ses deux premiers tiers. Ce n’est pas forcément déplaisant en soi, mais on décroche parfois devant l’histoire, faussement complexe, qui montre une dualité primaire entre les deux super-héros, manipulés par Luthor, dont l’évolution est incohérente avec le but du personnage. Même s’il y a une réflexion un peu poussée sur le rôle des justiciers, de la presque divinité de l’alien natif de Krypton, on s’étonnera qu’elle ne soit pas plus aboutie. Un scénario plutôt prévisible donc (aussi bien dans ce qui a été montré dans les bandes-annonces qu’au fur et à mesure que le long-métrage avance), qui met légèrement en retrait l’Homme d’Acier. Étonnamment, on découvre un Chevalier Noir qui refuse même de dialoguer avec lui, son « rival ». Cette mouture de Batman, inspirée par celle de Miller dans The Dark Knight Returns, est campée par un solide Ben Affleck, très convaincant. Ce Batman n’hésite pas à tuer et à marquer au fer rouge certaines de ses victimes (synonymes d’un futur tabassage en prison) ! Désabusé, paranoïaque et violent, on ne saura pas vraiment pourquoi le Caped Crusader a emprunté cette voie nihiliste, après vingt à combattre des hors-la-loi, une croisade inutile selon le principal intéressé qui se déclare lui aussi hors-la-loi (on se doute d’un passif avec le Joker et un Robin tué, son manoir est brûlé également, mais il faudra se tourner vers la version longue du film ou celui centré sur Batman en 2018, s’il est toujours prévu). Est-ce important ou grave ? Pas vraiment, ce n’est pas l’enjeu principal, même si Alfred rappelle son maître à l’ordre plusieurs fois et que ce dernier s’engage sur un chemin de « rédemption » lentement, mais sûrement.
Si Bat V Sup s’ouvre une énième fois sur les origines de l’homme chauve-souris, avec le meurtre de ses parents, puis la chute dans une grotte et ainsi de suite (un instant clairement non obligatoire mais esthétiquement très réussi), ce moment trouvera un écho inattendu (voire risible) plus loin dans le film. L’introduction se poursuit avec le point de vue d’un simple humain (Bruce Wayne en l’occurrence) lors de la destruction de Metropolis. Point de vue qui manquait cruellement à la fin de Man of Steel et qui fonctionne très bien ici. La version civile de Batman est très présente, élément très appréciable (surtout par rapport à tous les précédents films sur le Dark Knight), de même que celle de Superman. On suit en effet Clark Kent dans son travail et son couple. Toute la première partie de Bat V Sup se focalise davantage sur les humains et non les super-héros, un choix audacieux et gagnant (même si le rythme et le montage ne rendent pas justice à cela). La nouvelle interprétation d’Alfred (Jeremy Irons) est également réjouissante, l’un des rares personnages à apporter un peu d’humour à un film bien sombre et très premier degré. Une fois encore, c’est un parti pris volontaire qui risque de diviser. L’univers du long-métrage, très noir, associé aux problèmes de rythme, confèrent une grosse lourdeur, c’est indéniable. La musique n’aide pas non plus en ce sens : les nouvelles productions de Hans Zimmer sont associés à Junkie XL, pour des compositions très épiques, remplies de chœurs pour en faire des caisses. Heureusement, quelques thèmes sortent du lot, celui de Wonder Woman par exemple (un autre élément qui opposera les mélomanes à cause de son riff de guitare « moderne »), et -surtout- les morceaux de Man of Steel, plus sobres et aériens, qui reviennent régulièrement durant Bat V Sup.
Côté forme toujours, l’ensemble du casting est très solide. Seule la direction empruntée par Jesse Eisenberg (Lex Luthor) pose problème. L’acteur est bon, comme souvent, mais on le dirige dans un mix entre son personnage antipathique de Mark Zuckerberg (The Social Network) et une sorte de Joker bis, impulsif et bourré de mimiques. Vite agaçant, ce nouveau Luthor s’avère clairement menaçant et dangereux ; pour autant, on ne sait toutefois pas comment l’appréhender, il manque d’envergure et d’ambition dans son rôle de marionnettiste de l’ombre. Même si l’on comprend qu’il souhaite anéantir Superman, avec ou sans l’aide de Batman, on est plus dubitatif sur la création de Doomsday, créature incontrôlable.
Visuellement parlant, le film est sublime. Quelques plans à tendance graphique, digne d’une bande dessinée donc, Snyder assure sur cette partie, même si on l’a connu plus inspiré (300, Sucker Punch et Watchmen). Le fameux combat entre Batman et Superman, bien que relativement court (et à nouveau prévisible) est très bien filmé mais manque de moments épiques. Chose à peine réglée un peu plus tard, dans la dernière partie (la trinité contre Doomsday), qui consolide un fort moment d’action, même s’il est noyé dans une bouillie numérique à décrypter, face à un ennemi certes imposant, mais finalement guère impressionnant. Rajoutons quelques scènes oniriques et (trop) de métaphores bibliques, le tout à la sauce Snyder, et vous obtiendrez clairement ce qui fait le charme (ou non, c’est selon) du réalisateur.
Sur l’histoire, au-delà du classique affrontement entre les deux surhommes (attendu et convenu, mais réussi quand même), on se perd un peu à essayer de voir les tenants et aboutissants du jeu de Luthor. On constate très rapidement des incohérences flagrantes, ou bien des scènes un peu surréalistes : cet homme au début du film, employé par Bruce Wayne, qui attendait le coup de téléphone de son patron pour faire évacuer l’immeuble en pleine destruction (et lui-même ne part pas !), un Superman qui appelle Batman « Bruce » sans réelles explications (pourquoi pas), une Loïs Lane (pas très utile) qui cache une lance de kryptonite sous l’eau (!), une salle de serveurs pas très sécurisée et à côté des cuisines où tout le monde peut aller lors d’une réception chez Luthor, etc. Grâce à un vol de données, on découvre que plusieurs métahumains sont indexés sur des fichiers numériques et ont déjà leurs logos (!) : Wonder Woman, Flash, Aquaman, Cyborg…
Tous rejoindront la Justice League prochainement, selon une séquence/cauchemar post-apocalyptique vécue par le Chevalier Noir en personne au milieu du film. L’homme chauve-souris, avec son armée personnelle, se fera capturer par un Superman devenu visiblement dictateur (accompagné de sa milice), dans un Metropolis futuriste et ravagé, annonçant très certainement l’arrivée de Darkseid. Flash informera Bruce Wayne qu’il est nécessaire de rassembler les super-héros pour que le futur ne soit pas ainsi. Le lecteur de comics verra ici, au choix, des références à Crisis on Infinite Earth, Injustice : Les Dieux sont parmi nous (le jeu vidéo décliné en excellent comics), Futures End ou encore Red Son. Le spectateur non-connaisseur sera, lui, plutôt perdu qu’autre chose devant ce passage plutôt incompréhensible. Ce flash-forward, additionné aux caméos des autres justiciers (dans une scène moyennement convaincante), sont plus une perte de temps qu’autre chose. L’appel du fan-service, la promesse d’ouvrir un nouvel univers partagé, susciter l’envie des futurs autres films… Tout cela est très bien mais ne fait que casser un rythme déjà bien maladroit. Vingt bonne minutes de Bat V Sup auraient sans doute pu être coupées et permis au long-métrage de gagner en temps et fluidité. Dans une version longue, pourquoi pas, dans une version d’exploitation en salle, cela rajoute inutilement du précieux temps. On pourra déplorer aussi le piètre côté détective de Batman, le changement d’avis soudain à l’encontre de Superman (sic), et un manque global d’émotion.
Malgré tous ces (nombreux) défauts, Batman V Superman est-il à jeter ? Certainement pas. Le film offre de belles scènes : celles qui l’ouvrent, la première apparition de Batman, les retournements de situation inattendu (Superman au tribunal), l’évolution de l’image de l’Homme d’Acier, ses propres doutes et son rapport à l’être humain (Henry Cavill, toujours juste), la confrontation entre le Chevalier Noir et Superman, le personnage de Wonder Woman (parfaite Gal Gadot), éventuellement celui de Luthor, le parti pris d’un film très noir, très adulte, pour donner une image plus crue et violente, etc. Les qualités sont nombreuses mais ressortent moins que les défauts, dommage. Il faudra peut-être laisser une seconde chance au film qui sortira d’une version allongée de trente minutes. Ou bien, une fois tout l’univers partagé de DC Comics dévoilé aux spectateurs, qui relativiseront voire rejugeront ce premier jet un peu brouillon.
La dernière réalisation de Zack Snyder réussi tout de même à être une suite plus que correcte de Man of Steel, un bon film de super-héros qui casse la plupart des codes instaurées jusqu’ici (mais pas forcément un bon long-métrage pour un cinéphile) ; il propose une nouvelle vision de Batman très réussie (qui décevra forcément certains fans de comics, pouvant aussi être dubitatif sur l’approche réservée à Luthor et celle se poursuivant sur Superman) et ouvre une voie pour les autres justiciers qui n’était malheureusement pas obligatoire. Cet ensemble décousu amorce toutefois un virage inattendu pour un film de ce genre, un parti pris certain qu’on va, au mieux apprécier, au pire détester, mais peu de chances de l’adorer.
Récapitulatif des critiques françaises.
Presse spécialisée
Première : Brouillon et bizarrement anti-spectaculaire
Les Inrocks : Faut-il vraiment aller voir « Batman V Superman » ?
Télérama : Un ennuyeux concours de capes et d’effets
Presse généraliste
Le Point : Faut-il brûler Zack Snyder ?
Le Figaro : Pourquoi est-ce si mauvais ?
MetroNews : Un choc qui fait pschiit !
Le Monde : Les capes sont passées
Le Point [via Le Point Pop] : Non, Batman V Superman n’est pas raté
Le Parisien : Qui sera le plus fort ?
Direct Matin : Un face-à-face de titans
Autres sites
Les Toiles Héroïques : Batman v Superman – L’aube de la justice : La Critique du film
ComicBox : Review : Batman V Superman: Dawn of Justice
DCPlanet : Review Ciné – Batman v Superman : Dawn of Justice (sans spoilers) + les autres avis de leur équipe
Comicsblog.fr : Batman V Superman : la critique sans spoilers
Brain Damaged : Le crépuscule christique et sans humour des héros DC
Le Journal du Geek : Critique : Batman v Superman – L’aube de la justice
AvoirAlire.com : La critique d’une confrontation espérée
CinemaTeaser : Batman V Superman – Critique
Un point sur l’ensemble de la critique : si beaucoup ont détesté le film et le descendent en masse, avec des arguments parfois recevables (comme ceux soulignés ici), d’autres sont par contre un peu ridicules. Certains vont crier au scandale sur la réinterprétation des personnages (Superman, Batman, Lex Luthor…), hors nous sommes à la fois dans la continuité de Man of Steel, qui insufflait déjà une certaine identité à l’Homme d’Acier et dans une nouvelle vision d’un artiste. D’autres vont critiquer la « patte » de Snyder, si l’on n’aime pas ses précédents films, surtout le côté graphique, pas de raison d’aimer celui-ci non plus. Enfin, et c’est là le plus surprenant, on reproche à la Warner/Snyder/DC de ne pas proposer un univers plus décomplexé, fun et léger, à l’instar des films de la concurrence. En effet, si Marvel a su utiliser, avec brio, un certain style récurrent basé sur un humour « cool » dans l’ensemble de ses productions cinématographiques, le film de super-héros n’est pas obligé de suivre ce même schéma, et tant mieux !
Par ailleurs, on peut épiloguer, à raison, d’avoir trop montrer d’extraits de Bat V Sup dans les bandes-annonces, mais malheureusement ce matériel promotionnel est plus un enjeu marketing qu’autre chose (des études prouvent que plus un film dévoile toute son histoire dans ses trailers et teasers, plus le spectateur aura envie de le voir !). A chacun son libre-arbitre de ne pas les regarder pour ne pas être déçu, aussi bien sur Internet qu’avant des films au cinéma (plus délicats pour ces derniers). L’éternel impatience et surexcitation peut accroître la déception.
Ne pas aimer le film et lui trouver des défauts ? C’est tout à fait normal. Mais le fustiger à ce point, parler de brûler son réalisateur et juger le film pire que Daredevil, Les 4 Fantastiques (2015) et Batman Forever, c’est très certainement abuser d’un peu de mauvaise foi…
Ci-dessous la vidéo du Fossoyeur de Film qui revient sur Bat V Sup et qui juge également le bashing infondé et non mérité.
Une version longue contenant près de trente minutes de scènes supplémentaires est annoncée peu avant la sortie du film. Zack Snyder précise : « Nous l’avons appelé Ultimate Cut car c’est, pour moi, une plongeon plus profond dans ce monde avec des intrigues qui se voient étoffées par cette version longue. Nous n’avons pas enlevé beaucoup de l’histoire entre Batman et Superman (…) mais il y avait certaines choses interstitielles entourant l’histoire, qui achèvent des idées que nous avons extraites, et je pense que c’est ce que vous aurez. Il y a un peu d’action, un peu de violence que nous avions coupée […] et que nous allons remettre. Le sauvetage par Batman dans l’entrepôt, quelques plans trop intenses de Doomsday. Il y a ensuite une fin (…) un peu plus longue, et l’ouverture, la séquence en Afrique du Nord, sera très différente. » Jimmy Olsen sera aussi présent dans une scène.
Le saviez-vous ? Jimmy Olsen est bien dans Batman V Superman : L’aube de la Justice. Spoiler : son nom n’est jamais prononcé (seulement indiqué dans le générique de fin) et il se fait tuer très rapidement. On sait tout juste qu’il travaillait pour… la CIA !
C’est Jesse Eisenberg qui devait à l’origine jouer ce Jimmy Olsen et mourir dès le début du film tout de même. L’idée était de créer une fausse piste (avoir un acteur « connu » et en plus dans un rôle secondaire important et le faire tuer immédiatement). Bryan Cranston (Breaking Bad) devait également assurer le rôle de Lex Luthor. On ignore si l’artiste a refusé ou bien si Snyder/la Warner a préféré l’écarter du choix final. Quoiqu’il en soit, c’est en voyant la performance de Jesse Eisenberg qu’ils ont décidé d’en faire leur version de Luthor.
Sources : IGNFrance, ComicsBlog.fr, TéléLoisirs
Parmi toutes ces futures scènes de la version longue, une d’entre elle a déjà été dévoilée. Spoiler : elle montre l’arrestation de Luthor (expliquant donc ainsi comment il se retrouve derrière les barreaux à la fin du film). Plus intéressant : le jeune homme semble « rencontrer » une étrange créature (peut-être Steppenwolf, un lieutenant de Darkseid) et des mother boxes, de mystérieux artefacts, déjà aperçues lors de la création de Cyborg.
Les autres scènes coupées seront mises en ligne sur cette page au fur et à mesure qu’elles seront dévoilées par Warner.
La bande-annonce de la version « Ultimate Cut » de Batman v Superman est en ligne !
Cette version allongée de 30 minutes sera disponible sur tous les supports Blu-Ray qui vendront le film. Ceux-ci sortiront en août en France en plusieurs formats. Le DVD du film ne contient quant à lui que la version cinéma. Amazon.fr a d’ailleurs mis à jour tous les visuels des coffrets et la possibilité de les précommander.
• DVD – Film version cinéma + copie digitale du film version cinéma : 17,99€
• Blu-Ray – Film version longue + version cinéma + bonus (2h) + copie digitale du film version cinéma : 22,99€
• Steelbook – Blu-Ray film version longue 3D + version longue + version cinéma + DVD version cinéma + bonus (2h) + copie digitale du film version cinéma : 32,99€
• Les visuels de droites correspondent aux versions américaines du Steelbook (à la taille d’un boîtier Blu-Ray, dit G2, par contre, à l’inverse de la française qui est en taille boîtier DVD, dit G1). On remarque évidemment le contour collector et réversible des deux affiches promotionnels. Espérons avoir les mêmes en France !
• Statue Superman – le Steelbook (cf. au-dessus) + statue collector Superman : 130,42€
• Statue Batman – le Steelbook (cf. au-dessus) + statue collector Batman : 130,42€
Le choix va être difficile pour les collectionneurs ! Pour les autres, la version Blu-Ray à 22,99€ est extrêmement raisonnable pour le contenu (deux versions du film en HD + des bonus) par rapport à son prix. Pour ceux souhaitant découvrir la critique du film (qui sera mise à jour une fois cet « Ultimate Cut » visionnée), c’est sur la page du site consacrée à Batman V Superman : L’Aube de la Justice !
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Mis à jour juillet 2016 — Critique de la version longue
Trente minutes de scènes supplémentaires parfaitement équilibrées relancent l’intérêt pour le film et propose un nouveau regard. Sans dévoiler chaque nouvelle scène, par ailleurs certaines étant plutôt des versions non-raccourcies ou modifiées, l’on comprend beaucoup plus facilement le plan de Luthor. Il apparaît d’ailleurs davantage comme un ingénieux stratagème plutôt qu’un fantasque plus ou moins rusé. Tout devient plus limpide : le jeune homme a nourri deux années de confusion et d’accentuation de paranoïa chez Batman (et dans une moindre mesure envers le peuple) pour précisément pousser celui-ci à affronter Superman. Au-delà de la menace de base réelle par l’alien, Luthor s’est arrangé pour monter la tuerie d’un peuple et d’un dictateur en Afrique tout en faisant accusé de Superman de choisir qui il sauve ou non (ce début, un poil confus dans la version cinéma change radicalement d’envergure ici). En effet, Luthor sait parfaitement qui se cache derrière l’homme d’acier mais aussi qui est sous le masque de la chauve-souris. Dès lors, il comprend qu’il peut jouer sur les cartes Loïs Lane, Martha Kent et via l’employé amputé des deux jambes de Bruce Wayne pour atteindre tout le monde. Son but est de détruire Superman, pour cela il passe par Batman, tout en créant, sans pouvoir le prévoir initialement, Doomsday, en guise de plan de secours si le sien échouait. Il ne pensait sans doute pas que Doomsday serait à ce point incontrôlable.
En amont, Clark Kent est davantage mis en avant en tant que reporter, il va justement suivre une témoin clé qui est contre Superman, et enquêter brièvement sur Batman. Il découvre la lâcheté d’un homme qui marque au fer rouge ses victimes. Cela est déjà présent dans la version cinéma mais, ici, de nouveaux éléments apparaissent, montrant davantage le chemin suivi par Bruce Wayne, clairement dans une voie nihiliste et amorale. De son côté, Lois Lane gagne en profondeur, elle investigue efficacement contre Luthor, avec l’aide d’une collègue (Jena Malone — que les rumeurs mentionnaient comme étant Batgirl, ce qui est donc faux). Le montage est moins haché, beaucoup plus fluide. Le réalisateur prend son temps et livre une version remaniée qui ravira ceux qui avaient apprécié la mouture présentée en mars lors de sa sortie. Les désenchantés feraient bien d’accorder une seconde chance à Batman V Superman. Seule la présentation forcée des membres de la Justice League et la séquence du cauchemar prémonitoire jurent avec le reste (malgré la très belle réalisation d’un plan séquence d’action pour cette dernière). Même le combat final s’avère moins brouillon, plus compréhensible et épique.
Une réussite totale donc, malgré les quelques incohérences persistantes déjà listées dans la première critique, qui permet une nouvelle plongée fascinante dans un riche univers fidèle à la vision d’un auteur (mais peut-être pas des comics). Luthor connaissant l’identité de Batman, ce dernier n’en a que faire quand Luthor est en prison car il le fait transférer… à Arkham. Plaisant mais attention : si Luthor dévoile ce secret à d’autres incarcérés, ça pourrait se retourner contre lui.
Nul doute que si cette version avait été en salles, ou montrée à la presse avant la sortie, les critiques auraient été différentes, le bouche-à-oreilles également, et peut-être les conséquences scénaristiques de la suite de l’univers DC au cinéma moins impactées. Désormais, la version cinéma paraîtra encore moins aboutie une fois celle-ci visionnée. À l’instar de Watchmen et Sucker Punch, Zack Snyder prouve qu’il a un réel talent lorsqu’il n’est pas limité par le temps ou la censure. On parlera —en bien— de son film dans quelques années, c’est quasiment acté.
MàJ août 2018 — Étude et analyse de la postérité du film.
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Batman V Superman est devenu le quatrième plus gros démarrage de toute l’histoire du cinéma en moins d’une semaine (derrière Star Wars – Episode VII : Le Réveil de la Force, Jurassic World et Harry Potter : les Reliques de la Mort – Partie 2) ! En effet, le film de a récolté 170 millions de dollars aux Etats-Unis lors de son week-end d’ouverture (du jamais vu, surtout pour un mois de mars) et, surtout, a amassé pas moins de 424 millions dans le monde entier. Cela rembourse en partie le coût du long-métrage mais pour qu’il soit « vraiment » rentable il devrait idéalement rapporté le triple.
Par ailleurs, le film bat plusieurs records dès le 29 mars 2016 : meilleur démarrage mondial pour un film de super-héros, meilleur démarrage de mars, meilleur démarrage de printemps, meilleur démarrage du week-end de Pâques, meilleur démarrage de 2016 (pour l’instant) et meilleur démarrage d’un film Warner. Il détient aussi le record, plus discret, de la plus grosse baisse de recettes pour un film de super-héros entre vendredi et dimanche. Les chiffres baisser de 55% en trois jours (source : Premiere).
► Un bon dossier d’Oblikon qui analyse et décrypte le film.
► Ce que Batman v Superman nous dit de Justice League.
► Ci-dessous, une autre vidéo explicative avec des théories plausibles.
Ci-dessous, les cinq bandes-annonces du film.
— Suppléments —
Deux heures de contenu additionnel
L’UNION DES PLUS GRANDS /// Uniting the World’s Finest (15″00)
Plusieurs intervenants reviennent sur le nouvel univers DC Comics au cinéma. Aussi bien les acteurs que les scénaristes, producteurs et réalisateurs.
Geoff Johns explique que le monde de DC Comics a commencé avec Superman, qu’il est donc normal que Man of Steel soit le premier film à poser ses bases, puis qu’il y ait une rencontre avec Batman.
Alternant des images issues des comics (dont beaucoup de New52), des films (dont Wonder Woman) et du tournage.
L’accent es surtout mis en avant sur Aquaman, Flash et Cyborg. On notera l’enthousiasme particulièrement communicatif de Jason Momoa et Ezra Miller (respectivement acteurs du roi d’Atlantide et du bolide écarlate).
Si l’ensemble est sympathique, l’accent est à nouveau mis sur ces caméo et la volonté de les « pré-intégrer » dans l’esprit du grand public pas forcément connaisseur des bandes dessinées.
La suite et fin de ce court bonus revient d’une manière similaire et promotionnelle sur Suicide Squad, avec notamment des interventions de David Ayer le metteur en scène, Will Smith (Deadshot), Jared Leto (le Joker), Margot Robbie (Harley Quinn).
Seul intérêt pour les amateurs : des images inédites du film Wonder Woman (différentes de la bande-annonce dévoilée début juillet).
DES HOMMES ET DES DIEUX : LA RENCONTRE DE TITANS /// Gods and Men : A Meeting of Giants (12″00)
Retour rapide sur les deux super-héros iconiques, à travers leurs origines et leurs rassemblements dans les comics. Sont évoqués, en toute logique, les méthodes différents de chacun d’entre eux, leur conception de la justice et leur relation mi-antagonistes, mi-alliés. L’occasion aussi de découvrir un bref making-of d’une scène de combat entre Superman et Batman dans le film.
Un bonus très convenu donc, très classique dans sa forme et dont le fond n’apportera pas grand chose de plus pour les connaisseurs. En revanche les novices y trouveront leur compte s’ils sont très peu familiers de l’univers des comics et de l’histoire de ces titans.
LA GUERRIÈRE, LE MYTHE, LA MAGNIFIQUE /// The Warrior, The Myth, The Wonder (21″16)
Saviez-vous que le créateur de Wonder Woman, Charles Moulton Marson, était aussi à l’origine du détecteur de mensonges ? Qu’il s’est inspiré de sa relation avec sa femme pour son personnage ? Que c’était un grand défenseur de la cause des femmes ? Ce sont quelques anecdotes que l’on apprend dès le début de ce passionnant documentaire consacré à la Reine des Amazones. Une foule d’intervenants (proches, éditeurs, historiens…) évoquent la puissante super-héroïne. L’évolution de Wonder Woman est décortiquée à travers celle de la société, comprenant évidemment le féminisme et les avancées sociales et politiques. Brian Azzarello et Cliff Chang, qui ont œuvré récemment dans les comics s’expriment aussi. Des images du film Wonder Woman, prévu pour 2017, sont aussi dévoilées. Sa réalisatrice, Patty Jenkins, est interviewée à plusieurs reprise. Le côté « non-parfait » de la justicière est mise en avant, ainsi que toutes les idées qu’elle représente, à commencer par l’image de « la femme forte » et son importance pour les filles (mais aussi les garçons) qui peuvent la considérer comme une modèle. Curieusement, Gal Gadot n’intervient qu’à la fin, pour évoquer son personnage et ses valeurs. Une bonne entrée en matière pour les non-connaisseurs du personnage, qui donne envie de découvrir le futur long-métrage.
CRÉÉE POUR FONCER : LA NOUVELLE BATMOBILE /// Accelarting Design : The New Batmobile (22″46)
Rencontres avec cinq personnes ayant donné naissance à la nouvelle Batmobile, dont Patrick Tatopoulos, chef décorateur français. Après une première rencontre avec Zack Snyder, la vision s’affirme pour le designer, qui livre un premier croquis. Suivent des maquettes et de nombreuses réunions avec les artistes attitrés. Concepts, modélisation, crédibilité technique, performances fonctionnelles… On y apprend aussi que le moteur est à l’arrière de la voiture par exemple, que la Batmobile est montée sur 550 cheveux.
Superman : Complexity & Truth
Batman : Austerity & Rage
Wonder Woman : Grace & Power
Batcave : Legacy of The Lair
The Might and the Power of a Punch
The Empire of Luthor
Save the Bats