À l’instar de Batman Triumphant, il est intéressant d’évoquer cet autre long-métrage avorté pour plusieurs raisons. Tout d’abord, Justice League : Mortal était l’un des seuls nombreux projets de films de l’univers DC Comics à être à un stade très avancé (casting complet, metteur en scène choisi, scénario écrit, lieux de tournage trouvés, pré-production bien entamée…) mais aussi parce qu’un documentaire est en train d’être réalisé sur ce qu’aurait pu donner cette version de la Ligue de Justice par George Miller (Mad Max), qui devrait par ailleurs être derrière la caméra de Man of Steel 2 selon les dernières rumeurs.
En 2007, le studio Warner Bros n’a pas de stratégie « sur du long terme » pour relancer ses super-héros de l’univers DC Comics. Batman Begins a reçu un très bon accueil public et critique, mais Superman Returns a été une déception. L’idée de produire un film Justice League existe depuis quelques temps et il faudra attendre le mois de septembre de la même année pour que George Miller soit officiellement affublé au poste de réalisateur. Ce dernier convainc les pontes de la Warner de tourner intégralement en Australie. Lieu de tournage de sa trilogie Mad Max et jouissant d’une exonération d’impôts relativement conséquente, le pays de Miller semble le lieu idéal.
L’homme caste des dizaines d’acteurs et actrices et la distribution complète est rapidement trouvée. Armie Hammer sera Batman, D.J. Cotrona campera Superman, Megan Gale interprètera Wonder Woman, Adam Brody officiera en Flash, Santiago Cabrera en Aquaman, le rappeur Common en Green Lantern, Jay Baruchel en Maxwell Lord (le grand ennemi du film), Hugh Kaeys-Byrne en Martian Manhunter et Teresa Palmer en Talia Al Ghul.
Côté scénario, Kieran et Michele Mulroney sont chargés du travail conséquent de donner vie aux super-héros de DC Comics. Le couple n’a rien écrit de concret à l’époque (ils signeront plus tard Sherlock Holmes : Jeu d’Ombres) mais s’inspirera de trois comics : Justice League : La Tour de Babel, Superman : Sacrifices et Crisis on Infinite Earths. Batman aurait donc été au centre du récit, puisque Brother Eye, son satellite de surveillance des méta-humains (alliés ou ennemis) était l’élément déclencheur de l’histoire. Le film devait en effet débuter par l’enterrement d’un héros dont l’identité est tenue secrète, sachant que tous les membres de la Ligue de Justice sont présents lors de l’évènement sauf… Batman (était-ce lui le mort ?). La suite était un flash-back racontant la formation de la Justice League et ce qui mènera à cet enterrement. On sait que Brother Eye aurait été piratée par Maxwel Lord et Talia Al Ghul (qui souhaitait venger la mort de son père dont est responsable Batman). Le film devait comporter quelques personnages secondaires comme Iris West, Wally West et Alfred ainsi que des combats épiques : Wonder Woman affrontant un Superman contrôlé mentalement par Maxwell Lord ainsi qu’un autre entre l’Homme d’Acier et une réplique (de Superman ?) créée par Green Lantern. À noter que le film était supposé se situer dans la continuité de Batman Begins et n’était pas incompatible (à priori) avec les premières pierres qu’a façonné Christopher Nolan de sa vision du Chevalier Noir.
La grève des scénaristes survient alors à la fin de l’année 2007 et perdure jusqu’en 2008 pour repousser le projet. Dans la foulée, les exonérations fiscales promises en Australie sont annulés, le tournage se déplace au Canada, en vain. Puis, le succès de The Dark Knight, enterre définitivement Justice League : Mortal. En effet, Christopher Nolan a dès lors un « droit de regard » sur les futures adaptations de DC Comics et refuse de faire coexister cette Ligue de Justice (et donc deux Batman différents) avec l’univers qu’il est en train de bâtir.
Début 2015, l’Australien Ryan Unicomb a lancé un financement participatif afin de réaliser un documentaire sur ce film ambitieux et maudit : Miller’s Justice League Mortal. Après plusieurs mois de gestation, le projet semble sur une bonne voie, si ce n’est que la Warner doit donner son feu vert. Le documentaire est prévu pour 2016 mais avec la refonte de l’univers DC au cinéma instauré par Man of Steel en 2013, puis les Batman v Superman : L’Aube de la Justice et Justice League — Part. 1 qui sortiront en 2016 et 2017, pas sûr que le studio accepte. Il y a fort à parier que les films partagés de super-héros chez Marvel auraient été différents si le projet de George Miller avait vu le jour. De la même façon, qui sait ce qu’auraient donnés les autres films DC ?
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Les affiches illustrant cet article (cliquez dessus pour les agrandir) sont les concepts promotionnels pour le documentaire (ce ne sont donc pas des affiches du film originel).
Sources : ComicsBlog.fr, AlloCine.fr et DCPlanet.fr.