Un montage qui propose non pas une version longue mais une courte (1h48 sans générique !) de Batman v Superman : L’Aube de la Justice. Reese Evans a en effet proposé un montage qui supprime toutes les connexions avec la Justice League et Wonder Woman, ainsi que le combat final contre Doomsday et les allusions à Darseid. Également au programme : un Luthor moins complexe et un Batman moins radical (avec les scènes de tirs de la Batmobile notamment). Un travail très intéressant qui passe aussi par la saturation des couleurs, légèrement modifiée afin d’atteindre une certaine cohérence.
À l’inverse de l’autre fan edit Man of Tomorrow — qui se concentrait sur Superman — ce No Justice propose un équilibre entre l’homme chauve-souris et l’homme d’acier. Le ton en sort évidemment nettement modifié et la fin également. Reese Evans a pioché dans la version longue de Batman v Superman pour sortir cette version « courte ». D’une manière plus anecdotique, on entend le rire du Joker de Jared Leto lorsque Bruce Wayne regarde le costume du défunt Robin. [Il sera d’ailleurs intéressant de découvrir, d’ici plusieurs mois certainement, un fan edit utilisant les rares images de Batman dans Suicide Squad pour concevoir un métrage focalisé sur lui jusqu’à la création de la Justice League.]
Pour se procurer le film, il faut adresser une demande via le site officiel. Celui-ci propose également le téléchargement de sous-titres (en anglais, portugais et espagnol pour le moment) ainsi qu’un prologue, intitulé Black Zero : The Aftermath. Cette vidéo de presque sept minutes et demi, disponible sur Vimeo (et ci-dessous), reprend principalement des extraits de Man of Steel et introduit très brièvement Bruce Wayne dans le récit.
Ce qui suit contient des révélations, si vous n’avez pas vu Batman v Superman : l’Aube de la Justice ou que vous comptez voir ce fan edit, n’allez pas pas plus loin.
L’histoire débute de la même manière avec le fameux générique sur le meurtre des Wayne puis l’arrivée de Superman à Metropolis combattant Zod du point de vue de Bruce Wayne (correspondant donc à la fin de Man of Steel). Une incohérence est corrigée dès ce moment là puisque lorsque Bruce appelle Jack (qui tardait étrangement à faire évacuer l’immeuble !) le dialogue est amputé pour apporté une certaine crédibilité. La découverte de la météorite puis l’interview de Lois Lane en Afrique avec un « terroriste » (dont les soldats se feront tuer par une milice privée avant l’arrivée de la CIA et de Superman lui-même) est conservée. Et c’est à partir de là que le film prend un chemin drastiquement différent puisque la première heure ne comporte aucune scène d’action mais évoque plutôt une enquête multiple façon thriller (dont la plupart des scènes proviennent de la version longue de le Director’s Cut de Snyder). On suit donc Lois Lane à la poursuite du financement d’arme par Luthor, Clark Kent (en tant que journaliste) à la fois en investigation autour du Batman et d’un témoin clé et enfin de Bruce Wayne sur le fameux « Portugais Blanc » et des connexions douteuses avec Luthor à nouveau. En résulte un plan machiavélique nettement plus limpide (déjà le cas dans le DC de Snyder) dans un montage d’une étonnante fluidité. On comprend plus facilement que Luthor sait pertinemment qui est Superman (c’est pour cela qu’il « isole » volontairement Lois Lane et constate bien que l’homme d’acier est Clark Kent, puis qu’il enlève Martha Kent). Le jeune homme d’affaire manipule également l’opinion et Batman (il sait aussi qu’il s’agit de Bruce Wayne, c’est clairement sous entendu) afin de monter les deux justiciers l’un contre l’autre.
Par conséquent, après une première heure de film digne d’un bon thriller, les éléments de science-fiction et de fantastique apparaissent brièvement après une forte scène d’action avec la Batmobile (sur le port) puis une brève rencontre entre Batman et Superman. Les quarante-cinq minutes suivantes poursuivent la triple enquête avec comme point d’orgue l’explosion du sénat et les dernières vingt minutes enchaînent coup sur coup l’affrontement titanesque des deux justiciers puis le sauvetage de Martha Kent par Batman. La fin montre surtout Clark et Lois « heureux » dans leur appartement (en réalité il s’agit d’une scène du début du film quand Lois rentre d’Afrique et que Clark lui offre des fleurs puis la rejoint tout habillé dans son bain). Cette dernière partie du long-métrage est donc focalisée sur l’action et… ça fonctionne très très bien ! Il y a même fort à parier que, malgré la durée courte du film, un montage du genre aurait carrément plus fonctionner vis-à-vis du grand public. C’est moins « épique » et « grand spectacle » mais c’est clairement plus efficace pour ne pas perdre certains spectateurs. Est-ce meilleur que Bat v Sup ? Et bien, quasiment oui ! Est-ce meilleur que la version longue de Bat v Sup ? Pas vraiment si on juge le film dans son triptyque (presque) inaugural du DC Extented Universe au cinéma (Man of Steel, BvS, Justice League) mais en tant que métrage « indépendant » (stand-alone) c’est un travail plus qu’honorable aussi bon !