Mi-février 2021, j‘ai été interviewé par Le Monde pour parler du mouvement #ReleaseTheSnyderCut et comment un hashtag sur Twitter a fait plier au bout de trois ans un puissant studio Hollywoodien.
Découvrez l’évolution de cette histoire incroyable qui va permettre au réalisateur Zack Snyder de (re)sortir son film Justice League en version longue (même si vous la connaissez déjà probablement si vous êtes sur ce site 😉 ).
A l’instar de l’interview pour Le Parisien Magazine en 2019, une infime partie de mes propos (sur une heure d’interview et trois pages A4 rédigées) a été retenu pour l’article final mais c’est tout à fait normal dans le milieu, c’est le jeu – et ce ne pas grave du tout ! J’avais évidemment parlé de plusieurs comics mais ça n’a pas été retenu, dommage 🙂
Le film de Zack Snyder, Batman v Superman : l’Aube de la Justice, a fait couler beaucoup d’encre, réelle ou virtuelle, et continue d’alimenter, près de deux ans et demi après sa sortie de nombreux débats. Les raisons sont multiples : le long-métrage est sans cesse analyser sous de nouveaux prismes, il est réévalué suite à sa version longue sortie en Blu-Ray ainsi qu’avec les multiples déclarations et révélations de Snyder sur le réseau social Vero et, bien évidemment, depuis l’échec de Justice League (également réalisé par Zack Snyder mais, in fine, devenu un film hybride davantage chapeauté par Joss Whedon et la Warner Bros).
Cet article (plus ou moins le prolongement de cet autre long papier) se veut à mi-chemin entre l’analyse objective (factuelle, technique, sourcée, chiffrée…) et subjective (réflexions personnelles, points de vue exclusifs, avis individuel…), mais aussi compilation des nombreux petits éclairages apportés par Zack Snyder au fil des mois qui ont suivi la sortie de Batman v Superman (une liste qui sera donc actualisée si besoin).
Conjoncture au lancement du film
Il est nécessaire de situer le contexte de départ. En mars 2016, contre toute attente, Deadpool (sorti en février) vient de casser la baraque avec son ton original et son humour noir. La production de la Fox a récolté plus qu’espéré et la Warner a sans doute quelques craintes. D’autant plus que Captain America : Civil War est prévu quelques semaines après Batman v Superman (en avril), et que X-Men : Apocalypse suivra également dans la foulée (en mai). Quatre films de super-héros en quatre mois. Qui plus est, Bat v Sup se veut fer de lancement du nouvel univers partagé de DC Comics, appelé DCEU (pour DC Extented Universe) à l’époque de façon non-officielle — et a priori devenu depuis juillet 2018 « The Worlds of DC ». Les premiers retours presse (l’avant-première eut lieu la veille de la sortie du film — ce qui n’est jamais bon signe) sont très négatifs et Warner annonce d’emblée qu’une version longue verra le jour lors de la sortie DVD et Blu-Ray (là aussi ce n’est pas forcément un bon signe). Sans surprise, Batman v Superman réussit une belle percée lors de ses premiers jours d’exploitation avant de chuter drastiquement. Néanmoins, si le succès critique n’est pas au rendez-vous (on y revient juste après), le long-métrage de Snyder n’est pas forcément un flop économique (à terme, il rapportera près de 875 millions de dollars pour 250 de budget, hors marketing et promo — mais il n’atteint pas le milliard espéré et récolte « seulement » 330 millions sur le territoire américain).
Le bouche-à-oreilles très négatif n’aide évidemment pas Bat v Sup à se forger une belle réputation. Jugé trop long, trop compliqué, trop noir, trop sombre (ce qui avait pourtant réussi à Christopher Nolan et sa trilogie The Dark Knight)… seuls quelques éléments sont critiqués positivement (de façon presque unanime) : la prestation de Ben Affleck dans la peau du Chevalier Noir (il succède à Christian Bale et tout le monde craignait qu’il ne lui arrive pas à la hauteur — ce fut l’inverse pour certains, Affleck s’avérant meilleur que Bale), la présence de Wonder Woman grâce au charisme de son interprète, Gal Gadot, peu connue jusqu’alors, et un certain soin apporté à la photographie et la composition de plans. Mais Bat v Sup récolte sur l’agrégateur de critiques Rotten Tomatoes la douloureuse note de 4,9/10 (là où le public accorde 7/10). Sur l’IMDb 6,6/10 et, enfin, en France sur AlloCiné 2,6/5 par la presse et 3,5 par le public. On constate donc des spectateurs moins sévères que la critique dite « spécialisée ». Sur ComicsBatman.fr, la critique du film lorgnait vers une note de 3,5/5 également — loin d’un chef-d’œuvre donc, mais loin d’un ratage total également. La conclusion était même « un parti pris certain qu’on va, au mieux apprécier, au pire détester, mais peu de chances de l’adorer ». Est ensuite venu le lynchage massif envers le film, jugé (par l’auteur de ces lignes) plutôt inapproprié et injuste, ce qui a conduit à avoir cœur à le « défendre » . Enfin, la version longue de Batman v Superman a gommé beaucoup de défauts de sa version cinéma et vaudrait (toujours selon la perception de ce site) un bon 4,5/5 pour son approche relativement original d’un film de genre qui conserve tout de même des gros soucis (introduction maladroite de la Justice League, bouillie numérique lors d’un combat final trop grandiloquent…). Une seconde critique, plus enthousiaste, avait alors été ajoutée sur ce site.
Hypothèse : un autre titre et une promotion plus mystérieuse pour une meilleure attente
Dès le début du projet, le problème qui se pose est dans le titre. « Batman v Superman : l’Aube de la Justice ». La première partie est souvent « confondue » avec « Batman VS Superman », donc un « versus », donc un affrontement. Ce n’est pas tout à fait faux puisque le « v » se veut être le diminutif de « vs » mais il peut également se traduire par une association plus ambigüe entre deux êtres, symbolisé par un « v » (aux États-Unis). Point de départ bancal donc, puisqu’une simple esperluette aurait été une approche plus logique pour le film. Un « Batman & Superman », accentuant donc une association qui se serait d’abord corrélée par une confrontation. Car personne n’est dupe : si un combat peut avoir lieu entre l’homme d’acier et l’homme chauve-souris, on sait qu’aucun ne va périr sous les coups de l’autre et, surtout, qu’à terme les deux seront dans le même camp. La seconde partie du titre, « l’Aube de la Justice » (qui connaît plusieurs dérives syntaxiques avec la majuscule appliquée parfois qu’à « Justice » ou à « L’aube », ou encore « L’Aube », peu importe…) est à la fois poétique et annonciatrice (de la Justice League entre autres). Encore une fois, ce terme reste maladroit, un peu « cliché » et, surtout, voulant afficher bien trop tôt l’idée d’un rassemblement de super-héros (esquissée à la toute fin du métrage et dont les potentiels membres sont brièvement exposés au milieu). Il y avait sans doute quelque chose à trouver avec le terme « justice », c’est indéniable. Puisque Superman pense rendre justice à sa façon et Batman à la sienne. Un petit « Batman & Superman : Justice Paradox » aurait certainement été plus judicieux, plus malin…
Mais ce qu’il fallait proposer est tout simplement la suite de Man of Steel. Même si le premier du nom n’a joui que d’un semi-succès (critique et public), un des meilleurs titres aurait été, pour ce nouveau segment mettant Superman au centre du récit, « Man of Steel 2 : The Batman Complex » ou « Man of Steel 2 : The Batman Paradox ». Avec bien sûr, des petites variantes avec un tiret (-) au lieu des deux points (:), ou bien le chiffre 2 en latin (II), voire la mention d’un chapitre (« Man of Steel – Chapitre II : The Batman Complex » par exemple). En renommant le film ainsi, les spectateurs savent seulement deux choses : il s’agit de la suite de Man of Steel, donc de Superman, Batman y sera présent mais « différent » de ce qu’on a l’habitude de voir. Et c’est justement là un des aspects pointés du doigt par certains fans : la violence ultime dont fait preuve Batman, quitte à tuer (ou sous-entendre qu’il tue) et son ton nihiliste, désabusé. Même s’il s’est inspiré de The Dark Knight Returns (de Frank Miller), Zack Snyder a été « plus loin » que l’auteur et dessinateur de comics puisqu’il a montré une ligne que Batman ne franchit pas dans ses aventures papier (en réalité, c’est arrivé lors de ses débuts). Cela est d’ailleurs accentué dans TDKR avec une case spécifiant bien que le Chevalier Noir n’utilise pas d’armes à feu et, dans une moindre mesure, dans la trilogie de Nolan — principalement The Dark Knight où le justicier souligne à nouveau son souhait de ne pas tuer (même si dans les premiers films de Tim Burton, on constate aussi que le Chevalier Noir ne s’encombre pas de « sauver » des assaillants et leur sort, souvent hors-champ, fait peu de doutes même si ce n’est pas montrer à l’écran). Dans les faits, on ne voit pas réellement Batman « tuer » quelqu’un de sang-froid dans Batman v Superman mais il n’hésite pas à tirer sur plusieurs criminels depuis sa Batmobile, à laisser des grenades exploser dans un endroit confiné où d’autres ennemis étaient et, enfin, à marquer au fer rouge des coupables enfermés en prison afin qu’ils soient tabassés voire assassinés par d’autres incarcérés. Bien sûr, à froid comme cela, c’est très choquant et inadmissible sauf que le film apporte des justifications mais ne les prononcent peut-être pas assez pour certains spectateurs. Deux explications sont à mettre en avant : la mort de Robin (Snyder a confirmé fin juillet 2018 qu’il s’agissait de Richard Dick Grayson, soit le premier Robin, qui n’a a priori jamais été remplacé ensuite par un autre allié) sous les coups du Joker (et de Harley Quinn, comme le confirme le film Suicide Squad). Cela a profondément affecté et choqué le Chevalier Noir qui exerce depuis plus de vingt ans son activité de justicier. Et c’est là la seconde explication : le Caped Crusader le dit lui-même : sa croisade est inutile, il n’y croit plus du tout, c’est (aussi) pour ça qu’il est plus radical. Peut-être qu’ajouter un carton en début du film revenant et insistant sur ces éléments aurait été bénéfique.
« Man of Steel 2 – The Batman Complex »
Zack Snyder ne voulait pas d’un Batman « classique » (et il a eu raison), il a voulu déconstruire le mythe (à l’instar de son confrère artistique éponyme Scott Snyder qui œuvre, lui, sur les comics — mais ceci est un autre débat) mais l’a sans doute traité maladroitement. Il avait opté pour un angle similaire sur le personnage de Superman (avec les doutes, le rapport à la divinité, à la justice… — et également un meurtre, là aussi comme, une fois de plus, dans certains comics méconnus) et cela s’inscrivait dans un certain cadre « réaliste » ou tout du moins plus moderne avec notre époque. Pour le Chevalier Noir, il a touché au sacré et cela n’a pas forcément séduit les spectateurs « lambda » ni les fans du super-héros. C’est dommage, car la fin du film axe précisément vers ce chemin de rédemption de Batman : il retrouve foi en l’humanité (et c’est ce qu’il devra explorer dans Justice League, avec à l’inverse un Superman déchu — ce qui n’a finalement pas vraiment eu lieu mais on y reviendra plus tard). Trop ambitieux ? Oui et non, encore un fois le titre (et la promotion comme nous allons le voir) est à pointer du doigt. D’où l’idée d’un « Batman Complex » ou d’un « Batman Paradox ». Le complexe de Batman serait celui d’avoir franchi sa ligne rouge, d’être devenu aussi nihiliste que les personnes qu’il combat et de ne voir en Superman qu’une menace au lieu d’un allié (même si cet aspect est tout de même très proche des comics récents). Le paradoxe de Batman rejoint cette idée avec un Chevalier Noir paradoxal dans son application de la justice (ça l’a toujours plus ou moins été). Deux mots (« Complex » et « Paradox ») qui sont peut-être plus mystérieux et plus en phase avec le propos du film. Des fans arguent que cette double déconstruction (de Superman et de Batman) ne rend pas hommage aux icônes et qu’il aurait mieux fallu concevoir ses propres super-héros (à la manière d’un Mark Millar sur Kick-Ass) au lieu de sacrifier l’homme d’acier et l’homme chauve-souris. Quelle erreur ! C’est justement cette « vision » de Snyder qui fait la force du film, de la même manière que chaque auteur de comics se réapproprie l’univers de Batman, certes codifié, mais n’hésite pas à le bousculer pour accoucher de certaines originalités (on pense à nouveau à Scott Snyder, adulé et décrié, ne laissant personne indifférent). Difficile de rester dans la postérité en convenant d’un classicisme banal qui, pourtant, gangrène petit à petit la plupart des productions de cinéma de genre.
Au-delà du titre, ce sont évidemment les affiches et vidéos promotionnelles qui ont été très mal gérées par Warner Bros. En effet, celles-ci dévoilaient la venue de Wonder Woman et de Doomsday ! Nul doute que si Wonder Woman avait été une réelle « surprise » avec sa découverte durant la vision de Batman v Superman, il y aurait eu un engouement voire un bouche-à-oreilles peut-être plus positif. Le combat final contre Doomsday, se voulant être LA véritable séquence d’action de fin de métrage, a été trop montrée aussi et nombreux sont les fans qui n’ont pas été étonnés. Bien évidemment, il ne faut pas analyser par le prisme des « fans », justement, ceux qui avaient suivi la production et la promotion du film avec intensité et qui avaient, de façon légitime, plusieurs attentes (qui causent donc des déceptions et font naître des critiques peut-être plus violentes que s’il n’y en avait pas eues). Et bien sûr, cela n’empêche pas Batman v Superman de comporter de flagrants défauts de rythme ou de cohérences. Sa version longue frôle la perfection là où sa version cinéma reste trop bancale. Des fans ont donc imaginé de nouveaux montages, allégés et allant à l’essentiel, ou carrément des fusions avec Man of Steel. Le résultat se trouve dépoussiéré d’enjeux secondaires et nettement plus rythmé. Mais, on l’a dit, la version longue, quant à elle, n’a quasiment rien à jeter sur le travail de l’écriture et la cohérence (oui on aimerait des changements de dialogue ou d’autres éléments mais qui sont impossibles pour le coup).
Alors, imaginez un peu. Retournons en juillet 2013, peu après la sortie de Man of Steel. Un indice donné au public : la suite s’officialise, elle s’intitulera « Man of Steel 2 – The Batman Complex ». Les mois s’écoulent, quelques rumeurs parlent d’un rôle féminin mystérieux mais ça s’arrête là. Zack Snyder et la Warner ne dévoilent pas des masses les coulisses du film. Les premières bandes-annonces arrivent : l’une montre le début du film (qui reprend la fin de Man of Steel mais d’un point de vue humain — celui de Bruce Wayne donc) et quelques scènes « calmes », avec un focus sur les dialogues et un peu de Lex Luthor (on avait caressé l’idée de voir Bryan Cranston en Luthor Sr. a minima mais tant pis…). Seconde bande-annonce, cette fois accès sur l’affrontement entre Superman et Batman et, éventuellement, une troisième avec leur dialogue où ils parlent de Wonder Woman mais sans qu’elle soit montrée à l’écran. Le tout restant majoritairement dans un ton sombre et violent pour ne pas tenir de fausses promesses (avec un film léger, fun et cool — plus proche de ce que fait la concurrence avec le MCU, et qu’essaiera de copier la Warner dans un second temps avec Suicide Squad puis Justice League). Enfin, bonus suprême : la version longue sort directement en salle, faisant un pied-de-nez aux diffuseurs et au studio de production lui-même qui prend un risque (moins de rentabilité) mais actant une vraie proposition de cinéma et d’auteur. Bref, même si on ne le saura jamais, il y a de fortes chances que ce projet renommé et markété différemment aurait jouit d’une meilleure réputation. Même s’il est compliqué de donner une seconde chance au film, certains l’ont fait en se procurant la version longue et celle-ci est unanimement saluée comme meilleure. L’un des producteurs de Bat v Sup avançait même dans une interview en juillet 2018 que le film faisait partie des 50 meilleures ventes de Blu-Ray de tous les temps mais impossible de vérifier cette information.
Quoiqu’il en soit, en à peine deux ans et demi, Batman v Superman continue son petit bonhomme de chemin et fait toujours parler de lui sur la Toile, où Snyder est relativement actif, via Vero, et dévoile ce qu’il avait en tête ou ce qu’il a montré dans le film (et que peu ont relevé). Il évoque l’univers qu’il bâtissait (à travers Batman v Superman et Justice League) mais qui a chuté. Snyder a reconnu, fin juillet, qu’il n’avait peut-être pas « tous » les détails qu’il annonce sur Vero au moment de la construction de sa saga (en cinq films — on y reviendra aussi). Il en « invente » donc certains, maintenant qu’il sait que tout ce qu’il avait entrepris ne verra jamais le jour (on reparlera aussi du fameux #ReleaseTheSnyderCut). Les débats enflamment les forums et les réseaux sociaux et, petit à petit, lentement mais sûrement, Batman v Superman trouve une seconde vie. À l’instar de Watchmen, déjà signé Snyder, qui n’avait pas convaincu la presse et le public lors de sa sortie avant de s’émanciper au fil des années, gonflé de plusieurs versions différentes (dont l’excellent Director’s Cut et un Ultimate Cut incluant un dessin animé) et finissant par devenir « culte » et dans de nombreux classements de meilleurs films (de super-héros, de science-fiction, etc.). Bat v Sup emprunte-t-il la même voie ? On aimerait y croire tant la suite du DCEU s’est révélée globalement décevante et plus que moyenne (paradoxalement à cause ce Batman v Superman justement).
Les errements de Warner Bros
Cette suite est connue (et récapitulée en détail dans cet autre long article) : Warner change son fusil d’épaule et livre un Suicide Squad hyper convenu, peu « violent et noir » à l’inverse de ce que promettaient les premières images. Le résultat est paradoxal : le film cartonne, récoltant près de 750 millions de dollars à travers le monde pour le « faible » budget de 175 (hors promo), gagne même un Oscar (pour les costumes et maquillages) mais essuie un four critique et se fait dégommer partout. Seul le personnage de Harley Quinn (parfaite Margot Robbie) est acclamée à juste titre. Vient ensuite Wonder Woman et son succès planétaire pour une formule plus classique (origines de super-héros) mais toujours avec la « patte » Snyderienne pour son traitement de l’image : photographie soignée, abus de ralentis, questionnement du divin, etc. Reste donc Justice League à mettre en place. Le studio ne sait toujours pas sur quel pied danser : lorgner vers le divertissement populaire « sympa » avec punchlines et humour léger ou poursuivre la veine sombre (mais devenant lumineuse par la cohérence de son scénario et l’évolution des personnes) et le ton plus adulte ? Si Zack Snyder tient toujours la barre et semble poursuivre son point de vue « réaliste » mâtinée de fantastique et de science-fiction, qu’il maîtrise avec un certain brio, une tragédie le met à l’écart de la post-production du film (le suicide de sa fille adoptive). Plusieurs mois après, on apprendra que Snyder avait déjà été viré par la Warner, ou tout du moins qu’ils avaient prévu de le faire avant que Justice League sorte en salles… On ne saura sans doute jamais. Les bandes-annonces ne reflètent pas le produit final, entaché de scènes retournées par Joss Whedon (le réalisateur des deux premiers Avengers qui a pris le relai sous l’approbation de Snyder soi-disant), d’une moustache maladroitement effacée numériquement et d’un côté grivois qui détonne avec le reste de l’univers qu’avait mis en place Zack Snyder. Tout n’est pas à jeter bien sûr, (cf. la critique sur le site et ce thread sur Twitter qui revient sur la beauté des compositions de certains plans) mais force est de constater qu’on est loin des promesses virales et, à défaut d’une réelle conclusion de la trilogie Snyderienne, d’un véritable film pivot et épique qui s’avère être le moins rentable des cinq films du DCEU alors qu’il aurait dû en être le point d’orgue. Warner en profite pour faire le ménage (parmi ses capitaines de ces projets et notamment les producteurs) et se calme : seuls Aquaman et Wonder Woman 2 continuent leur voie, s’y greffe un Shazam ! plus léger et un film sur le Joker se voulant hors continuité de l’univers partagé (à l’inverse des trois autres). À l’instar de Batman v Superman, Zack Snyder publie de temps en temps des informations sur « sa » version de Justice League et ce qu’il avait en tête (mais est donc tombée dans l’oubli).
Zack Snyder : à l’ombre de Vero
Depuis qu’il a quitté Justice League en pleine post-production, Zack Snyder donne donc de temps en temps des informations sur Batman v Superman sur le réseau social Vero qu’il affectionne tant. Il a plusieurs fois confirmé qu’il n’avait toujours pas vu, justement, Justice League (finalisé par Joss Whedon) et évoque de temps à autre des éléments de ce film qu’il ne connaît pas, comme la famille russe à sauver par exemple. Au fil de ces publications, on perçoit ce que Snyder voulait bâtir. L’architecte d’un univers qui s’est effrité avant de réellement naître. Car Zack Snyder est donc associé à une trilogie, Man of Steel, Batman v Superman : l’Aube de la Justice et Justice League, mais initialement, il devait diriger cinq films dès la mise en place du second. En effet, il est souvent évoqué que dès la création de Man of Steel, Warner Bros avait dans l’idée de concevoir un univers partagé mais rien ne le justifie réellement dans le film (si ce n’est de mini easter eggs montrant les logos de Lexcorps et Wayne Enterprises) et qu’il est impossible de savoir si ces propos sont vrais ou s’ils ont été plus ou moins « improvisés » suite au succès (relatif) du film et la mise en chantier des suivants peu après. Toutefois, une fois le projet Batman v Superman sur les rails, il est vrai qu’il était prévu deux segments de Justice League (qu’on détaillera plus loin), mis en scène par Snyder et, c’est là la surprise, un cinquième film toujours réalisé par Snyder (sans doute Man of Steel 2 ou The Batman mais impossible de le savoir jusqu’à présent). Malheureusement, Snyder ne mettra pas intégralement en boîte « sa version » de Justice League, la seconde partie de ce film est (pour l’instant) annulée — et si elle voit le jour ce ne sera sans doute pas sous l’égide de Snyder, Le réalisateur quitte plus ou moins le DCEU (il reste producteur des Wonder Woman et, malgré lui, « créateur » de la version badass d’Aquaman campé par Jason Momoa).
Ses plans étaient plus ou moins simples et formaient un tout cohérent et palpitant, aperçu donc dans la version longue de Bat v Sup avant d’être sacrifiés par la Warner. De ce qu’on sait : Man of Steel présentait donc Superman et son arrivée sur Terre. Batman v Superman montrait la confrontation entre les deux, l’arrivée de Wonder Woman, les prémices de la construction d’une ligue, l’existence de Darkseid (on y revient peu après) puis la mort de l’homme d’acier. Le premier film Justice League mettait bien évidemment en avant la ligue de super-héros sans Superman d’abord, face à Steppenwolf et ses paradémons, puis associée à un Superman violent et radical (on ignore s’il l’était jusqu’à la fin du film ou s’il redevenait « bon » avant — a priori oui selon ce qu’on a pu voir dans le long-métrage). C’était aussi l’occasion d’introduire Green Lantern et explorer des pans mystiques du DC Universe. Ensuite, dans le second film Justice League, tous les justiciers s’associaient pour combattre Darkseid, grand ennemi de l’ombre teasé dans le cauchemar de Bruce dans Batman v Superman (dans la séquence intitulée Knightmare). Entre temps, plusieurs films étaient prévus (par d’autres réalisateurs), et on les imaginait « plus ou moins à tort » comme on va le constater comme un grand univers partagé chapeauté par Snyder (alors qu’il s’agissait surtout des pontes de Warner et non de lui) : Wonder Woman bien sûr, mais aussi Aquaman et Shazam (tous deux en pleine post-production), The Batman, qui devait explorer le « nouveau Batman » (Ben Affleck, aka Batfleck), vu aussi dans Suicide Squad, et moult projets dont on ignore encore leur aboutissement (The Batman compris) : Flash, Green Lantern, Cyborg, etc. Peut-être que Shazam devait apparaître dans la suite de Justice League. Pour le reste, peu d’informations… On le sait, un cinquième film mis en scène par Zack Snyder devait compléter les quatre autres. On peut légitimement penser à une suite de Man of Steel, qui s’intercalait soit entre les deux segments de Justice League (pour justement montrer le retour à la vie de l’homme d’acier et son évolution) ou bien après pour démarrer de nouvelles aventures, plus « classiques ».
Dans cet ambitieux projet, Zack Snyder a dévoilé, par exemple, fin juillet 2018 que le Robin mort (dont le costume tagué par le Joker est aperçu dans Batman v Superman) était… Richard Dick Grayson. C’est à dire le « premier » Robin (dans la chronologie de Batman) là où tout le monde pensait qu’il s’agissait de Jason Todd, le second Robin (qui est tué par le Joker et qui revient plus tard à la vie sous la forme de l’antagoniste Red Hood). Une théorie avançait même qu’il pouvait aussi s’agir de Dick Grayson qui serait devenu le Joker (comme dans… The Dark Knight Returns de Frank Miller). De plus, Snyder a révélé qu’il voulait instaurer un second Robin… féminin ! En la personne de Carrie Kelley, un personnage iconique toujours puisé dans le TDKR de Miller. De vieilles rumeurs avançait que l’actrice Jena Malone avait été casté pour ce rôle ou celui de Batgirl. Finalement, Malone était écartée du montage cinéma de Bat v Sup et apparaissait dans la version longue comme collègue journaliste de Lois Lane. Kelley serait sans doute intervenue dans le deuxième film Justice League ou le cinquième film de Snyder (Man of Steel 2 ou carrément… The Batman ?). Dans la foulée, Snyder a reconnu (ce qu’on évoquait plus haut), qu’il souhaitait avant tout à bâtir « sa trilogie » (ou ses cinq films, peu importe à ce stade) et non forcément « un univers partagé » avec d’autres films (donc les Wonder Woman, Cyborg, Flash, etc.). Une révélation étonnante mais qui ne change, in fine, pas grand chose puisque l’important pour les fans, et pour Snyder, était avant tout l’histoire de Superman, puis de Batman, puis de la Justice League, ainsi que leurs ennemis communs incluant Luthor et Darkseid bien sûr. Zack Snyder divulguait aussi, pêle-mêle ces derniers mois directement ou indirectement, que l’équation « anti-vie » devait être au cœur de la seconde partie de Justice League — un élément cohérent avec la venue de Darkseid (la scène du Knightmare était bien causée par la mort de Lois). Darkseid devait d’ailleurs apparaître dans une vision de Cyborg dans le premier Justice League, vision qui prolongeait ce fameux Knightmare. Plus anecdotique, on sait aussi que Victor Stone justement (Cyborg) faisait partie des joueurs de l’équipe de football américain de Metropolis et qu’il était abordé indirectement par Perry White dans Batman v Superman lorsque ce dernier somme Clark Kent d’écrire un papier pour les pages sport (au lieu d’enquêter sur le Batman de Gotham).
Début octobre 2018, une (nouvelle) révélation éclate : Snyder avait prévu de tuer Batman dans ses films. A priori peut-être à la fin du film The Batman (le mystérieux cinquième film souvent évoqué mais qui devait être réalisé par Ben Affleck à la base — désormais ce serait Matt Reeves et sans Affleck dans le rôle) ou dans Justice League 2. Pour cela, le réalisateur s’inspire de Final Crisis (de Grant Morrison), dans lequel le Chevalier Noir succombait sous les coups de Darkseid (en vrai il avait « seulement » voyagé dans le temps). L’âge avancée du Caped Crusader est un sujet qui revient dans Batman v Superman et, surtout, dans Justice League. L’idée que le justicier passe la relève semble évident et, connaissant les ambitions de Snyder, un homologue plus jeune voire une femme — comme évoqué plus haut : Carrie Kelley ? Batgirl ? — aurait sans doute été logique… Évidemment, on ne verra jamais cela mais il serait intéressant de publier sous forme de comics (ou de romans) toutes les idées de Snyder, quitte à proposer à nouveau ses deux premiers chapitres (MoS et BvS) sous la même forme. Attention toutefois, il est nécessaire de rappeler que Snyder étant désormais « libre » il peut inventer un peu ce qu’il veut « au fil de l’eau » pour justifier un plan qui n’était peut-être pas aussi établi et précis que ce qu’il avance.
#ReleaseTheSnyderCut
La chimère éternelle depuis la sortie de Justice League… Puisque Batman v Superman a bénéficié d’une version longue et que Justice League a eu énormément de scènes tournées, dont certaines montrées dans les bandes-annonces, mais finalement pas utilisées, il était logique d’attendre une potentielle autre version du film, cette fois bien signée par Zack Snyder et non Joss Whedon. La croyance en cette version est légitime et est rapidement devenue un véritable objet de combat à travers le hashtag #ReleaseTheSnyderCut envoyé massivement tous les jours à la Warner sur Twitter ou par d’autres moyens. Snyder lui-même laisse planer le doute quant à son existence (il partageait, toujours sur Vero, une photo de son pouce avec une petite coupure (« cut ») et des images inédites de tournage, de là à imaginer un Snyder Cut il n’y a qu’un pas). Il est bien sûr évident qu’une version « de travail » existe, contenant des scènes non finalisées (en terme d’effets spéciaux) et brouillonnes. Mais les fans fantasment sur une version définitive. Il est peu problabe que Warner Bros finance la finalisation de tout cela et sa sortie physique.
[Crédit : @RameshDeSilva2]
De nombreuses rumeurs assuraient que Snyder s’en occupait dans son coin et compter en parler au Comic Con de San Diego de juillet 2018. Il n’en fut rien. Pire : l’existence de cette version a carrément été abordée dans The Wall Street Journal pour confirmer qu’elle… n’existait pas ! Certains acteurs ignorent aussi si elle existe (Henry Cavill) là où d’autres répondent, quelques jours après la mise en ligne de l’article du Wall Street Journal qu’elle existe (et qu’elle est même meilleure selon eux, Jason Momoa). Divers techniciens qui ont œuvré dans l’ombre ou des artistes spécifiques, comme Jay Oliva qui s’est occupé des story-boards, confirment aussi l’existence de cette version (avec ou sans effets spéciaux finalisés, à force on ne sait plus…). Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’une version « non-finalisée » existe, c’est une évidence puisqu’elle avait même été montrée aux producteurs de Warner Bros. Mais cette version ne correspond pas à la « Snyder Cut » puisque la musique n’était pas non plus accolée dessus (Junkie XL a été remplacée par Danny Elfman) et évidemment les effets spéciaux non terminées. Cette version ne sera (sans doute) jamais dévoilée au public, au mieux la publication du story-board initial, cher à Snyder — qui les dessine lui-même — et toujours très précis pourrait être publié. La « finalisation » de ce brouillon de « Snyder Cut » pourra-t-elle voir le jour ? Peut-être… il aura bien fallu près de 30 ans à Richard Donner pour livrer son Director’s Cut sur son second volet de Superman.
Youtube et Réseaux Sociaux
On pourrait lister les nombreuses personnes qui parlent de Batman v Superman sur les réseaux sociaux, avec plus ou moins de pertinence et plus ou moins d’influence. Ce serait fastidieux et, in fine, peu utile à écrire ici mais on peut évoquer une vidéo du célèbre Fossoyeur de films datée du… 15 novembre 2018 ! Lui aussi revient sur le film si longuement après sa sortie. Le sujet ? Le fameux « point Martha » qui a fait couler beaucoup d’encre. On en a peu parler sur le site car on ne l’a jamais trouvé risible, bien au contraire. Maladroitement exécuté certes mais plutôt pertinent. C’est ce qu’explique d’ailleurs le YouTubeur : ce n’était pas une idée stupide mais elle était mal exécutée, complémentée par d’autres idées similaires intéressantes mais pas forcément bien écrites. Il est curieux de voir ce vidéaste à la si large audience s’attarder sur ce détail alors qu’il n’est pas forcément féru de cinéma de super-héros et encore moins des adaptations DC.
On note aussi que ce « point Martha » trouve une autre résonance outre-Atlantique puisque, de notre prisme français, nous appelons à tout âge nos parents « maman » et « papa », on pouvait trouver surprenant que Clark ne dise pas « sauve ma mère » (ou « sauve ma maman ») mais directement « sauve Martha » ; hors aux États-Unis il est de coutume d’appeler ses parents par leurs prénoms une fois au stade adulte (voire dès l’adolescence). Ce qui donne à l’ensemble un aspect moins ridicule, davantage logique (même si un « sauve ma mère, sauve Martha » aurait été plus judicieux, indéniablement). Un autre YouTubeur a proposé, en 2020, une analyse plutôt juste sur la fiction et son « ambition démésurée » (tout en clamant, une fois de plus, que la version longue apporte bien plus d’éléments qualitatifs).
2020, DC(EU) Rebirth et l’année de tous les possibles !
Aussi inespéré qu’attendu (et l’occasion de reprendre la plume sur ce sujet deux ans après la dernière mise à jour de cette analyse), le fameux « Snyder Cut » de Justice League va être diffusée en 2021 ! Le mouvement #ReleaseTheSnyderCut a porté ses fruits et fait plier la Warner. Avec des intentions louables autant artistiques que pécuniaires bien sûr. Sans omettre non plus la minorité toxique qui se cache derrière le fameux hashtag (voir le billet d’humeur très argumenté de ComicsBlog pour l’occasion), cette victoire ouvre le champ des possibles pour conclure élégamment le DCEU de l’ère Snyder, corrélée à la pré-production actuelle du film The Flash. Explications.
20 mai 2020. Date historique : Zack Snyder révèle que la version longue de son film Justice League va voir le jour sur la plate-forme de streaming HBO Max en 2021. Le long-métrage devrait durer entre quatre et six heures et pourrait être découpé en plusieurs chapitres sous forme de mini-série. Trente millions de dollars au minimum seront injectés pour financer cette « nouvelle » post-production, qui s’intitule désormais Zack Snyder’s Justice League (ZSJL). Le metteur en scène visionnaire a déjà partagé une vidéo montrant Diana Prince (Gal Gadot) découvrir un vestige archéologique sur Darkseid puis ce dernier dans un flash-back (où il remplace Steppenwolf dans un plan déjà vu en 2017). Le tout sur une musique issue de Batman v Superman et une narration de Lex Luthor (Jesse Eisenberg), également puisé dans BvS. On devrait en (sa)voir plus fin août 2020 à l’occasion de l’évènement virtuel DC Fandom qui reviendra sur toute l’actualité DC Comics (jeux vidéo, séries TV, films, comics…).
Zack Snyder assure que le film sorti en 2017 ne contient environ qu’un quart de son travail. Rappelons que cette version durait 1h50 hors générique et qu’effectivement, en toute logique, le ZLJL devrait radicalement changer la donne malgré une ligne narrative certainement similaire. Il faut aussi évoquer qu’il était prévu une trilogie autour de Justice League. Avec (en gros) un premier volet qui montrait la constitution de l’équipe et leur défaite face à Darkseid, un second qui avec Superman davantage présent et la fiction qui s’aventurait dans le cosmique puis faisait suite au Knightmare de Batman v Superman. Enfin, le troisième et dernier opus aurait été l’apothéose finale avec la victoire de la ligue mais la mort de Batman (et pourquoi pas le renfort de Shazam (introduit au cinéma entre temps) et des Green Lantern). Il est évident que ces suites ne verront jamais le jour : l’univers partagé de DC a pris une orientation différente, l’acteur Ben Affleck a rendu définitivement sa cape de l’homme chauve-souris, etc. Néanmoins cet hypothétique « futur » de la Justice League pourrait être habilement mentionné puis conclut grâce au film The Flash.
Andy Muschietti (réalisateur des deux chapitres Ça/It) tournera en effet l’adaptation du justicier éponyme dans les prochains mois pour une sortie prévue en juin 2022 pour l’instant. Ezra Miller tiendra toujours le rôle de Barry Allen malgré ses performances décriées (dont le responsable n’est pas le comédien mais plutôt Zack Snyder qui a orienté le personnage ainsi). Serpent de mer au sein du DCEU, longtemps annulé, reporté, réécrit… un temps évoqué comme l’adaptation du comic-book Flashpoint (le long-métrage portait le même titre durant un moment), la fiction devrait permettre de relancer l’univers partagé de DC Comics au cinéma de multiples façons. Tout d’abord en faisant (presque) table rase du passé (comprendre Batman v Superman, éventuellement Suicide Squad et surtout Justice League) en jouant la carte du multivers. Grâce à cette notion, plusieurs super-héros issus de Terres différentes, d’univers différents, pourraient coexister en justifiant les changements d’acteurs et la remise à neuf de l’ensemble (même si cela n’a d’intérêt pour l’instant que pour Batman — on en reparle plus loin).
Ensuite, en repartant à zéro, l’on pourrait conserver malgré tout les « origin-stories » d’une bonne partie de la ligue : Aquaman, Wonder Woman, Shazam (s’il l’intègre) et Flash qui en bénéficiera durant ce film. On ne renierait donc pas le passé, comprendre les films qui ont marché, et on module plus ou moins élégamment ceux qui ont divisé (Man of Steel et Batman v Superman, donc Clark Kent/Superman et Bruce Wayne/Batman, peut-être à nouveau Suicide Squad qui aura aussi droit à une nouvelle adaptation prochainement — on aborde cet autre sujet après également). C’est là qu’intervient l’étrange rumeur du 22 juin 2020 avec… le retour de Michael Keaton dans le role de l’homme chauve-souris pour The Flashmais aussi pour d’autres futures productions (il est évoqué qu’il serait un peu l’équivalent de Nick Fury dans ce DCEU 2.0) ! Surprenant et audacieux. Plusieurs scénarios peuvent être envisagés. Le multivers évidemment, déjà évoqué et qui a fait ses preuves en version télé dans l’Arrowverse, mais aussi le voyage dans le temps et les paradoxes qui en découlent.
On peut aisément imaginer Barry Allen remonter au meurtre des Wayne (vu en ouverture dans BvS) mais causer une faille temporelle dans laquelle c’est Bruce qui est tué et son père, Thomas, qui endosse la cape du justicier. C’est ce que laisse entendre une autre rumeur persistante sur le retour de Jeffrey Dean Morgan pour reprendre son rôle de Thomas Wayne (il a confirmé à plusieurs reprises être partant et très excité par le personnage) qui mettrait donc en avant ce nouvel anti-héros, toujours conçu dans le comic-bookFlashpoint et revu récemment (surtout vers la fin) dans le long runBatman Rebirth. [Malgré tout, la venue de Keaton semble compromettre sérieusement cette information, portant déjà à trois Batman (Affleck, Pattinson et Keaton) dans un univers semi-partagé déjà bien compliqué… Un quatrième avec Dean Morgan embrouillerait sans doute le novice.] Afin de réparer ce paradoxe (le fameux Flashpoint donc), Barry Allen devra s’aider d’un ancien Batman, celui campé par Keaton dans les production de Tim Burton. A partir de là, le champs des possibles est sans limite, Ben Affleck pourrait juste dire quelques mots à l’oral afin de parler des suites (annulées) de Justice League. « On s’est battus, on a perdu, j’ai été un mauvais Batman… » c’est suffisant, pas besoin de plus. Le bolide écarlate le rassure en évoquant ses autres versions de lui-même, incluant celle, pourquoi pas, interprétée par Robert Pattinson dans la future trilogie The Batman de Matt Reeves. L’incorporation de cette dernière au sein du DCEU a toujours été floue, le scénariste/réalisateur évoquant à la fois une trilogie indépendante (à l’instar de celle de Christopher Nolan) sans lui aussi renier le DCEU avec de très brèves connexion. Sachant que les rôles de Gordon et évidemment du Chevalier Noir ne sont pas tenus par des mêmes acteurs, soit ça se justifiera par une Terre parallèle (multivers à nouveau donc), soit par une démarcation indépendante assumée (mais quel bazar pour les neophytes !).
Ces quelques pistes de réflexion permettraient de fermer une bonne fois pour toute le DCEU de l’ère Snyder, de passer à autre chose et de repartir sur des bases saines. Le film Flash pourrait donc tout à la fois faire référence à la Justice League du cinéma que celle de HBO (qui contiendra d’ailleurs une plus grande exploration de Barry Allen mais, là aussi, c’est quelque chose qui peut être effacé aisément par la suite grâce au long-métrage). Reste qu’avant cette adaptation cinéma du bolide écarlate, Warner sortira Wonder Woman 1984 (octobre 2020), The Suicide Squad, The Batman et Black Adam (tous trois prévus pour 2021) ! La suite des aventures de l’amazone ne devrait pas avoir d’impact majeur pour l’univers partagé, Black Adam non plus (qui se connectera à terme à Shazam). The Batman, comme on l’a dit, est toujours dans le brouillard concernant son incrustation dans le DCEU ou non. Qu’en est-il de The Suicide Squad ? Il est annoncé comme un semi-reboot, reprenant quelques rôles du premier film, à commencer par celui d’Harley Quinn par Margot Robbie bien sûr (qui a eu droit à son propre métrage dans Birds of Prey, sorte de Suicide Squad 1.5). Là aussi cette (fausse) suite ne reniera pas le premier film mais s’en démarquera. Réalisé par James « Les Gardiens de la Galaxie » Gunn, la succession à David Ayer semble évidente. Ce dernier espère toujours néanmoins proposer son cut (et son Joker Leto plus imposant que celui qu’on a vu) façon Snyder et HBO pour sa Justice League…
Dans ce joyeux bordel, les aventures d’Harley Quinn et ses bandes (de mecs dans les deux Suicides Squad, de filles dans Birds of Prey) apparaissent un peu déconnectées du reste. Là aussi la solution du multivers rétroactivement permettrait d’achever convenablement ce mini-univers au sein d’un autre plus vaste tant les directions proposées par chaque metteur en scène semblent diversifiées. The Flash arrivant après, Warner pourrait corriger le tir prudemment en attendant les résultats au box-office de The Suicide Squad… Beaucoup d’hypothèses, de « si » et d’imagination durant ces derniers paragraphes, moins portés sur « les faits » mais une certaine stimulation à imaginer l’avenir DC au cinéma qui reste un objet d’étude passionnant à plusieurs niveaux. Si en 2017 Wonder Woman puis Justice League apparaissaient commes les fictions avec lequelles Warner « n’avait plus le droit à l’erreur » (pour reprendre le titre de cet article), c’est peut-être The Flash qui corrigera les loupées, sept ans environ après les premiers désastres critiques de 2016 de Suicide Squad et… Batman v Superman : l’aube de la Justice.
20 mai 2020. Date historique : Zack Snyder révèle que la version longue de son film Justice League va voir le jour sur la plate-forme de streaming HBO Max en 2021 ! Le mouvement #ReleaseTheSnyderCut a porté ses fruits et entre 20 et 30 millions de dollars (au plus bas) sont injectés pour financer cette « nouvelle » post-production.
14 février 2021. La bande-annonce définitive est mise en ligne (à découvrir ci-après). Le film d’une durée de quatre heures environ sera diffusé le 18 mars 2021 sur HBO Max et le 22 avril en France en VF et VOSTFR (on ignore sous quelle forme). Une version noir et blanc (Justice is Gray Edition) est également prévue. Le Joker incarné par Jared Leto a aussi été ajouté lors de tournages de nouvelles scènes (récapitulatif de toutes ces nouvelles informations sur cet article). Une photo de son nouveau look avait été dévoilée quelques jours plus tôt.
Cet article a été écrit en février/mars 2017 pour être publié dans le magazine Ciné Saga #18 en avril 2017 [cf. cette section pour les détails] donc avant la sortie du film Wonder Woman et avant les complications de postproduction de Justice League. Néanmoins il a été mis à jour en fonction de cela avec l’ajout d’une dizaine de paragraphes et de modifications diverses.
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2016 était l’année de lancement de l’univers partagé DC Comics au cinéma (le « DCEU » en VO, pour DC Extended Universe). Batman v Superman : l’Aube de la Justice n’a pas obtenu le succès escompté et s’est fait massacrer par la critique. Suicide Squad a enfoncé le clou de la défaite (artistique mais pas commerciale). Avec Wonder Woman et Justice League, Warner Bros ne peut plus se permettre de décevoir… Retour sur un chantier chaotique.
Été 2012. Tout va pour le mieux pour le studio de production et distributeur Warner Bros : The Dark Knight Rises, qui clôturait la trilogie consacrée à Batman par Christopher Nolan, a dépassé le milliard de recettes dans le monde entier. Un exploit sachant que quatre mois plus tôt, le rassemblement Avengers de la concurrence (Marvel) explosait elle aussi les records avec 1,5 milliards de dollars de recettes ! Warner apprécie l’univers sombre et très réaliste de Batman. Elle veut la même chose pour Superman. L’approche a de quoi déstabiliser, car on risque de dénaturer l’un des super-héros les plus emblématiques (l’homme d’acier incarne la lumière, l’espoir, il véhicule du positif), mais ce parti pris permettrait de recréer la nouveauté pour l’alien kryptonien, qui a déjà été porté cinq fois au cinéma. Man of Steel sort en salles en juin 2013 avec une belle équipe de créateurs : Christopher Nolan signe le scénario avec David S. Goyer, qui œuvré avec lui pour l’écriture de la trilogie The Dark Knight.
SNYDER, MAN OF STYLE
Considéré comme un metteur en scène « visionnaire », Zack Snyder est le réalisateur tout trouvé pour cette nouvelle version des aventures de l’homme d’acier. Lecteur assidu de comics développant un style de mise en scène très particulier, avec une esthétique hors-norme, très soigné, Snyder est en plus apprécié par une large communauté de fans de comics depuis ses adaptations de 300 (2007) et Watchmen : Les Gardiens (2009). Man of Steel, qui sort en 2013, est une semi-réussite. Il a certes coûté 225 millions de dollars et en a rapporté quasiment le triple mais les critiques sont mitigées. En Clark Kent/Supermen, Henry Cavill ne convainc pas tout le monde (jugé trop lisse voire inexpressif) et la fin du film est fortement critiquée, notamment parce qu’il n’y a aucune victimes victimes visibles durant la destruction de Metropolis (un aspect corrigé au début de Bat v Sup). Cette lecture de Superman, qui n’est pas encore un super-héros à ce moment de l’histoire et qui tue même un ennemi (le Général Zod), ne remporte pas l’adhésion dans l’univers cinéphilique…
Zack Snyder s’est pourtant inspiré des comics. Il a défendu sa vision et imposé sa patte pour concevoir une galaxie où d’autres super-héros de DC Comics sont susceptibles d’intervenir. Un satellite Wayne Enterprises est brièvement aperçu, preuve que le milliardaire est déjà de ce monde. Idem avec Lex Corp : quelques plans dévoilent le logo du futur ennemi de Superman. Le succès commercial du long-métrage incite Warner Bros à le transformer officiellement en première pierre du DC Extended Universe (DCEU), l’univers cinématographique de la « Distinguée Concurrence » (de Marvel). L’un des productuers, Charles Roven, l’a confirmé en mars 2017 : « Quand nous avons commencé Man of Steel, nous savions que nous allions étendre l’univers DC au cinéma et que ça allait commencer par l’histoire de Superman. L’univers que nous allions construire irait au-delà de cet unique film. »
AOÛT 2014 : WARNER ANNONCE 10 FILMS DC DE 2016 À 2020 !
Un mois après la sortie de Man of Steel, Zack Snyder mentionne, au Comic Con de San Diego, la présence de Batman dans la suite du film. Peu après, Ben Affleck est officiellement annoncé pour reprendre le rôle de l’homme chauve-souris (après Michael Keaton, Val Kilmer, Georges Cloonez et Christian Bale). Les fans s’inquiètent déjà suite au triste souvenir de l’incursion de l’acteur chez les super-héros en 2003 dans Daredevil.
Août 2014. Warner Bros annonce dix films pour le DCEU s’étalant de 2016 à 2020 ! Les titres sont révélés en octobre de la même année : Batman v Superman : l’Aube de la justice et Suicide Squad pour 2016, Wonder Woman et Justice League – Part one en 2017, The Flash et Aquaman en 2018, Shazam et Justice League – Part two en 2019 et enfin Cyborg et Green Lantern en 2020.
Warner frappe fort et souhaite combler son retard face au concurrent Marvel. À ce moment là, Les Gardiens de la Galaxie explosent tout, lançant la dernière offensive de la phase II de l’univers Marvel au cinéma, avant le très attendu Avengers 2 (L’Ère d’Ultron). Bat v Sup voit d’ailleurs sa date avancée pour sortir juste avant Captain America : Civil War. Il faut à tout prix éviter le raz-de-marée « marvelien » et une possible noyade…
Ben Affleck dirigé par Zack Snyder, sur le tournage de Batman v Superman
Au lieu de suivre un schéma classique — montrer un super-héros par film puis lui faire partager l’écran avec ses co-équipiers dans un autre —, Warner adopte une stratégie différente et assez agressive. Partant du principe (très juste) que tout le monde connaît Batman et Superman, le studio décide de les faire s’affronter dans Bat v Sup, d’y introduire Wonder Woman et de dévoiler, très brièvement, Aquaman, Flash et Cyborg, qui auront leur propre film ensuite. Ainsi, ce qui devait être un « Man of Steel 2 » est devenu un « Justice League Origins ». Les détracteurs (et même les fans) de DC Comics y voient déjà un gros fourre-tout, un peu bordélique et pas forcément justifié. Les trailers de Batman v Superman : l’Aube de la justice en montrent trop et aucune projection presse n’est prévue, ce qui est rarement bon signe. Juste avant la sortie, en mars 2016, Zack Snyder annonce qu’il y aura une version longue pour le marché vidéo, un « aveu » qui cristallise à nouveau les inquiétudes des fans. Ils s’attendent au pire pour la première mouture et imaginent que le metteur en scène veut rattraper le coup avec la deuxième (et eux devront remettre la main au portefeuille…). Entre-temps, une première bande-annonce de Suicide Squad est diffusée, annonçant un long-métrage très sombre et violente.
2016, L’AUBE DE LA… DÉCEPTION
Fin mars 2016. Le duel Ben Affleck – Henry Cavill signe sans surprise un excellent démarrage dans le monde entier mais les critiques le descendent et le bouche à oreille est lui aussi négatif. S’il est jugé tantôt trop compliqué, tantôt pas assez épique, quand ce n’est pas ridicule, trop long, trop noir ou dénué d’humour, trahissant les icônes de DC Comics, Bat v Sup génère tout de même près de 875 millions de dollars au box-office mondial en fin d’exploitation. Il aurait coûté 250 millions de dollars sans la promotion et le marketing (une rumeur avance un coût définitif de 400 millions). Le long-métrage de Snyder a peut-être pâti d’un évènement que personne n’avait vu venir : le Deadpool de la 20th Century Fox (également détenteur des droits des films X-Men et Wolverine), projeté en salles début février 2016 qui a cartonné et a donné un nouveau souffle au genre. À l’arrivée, Batman v Superman : l’Aube de la Justice a rapporté plus du double de son budget initial mais il n’a pas atteint pas le milliard de dollars prévu et, surtout, complique l’exploitation de l’univers DC Comics au cinéma. Chez les fans, Bat v Sup divise tout autant mais certains y voient un chef-d’œuvre, avec une vision encore jamais défendue pour un film de super-héros (cf. la critique du site).
La version longue, qui sort en juillet 2016, est unanimement saluée comme étant meilleure, donnant plus de profondeur aux personnages et facilitant la compréhension générale des évènements, comme le plan de Lex Luthor par exemple (cf. la critique du site). Mais c’est trop tard pour la Warner qui doit changer de cap afin de ne pas réitérer la même erreur. Il s’agit de revenir aux fondamentaux en produisant des films davantage « accessibles » et plus « grand public ». La première bande-annonce de Justice League (qui ne sera plus scindé en deux parties formant un tout complet — même si une suite est toujours annoncée) est montrée en juillet 2016 et elle va dans ce sens avec des situations plus drôles et légères dans lesquelles Bruce Wayne semble singer Tony Stark (alias Iron Man). Les fans ayant apprécié Bat v Sup déplorent cette nouvelle approche et ce retournement de veste du studio, sans savoir si cette politique était voulue à la base.
LE SCÉNARISTE DE COMICS GEOFF JOHNS À LA RESCOUSSE
Warner revoit donc ses plans. Le long-métrage The Batman se greffe au DCEU, porté par un Ben Affleck très impliqué et qui veut (dans un premier temps) le réaliser. Le talentueux scénariste de comics Geoff Johns (qui a œuvré avec brio pour relancer les séries Green Lantern, Aquaman, Justice League, Flash…) est placé en haut de l’échiquier Warner comme co-président de DC Entertainement, la branche média de DC (dessins animés, jeux vidéo, films…) créée spécialement pour le DCEU. Johns est également co-président de DC Films. Son rôle ? Consolider l’univers partagé DC au cinéma, comme consultant sur chaque long-métrage, s’impliquer dans la production et participer à l’écriture selon les besoins. Il épaule ainsi Zack Snyder, qui était seul à bord pour mener cette lourde tâche, et qui semble se retirer petit à petit des autres projets, comme Christopher Nolan, qui s’est éclipsé après Man of Steel.
Warner change aussi la promo de Suicide Squad (peut-être aussi pour copier Deadpool) ; les nouveaux trailers révèlent un univers totalement déjanté et pop, à grands renforts de tubes musicaux. Très loin de la noirceur annoncée un an plus tôt. L’évolution du logo (illustration à droite) est saisissante (— voire consternante). À sa sortie début août 2016, le film de David Ayer avec Will Smith (Deadshot), Margot Robbie (Harley Quinn) et Jared Leto (le Joker) essuie des critiques encore plus violentes que Batman v Superman : l’Aube de la Justice. Les professionnels parlent d’un opus ridicule avec un Joker très mauvais et des personnages caricaturaux. Même les fans de comics s’accordent sur son manque de relief. Si Bat v Sup était attendu, à tort, comme un film de super-héros épique, pour tous, Suicide Squad avait été vendu (surtout au début de sa promotion), lui, comme un long-métrage torturé, violent, adulte. C’est l’inverse qui s’est produit. Warner ne sait visiblement pas comment trouver le bon équilibre pour garantir à la fois à ses films une certaine qualité cinématographique et l’indispensable succès commercial. Sans parler de la volonté (l’obligation ?) de concurrencer Marvel (avec son MCU, pour Marvel Cinematic Universe, bien installé, ses Avengers et désormais Spider-Man) et la Fox (les sagas X-Men, Wolverine et Deadpool).
Malgré les critiques désastreuses de Suicide Squad, Margot Robbie, qui interprétait une excellente Harley Quinn (un des éléments forts du film, cf. la critique du site), confirme la préparation d’un Gotham City Sirens. Elle devrait côtoyer Catwoman et Poison Ivy dans ce projet mis en scène par le même réalisateur, David Ayer. Ce dernier s’est fendu d’une tribune début 2017 pour exprimer ses regrets. Il expliquait qu’il aurait dû faire « du Joker le méchant principal et concevoir une histoire plus solide ». Il précisait dans la foulée qu’il n’existait pas un montage secret avec le Joker… et qu’il était satisfait, malgré tout, d’avoir présenté des personnages cool de l’univers DC au monde entier. Tout n’est pas noir, le film a incroyablement marché : pour un budget de 175 millions de dollars, il en a rapporté 745, soit quatre fois plus ! Bonus supplémentaire suprême : Suicide Squad a remporté, contre toute attente, l’Oscar des meilleurs maquillages et coiffures fin février 2017, aux dépens notamment de Star Trek: Sans limites. Chez Warner, on est évidemment conscient des retours négatifs mais la major met quand même une suite en chantier. Mel Gibson tâta un temps le terrain pour la réaliser, avant que le projet aboutisse aux mains de Gavin O’Connor, en septembre 2017. Ce metteur en scène de Jane Got a Gun et Mr. Wolff écrira ce second volet en plus de le réaliser, pour une sortie prévue en 2019. Warner mise aussi sur un spin-off axé sur Floy Lawton, alias Deadshot, joué par Will Smith. Nous sommes au royaume de l’entertainment et « malheureusement », il y a un paquet d’argent à la clé, indépendamment de la beauté, de l’originalité, de la pertinence, bref de la qualité d’une œuvre… Évidemment, le studio aimerait éviter de se faire à nouveau incendier !
THE BATMAN DANS L’IMPASSE
Prévu pour 2018, The Batman a tout pour faire rêver les fans des comics et les cinéphiles — le souvenir de la trilogie Nolan est intact — mais le parcours de pré-production, totalement chaotique, change la donne. Le film doit être co-écrit et mis en scène par Ben Affleck qui avait été oscarisé comme meilleur scénariste pour Will Hunting en 1998 ; sa réalisation Argo décrochant, elle, la statuette du meilleur film en 2013. Attaché à son rôle et fortement impliqué dans l’écriture du scénario, épaulé par Geoff Johns, Affleck dévoile ainsi sur Twitter, fin août 2016, une vidéo de Deathstroke — un personnage déjà aperçu dans la série Arrow et qui devrait être incarné, ici, par Joe Manganiello (True Blood). Le futur ennemi du Caped Crusader ? Bien possible. Batman a échangé quelques coups avec lui dans les comics et dans le jeu vidéo Arkham : Origins (notamment dans un affrontement mémorable, cf. la critique du site), en plus d’être inédit au cinéma.
Mais début 2017, coup de théâtre Affleck se retire de la réalisation, tout en assurant qu’il reste attaché au projet en tant qu’interprète et scénariste. Matt Reeves (Cloverfield, La Planète des Singes : L’Affrontement et La Planète des Singes : Suprématie) est annoncé comme metteur en scène peu après. Il déclare pourtant dans un premier temps son retrait, ne parvenant pas à trouver un terrain d’entente avec Warner sur la direction à suivre. Le 23 février 2017, Warner officialise finalement bien le choix de Matt Reeves à la réalisation (les négociations ont donc abouti entre le metteur en scène et la firme). Ben Affleck lui souhaite la bienvenue sur Twitter pour couper court aux rumeurs indiquant qu’il rend définitivement sa cape. Mi-mars 2017, retour à la case « Départ » : on apprend que le script de Ben Affleck, Chris Terrio et Geoff Johns sera réécrit car Matt Reeves veut y apporter sa patte (pas forcément une mauvaise chose !). La production indique au même moment que le tournage commencera en 2018 pour une sortie en 2019 voire en 2020… The Batman a connu nombre de déboires mais le film en sortira peut-être (sans doute) grandi. Entre l’amour que semble porter Affleck au personnage (sa performance dans Bat v Sup a été l’un des rares éléments quasiment unanimement saluée par tous) et le travail de Matt Reeves derrière la caméra, acclamé par la critique, les pontes de la Warner ne peuvent qu’imaginer une réussite (et les fans aussi) !
UN SEUL FILM DC EN 2018 AU LIEU DE TROIS…
Quid des autres films DC lancés par le studio ? Geoff Johns a co-écrit Wonder Woman, qui avait changé de réalisatrice (Patty Jenkins est la première femme à mettre en scène un film de super-héros) suite à des différents artistiques avec la Warner — et qui, finalement, a excellé au box-office et a recueilli majoritairement des louanges du public et de la critique, malgré des défauts évidents (cf. la critique du site) —, et co-produit Justice League (en salles le 15 novembre, les bandes-annonces sont recensées sur cette page). The Flash, Aquaman et The Batman devaient sortir en 2018 mais seul Aquaman verra le jour l’année prochaine. On vient d’étudier le cas du Chevalier Noir, penchons-nous sur The Flash, lui aussi dans la tourmente…
Les aventures du bolide écarlate devaient être présentées dans moins d’un an (le 16 mars 2018 aux États-Unis), mais le réalisateur n’avait toujours pas été choisi au moment où nous écrivions ces lignes (février/mars 2017 — ce n’est toujours pas le cas au moment de sa publication sur ce site, soit début octobre 2017) ! Seth-Grahame Smith (scénariste de Abraham Lincoln, chasseur de vampires) a quitté le projet pour différends créatifs avec Warner en avril 2016. Il a été remplacé par Rick Famuyiwa (Dope), qui s’est lui aussi retiré suite à des divergences de vues. Le studio n’appréciait pas son script qui est désormais entre les mains de Joby Harold (Le Roi Arthur : la Légende d’Excalibur). Pas de scénario définitif, pas de metteur en scène et une sortie qui a été repoussée à une date indéterminée… Plutôt inquiétant ! Une certitude : Ezra Miller endossera une nouvelle fois le costume. Le projet s’est depuis mué en Flashpoint, inspiré par l’histoire de comics éponyme : cela permettrait de mettre en place un… reboot (via le fameux multivers — qui pourrait dans la foulée changer les acteurs de rôle, comme Ben Affleck qu’on dit souvent sur le départ). Osé mais peut-être logique suite à toutes les problématiques rencontrées sur chaque film du DCEU.
Seul Aquaman, dédié à un super-héros peu connu et impopulaire, est en bonne voie. Peut-être parce qu’il subit moins de pressions que les autres (porté une seule fois à l’écran dans Smallville, que tout le monde a oublié) ? Le film est réalisé par James Wan (Saw, Insidious, Conjuring, Fast & Furious 7) et écrit par Will Beall (Gangster Squad) qui a proposé un premier jet ) partir d’une base développée par James Wan himself et ce bon vieux Geoff Johns, déjà scénariste de quelques comics sur le roi de l’Atlantide. Arthur Curry, également présent dans Justice League, est interprété par Jason Momoa, inoubliable Khal Drogo de la série Game of Thrones. On l’avait déjà aperçu, très brièvement, dans Batman v Superman : l’Aube de la Justice, dans une vidéo que regardait Bruce Wayne — une incursion très maladroite du long-métrage de Zack Snyder, « obligé » d’introduire, en quelques secondes à peine, les trois super-héros Cyborg, Flash et Aquaman.
Momoa est certes costaud mais a-t-il les épaules assez solides pour porter à lui seul un film de super-héros ? Vu les bandes-annonces de Justice League, on est tenté de dire oui ! Avec ses « punchlines » et son imposante carrure, ce géant complètement « badass » vole déjà la vedette à ses collègues. Aquaman est assurément la curiosité la plus alléchante du DCEU. Seul long-métrage n’ayant pas connu de changement majeur dans son équipe technique (Wan a eu le choix entre réaliser The Flash et Aquaman, il a préféré ce dernier pour plus de liberté créatrice) et artistique (Willem Dafoe, Patrick Wilson et Nicole Kidman entres autres complète le casting — prestigieux), il a toutefois vu sa sortie repoussée deux fois de suite. Initialement programmé en juillet 2018 puis en octobre, il sera finalement projeté en salles… le 21 décembre 2018. Mais cette modification est surtout due à une stratégie marketing puisque Avatar 2, prévu à la même période, a été décalé à une date ultérieure. Warner a donc calé son unique film du DCEU de 2018 en fin d’année.
ET ENSUITE ?
En plus des deuxièmes volets de Justice League et Suicide Squad, les autres films de l’univers cinématographique DCEU sont maintenus (sauf si, évidemment, Warner retourne encore sa veste et change une nouvelle fois d’avis). D’abord Shazam en 2019, l’histoire d’un enfant qui devient un homme surpuissant, plus fort que Superman, quand il prononce le mot « Shazam ». Dwayne Johnson jouera l’antagoniste Black Adam, en plus de co-produire le film (il souhaite avoir son propre long-métrage un jour…). Cyborg, lui, sortira en 2020 et développera l’histoire du jeune Victor Stone, mi-homme, mi-machine. On aura aussi droit à Green Lantern, devenu Green Lantern Corps entre-temps. David S. Goyer, cité en début d’article pour son travail sur la trilogie The Dark Knight, co-signera le scénario. Ces trois films seront coproduits par Geoff Johns mais ils n’ont aucun réalisateur pour l’instant.
On parlait d’autre projets comme Gotham City Sirens et Deadshot. À ceux-ci s’ajoutent Nightwing, qui devrait se situer dans l’univers de The Batman puisque Nightwing n’est autre que le premier Robin (Dick Grayson) dans les comics. Problème : Robin est mort, tué par le Joker comme on l’apprend dans Batman v Superman : l’Aube de la Justice. Sauf s’il s’agit d’un autre Robin, comme Jason Todd (le deuxième), à l’image de ce qui se passe dans les comics (Jason Todd a été tué par le Joker, il revient des années plus tard sous l’alias Red Hood et Timothy Drake devient le troisième Robin). Un éventuel Man of Steel 2 est parfois évoqué mais il n’a jamais été confirmé.
La première « introduction » officielle des autres membres de la Justice League, dans Batman v Superman : l’Aube de la Justice. Un moyen maladroit qui aurait dû se situer uniquement dans la version longue du film.
Quel que soit le programme à suivre, l’enjeu est de taille. Warner Bros doit absolument peaufiner chacun de ses films à venir, soigner leur qualité en les pensant comme une entité artistique entière, avec certes une cohésion d’ensemble pour leur univers mais sans vouloir nécessairement la partager dans un vaste plan commun. Il en va de la réussite de l’entreprise globale. Le studio a insisté pour que chaque réalisateur puisse proposer sa vision et son style mais il semble changer d’avis et éjecter les metteurs en scène (Wonder Woman et The Flash) ou leur imposer des changements de cap majeurs (Suicide Squad). On oscille entre un ton jugé trop sombre et sérieux (Batman v Superman) et un ton beaucoup trop convenu ou léger et sans saveur (Suicide Squad), il est indispensable de trouver le bon équilibre sans s’inspirer de la concurrence et de sa philosophie « cool et tous publics » pour continuer de se démarquer. C’est possible en laissant carte blanche aux cinéastes embauchés. Warner devra-t-elle dire adieu à sa poule aux œufs d’or ?
WHEDON SUCCÈDE À SNYDER
En six mois (de la date d’écriture de cet article à sa transposition sur ce site après la publication en magazine), il s’est, une fois de plus, déroulé beaucoup de choses côté Warner et DCEU. Tout d’abord (et c’est une bonne nouvelle), le film Wonder Woman a été un succès critique et public, rapportant plus de 820 millions de dollars à travers le monde — son exploitation est toujours en cours au 1er octobre 2017. La suite a été officialisée, toujours mise en scène par Patty Jenkins. Ensuite, de nouveaux projets se sont greffés au DCEU et certains ont été modifiés. Ainsi, on l’évoquait vaguement plus haut, The Flash est devenu Flashpoint (sans date de sortie prévue) ; le but étant d’adapter l’histoire éponyme des comics et potentiellement permettre un reboot (oui, déjà…). Plusieurs rumeurs avancent que Ben Affleck rendra la cape de Batman après Justice League, cela serait une élégante porte de sortie pour lui (on fantasme à imaginer Jeffrey Dean Morgan (aka Le Comédien dans Watchmen et Negan dans The Walking Dead) reprendre son rôle de Thomas Wayne et — pour ceux connaissant déjà Flashpoint — devenir un Batman original, le temps de ce film, avant de passer le flambeau à un autre acteur (ou carrément utiliser Nightwing — puisqu’un film sur lui est prévu — pour s’émanciper un peu de l’homme chauve-souris).
Dans l’univers de Gotham, deux nouveaux films ont été annoncés, avec les titres provisoires suivant : Harley & Jokeret… Joker. Le premier devrait être l’histoire « d’amour » entre les ennemis emblématiques, à priori toujours incarnés par Margot Robbie et Jared Leto. Le second serait un elseworld, c’est à dire un film hors continuité, complètement détaché du DCEU, et produit par… Martin Scorsese. Si le maître des films de gangsters s’avère bien de la partie, le résultat pourrait être plus qu’alléchant puisque la version Joker de Suicide Squad allait plus ou moins dans ce sens. Oui mais… ni Jared Leto n’a confirmé sa participation ni Warner n’a officiellement indiqué qu’il s’agirait du même Joker (ce qui est logique puisque ce projet se démarquerait volontairement des autres). Man of Steel 2 et Justice League Dark ont à nouveau été évoqués sans réelles informations concrètes à se mettre sous la dent. Enfin, un long-métrage sur Batgirl est à l’étude, réalisé par Joss Whedon (metteur en scène d’Avengers et sa suite !). Ce dernier cas puise ses origines dans la postproduction de… Justice League. Explications.
Mai 2017. Zack Snyder, en plein travail de postproduction sur Justice League, annonce à la surprise générale qu’il se retire du film. On apprend que sa fille s’est suicidée quelques mois plus tôt et que l’artiste souhaite passer du temps avec sa famille. Suite à ce terrible drame, Warner fait appel à Joss Whedon pour finaliser Justice League. En été 2017, de nouvelles scènes sont tournées pour un budget de 25 millions de dollars (une somme plutôt élevée pour des reshoots qui, eux, font partie intégrante d’une démarche classique pour un blockbuster). Le scénario est remanié, Whedon sera officiellement crédité comme scénariste. Des murmures avancent que le long-métrage sera (encore) plus léger et « fun » que sous l’égide de Snyder. Des internautes analysent les images des nouvelles bandes-annonces et découvrent que la photographie porte déjà moins la « patte » Snyder. Polémique ? Oui et non. Zack Snyder a toujours eu ses détracteurs, avant et pendant la mise en place du DCEU. Certains sont donc rassurés par son départ et ravis par l’arrivée de Whedon. D’autres sont mécontents et avancent déjà un film raté, sans l’identité de son metteur en scène initial. Comme d’habitude : la Toile scrute chaque potentielle information et monte en épingle la moindre rumeur… La spéculation ne changera rien aux faits : Justice League sort en France le 15 novembre prochain et seuls les résultats au box-office et les retours critique permettront de mieux cerner le futur du DCEU.
LE DCEU N’EXISTE PAS VRAIMENT (EN FAIT)…
Ce nébuleux univers partagé de DC Comics au cinéma, produit par Warner Bros, ne serait d’ailleurs qu’une invention des journalistes ! En interne, personne n’utiliserait ce terme. C’est ce qu’a affirmé Geoff Johns fin septembre 2017, promettant que les prochains films (après Justice League) ne seront pas connectés aux autres. Des propos complexes et décortiqués, souvent mal interprétés, qui ne veulent pas dire que les longs-métrages ne se situeront pas dans le même univers, juste que certains seront uniquement centrés sur un super-héros précisément. Exactement comme Wonder Woman finalement (et comme la concurrence diront les mauvaises langues).
Matt Reeves (photo à droite), réalisateur de The Batman, avait dû se justifier pour avoir tenu un discours similaire sur son travail sur son film. En gros : pas d’autres super-héros de la Justice League dans The Batman, ni de connexions forcées avec d’autres films, mais aucun problème pour qu’il s’inscrive dans le même univers. Une fois de plus : la moindre déclaration est suranalysée et son auteur doit se justifier pour calmer d’énièmes nouvelles rumeurs ou craintes… Une sorte de harcèlement qui est peut-être aussi à imputer au recul opéré par Ben Affleck, ne supportant plus les questions sur le Dark Knight à chacune de ses sorties ou interviews promotionnelles pour d’autres longs-métrages qu’il doit assurer.
Johns (photo à gauche) confirme tout de même la création d’un label dédié à des films qui seront bien des elseworlds, sans continuité donc, tel le projet Joker évoqué plus haut. De quoi ravir et râler à nouveau pour le public. Les mécontents des premières œuvres de l’univers partagé devraient obtenir satisfaction là où les autres fans seront plus mitigés.
Ces déclarations de Geoff Johns permettent aussi d’imaginer des adaptations de comics cultes, comme Red Son ou Kingdome Come par exemple. Des œuvres qui sont de base situées hors chronologie classique et clairement à part dans les mythologies des super-héros de DC Comics. Red Son voit l’arrivée de Superman en Russie et non aux États-Unis. Le jeu vidéo Injustice, qui a inspiré une brillante série de comics éponyme, pourrait lui aussi faire partie du lot (Superman étant un dictateur dedans) sauf que… Snyder a déjà proposé cette vision futuriste dans un cauchemar de Bruce Wayne (à moins que ce ne soit un « flash » du futur — ça tombe bien on y voyait Flash) et cela a déclenché chez le justicier milliardaire la… création de la ligue de justice. Cet aparté uchronique pourra-t-il devenir un long-métrage ? Ce n’était pas prévu initialement mais avec ce label elseworld de DC Films, ça ferait sens. Et si tout était relié involontairement ? Dans tous les cas, près de deux ans après la création « officielle » du DCEU, ce n’est pas aujourd’hui que celui-ci se consolide et repose sur des bases saines et fortes, au contraire.
Seule actualité concrète, reliée au cinéma, la publication imminente du bel ouvrage Justice League – The Art of the film le 21 novembre prochain, soit six jours après la sortie du film de Zack Snyder. La couverture (ci-dessous) a été dévoilée début octobre 2017 ; on peut le précommander pour 35,68€. Le long-métrage sera en salles le 15 novembre 2017 en France, le 17 aux États-Unis. Aura-t-on droit au même succès critique et public que Wonder Woman, à une violente destruction unanime (comme pour Suicide Squad) ou à une complexité segmentant les fans (Batman v Superman) ? Réponse dans un peu plus d’un mois.
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Ce long article a été publié dans le magazine Ciné Saga #18, un numéro spécial super-héros. J’ai également rédigé d’autres papiers, dont vous trouverez la liste sur ce lien. Trois encadrés complétaient cet état des lieux de DC Comics au cinéma : Les meilleurs sites pour s’informer, Comment se lancer dans l’univers DC en comics et Vertigo, l’atout prestige de DC. Les deux derniers ont été compilés dans cet article, qui sont une bonne porte d’entrée pour découvrir DC Comics.
La fresque en haut de cet article a été réalisée spécialement pour le site, un filigrane avec « www.comicsbatman.fr » n’a volontairement pas été ajouté dessus. Merci donc d’indiquer votre source (ce site) si vous la reprenez.
Les critiques des films évoqués sont dans la section Adaptations puis Films et DCEU. Seuls les projets concrets sont indexés dans les deux premières parties (une où Batman apparaît avec un rôle principal, une où il n’apparaît pas ou très peu). La troisième renvoie sur les nombreux longs-métrages actuellement en pré-production ou annoncés.
Cet état des lieux ne sera plus mis à jour après sa publication (début octobre 2017) tant les changements sont notoires et parfois flous. Si besoin, un autre article viendra compléter celui-ci dans le futur.