Après les évènements – plutôt moyens – de Nightwing période Renaissance (New 52) puis l’agréable suite/série Grayson, les aventures de Dick Grayson se poursuivent dans Nightwing Rebirth, une série terminée en cinq tomes. Le premier est-il une bonne porte d’entrée ? Critique.
[Résumé de l’éditeur]
Le tout premier Robin. Un agent double. Un homme qui s’est fait passer pour mort… Mais à présent, Dick Grayson est de retour, et il revient à Gotham sous le costume de Nightwing ! Mais retrouver son ancienne vie n’est pas aussi simple que prévu… surtout lorsqu’il doit faire face à la mystérieuse Cour de Hiboux, et qu’il ne dispose pour seul allié que d’un homme masqué du nom de Raptor, qui a plutôt l’apparence d’un ennemi. Pour s’en tirer, Nightwing va devoir faire au moins aussi bien que son mentor, sinon mieux…
[Début de l’histoire]
Dick Grayson a récupéré sa véritable identité et peut désormais officier sous son ancien alias Nightwing. Engagé malgré lui par la Cour des Hiboux, le justicier travaille pour eux mais compte bien les trahir pour mieux les démanteler. Quand ils le missionnent afin de récupérer des réfugiés, Nightwing est accompagné du mystérieux Raptor. Un homme qui se place comme son mentor…
[Critique]
Cette nouvelle aventure de Nightwing est particulière… Pas vraiment une introduction, pas vraiment une suite, un récit hybride qui s’intercale clairement comme une poursuite de Grayson (Tiger est à nouveau allié de Nightwing) tout en étant connectant à diverses histoires. On fait référence à La Guerre des Robin (inédit en librairie), à quelques fragments du passé de Dick (à l’époque où il endossait la cape du Dark Knight par exemple), aux séries Batman et Detective Comics de l’ère Rebirth et à La Nuit des Monstres, se déroulant entre deux chapitres de ce volume. Heureusement, pas besoin d’avoir tout ce bagage (même si, idéalement connaître Grayson est conseillé) pour se laisser emporter par l’histoire écrite par Tim Seeley (Batman Eternal). Malheureusement cela reste assez confus et s’avère peu passionnant…
En vrac, à peu près tous les registres de fiction s’enchaînent : aventure bien sûr, thriller, science-fiction (un peu), fantastique/horreur (pas mal), drame, romance et un peu d’humour (avec Damian Wayne et Raptor). Tout cela s’entremêle plus ou moins bien avec quelques séquences touchantes mais l’ensemble demeure donc assez bordélique – surtout pour le lecteur qui découvrirait pour la première fois Nightwing. Entre le Parlement des Hiboux (version « internationale » de la Cour des Hiboux), le mystérieux Raptor tantôt allié, tantôt ennemi, on ne sait pas trop (bénéficiant en fin de récit d’une curieuse connexion un brin forcée avec le passé de Dick), les alliés qui vont et viennent (Batgirl/Barbara, Batman/Bruce, Damian/Robin… – Huntress, Midnighter font des caméos là où Tiger est plus présent), des personnages qui traversent les époques, des créatures étranges, des inventions bizarres et ainsi de suite.
Si le capital sympathie de Dick/Nightwing fonctionne toujours à merveille (il retrouve enfin son costume bleu mythique d’ailleurs !), on a tout de même du mal à suivre ses envolées acrobatiques et narratives, faute à un rythme en demi-teinte, une trop grande galerie de protagonistes et une intrigue poussive et peu palpitante. Raptor était une bonne idée sur le papier mais maladroitement exploité au fil des épisodes. L’incontournable Cour/Parlement des Hiboux est relégué en seconde zone et – comme à chaque fois que cet énigmatique groupe intervient dans la mythologie du Chevalier Noir – on a du mal à les prendre au sérieux… Des menaces qu’on ne trouve pas dangereuses et un héros qui vadrouille tranquillement, oscillant entre la légèreté qui le caractérise et la fausse dramaturgie inhérente aux productions de comics du genre.
Plus fort que Batman (Dick n’a pourtant jamais cherché à l’être réellement) est donc un premier volet mitigé, avec de bonnes choses (les relations autour de Dick : Barbara, Bruce, Damian et Raptor), d’autres moins bonnes (les multiples intrigues, les Hiboux…). Les dessins de Javier Fernandez permettent au moins de suivre une jolie bande dessinée, richement colorée par Chris Sotomayor (à l’exception du premier épisode, dessiné par Yannick Paquette, mis en couleur par Nathan Fairbain – cf. dernière image de cette critique). Rien d’exceptionnel dans les traits ou le découpage mais rien d’horrible non plus (les visages oscillent constamment entre précision faciale et simplisme décevant). S’il manque quelques morceaux épiques, les scènes d’action sont lisibles et parfois sanglantes, les beaux effets de vitesse font mouche lors des segments aériens. Du reste, on espère surtout que l’arc de ce premier tome est entièrement terminé et que la suite sera meilleure que ces sept chapitres.
[À propos]
Publié chez Urban Comics le 15 septembre 2017
Contient : Nightwing Rebirth #1 + Nightwing (Rebirth) #1-4 + #7-8
Scénario : Tim Seeley
Dessin et encrage : Javier Fernandez, Yannick Paquette
Couleur : Chris Sotomayor, Nathan Fairbain
Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Stephan Boschat
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