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Joker : les derniers jours d’un clown

[Résumé de l’éditeur]
Dans le Slab, la prison de sécurité maximale pour les criminels surpuissants, le Joker apprend qu’il est mourant. Il concocte alors un plan pour perpétuer son héritage, en partageant le venin qui l’a transformé en un sociopathe au visage pâle avec d’innombrables autres super-vilains. Pendant ce temps, Oracle, la première ligne de défense, est indisponible. Seule Black Canary répond présente pour essayer d’arrêter une émeute de malfaiteurs sanguinaires.

Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, le résumé de l’éditeur suffit amplement.

[Critique]
Encore un énième comic book qui démarre bien (idée de départ séduisante) puis qui se vautre un peu dans son exécution (peu aidée par ses graphismes – on y reviendra) mais reste une sorte de divertissement sympathique (le fameux…) si on n’est pas trop exigeant (pour le prix, on aurait tendance à le déconseiller néanmoins). Explications.

Tout part du résumé et du concept audacieux : le Joker va mourir, il est malade, c’est inéluctable. Que va-t-il se passer ? On le sait rapidement, le célèbre Clown va en profiter pour répandre un chaos atypique, bien entouré de méta-humains qui partagent son venin (!) de folie. Comment combattre tout ça ? Étonnamment en mettant en avant principalement Oracle, Nightwing et Black Canary. Batman est en retrait tout le long de la fiction, apparaissant de façon iconique de temps à autre. On suit donc une Barbara Gordon qui veut, sincèrement, tuer le Joker, recadrée par Dick qui, quelques chapitres plus loin, voudra pourtant faire de même. Un aspect déjà vu (même à l’époque de la publication en 2001) et qui ne convainc guère ici, faute à des dialogues peu subtiles.

Scott Beatty et Chuck Dixon venaient pourtant de livrer de belles prestations dans l’univers du Chevalier Noir : la saga (indigeste et inégale) Knightfall, le célèbre (et très chouette) Batgirl – Année Un et quelques segments à droite à gauche. Pour Les derniers jours d’un Clown (Last Laugh en VO), le duo s’empêtre dans une cacophonie moyennement palpitante, un joyeux bordel (à l’image du Clown du Crime d’une certaine façon) où il manque à la fois un ton plus sérieux (l’aspect cartoony des dessins y contribue) même si c’est volontaire et, surtout, une véritable ligue de défense en face, la Bat-Famille est moins attrayante que d’habitude, la quasi absence de l’homme chauve-souris y est pour quelque chose aussi…

Au-delà du récit complet, Last Laugh était un event qui a eu des répercussions dans de nombreuses autres séries, aussi bien chez Batman (Detective Comics, Batgirl, Birds of Prey, Harley Quinn, Azraël, Gotham Knights, Nightwing, Robin…) que les autres héros de DC (Flash, Superman, Wonder Woman, Green Lantern, JLA…) – Harley et la Justice League apparissent d’ailleurs un peu dans le récit principal. Pas moins de vingt-cinq épisodes se greffèrent donc à l’histoire principale. Urban Comics ne les a pas intégrés (pas très grave vu leur qualité inégale) mais propose, en fin d’ouvrage, une galerie de couvertures alternatives de certains d’entre eux – de quoi décontenancer le lecteur moins connaisseur.

Côté graphique, une foule de dessinateurs se succède (Woods, Martin, McDaniel… cf. crédits en bas de la critique) sans pour autant casser une homogénéité visuelle bienvenue. Comme dit plus haut, l’ensemble est volontairement cartoony, un style qui fonctionne parfois (Mad Love…) ou à l’inverse dessert le tout (Superman / Batman…). Cette approche est pertinente quand le propos textuel et narratif est particulièrement adulte et sombre, donnant une vision paradoxale et forte, ou bien quand elle s’adresse à un jeune lectorat. Ici, c’est mi-figue mi-raisin, ça colle bien au bazar ambiant qui sied à ravir au Joker mais c’est vite vu (et lu), vite oublié.

Le sort du Joker ne pouvait déboucher que sur une poignée de conclusions : mort « définitive » du célèbre fou, guérison, erreur (volontaire ?) de diagnostic, voyage dans le temps ou multivers ? Les scénaristes usent d’un ressort peu surprenant mais efficace et cohérent. En cela, la dernière ligne droite n’est pas désagréable, à l’image de ses débuts. En somme, une aventure en roue libre dédiée au Joker plaisante au début et à la fin mais souffrant d’un ventre creux (et d’un rythme en demi teinte) entre les deux, aux planches peu agréables et à la mise en avant voire comportement étrange d’Oracle et Nightwing… Pour 24 euros, ça revient un peu cher la distraction, autant se concentrer sur d’autres titres singuliers propres au Joker (les cultes comme Killing Joke, Joker Anthologie, Joker…) ou même les propositions plus clivants (Trois Jokers, Joker War, Joker Infinite…).

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 7 juin 2024.
Contient : Joker: Last Laugh #1-6 + Joker: Last Laugh Secret Files And Origins #1
Nombre de pages : 256

Scénario : Scott Beatty, Chuck Dixon (+ collectif)
Dessin : Pete Woods, Marcos Martin, Walter McDaniel, Andy Kuhn, Ron Randall, Rick Burchett (+ collectif)
Encrage : Andrew Pepoy, Mark Farmer, Alvaro Lopez, Walter McDaniel, Andy Kuhn, Ron Randall (+ collectif)
Couleur : Tom McCraw, Gina Going

Traduction : Yann Graf
Lettrage : Cromatik Ltd (île Maurice)

Acheter sur amazon.frJoker : les derniers jours d’un clown (24 €)




No Man’s Land – Tome 03

No Man’s Land est une longue saga constituée de plusieurs tomes : le volume unique Cataclysme, qui en était l’introduction, puis le récit « principal » de No Man’s Land en six tomes et, enfin, New Gotham en trois volumes. Voir la page récapitulative si besoin.
Afin d’établir des résumés et critiques plus visibles qu’un gros bloc reprenant l’ensemble de l’ouvrage, celles-ci sont divisées par les différentes (petites) histoires qui composent le tome. Le résumé est en italique sous le titre et la critique est précédée d’une petite flèche.

batman-no-mans-land-tome-3

En dessous de tout
scénario : Chuck Dixon | dessin : Staz Johnson
Robin #67

Dans les égouts de Gotham City, un étrange duo — Tommy Mangles et Mécaborg (un homme musclé et une tête humaine sur un corps androïde sans bras ni jambes attaché dans son dos !) — sème la terreur contre les plus démunis s’aventurant dans cette cachette improbable. Robin et Nightwing s’y engouffrent en amont, dans les endroits les plus éloignées de la surface, afin de rejoindre Gotham City. Les deux justiciers ont été rappelés par Batman. Mais une personne proche des rats semble aussi surveiller ces lieux si particuliers…

Robin Nightwing No Mans Land

► Une entrée en matière portée sur l’action, on se dit que les « hostilités » vont véritablement commencer dans ce tome. Les précédents présentant davantage la situation sous de multiples points de vue avec quelques affrontements divers. Il est donc temps d’accélérer un petit peu l’ensemble. Malheureusement ici, trois problématiques se succèdent : l’impression d’une jonction manquante (on avait quitté Robin peu avant interdit de séjour à Gotham — la simple explication de « Batman nous a rappelé » est un peu faiblarde), deux voire trois ennemis assez ridicules (grosse peur de retomber dans l’effet Knightfall qui voyait se succéder divers antagonistes risibles ou peu connus), des graphismes réussis dans l’ensemble mais avec une coloration trop vive et des cases parfois ratées (cf. illustration ci-dessous). Nightwing est méconnaissable tant son humour est « méchant » envers Robin, il ne génère aucune empathie. Par contre, l’histoire avance, un peu plus vite, et la fin confirme qu’il y a une suite « directe » (moins de petits chapitres éparses que les volumes précédents).

L’Assemblée
scénario : Greg Rucka | dessin : Mike Deodato Jr.
Batman : Legends of the Dark Knight #120

Une bonne partie des alliés de Batman se rassemble chez Oracle à sa demande : Nightwing, Robin et Azrael rejoignent donc les deux justiciers. La fille de Caïn, quasiment muette (découverte à la fin du volume précédent) est également présente. Après de brèves retrouvailles, le Chevalier Noir et Nightwing rendent visitent à Batgirl et découvrent son identité (Batman la connaissait déjà). Entre-temps Gordon et le Chevalier Noir ont échangé quelques mots (et même un poing !) sans déboucher sur une possible alliance.

Batman Batgirl Identity No Mans Land

► Une « assemblée » de courte durée mais qui fait chaud au cœur ! Même si les protagonistes n’ont pas le temps de beaucoup échanger, cela fait « du bien » de les voir réunis. La partie la plus importante du chapitre est bien sûr l’identité de Batgirl (c’est très bien vu et plutôt surprenant !) et son échange avec Batman, insensible comme jamais. Il faudra faire à sa manière sinon on ne collabore pas avec lui, point.

« Je pensais pouvoir… Je pensais avoir besoin de travailler seul.
Un ‘retour aux sources’. J’avais tort. Personne ne peut y arriver seul.
Le No Man’s Land est trop grand. Trop sombre.
La seule façon de ramener la lumière à Gotham, c’est de travailler ensemble.
»
Batman à ses alliés.

Batman Alliance No Mans Land

Les dessins jouent à fond la carte d’agréables enveloppements et autres flottements provoquées par les capes des super-héros, une façon de faire très esthétique et jolie. Un récapitulatif sur la fille de Caïn est le bienvenue : elle n’a pas de nom, son père est un assassin et l’a élevée pour en faire une tueuse parfaite. Elle s’est rebellée et s’est enfuie, a trouvé Oracle et apprend depuis cinq mois. De quoi s’y retrouver avec la temporalité et lever quelques zones d’ombre sur le chapitre qui fermait le volume précédent. Enfin, cette histoire se termine sur un changement historique et important dans la mythologie du Dark Knight : la fille de Caïn devient officiellement la nouvelle Batgirl !

Scratch-Test
scénario : Dennis O’Neil | dessin : Roger Robinson
Azrael : Agent of the Bat #56-57

Azrael est avec Leslie Thompkins quand Batgirl ramène une victime qui a pris une balle d’un pistolet. En remontant la piste de l’agresseur, quelques indices mènent à Nicholas Scratch, l’homme responsable de la loi déclarant Gotham no man’s land. Batman missionne le justicier, accompagné de sa nouvelle allié, de lui apporter Scratch.

Azrael Scratch No Mans Land

► Un affrontement clairement attendu : Azrael VS Scratch. On voit enfin Scratch en action, décrit comme un charismatique leader, il apparaît ici comme un (autre) ennemi plutôt ridicule, sorte de punk-leader (rappelant « vaguement » ce que faisait Bane dans The Dark Knight Rises). Si Scratch n’avait été qu’un énième ennemi à la tête d’un clan sur un territoire, alors l’ensemble passerait plutôt bien, mais d’avoir fait de cet antagoniste un personnage si « puissant » (dans ses descriptions en amont et dans sa responsabilité du no man’s land — responsabilité qui n’a jamais été montré en image mais uniquement par résumé éditoriale dans le premier tome) pour finalement qu’il soit traité de façon si simpliste est assez décevant (on est en droit d’avoir certaines attentes et exigences dans ce cas présent).

On retient tout de même quelques qualités : un duo intrigant et atypique (Batgirl & Azrael) et un développement intéressant de la « schizophrénie » d’Azrael, avec une présence plus forte de son alter ego Jean-Paul Valley (accompagné de la voix de la sagesse via Leslie Thompkins). Un bon point (involontaire ?) : l’arc narratif sur Scratch semble être terminé à la fin de cette petit histoire qui, bien que très bien dessinée, souffre de nombreuses cases manquant cruellement de décors ou bénéficiant d’un pauvre fond coloré. Toutefois, cet ensemble, même s’il n’est guère réussi et convaincant, permet de faire avancer les choses efficacement.

Un petit garçon perdu
scénario : Scott Beatty | dessin : Pascal Alixe
The Batman Chronicles #17

Aaron Langstrom est le fils du couple de scientifiques Francine et Kirk Kangstrom, alias « Man-Bat », qui se transforme littéralement en chauve-souris géante. Aaron a, par conséquent, lui aussi l’apparence d’une chauve-souris tout en étant un enfant. Il a été capturé et sa mère demande de l’aide au Pingouin — elle n’a pas vu son mari depuis le séisme et propose ses services de docteur en échange. Le Chevalier Noir s’en mêle…

Man Bat No Mans Land

► Antagoniste aussi emblématique que discret, Man-Bat n’apparaît ici que par l’intermédiaire de sa femme, au centre du récit, et de ses deux enfants. Une originalité supplémentaire que de les mettre en avant dans cette nouvelle histoire toujours un peu en marge de l’ensemble. Cette concentration sur des rôles secondaires au détriment de faire avancer les enjeux cruciaux et principaux est extrêmement intéressante mais un poil « agaçante » car elle donne l’impression de stagner. Néanmoins, sous le prisme de comparaison avec Knightfall, c’est nettement plus réussi et passionnant ici.

Ne zappez pas
scénario : Dafydd Wyn | dessin : Eduardo Barreto
The Batman Chronicles #17

Jenkin Yates a réussi à conserver presque intact son studio de transmission d’information et sa caméra. Il présente et filme l’intérieur de Gotham pour montrer au public externe ce qu’il se déroule au sein du no man’s land.

No Mans Land Yates

► Anecdotique de prime abord, cet aparté « journalistique » prend un sens intéressant lors de sa fin et l’incursion du Chevalier Noir qui voit dans cette transmission vidéo une possible puissante arme. À nouveau si cela procure une sensation un peu « éphémère » (de lire plusieurs petits bouts d’histoires), on comprend la connexion entre chacune d’entre elles et, surtout, on espère, les voir se lier et converger vers un aboutissement plus concret et utile.

Crise d’Identité
scénario : Chris Renaud | dessin : Graham Nolan
The Batman Chronicles #17

Batman se fait arracher son masque par Killer Croc lors d’un affrontement entre les deux. Dans l’ombre, le Dr Kryder reconnaît le visage de Bruce Wayne. Ce médecin travaillait à l’Asile d’Arkham, notamment sur le cas Harvey Dent et son obsessionnelle dualité interne. Qu’il retrouve aussi chez Wayne/Batman, forcément… Mais l’heure n’est plus aux études mais à la survie : l’identité secrète du justicier de Gotham est peut-être la clé de sortie pour Kryder. Il décide donc de retourner voir son ancien patient : Double-Face.

Two Faces No Mans Land

► À nouveau une petite excursion intéressante d’un point de vue d’un « civil » lambda mais pas si commun que cela. Prétexte encore une fois à montrer un des ennemis de Batman avec un petit angle novateur mais très expéditif. Une curiosité qui aurait mérité d’être développé sur plusieurs chapitres (après tout, le secret de l’identité de Batman est un fil rouge narratif qui peut générer beaucoup de tensions et retournements de situations !).

La Grande Évasion
scénario : Chuck Dixon | dessin : Scott McDaniel
Nightwing #35 à #37

Lyle Bolton, alias Double-Tour se réjouit de punir et enfermer « les méchants » dans la prison de Blackgate, véritable forteresse dont on ne s’évade pas et devenue, depuis le séisme et le décret no man’s land, un véritable « enfer sur terre ». Aidé de KGBeast, Double-Tour mène la vie dure aux détenus, qu’il considère comme des déchets. Batman charge Nightwing d’infiltrer la prison, d’en reprendre le contrôle et de mettre un terme aux agissements violents et néfastes du binôme carcéral impitoyable qui emploie également les frères la gâchette.

Nightwing No Mans Land

► Trois chapitres composent cette histoire centrée sur Nightwing : Le ventre de la bêteGagner du temps et La grande évasion. Une fois de plus (à l’instar d’Azraël un peu plus haut), si l’on se réjouit de suivre un point de vue très particulier, on reste dubitatif face à cette profusion d’antagonistes plus ou mois nouveaux, plus ou moins ridicules, plus ou moins crédibles. Le tout dessiné de façon trop « cartoony » pour réellement saisir la menace et le danger ambiant (alors que, clairement, les deux/trois dernières planches nous montrent un Nightwing complètement usé, épuisé et blessé – un côté peu vu auparavant).

Mais il y a tout de même de belles choses dans ce récit. Tout d’abord on comprend vite que venir à Gotham n’est pas si simple et facile que ce que l’on peut penser pour Nightwing. En établissant des petites références à Blüdhaven, on comprend aisément qu’en venant à Gotham, Nightwing délaisse sa ville prise d’assaut par un million de Gothamiens venus camper devant. Les chapitres s’attardent d’ailleurs sur un certain Nite-Wing, un jeune homme qui s’est livré à la police locale en clamant être le justicier masqué éponyme. Un commissaire le prend sous son aile et accepte qu’il travaille indirectement pour lui. Le nom de Roland Desmond est évoqué dans la liste des personnes à surveiller et a l’air d’être un futur ennemi « important ». Cela aura peut-être lieu dans le tome 6 (le dernier de la saga) puisque la dernière case de cette histoire mentionne « à suivre dans le tome 6 ». C’est à dire dans trois tomes, ce qui est assez « loin » !

On retrouve rapidement quelques têtes connus, comme Black Mask, le Dr Crane (l’Épouvantail), Jervis Tetch (Le Chapelier Fou), Firefly et le Ventriloque. D’autres antagonistes sont un peu nazes, comme évoqué plus haut, aussi bien parmi les prisonniers, donc les ennemis habituels du Chevalier Noir, que parmi les gardiens de prison entourant déjà les très spéciaux « Double-Tour » et « KGBeast ». Ainsi on découvre Le Dynamiteur et deux cow-boys, Tom  et Tad, alias « les frangins la gâchette » (qui ne sont pas sans rappeler ceux déjà intervenus dans Knightfall – à vérifier si ce sont bien les mêmes).

Du reste, Nightwing est plus sympathique qu’en début du tome et ce périple se laisse lire tout de même, ne serait-ce que pour statuer où se situent certaines figures emblématiques (la galerie de vilains) et, encore et toujours, la « façon de faire » à Gotham dans cette nouvelle aire sauvage et, presque, abandonnée.

Les Fruits de la Terre
scénario : Greg Rucka | dessin : Dan Jurgens
Batman : Shadow of the Bat #88 | Batman #568 | Detective Comics #735

Au début du no man’s land, Gueule d’Argile rend visite à Poison Ivy dans un parc de Gotham où la nature a repris ses droits. L’empoisonneuse a même pris sous son aile plusieurs enfants abandonnés. Le monstre de boue propose un marché à Ivy pour devenir riche en vendant fruits naturels.
Six mois plus tard, côté GCPD les tensions s’accumulent et les hommes de Gordon se scindent en deux clans : ceux qui le suivent et ceux qui vont faire régner la loi à leur façon (radicale et extrême, quitte à tuer pour survivre). Batman rend visite au Pingouin pour un interrogatoire.

Poision Ivy Gueule d'Argile No Mans Land)

► Une autre aventure en trois chapitres, très plaisante, qui s’attarde sur Poison Ivy, qui était plutôt mentionnée jusqu’ici, et sur Gueule d’Argile. D’un point de vue mythologie, il est fait mention que Bruce a fait construire de nombreuses bat-caves sous la ville lorsque Dick le remplaçait en tant que Batman (mention au très bon tome Le Fils Prodigue). Les Fruits de la Terre est sans aucun doute l’histoire la plus joliment dessinée de toute l’œuvre. Le duo Ivy/Argile fonctionne bien (et n’est pas si complice que ce qu’on pourra croire) et sera plus ou moins repris dans divers comics plus ou moins réussis par la suite, le très récent Dark Knight – The Last Crusade par exemple ou le plus anecdotique et peu convaincant Un Homme à Terre.

Côté scénario la trame narrative globale avance bien, Batman avait un accord avec Le Pingouin, il en a désormais un avec Poison Ivy. Huntress fait son retour et s’allie avec un personnage plutôt inattendu (et c’est, paradoxalement, une entreprise évidente). Un antagoniste à priori méconnu est en Colombie et est sollicité pour venir à Gotham. Gordon avait bel et bien un pacte avec Double-Face et en scelle un nouveau (au détriment de Renée Montoya). Enfin, Batman avait des données collectées sur Gotham et ses habitants et va devoir les récolter de nouveau en faisant appel à Catwoman (un autre récit en trois chapitres lui est consacrée et se déroule juste après ceux-ci).

Bref, on avance plutôt bien, par le prisme d’un lieu et quelques personnages secondaires, comme auparavant, mais cette fois à échelle beaucoup plus vaste grâce à quelques échanges et deux ou trois cases supplémentaires. Simple mais efficace. À presque mi-chemin de la saga, il était temps que cela évolue dans ce sens, pile à temps. Attention à ne pas retomber sur un schéma narratif répétitif (même si plaisant) juste après.

La Mission
scénario : John Ostrander | dessin : Jim Balent
Catwoman #72 à #74

À Manhattan, Catwoman est conviée à voler un bijou. Il s’agit d’un piège tendu par Batman qui l’attire dans la foulée à Gotham et lui demande de dérober d’importantes données informatiques pouvant aider à la reconstruction de la ville. Ces données sont… à New-York, fortement gardées par une équipe spéciale à la solde de Bruce Wayne.

Catwoman Batman No Mans Land

► À nouveau trois chapitres (La Mission, Miss Direction et Un Petit Détour) centrés sur la féline voleuse. La première moitié est clairement excellente, toute la caractérisation de Catwoman (sa relation avec Batman, son rapport à la ville, ses vols et le goût du jeu) sont parfaitement exposés et bien développés. La suite se gâte un petit peu. Catwoman et ses sbires affrontent les gardiens payés par Bruce (les « Durs des durs » — sic) dotée de pouvoirs surnaturels : télépathie, pyrokinésie, etc. Cela donne à l’histoire un petit côté « Mission : Impossible » voire Suicide Squad mais tout s’enchaîne trop vite et chaque membre n’a pas le temps d’être pleinement dévoilé. Ensuite, c’est l’ennemi Maxie Zeus, qui pense être la réincarnation de la divinité, qui fait son entrée. Là encore c’est assez expéditif, ce qui est dommage car ce Zeus est peu connu, souvent « ridicule », c’était l’occasion rêvée de lui apporter plus de consistance. Malgré tout, quelques choix de Catwoman font la part belle aux personnages et cette mini-histoire est clairement « à suivre ».

On retient aussi, entre autres, une réflexion intéressante pensée par Selina  : « Des hélicoptères équipés de projecteurs, des bateaux de patrouille, des soldats le long du périmètre… avec ce qu’ils payent pour tenir tout le monde à l’écart de la ville, ils auraient aussi vite fait de la reconstruire ». Ce genre de propos correspond souvent à ce qu’un lecteur peut se dire quand il cherche une certaine cohérence dans un récit. Dans le cas présent et depuis le début de l’histoire (même les anciens tomes), la bande dessinée en regorge. Parfois cela ne suffit pas comme « explication » mais de voir que les protagonistes s’interrogent sur ce genre d’aspect est clairement un élément bienvenu. On apprend aussi que Wayne est à priori en Europe et injoignable là-bas après s’être fait ridiculiser aux États-Unis (sans doute en tentant, en vain, de sauver Gotham par les voies légales classiques).

Il est fait plusieurs fois mentions du meurtre de Selina Kyle par Catwoman quand celle-ci se présentait aux élections locales (elle aurait jetée un cadavre de quelques jours du haut d’un immeuble en faisant croire que le cadavre était celui de Selina) ! Une note éditoriale aurait été la bienvenue sur ce sujet, à priori tiré d’une histoire inédite en France. De même, les nombreuses allusions à la période Knightfall pourraient être mentionnés d’un simple « Voir tel livre de notre collection » comme le fait pourtant habituellement l’éditeur. En somme, ces chapitres sont un régal pour les fans de Catwoman mais le faible développement des nombreux personnages secondaires ou antagonistes empêchent d’être une réussite totale. Sortir un peu de Gotham est aussi agréable et permet d’avoir une certaine « aération » nécessaire. À l’instar de l’histoire précédente, celle-ci fait aussi avancer « à grand pas » la trame générale, ce qui n’est pas déplaisant.

Conclusion : Encore une fois, ce nouveau volet de No Man’s Land est une réussite qui se concentre toujours sur des petites histoires différentes liées à l’avancement de chaque personnages ou groupe de protagonistes. Si l’effet, arrivé à la moitié de la saga, commence à atteindre une certaine saturation, la dernière ligne droite du tome (trois fois trois chapitres, soit plus de la moitié de l’œuvre), dévoile une certaine accélération, aussi bien pour chaque héros que pour la trame narrative générale.

Comme toujours, les graphismes souffrent légèrement d’une non-homogénéité mais ce n’est pas problématique. La situation inédite à Gotham continue d’être passionnante et les questions morales, un peu en retrait ici, aboutissent à de sincères réflexions. On regrette par contre, la vaste galerie de seconds couteaux peu charismatiques voire franchement ridicules, avec une première place pour Scratch, qui était pourtant prometteur et qui jouit d’un « pouvoir » pourtant féroce (c’est en partie à cause de lui que le décret no man’s land a été adopté — sans que l’on sache bien pourquoi et comment puisque cette jonction, se déroulent entre Cataclysme et le premier tome de No Man’s Land, est manquante dans la saga). De nombreux chapitres promettent une suite directe dans les prochains volets (notamment sur Nightwing et Catwoman), en route donc pour le tome 4 !

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No Man’s Land – Tome 02

No Man’s Land est une longue saga constituée de plusieurs tomes : le volume unique Cataclysme, qui en était l’introduction, puis le récit « principal » de No Man’s Land en six tomes et, enfin, New Gotham en trois volumes. Voir la page récapitulative si besoin.
Afin d’établir des résumés et critiques plus visibles qu’un gros bloc reprenant l’ensemble de l’ouvrage, celles-ci sont divisées par les différentes (petites) histoires qui composent le tome. Le résumé est en italique sous le titre et la critique est précédée d’une petite flèche.

Rappel : après un énorme cataclysme, Gotham City est déclaré no man’s land : personne n’y entre et personne n’en sort. Les rues sont aux mains des criminels, divisés par zones spécifiques. La police et quelques justiciers tentent d’en reprendre le contrôle et de sauver les plus démunis qui n’ont pas pu partir.

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À noter que tous les chapitres commencent par cette introduction : « … Au lendemain du cataclysme qui jeta à terre les fiers buildings de Gotham City, la nation américaine abandonna le peuple de la cité réduite en cendres. Seuls survivront les braves, les calculateurs et les fous dans cet enfer sur Terre appelé NO MAN’S LAND »

Équilibre
scénario : Greg Rucka | dessin : Jason Pearson
Batman : Legends of the Dark Knight #118

Alfred raconte l’histoire d’un chevalier et son écuyer à des enfants dans un endroit sécurisé de Gotham géré par lui-même et Leslie Thompkins. Il y explique la disparition du chevalier (Batman donc) et ce qu’a fait son écuyer (Alfred forcément) en attendant le retour de son maître. Alfred a aidé du mieux qu’il le peut les plus démunis et, surtout, observer les factions en place.

alfred no mans land

► Un point de vue intéressant sur Alfred, qui était absent du tome précédent (sans qu’on s’en rende compte réellement). Cela fait donc « du bien » de découvrir ce qu’il était advenu du célèbre majordome. Peu d’éléments sur le départ de Bruce/Batman (à priori, selon les résumés du volet précédent il essayait de convaincre le gouvernement de sauver Gotham City) mais un beau retour, un peu épique et très « visuel » malgré des dessins globalement ratés sur les visages mais réussis sur le reste (décors, découpage, couleurs)…

Harold / Bien chez soi
scénario : Dennis O’Neil / Scott Beatty | dessin : Chris Renaud / Damion Scott
The Batman Chronicles #16

Harold, bricoleur muet, bossu et chassé de chez lui pour sa laideur, travaillait avec Alfred et Batman dans la Bat-Cave (personnage manipulé par Le Pingouin puis recueilli par le Chevalier Noir). Le génie mécanique est sommé par Alfred de retourner en ville après le cataclysme…

harold batman

Un couple de voleurs se retrouve dans l’appartement… du Joker ! Une ombre en forme de chauve-souris les surveille…

no mans land robin dead

► Deux courts chapitres, surtout celui sur Harold. Ce personnage tertiaire est brièvement au centre du récit pour découvrir, à l’instar d’Alfred juste avant, ce qu’il faisait durant le cataclysme. Anecdotique et pas assez long pour vraiment s’attacher à Harold, on espère le revoir plus tard mais nul doute que ce petit segment est nécessaire pour revenir sur tous les protagonistes, même les moins présents.

L’autre chapitre est nettement plus prenant, glauque et réussi. L’omniprésence du Joker est glaçante alors que le célèbre clown n’apparaît absolument pas durant cette histoire. Les éléments décoratifs et divers (attention aux surprises malsaines) suffisent pour laisser planer l’ombre de l’éternel ennemi du Chevalier Noir.

Home Sweet Home
scénario : Lisa Klink | dessin : Guy Davis
Batman : Shadow of the Bat #86

Le sergent retraité William S. Riley a refusé de quitter Gotham City et continue de défendre sa maison corps et âme. Elle est pourtant située dans un bloc conquis par Killer Croc et que le gang de Zsasz souhaite récupérer. Même Batgirl n’a pas la force de les combattre et se voit contrainte de fuir les lieux…

no mans land tome 2

► Un chapitre qui se focalise sur un parfait inconnu pour mieux faire comprendre au lecteur l’état d’esprit des habitants de Gotham. Ils sont sur le qui-vive puisque les différents criminels s’approprient leur territoire voire leur maison, ils doivent payer un tribut (nourriture…) pour rester en vie, etc. En plus de montrer cet aspect (important et nécessaire), les souvenirs du vieil homme, sa propre vie familiale plutôt triste, la Seconde Guerre Mondiale et l’évolution de jeunes de la ville qu’il a vu grandir font de cette histoire, au style graphique proche d’une BD franco-belge, une curiosité élégante et réussite. Peut-être parce que le point de vue est foncièrement humain sous tous rapports…

Attentat au bonbon piégé
scénario : Dennis O’Neil | dessin : Roger Robinson
Azrael : Agent of the Bat #53

Azraël est toujours à la recherche de Calibax (cf. tome précédent) lorsque Batman lui confie la lourde tâche de retrouver le Joker et de le capturer. Tiraillé entre son désir de justice et agacé par l’autorité paternaliste effectuée par le Chevalier Noir, Azraël accepte cette mission. Ça tombe bien, le Clown du Crime est particulièrement impatient et cherche à tout prix à revoir Batman…

joker no mans land

► Si de prime abord le titre et le mot « dragibus » (les fameux bonbons dudit titre) prêtent à sourire, ce chapitre redore clairement le blason de Jean-Paul Valley et de cet arc narratif qui avait mal débuté. Véritable menace, le Joker est typiquement celui du dessin animé de la série de Bruce Timm et Paul Dini (voire même le Nicholson de Burton) : drôle et effrayant. Le dilemme moral entre la justice et la vengeance dans le rôle des quêtes que se sont données Batman et Azraël vient clore efficacement cette petite histoire. L’homme chauve-souris apparaît brièvement mais déterminé comme jamais pour reprendre le contrôle de sa ville, comprenant que sa présence en plein jour est gage de qualité pour effrayer ses ennemis. Seule ombre au tableau : des bulles narratives expliquant l’action en cours (et peut-être une colorisation trop vive pour des dessins des héros moins réussis que ceux du Joker, stylé au possible).

Le Visiteur
scénario : Kelley Puckett | dessin : Jon Bogdanove
Batman #566

Superman vient (enfin) en aide à Gotham City. Batman y est réticent et lui donne 24 heures pour faire autant « de bien » qu’il le peut. L’Homme d’Acier compte bien en profiter mais les habitants de la ville sont-ils prêt à être solidaire ?

superman no mans land

► L’ouvrage poursuit les points de vue différents (et c’est tant mieux) avec cette fois le surhomme de Metropolis, curieusement absent dans les volumes précédents. Cette entrée en matière ravit mais son côté éphémère et le fatalisme facile imposé (en gros Superman abandonne) gâche un peu l’ensemble — même si le justicier kryptonien n’a pas dit son dernier mot, il revient d’ailleurs dès le chapitre suivant —, servi par des dessins globalement ratés et encrés de façon très grossière et grasse.

Infiltration
scénario : Devin K. Grayson / Mark Waid | dessin : Mark Pajarillo
JLA #32

Huntress communique avec Superman et en veut terriblement à la Ligue de Justice de ne pas être intervenu et de continuer de rester en retrait. De leur côté, les membres affrontent diverses menaces et suivent une piste qui les mène au groupe de scientifiques Locus qui auraient peut-être manipuler le Sénat pour voter le décret no man’s land, interdisant à quiconque d’entrer dans Gotham. C’est l’une des raisons pour laquelle l’Homme d’Acier n’intervient pas, puisque cela est « illégal ».

Huntress No Mans Land

► Ce chapitre arrive pile au bon moment car ça faisait un bout de temps qu’on ne comprenait pas l’absence de la Justice League à Gotham. Si des raisons évoquées ne sont pas forcément les plus pertinentes (cette histoire d’illégalité), l’idée que chaque membre travaille dans l’ombre pour enquêter sur divers groupuscules souhaitant prendre le pouvoir depuis l’extérieur sur la ville est par contre tout à fait « plausible » et intéressante. Du reste, on poursuit le développent de Huntress et l’ensemble est agréable, un peu confus tout de même, avec de jolis dessins qui tranchent avec le chapitre précédent.

Nuances de gris
scénario : Bob Gale | dessin : Phil Winslade
Detective Comics #733

Dans Gotham, Batgirl constate que Gordon ne veut ni d’elle ni de Batman (accusé d’avoir abandonné sa ville). Le Chevalier Noir est lui même pris de doutes sur les bonnes méthodes à adopter pour sécuriser le maximum de personnes. Les choix « justes » sont-ils tous légaux et moraux ? À nouveau le justicier s’interroge et Alfred lui conte un souvenir similaire qui a eu lieu avec Thomas Wayne, à l’époque où Bruce n’était qu’un enfant.

Batman No Mans Land

► Sans nul doute le récit le plus intelligemment écrit jusqu’ici (avec Ni Loi ni Ordre qui ouvrait le tome précédent, déjà scénarisé par le même Bob Gale). La question du dilemme moral est une fois de plus soulevé sans réelle réponse. Tout n’est pas noir ou blanc, il y des nuances de gris, titre du chapitre donc. L’ensemble est passionnant, se recentre (enfin) sur le Chevalier Noir et est d’une rare élégance en terme de dessins particulièrement fins et soignés.

Danse de miséricorde
scénario : Dennis O’Neil | dessin : Roger Robinson
Azrael : Agent of the Bat #54-55

Azrael recherche toujours trois personnes : le Joker, Nicholas Scratch et Calibax. Il va voir l’Oracle pour recueillir des informations mais son parcours croise, forcément, celui de quelques démunis, malfrats et d’un mystérieux nouvel ennemi : le danseur de la mort, qui ôte la vie à ceux qui souffrent du no man’s land.

azrael no man land

► On retrouve quelques explications bienvenues, notamment pourquoi des habitants n’ont pas quitté Gotham City : la plupart pensait que le gouvernement ne les abandonnerait pas, ne croyait pas cela possible tellement ça semblait surréaliste. Ça se tient, peut-être pas à si grande échelle mais ça reste plausible (plus que l’inaction de la Justice League). Outre trouvaille, ou plutôt bonne idée, à peine esquissée jusqu’ici : le rechargement par panneau solaire, révolutionnaire pour l’époque (le récit date de l’été 1999). C’est comme cela qu’Oracle utilise des ressources. Une étrange relation entre elle et Azrael , qui se voient pour la première fois après plusieurs journées de conversation téléphonique (dommage qu’on ne les perçoit pas ainsi), se noue.

Le fille de Gordon « flirtait » avec Azrael, Jean Paul Valley de sa véritable identité, qui avait pris tout cela au premier degré (on ne badine pas avec l’amour !). Une certaine complicité nait entre eux deux et c’est clairement… sympathique et original ! En se recentrant sur Azrael durant ces deux chapitres, on s’aperçoit d’ailleurs que ce « justicier » est clairement partagé entre plusieurs éléments : il a pitié des plus pauvres mais une part de lui pense que c’est bien fait pour eux. Il y a toute une ambivalence, cher et coutumière du personnage, qui est ici nettement mieux écrit que d’habitude. Le justicier attire clairement une empathie plus poussée que dans d’autres histoires (plus anciennes comme Knightfall ou plus récentes comme Batman & Robin Eternal).

En bref, ces deux chapitres sont un sans faute si on accepte cette colorisation un peu trop vive qui tranche avec les autres planches de l’ouvrage, plus sombres voire monochromes, ainsi que le costume mi-armure mi-cosplay d’Azrael, un poil too much.

Oracle Azrael No Mans Land

— Tu es avec Batman ?
— Comment avez-vous deviné ? Oh… Le costume bien sûr.
— Non. La violence.

Leslie Thompkins à Azraël.

« Souffrir, c’est le prix que nous payons pour vivre. Et il n’est pas négociable.
Tout ce que nous pouvons faire, c’est l’accepter et aller de l’avant.
La pire chose que nous puissions faire, c’est nous apitoyer sur notre sort. »

Road Trip
scénario : Chuck Dixon / Scott Beatty | dessin : Andy Kuhn
Young Justice : No Man’s Land #1

Batman a viré Robin (Timothy Drake) de Gotham. Le jeune homme a en plus déménagé à Keystone City et ne supporte plus de rester inactif face à la situation actuelle de son ancienne ville. Le fait que son co-équipier ne lui demande pas de l’aide l’enrage et il en discute avec deux membres de la Young Justice : le sexiste (assumé) Superboy et Impulse (Bart Allen). Après un bref débat,  les trois jeunes justiciers partent en croisade à Gotham tandis que Red Tornado reste au QG (ainsi que Wonder Girl et Arrowette). De son côté, un jeune atlante, Lagoon Boy, nage pour la première fois vers Gotham City mais se fait attaquer par Kobra Prime, ennemi de la Young Justice.

Robin No Mans Land

► Petit aparté « fraîcheur et couleur » avec ce chapitre qui montre une jeunesse souriante et dynamique, d’un style graphique très moderne. Robin apparaît enfin, une fois de plus c’est un prisme d’explications qui arrive : le jeune rouge-gorge a été interdit de Gotham par son mentor, d’où son absence, c’est aussi simple que cela. Si le combat final (contre Kobra Prime) est expéditif et très moyen, celui contre la création de Poison Ivy (cette dernière n’apparaît pas mais elle a clairement son territoire et un pacte avec le Chevalier Noir) est très réussi. Il est d’ailleurs étonnant que trois jeunes justiciers n’en arrivent pas à bout, preuve que ce no man’s land n’est pas pour eux. Bon, pourquoi pas… L’ensemble apporte en tout cas ce vent de légèreté qui devient presque nécessaire tant l’ensemble est (un peu) anxiogène (sans que cela soit un défaut, bien entendu).

Titre de propriété
scénario : Greg Rucka | dessin : Mike Deodato Jr.
Batman : Legends of the Dark Knight #119 | Batman : Shadow of the Bat #87

Plus de quatre mois après le début du no man’s land, une carte de territoire montre l’avancée de chaque gangs, certains sont désormais rayés (Black Mask, l’Epouvantail, Scarface…), d’autres sont toujours en place (Double-Face, le Pingouin…) et Batman a presque la moitié de Gotham, une autre partie étant aux mains de la police. Le Pingouin et Double-Face décident de s’associer pour récupérer quelques territoires. Côté GCPD, Gordon prépare un assaut également.

double face no mans land

► Une histoire pleine d’action et particulièrement sombre. Peut-être ce qui « manquait » à l’ouvrage pour nous montrer le « vrai quotidien » du no man’s land en terme d’affrontement et des difficultés rencontrées par Batman pour garantir un semblant de paix. Si graphiquement des passages sont très réussis (notamment Double-Face), d’autres sont clairement ratés (Batman est une montage de muscles bodybuildé). Gordon semble avoir pactisé avec le diable, suffisamment alléchant pour vouloir connaître la suite et Oracle affirme avoir trouvé l’identité secrète de la nouvelle Batgirl. Cette dernière n’est toujours pas acceptée à 100% par Batman qui semble encore sur la réserve pour obtenir une aide plus concrète de sa part. Bref, dans ces deux chapitres, les pièces de l’échiquier avancent lentement mais sûrement, tout le monde a sa propre façon d’agir et trahit ses convictions (alliés comme ennemis). L’image finale est particulièrement réussie.

La marque de Caïn
scénario : Kelley Puckett | dessin : Damion Scott
Batman #567 | Detective Comics #734

Dans un passé proche, une jeune fille ne parlant pas l’anglais s’est liée d’amitié avec Barbara Gordon et a même sauvé la vie de son père. Pour cause, le tueur à gages Caïn est le père de cette jeune fille. Il l’a entraîné pour qu’elle soit une redoutable combattante mais celle-ci ne souhaite pas « tuer des gens ».

Batgirl Batman No Mans Land

Alternant flash-back se situant avant et durant le no man’s land, on ignore un peu les repères chronologiques précis de cette histoire un brin confuse. Son point fort réside dans son mutisme, les trois quarts de l’ensemble n’ont pas de bulle et se « lisent » très bien. On s’attache facilement à la jeune Cain, Cassandra de son prénom (qu’on connaît si on est déjà familier de l’univers Batman), il est difficile de comprendre les tenants et aboutissants de tout le récit tant ces nouveaux personnages ont l’air de sortir de nulle part. Le Chevalier Noir a un look différent de l’histoire précédente mais le début de celle-ci semble se dérouler juste après. Bref c’est un peu le bazar, avec un style cartoonesque étrange et qui ne colle pas à l’ensemble du tome. Sans doute la partie la moins réussie de l’ouvrage mais pas déplaisant totalement non plus grâce à l’introduction « civile » de la jeune fille de Caïn.

Conclusion : La saga poursuit sa très bonne lancée et livre un second tome aussi bon que le(s) précédent(s). Cette fois-ci, l’action est mise sur plusieurs justiciers ou antagonistes bien précis et cette nouvelle salve répond (avec plus ou moins de crédibilité) à bon nombre d’interrogations soulevées légitimement depuis le début de No Man’s Land (inaction de Superman, point de vue de Robin, etc.). Certaines histoires se lisent à travers le prisme d’inconnus ou de personnages très très secondaires, ce qui est une force de ce tome. On peut déplorer des styles graphiques assez différents mais l’ensemble restent très cohérent avec tout de même une qualité plus qu’honorable. Ne pas s’attendre à de gros changements majeurs au sein de l’évènement ni à beaucoup d’actions permettent de mieux savourer ce tome.

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