Proposé comme un récit complet, La Nuit des Monstres se déroule en réalité juste après les premiers tomes de Batman Rebirth (Mon nom est Gotham), Detective Comics (La Colonie) et Nightwing Rebirth (Plus fort que Batman). La lecture de ces trois autres volumes est-elle obligatoire ? Que vaut La Nuit des Monstres en tant que volume unique et est-ce que ce récit est indispensable dans la mythologie du Chevalier Noir ? Découverte d’un titre publié aussi bien librairie que dans deux numéros du magazine Batman Rebirth (les #3 et #4).
[Résumé de l’éditeur]
Tandis qu’une tempête aux allures de catastrophe naturelle approche de Gotham City, c’est entouré de ses fidèles alliés, avec Batwoman, Nightwing, Duke Thomas ou encore Spoiler, que Batman s’apprête à affronter une armée titanesque. Des monstres aux ordres d’une puissance inconnue et terriblement ingénieuse.
[Critique]
La nuit des monstres porte extrêmement bien son nom puisque le récit se déroule intégralement dans une nuit où, évidemment, les monstres sont de sortie. Cela permet d’avoir un rythme assez prenant en multipliant les points de vue : d’un côté Batman et Batwoman, d’un autre Orphan, Spoiler et Gueule d’Argile puis Nightwing rejoint par Gotham Girl. Les échanges fonctionnent très bien (Steve Orlando est chargé d’unifier les dialogues en épaulant chaque scénariste des trois séries qui constituent ce cross-over).
S’il n’y a pas spécialement besoin de lire ces fameuses séries (leur numéro un respectifs) pour la compréhension globale, attention à quelques révélations. On pense, entre autres, à la disparation de Red Robin (absent de La Nuit des Monstres) qui trouve son explication dans le premier tome de Batman – Detective Comics (La Colonie), la genèse de la constitution de la team atypique emmenée par Batwoman ou encore l’origine du personnage de Gotham Girl à découvrir dans le premier volume de Batman Rebirth (Mon nom est Gotham) ainsi que les faits d’armes de Strange (voir plus loin). Peu de connexions avec la série Nightwing Rebirth en revanche.
Des héros, des monstres, une nuit agitée… Comme dit on va à l’essentiel et c’est efficace, chaque petit groupe de justiciers doit combattre une ou plusieurs créatures ou bien sauver des citoyens qui perdent petit à petit leur calme. Pire : il semblerait qu’en étant infecté, n’importe qui puisse se transformer en monstre ! Pour une fois, la couverture n’était pas trompeuse et dévoile même un enjeu intéressant : Nightwing lui-même va devenir une créature cauchemardesque !
Si la narration suit un sentier plus ou moins balisé mais plaisant, elle peine un peu à cerner l’ennemi derrière ces actes, à savoir Hugo Strange (déjà auteur de procédés similaires, cf. le réputé Batman et les Monstres ou La Proie d’Hugo Strange pour explorer ce vilain emblématique). Le célèbre Docteur est montré très rapidement en début d’ouvrage (musclant son corps de façon hallucinante grâce au Venin de Bane) avant de disparaître. Pourtant, le Chevalier Noir sait que Strange se cache derrière les créations des monstres et est évoqué tout le long sans qu’on sache réellement comment et pourquoi Batman l’a su (sauf si on a lu le premier tome de Batman Rebirth bien sûr). C’est probablement le point faible du titre (d’être un peu moins accessible sans les connaissances des tomes précédents de deux séries diverses) car au demeurant, on est séduit par les combats faces aux titans humanoïdes qui, parfois, permettent de belles compositions graphiques !
En effet, malgré les trois dessinateurs différents, l’ensemble n’est pas dénaturé par un style se démarquant trop des autres, à l’exception de Riley Rossmo, davantage épuré et éloigné d’une approche dite mainstream. Roge Antonio et Andy MacDonald confère une approche somme toute très classique mais efficace. L’intérêt se situant dans les impressionnantes pleines pages qui parsèment l’ouvrage (et ses couvertures alternatives et croquis de recherche en bonus à la fin), cf. nombreuses illustrations en fin de cette critique.
Les amoureux du destruction-porn, monstres improbables (on pense un peu à des kaijus) et autres grandiloquences improbables (des Tours Waynes transformées en armes de guerre – modifiées par Batman en prévision d’une attaque de ce genre, quel homme !). Gotham se retrouve une fois de plus à feu et à sang, rappelant les débuts de Batman Eternal (où officiait déjà le scénariste James Tynion IV, à l’œuvre sur la série Batman – Detective Comics désormais) et quelques segments de Batman période Snyder.
En synthèse, La Nuit des Monstres (Night of the Monster Men) est une aventure nocturne sympathique, qui fait clairement le boulot, ça ne révolutionne rien mais ça change un peu côté équipes de super-héros – la coopération fonctionne plutôt bien ici, incluant Gueule d’Argile dans une métamorphose inédite. On n’a d’ailleurs pas l’impression de suivre trois séries différentes mais bel et bien une histoire cadrée et fluide.
A lire intrinsèquement en tant que récit complet, ça n’a pas trop d’intérêt mais à découvrir en pleine connaissance des autres séries gravitant autour, cela apporte un complément plus ou moins pertinent (notamment après les premiers volumes de Batman Rebirth et Batman – Detective Comics). Un divertissement qui sort un peu des sentiers battus et à prix correct (16€), c’est un donc un grand oui ici !
[A propos]
Publié chez Urban Comics le 20 octobre 2017
Également publié dans les magazines Batman Rebirth #3 et #4 (août/septembre 2017)
Contenu : Batman Rebirth #7-8 + Detective Comics #941-942 + Nightwing Rebirth #5-6
Intrigue : Steve Orlando, Tom King (Batman), Tim Seeley (Nightwing), James Tynion IV (Detective Comics)
Scénario : Steve Orlando
Dessin : Riley Rossmo (Batman), Roge Antonio (Nightwing), Andy MacDonald (Detective Comics)
Couleur : Ivan Plascencia (Batman), Chris Sotomayor (Nightwing), John Rauch (Detective Comics)
Traduction : Jérôme Wicky et Thomas Davier
Lettrage : Stephan Boschat (studio MAKMA)
Acheter sur amazon.fr : Batman – La Nuit des Monstres (16€)