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Batman – One Bad Day : Bane

Cinquième opus (sur huit) de la gamme One Bad Day, on s’attarde aujourd’hui sur Bane, créé en 1993 par Chuck Dixon, Doug Moench et Graham Nolan dans La Revanche de Bane, prélude à la grande saga Knightfall. Le célèbre ennemi a bénéficié de plusieurs adaptations (films, dessins animés, jeux vidéo…) mais a surtout été popularisé auprès du « grand public » dans The Dark Knight Rises en 2012, incarné par Tom Hardy. Côté comics, il est apparu après Knightfall dans des rôles « secondaires » à droite à gauche mais occupait une place de premier choix dans le run Batman Rebirth.

[Résumé de l’éditeur]
Si Eduardo Dorrance doit sa stature colossale au venom, c’est également à ce stéroïde qu’il doit ses plus gros ennuis. Sevré depuis longtemps maintenant, Bane a définitivement raccroché son masque de criminel pour se parer de celui d’un catcheur sur le déclin. Aussi, quand il apprend qu’une nouvelle source de venom existe, il va tout faire pour la détruire, afin que personne ne soit victime du poison qui a ruiné sa vie.

[Critique]
Un One Bad Day très intéressant et dans le haut du panier qui sort un peu du lot grâce à sa structure assez singulière (qu’on sera obligé de révéler dans le paragraphe suivant, passez à celui d’après si jamais) ! Dans ce récit complet sur Bane, l’auteur Joshua Williamson propose un « futur proche » à priori alternatif. Comprendre que Bane est de nouveau lutteur/catcheur sans que son passif soit renié. Il est même reconnu comme celui « qui a tué Batman » (en plus de lui avoir brisé le dos des années plus tôt, cf. Knightfall) et vit comme dans un manoir (celui de Wayne ?). L’antagoniste est dépeint avec une certaine mélancolie qui colle étonnamment bien au personnage.

Divisée en trois chapitres, l’histoire use d’une introduction un peu déroutante avant d’enchaîner sur une aventure plus convenue en flash-back (plusieurs parsèment l’ouvrage) en binôme entre Bane et le Chevalier Noir face à un nouvel ennemi. Surtout (attention à la révélation), le titre illustre davantage un « One Good Day » plutôt qu’un « Bad Day ». C’est-à-dire que la fiction ne revient pas sur le jour où tout a basculé pour Bane (malgré des souvenirs récurrents de sa mère et son enfance) et qu’il a choisi « le mal » (la « promesse » non tenue de cette collection de toute façon) mais celui où il peut opter pour l’inverse : le moment où l’on décide de faire le bien. C’est un choix audacieux et qui se marie bien à l’évolution de Bane (même si on peut « déplorer » que, d’une manière générale, les méchants d’anthologie de DC Comics – voire de la culture populaire globale – ne restent jamais réellement « mauvais » et s’adoucissent avec le temps voire deviennent des alliés).

En résulte un parcours plutôt inédit, passionnant dans son introspection de la figure mythique de Bane, moins dans sa quête de recherche du venin (et non venom – le terme en VO – comme l’indique l’éditeur en quatrième de couverture). Les affrontements sont tantôt spectaculaires, tantôt expéditifs (avec deux nouveaux ennemis oubliables). Il y a donc une partie du livre assez convenue et moins originale qui contrebalance bonnes idées et l’écriture assez solide du protagoniste.

Heureusement, les dessins et l’encrage d’Howard Porter couplés à la colorisation de Tomeu Morey apportent une véritable identité visuelle alléchante à l’ensemble. Porter est pourtant capable du pire (Justice League – La Tour de Babel) comme du meilleur (DC Univers Rebirth – Le Badge) ; ce sont probablement les gammes chromatiques peu criardes et contrastées qui apportent la patte graphique efficace (Morey excelle dans le domaine, cf. ses nombreux travaux : les séries Dark City, Batman Infinite, Joker War ou encore Batman/Catwoman, Heroes in Crisis…).

Côté écriture, Williamson est un habitué de DC Comics. Il a signé toute la longue série Flash Rebirth (onze tomes !), incluant les segments que le bolide écarlate partage avec Batman, comme dans Le Badge et Le Prix par exemple. Il a aussi œuvré sur Batman (Batman Infinite – Tome 4 : Abyss, la série Robin Infinite, Shadow War, Le Batman Qui Rit – Les Infectés…) et divers titres qui regroupent plusieurs héros et antagonistes (Justice League vs. Suicide Squad, DC Infinite Frontier, Dark Crisis, Justice League – No Justice…). En somme, c’est un auteur accompli, plus ou moins architecte de l’ère DC Comics actuelle (Infinite) qui maîtrise très bien son univers et réussit habilement cet exercice sur Bane – ce qui le sort un peu de sa zone de confort.

On conseille donc cet One Bad Day – avec celui du Sphinx et de Freeze (et on met de côté ceux sur Double-Face et Le Pingouin). Reste l’éternelle équation subjective : est-ce qu’un récit de ce genre et d’une soixantaine de pages vaut 15 € ? C’est toujours difficile d’arbitrer, d’autant qu’une éventuelle compilation des trois One Bad Day recommandés (à ce stade) coûterait à peine quelques euros de plus (contre 45 € à date séparément)… Rendez-vous cet été pour les trois derniers : Catwoman, Ra’s al Ghul puis Gueule d’Argile.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 7 juillet 2023.
Contient : Batman : One Bad Day – Bane #1

Scénario : Joshua Williamson
Dessin : Howard Porter
Couleur : Tomeu Morey

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Studio Myrtille (Christophe Semal)

Acheter sur amazon.fr : Batman – One Bad Day : Bane (15€)


Batman Infinite – Tome 4 : Abyss

Le troisième tome Batman Infinite achevait doublement un long récit sur Batman : celui entamé avec Joker War – en trois volumes – puis évidemment celui de Batman Infinite – également en trois volets. Ce quatrième et dernier tome, signé par une équipe artistique différente, poursuit-il encore l’intrigue générale ou offre-t-il une conclusion détachée de ses précédentes histoires ? Critique.

(Huit mois après sa sortie en librairie, l’intégralité de ce quatrième et dernier tome – relativement indépendant – est disponible
dans le sixième et dernier numéro de Batman Bimestriel Infinite ; permettant donc d’acheter le récit complet pour 12,90 € au lieu de 17 €,
au détriment d’un format cartonné pour du souple, à voir selon les préférences des lecteurs…)

[Résumé de l’éditeur]
Tandis que Gotham célèbre sa survie à l’État de terreur, Batman se replie dans l’ombre. Mais ce terrain pourtant bien connu par le Chevalier Noir s’avère hostile alors que les abysses deviennent soudainement mortelles. Un bienfaiteur de Batman Inc. nouvellement apparu pourrait bien aider à y remédier, à moins qu’il n’en soit la cause ? Pour le savoir, Batman n’a d’autres choix que de plonger complètement dans les ténèbres de Gotham.

[Début de l’histoire]
Les habitants de Gotham fêtent la fin de l’État de terreur. Batman continue d’arpenter sa ville et doit déjouer une attaque de Firefly lors d’une soirée déguisée en… ennemis du célèbre justicier !

Quand le Chevalier Noir apprend que cinq de ses alliés issus de Batman Inc. sont arrêtés en Badhnisie pour le meurtre du terrible Abyss, il se rend sur place et épaule l’inspectrice Cayha. Sur la scène du crime : une étrange substance noire et… Lex Luthor, qui finance désormais l’organisation des Batmen à l’internationale depuis la chute de l’empire Wayne.

Le Dark Knight poursuit son investigation et… perd la vue et retrouve le mystérieux Abyss ! À moins que ce soit une copie ?

[Critique]
Derrière le résumé un peu cryptique de l’éditeur (et donc en quatrième de couverture) se cache un récit plus terre-à-terre, bien rythmé, graphiquement très soigné (on y reviendra) et qui remet davantage Batman au premier plan. En effet, ce quatrième et dernier tome de Batman Infinite n’a quasiment plus de liens avec les trois précédents, il peut se lire de façon indépendante sans problème (il n’est d’ailleurs plus écrit par James Tynion IV mais par Joshua Williamson (Le Batman Qui Rit – Les Infectés, Justice League vs. Suicide Squad…)). L’habituel avant-propos de l’éditeur résume efficacement et élégamment les tomes précédents même s’il n’y a pas besoin de les avoir lus ou de s’en souvenir en détail.

Aparté : il est vrai qu’Urban Comics s’est retrouvé un peu coincé avec la série Batman après l’ère Rebirth de Tom King (en douze tomes) en prenant le pari de sortir Joker War qui était « banalement » la poursuite de la série Batman (elle conserve ce nom en VO). Joker War s’est étalée sur trois tomes (même si l’histoire principale se concentrait surtout sur les deux premiers) avant de se poursuivre dans les trois volumes de Batman Infinite – on avait donc un run de James Tynion IV sur six volets environ ; un récit inégal (comme souvent sur les séries excédant un ou deux opus), visuellement irréprochable et avec certaines originalités (situations inédites, multiples protagonistes…). On aura l’occasion d’en reparler dans une chronique récapitulative.

Dans Abyss, le Chevalier Noir renoue avec quelques alliés du Club des Héros – créé par Edmond Hamilton et Sheldon Moldoff en 1955 mais remis au goût du jour par Grant Morrison dans sa célèbre saga (étonnamment, au même moment, Batman – La Dernière Sentinelle s’inspire également de ce sujet). Ainsi, Frère Chiroptère, El Gaucho, Dark Ranger, Le Masque et le Bat-Man de Chine sont de la partie, tous appartenant à l’organisation Batman Inc. – là aussi conçue par Morrison et inscrivant donc cette ère Infinite dans la continuité et chronologie classique « officielle » du Chevalier Noir.

Pas d’inquiétude pour ceux qui n’étaient pas très fans de cette « extension internationale » de Batman (ou ne la connaissent pas), ici les cinq justiciers sont quasiment des figurants, la plupart ne parlent pas et ne sont que prétexte à déclencher l’intrigue qui poussera le Dark Knight à prouver leur innocence. En effet, les super-héros sont accusés du meurtre du mystérieux Abyss. Batman ne nie pas l’assassinat mais doit comprendre pourquoi. Très vite, l’alliance avec la charismatique Cayha et les agissements louches de Luthor donnent une consistance intéressante au récit.

L’enquête se révèle passionnante bien qu’un peu courte (cf. paragraphe suivant) et frustrante. Par exemple, la longue introduction avec l’attaque de Firefly aurait pu être absente et remplacée par un segment connecté à Abyss. La conclusion est, comme souvent, une porte davantage ouverte que fermée. On ne sait toujours pas qui est vraiment cet Abyss ni quels étaient ses pouvoirs (la matière noire qui a ôté la vue à Batman). Malgré cela et quelques inepties (les Batman emprisonnés avec leurs masques et tenues !), on est moins sévère sur l’ensemble qui réussit à emporter le lecteur grâce à son rythme intense, son fil rouge assez palpitant et ses styles visuels différents.

La fiction se déroule sur quatre chapitres (Batman #118-121) puis un cinquième et dernier (#124) offre un épilogue sur Cahya. Les deux épisodes manquant (#122-123) sont au cœur de l’évènement Shadow War, proposé en récit complet en France le 18 novembre prochain avec d’autres séries impactées dont celle sur Deathstroke, le mercenaire étant teasé dans Abyss avec l’invitation à lire Shadow War. De la même manière, il est fait mention de la saga Arkham Tower, à découvrir dans les tomes trois et quatre Batman Detective Infinite (pas encore chroniqués sur le site). Là aussi, nul besoin de connaître, ce sont surtout des allusions en fin de récit pour occuper le Chevalier Noir. Curieusement, une aventure de Mia, étudiante de la Gotham Academy, referme l’ouvrage (via trois back-up) où elle enquête sur la disparition d’une de ses amies avec Batman. Complètement anecdotique et sans rapport avec tout ce qui a été précédé, c’est à réserver pour les aficionados de ladite académie.

Abyss propose donc une parenthèse éphémère plutôt sympathique avec un Chevalier Noir tour à tour puissant et démuni, des alliés et ennemis inédits et un voyage hors Gotham assez passionnant malgré les défauts évidents relevés. Si beaucoup de dessinateurs œuvrent sur le titre, chacun sublime à sa manière la bande dessinée – son point fort. Ainsi, Jorge Molina et Mikael Janin ouvrent le bal puis signent la majorité du comic dans un style rigoureux, aéré et détaillé mais aussi lugubre et réaliste, accompagnés ensuite par Adriano Di Benedetto puis remplacés par Howard Porter et Jorge Fornés sur le dernier épisode (au style moins mainstream) et Karl Kerschl sur les back-up de fin (également à l’écriture).

Clairement, le duo Molina et Janin (très actif sur l’ancienne série Batman Rebirth) fait des merveilles, bien aidés par la colorisation sans faute de Tomeu Morey, habitué sur les titres précédents (Joker War, Batman Infinite…). Graphiquement c’est un sans faute, chaque personnage est reconnaissable aisément, les scènes d’exposition et les séquences d’action sont fluides et lisibles, les jeux de lumière une fois de plus réussis. En synthèse, Abyss est tout à fait correct à tous points de vue et ne s’inscrit pas vraiment dans la suite de ses tomes précédents et peut donc être lu à part.

Quid de la « suite » des aventures de Batman (via la série du même titre) ? Et bien, il n’y a plus beaucoup de chapitres à rattraper, seulement trois de plus publiés aux États-Unis par rapport à la France (!) – qui promettent « une nouvelle ère », comme souvent. Écrit par Chip Zdarsky et dessiné (à nouveau) par Jorge Jimenez, il est encore trop tôt pour savoir sous quelle forme Urban Comics publiera cette nouvelle aventure. Un récit complet ? Une série en deux ou trois tomes ? Une nouvelle relance avec un nouveau titre ? L’éditeur risque d’être confronté à la même problématique qu’à l’époque de Joker War (donc fin de l’ère Batman Rebirth et début de Batman Infinite), en espérant ne pas perdre un peu le lecteur. MàJ 20/10/22 : cette nouvelle série s’appelera Batman – Dark City et le premier tome sortira le 24 février !

Dans tous les cas, il faudra attendre la fin des six épisodes de Zdarsky (la durée de son arc intitulé Failsafe, qui replace Tim Drake en Robin) avant de savoir si l’auteur poursuivra son contrat et donc cette série ou si un autre scénariste prendra le relai. Le planning d’Urban étant, de toute façon, bouclé jusqu’en décembre 2022 (même moment où le travail de Zdarsky est censé s’achever), on aura droit à ce récit qu’en 2023 (sauf si Urban décide de ne pas le traduire mais aucune raison à cela, « au pire » il atterrira dans Batman Bimestriel Infinite dans quelques mois). Chip Zdarsky a signé un excellent run sur Daredevil chez la concurrence et officie chez DC Comics depuis peu. On lui doit, entre autres, une série sur Red Hood dans l’inédit Batman : Urban Legends (2021) et surtout Batman : The Knight, actuellement en cours de publication et prévu en dix chapitres. Une œuvre acclamée qui devrait se terminer en octobre prochain et sera donc probablement traduite en 2023 chez nous. MàJ 20/10/22 : sortie prévue le 24 février 2023 !

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 23 septembre 2022.
Contient : Batman #118-121 & #124 + back-up #119-121

Scénario : Joshua Williamson, Karl Kerschl
Dessin et encrage : Jorge Molina, Mikael Janin, Adriano Di Benedetto, Howard Porter, Jorge Fornés et Karl Kerschl
Couleur : Tomeu Morey, John Rauch

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Makma

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DC Univers Rebirth – Le Badge

Le Badge (The Button en VO) est un tome un peu particulier. Il rassemble les chapitres #21 et #22 des séries Batman et The Flash (sous l’ère Rebirth, second relaunch de DC Comics). Ces quatre épisodes font également suite à des éléments distillés dans plusieurs histoires publiées chez l’éditeur ces dernières décennies (principalement sur Le Bolide Écarlate, mais aussi des events de DC Comics, comme Flashpoint et DC Univers Rebirth, le tout planant dans l’ombre du gigantesque et culte Watchmen). Un très bon avant-propos éditorial récapitule tout cela avant de se lancer dans la lecture. Tour d’horizon.

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[Introduction]
Guide de lecture • « Le Mystère de DC Rebirth se dévoile »
Texte entièrement reproduit depuis l’édition librairie d’Urban Comics ©

1. Le Tapis Cosmique | Flash la légende – Tome 01
Barry Allen est l’homme le plus rapide du monde. Il est le catalyseur de l’Univers Renaissance : quand il a tenté de sauver sa mère des griffes de son ennemi, Néga-Flash, il a modifié à jamais le cours de l’Histoire.

2. Flashpoint | Flashpoint
En utilisant le tapis, Barry remonte le temps afin d’empêcher le meurtre de sa mère, Nora, par son pire ennemi, le professeur Zoom, aussi appelé Néga-Flash. Ce faisant, il modifie le cours des évènements et créé un présent au bord de l’Apocalypse. Aidé par Thomas Wayne, le Batman de cette dimension baptisée « Flashpoint » *, qui assassine Zoom, Flash parvient à rétablir la continuité des évènements… sans remarquer que certains éléments ont été modifiés.

* Outre l’histoire de Flash (et de cet important chamboulement) narré dans le tome éponyme, on peut découvrir l’histoire de ce Batman particulier et original dans l’excellent one-shot Cité Brisée et autres histoires… Elle est également disponible dans les deuxième numéro du magazine Flashpoint publié en 2012.

3. Le Retour de Kid Flash | DC Univers Rebirth [mini-critique]
Wally West qui fut le partenaire de Barry Allen, pendant des années sous le pseudonyme de Kid Flash, a disparu suite au Flashpoint. Le monde entier, y compris sa femme, Linda, et Flash, l’a oublié. Lors d’une mystérieuse tempête, Wally parvient à s’extirper de ces limbes et à contacter Barry qui, se souvenant de lui, réussit à le ramener à la réalité. Wally affirme qu’une entité a enlevé dix années aux héros de la Terre, effaçant des souvenirs, des relations ou même des individus.

4. Le Pétase de Mercure | Flash Rebirth – Tome 02
Après ces retrouvailles, Flash perçoit un nouveau mouvement dans la Force Véloce et a une vision d’un objet qu’il ne reconnaît pas mais qui le remplit d’espoir : un pétase de Mercure. Un casque qui appartenait des années auparavant à Jay Garrick, le Flash des années 1940.

Batman Button Badge Comedien

5. Le Badge | Watchmen
La nuit du retour de Wally West, Batman (Bruce Wayne), le plus grand détective du monde, remarque un étrange objet dans un recoin de sa batcave : un badge « smiley » jaune taché de sang. Il s’agit du badge du Comédien, un justicier radical vivant dans une dimension parallèle, dans les évènements ont été altérés par le Dr Manhattan, un être surpuissant capable de modifier la réalité à l’envi.

6. La lettre de Thomas Wayne | Flashpoint
Dans la réalité du Flashpoint, Bruce Wayne a été abattu enfant, son père est alors devenu Batman pour le venger. Avant que cette temporalité soit effacée, Thomas a laissé une lettre à Flash afin qu’elle soit remise à Bruce, une fois la réalité restaurée. Wally West a pointé du doigt cette lettre lors de son retour.

7. Le Masque de Méduse | Batman Rebirth – Tome 03 [critique]
Roger Hayden, le Psycho-Pirate, est un super-vilain dont le Masque de Méduse lui permet de manipuler les émotions de ses adversaires. Batman a ramené le Psycho-Pirate de l’île de Santa Prisca afin d’aider son amie, Claire Clover, alias Gotham Girl. Le Psycho-Pirate est également le seul personnage qui se souvient des dimensions parallèles datant d’avant la première Crise de l’Univers DC (Crisis on Infinite Earths).

8. Johnny Thunder et Saturn Girl | DC Univers Rebirth [mini-critique]
Deux personnages semblent connaître certains secrets de l’univers de DC Rebirth. Le premier est Johnny Thunder, un métahumain retraité, qui faisait partie de la Société de Justice, la plus grande équipe de héros durant la Seconde Guerre mondiale. Il en a effacé le souvenir afin de les protéger des investigations de la Commission des activités anti-américaines, dans les années 1950. Le second est Saturn Girl, une jeune télépathe issue du XXXIème siècle, qui fait partie de la Légion des Super-Héros, une équipe d’adolescents à super-pouvoirs. Elle est actuellement enfermée à l’asile d’Arkham, mais il semblerait qu’elle soit au courant des évènements à venir.

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Le récit est également disponible en kiosque le 6 avril 2018 dans les magazines Batman Rebirth #11
et Justice League Rebirth #11 (couvertures de gauche), pour 5,90€ chacun.
Les deux bénéficient d’une édition collector limitée avec une couverture en noir et blanc, au prix de 9,90€ le magazine (couvertures de droite).
Liens pour les acheter tout en bas de cette critique.
Le recueil en librairie coûte, quant à lui, 14,50€ et sera en vente le 13 avril 2018 (couverture du haut de cet article).

[Histoire]
À Arkham, Saturn Girl regarde un match de hockey et se rappelle qu’un joueur va mourir. Batman visualise le même match, sachant (à priori) également ce qu’il va se dérouler. Le Chevalier Noir lance le badge qu’il avait retrouvé dans la Bat-Cave à côté du Masque de Méduse et le fantôme de son père, costumé également en Dark Knight (le « Batman » de la version Flashpoint) lui apparaît sporadiquement.

En attendant l’aide de Flash pour résoudre ce mystère, Bruce se fait agresser par Eobard Thawne, le professeur Zoom, alias Néga-Flash. Ce dernier avait justement été tué par Thomas Wayne dans l’univers Flashpoint.

Batman et Flash vont devoir voyager dans le temps pour résoudre l’énigme du badge et la mort de quelqu’un…

Batman Nega Flash  Nega Flash Batman

[Critique]
Premier chapitre (Batman #21) écrit par Tom King hyper efficace : un excellent rythme, un combat d’anthologie, des dessins incroyablement beaux et stylés (par Jason Fabok, qui les encre également), un découpage dynamique (qui rend hommage à Watchmen par ses cases type gaufrier — neuf par planche — et l’omniprésence du célèbre jaune des Gardiens — Brad Anderson est à la colorisation), un coup de théâtre final, bref c’est un sans faute !

Deuxième chapitre (The Flash #21) avec une autre équipe artistique, notamment Joshua Williamson à l’écriture, Howard Porter pour les dessins et Hi-Fi pour les couleurs. En résulte un style graphique différent mais extrêmement soigné à sa manière, dont les mouvements colorés de Flahs sont un pur régal visuel. Après l’action et la violence, place à la réflexion et à l’enquête. Des dialogues interminables entre les deux justiciers ont lieu, sans qu’on comprenne clairement tous les enjeux, faute à un certain jargon plus ou moins scientifique. Rien de très grave cependant. La plupart des connexions à d’autres comics mentionnées en introduction sont abordées à nouveau ici (DC Univers Rebirth, Flashpoint, Cité Brisée et autres histoires…, Flash Rebirth – Tome 02, etc.).

De façon anecdotique, on apprend aussi que le sang sur le badge (celui du Comédien de Watchmen) n’est pas recensé dans l’univers actuel. L’ensemble de cette histoire, un chouilla plus centré sur Flash a un côté « psychédélique » grâce aux couleurs vives causées par le voyage dans le temps (ou les univers) de Batman et du Bolide Écarlate. Ce qui donne lieu à une rencontre surréaliste (et fantasmée depuis des années par les fidèles lecteurs fans de Flashpoint) : le Batman de Flashpoint, donc Thomas Wayne, face à « notre » Batman, donc Bruce Wayne !

Flash The Button

Troisième chapitre (Batman #22) replongeant dans l’univers Flashpoint avec un flash-back de Thomas Wayne qui s’était recueilli dans son manoir, attendant les soldats d’Aquaman et Wonder Woman (les deux étaient alors en guerre avant de s’allier). On nous explique qu’il ne s’agissait pas d’un univers alternatif mais d’une histoire alternative et que le lieu est le même. Un brin confus quand même pour le lecteur, qu’il soit connaisseur des œuvres précitées et de l’univers DC (il a tout intérêt à l’être) ou simple néophyte (qui risque d’être totalement largué).

En résulte malgré tout de très beaux moments entre Bruce et Thomas, quand le fils annonce au paternel qu’il est grand-père par exemple, c’est émouvant, le temps d’une case mémorable. La relation entre les deux pourrait faire l’objet d’une série à part, tant il y aurait à proposer avec ce duo original ! Le costume croqué à l’origine par Eduardo Risso est respecté et permet d’identifier aisément quel Chevalier Noir parle ou agit.

Bruce Thomas Wayne Batman

Quatrième chapitre (The Flash #21) flamboyant et coloré ! Avec ce ton pastel unique qui dénote clairement avec la série Batman mais qui passe tout de même très bien. Ce petit manque de cohérence graphique n’est pas très important car les deux sont originaux et soignés.

La conclusion nous (re)présente Jay Garrick, le tout premier Flash (publié pour la première fois en janvier 1940 !) et évidemment un autre personnage célèbre du monde de DC Comics (pas vraiment une surprise de le voir mais assez jouissif quand même).

Un épilogue de deux planches, sans texte, clôt une partie de l’ouvrage avec une élégance rare (à priori lié à l’autre évènement DC « Superman Reborn », disponible dans les magazines Justice League Rebirth #10, #11 et #12 (mars, avril et mai 2018) et dans DC Univers Rebirth : Superman, en vente dès le 29 juin 2018).

Flash Batman Button

La « suite », la confrontation des héros de Watchmen avec ceux de DC Comics est à découvrir dans la série Doomsday Clock, écrite par Geoff Johns et dessinée par Gary Frank. Elle est actuellement en publication et se déroule sur douze chapitres prévus de novembre 2017 à juillet 2019. Superman sera opposé au Dr. Manhattan. Urban Comics propose les six premières pages (en noir et blanc) en exclusivité (The Road to Doomsday Clock). Il s’agit donc de la suite « officielle » de Watchmen (spoiler : le journal de Rorschach a bien été publié par la presse, Adrien Veidt (Ozymandias) a donc été démasqué et est activement recherché).

Que vaut donc Le Badge une fois la lecture terminée ? L’impression de lire un récit « important » dans l’histoire du DC Comics. Une histoire un peu courte qui fait surtout office d’introduction (à Doomsday Clock). Sur les graphismes, il n’y a rien à dire, comme évoqué les deux styles (de Jason Fabok et de Joshua Williamson) se conjuguent à merveille malgré leurs flagrantes différences. Le travail de colorisation est à salué également tant il apporte un plus non négligeable. Le livre comporte de magnifique doubles pages qui sont, une fois de plus, un régal pour les yeux. Par ailleurs, huit superbes couvertures alternatives concluent le tome.

Sur le scénario, le plus gros défaut du titre est son accessibilité. Un novice total de l’univers de DC n’y comprendra pas grand chose (niveau connexions avec les autres personnages et œuvres) et ne saisira aucune référence. Même les fans les plus aguerris auront bien besoin du récapitulatif en début d’ouvrage pour tout bien avoir en tête. Idéalement donc, il faut à minina connaître Flashpoint mais aussi son extension sur Batman, sans oublier Watchmen. Cela fait « beaucoup » pour séduire un nouveau lectorat. Mais ce n’est pas le but ici. L’idée est de proposer un vaste chantier éditorial et une prise de risque énorme dans le paysage des comics. Et à ce niveau là, le pari est gagné haut la main. Le fan de Watchmen et de Batman ne pourra qu’être conquis ! Coup de cœur 2018.

Bruce Wayne Flash

[À propos]
Publié en France le 13 avril 2018 chez Urban Comics.

Scénario : Tom King (Batman #21-22), Joshua Williamson (The Flash #21-22), Geoff Johns (Doomsday Clock)
Dessin : Jason Fabok (Batman #21-22), Howard Porter (The Flash #21-22), Gary Franck (Doomsday Clock)
Couleur : Brad Anderson (Batman #21-22), Hi-Fi (The Flash #21-22)

Traduction : Alex Nikolavitch, Jérôme Wicky, Ed Tourriol
Lettrage : Stephan Boschat (Studio MAKMA)

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DC Univers Rebirth – Le Badge
Batman Rebirth #11 : Batman / Flash – Le Badge (1/2)
Justice League Rebirth #11 : Batman / Flash – Le Badge (2/2)
Batman Rebirth #11 : Batman / Flash – Le Badge (1/2) • Édition collector limitée noir et blanc
Justice League Rebirth #11 : Batman / Flash – Le Badge (2/2) • Édition collector limitée noir et blanc

Batman Thomas Bruce Wayne

Guide de lecture minimaliste avant de découvrir Le Badge :
1. Watchmen
2. Flashpoint
3. Batman : Cité brisée et autres histoires…
ou version kiosque magazine en occasion : Flashpoint #2
4. DC Univers Rebirth (intégrale)
ou version kiosque magazine en occasion : DC Univers Rebirth #1

5. DC Univers Rebirth – Le Badge (13 avril 2018)
6. DC Univers Rebirth – Superman (29 juin 2018)
7. Doomsday Clock (premier tome au plus tôt fin 2018)

Batman Le Badge The Button Smile Smiley Watchmen