Suite et fin des critiques de l’entièreté de la série Detective Comics (période New 52) qui a été intégralement publiée en France dans les magazines Batman Saga puis Batman Univers (et certains chapitres dans trois récits complets en librairie, cf. cet index récapitulatif). Afin de coller à la version US, les cinq derniers chapitres ont été compilés dans cette chronique, reprenant ainsi le sommaire de l’équivalent du neuvième et dernier tome : Gordon at War (traduit en France en kiosque par Notre Gordon en guerre). Après un huitième volume assez moyen, que vaut cette conclusion ?
[Histoire]
Un sosie de Georges Washington est retrouvé mort dans une ruelle. Batman (Gordon) enquête avec Bullock sur le mystérieux tueur qui se cache derrière ce crime. Ce dernier s’est constitué plusieurs masques humains afin de commettre ses assassinats.
C’est ensuite un cadavre ressemblant au spationaute Alan Shepart qui est découvert. Après le premier président des États-Unis, le premier homme à être allé dans l’espace…
Qui sera la prochaine victime ? Pourquoi l’auteur des meurtres suit un schéma précis et accorde une importance à la mise en scène macabre de ses méfaits ?
[Critique]
Le premier récit se découpe en trois épisodes regroupés sous l’appellation L’âge de bronze et chacun titré respectivement Le sang des héros, Le sel de la terre et Martyrs et marteaux. On y suit donc Gordon sous le costume de Batman mais cette fois sans l’armure high-tech, ce qui est davantage plaisant, enquêtant conjointement avec Bullock sur un tueur en série, un peu « à l’ancienne ». Efficace dans sa première moitié, on cherche à comprendre en même temps que les deux flics le mobile des meurtres et la corrélation entre les indices. Pétard mouillé : une énième personne folle (strictement inconnue dans la mythologie du Chevalier Noir) qui effectue des sacrifices afin d’accomplir sa destinée (sic)… Encore une « aventure » sans grand intérêt, in fine… On apprécie juste voir Gordon abîmé et moins « efficace » que le classique Dark Knight (à l’instar du tome précédent, ce genre de petites histoires seraient plus palpitantes à lire en les entremêlant avec la fin de la série Batman qui se déroule simultanément).
Pour fêter le cinquantième chapitre du relaunch de Detective Comics, un complément intitulé Les onze curieuses affaires de Batman sert d’interlude bonus. Il s’agit de onze couvertures pleine page modernisant d’anciennes couvertures cultes de la série Detective Comics (reliées par un dialogue entre Batman et Superman). Ainsi, les dessins de Jerry Robinson, Klaus Janson, Nroma Breyfogle, Dick Giordano ou encore Jim Aparo (parmi les plus célèbres) sont réinterprétés par Rafael Albuquerque, Fraze Irving, Chris Burnham, Kelley Jones, Cameron Stewart, John Paul Leon et quelques autres. Un bel hommage visuellement agréable et réussi !
Enfin, le second récit est évidemment Notre Gordon en guerre (Gordon at War) en deux chapitres. Le policier/justicier retrouve un ancien frère d’armes, vite tué… Gordon retourne en Afghanistan voir ses autres camarades encore vivants afin de comprendre qui cherche à leur nuire. Un passé militaire qui tranche (à nouveau) avec l’image habituelle de Gordon. Pourquoi pas dans le fond mais difficile de plonger avec passion chez ces marines, qui se retrouvent dans un temps souterrain dans le désert à combattre des fanatiques et même une sorte de momie surpuissante (sic – bis). Expéditif au possible malgré l’éventail de possibilités palpitantes qui n’aura donc pas été exploité.
Seul l’aspect graphique de l’ensemble, assuré par Fernando Pasarin (dessin), Matt Ryan (encrage) et Chris Sotomayor (couleurs) sauvent un peu ces cinq chapitres, apportant une certaine plausibilité, un découpage lisible et quelques scènes d’action sympathique. Un style malgré tout assez impersonnel mais pas déplaisant.
L’unique chapitre de Batman Rebirth est également inclus dans la version US, en France on a pu le découvrir dans le premier magazine du même nom en kiosque ainsi que le premier tome librairie de la série éponyme. Détachée de la série principale nommée Batman Rebirth en France, c’est une sorte d’introduction à celle-ci, assez moyenne. Elle avait été chroniquée ici (et mise à jour là).
En synthèse, cette conclusion de série est franchement pauvre : ni épique, ni émouvante, ni réellement intéressante. Le scénariste Peter J. Tomasi (capable du meilleur comme du pire visiblement) peine à séduire son lectorat. Le volume précédent était un poil plus accrocheur et pouvait parfaitement achever la série, surtout après les aventures de Bullock. En se basant sur les neuf tomes VO, on conserve (vite fait) les bons souvenirs du premier (son aspect graphique, son originalité avec le Taxidermiste — vite disparu malheureusement) et les jolies planches du second avec, entre autres, son récit centré sur Mr Toxic puis on oublie aisément les errements de multiples aventures des tomes 3 à 5, curieusement proposés en librairie en France (Empereur Pingouin puis Jours de colère). On apprécie en revanche les tomes 6 et 7, compilés chez nous dans Anarky, puis on oublie (à nouveau) les deux derniers volumes incluant celui chroniqué ici. Detective Comics période New 52 aura souffert d’être trop souvent dans l’ombre de sa série mère, obligée d’y être connectée, perdant une pseudo indépendance salvatrice. A de rares exceptions près (le travail sur Bullock notamment), il n’y a pas grand chose qui restera en mémoire de ces aventures dont la moitié n’auront pas forcément mis en avant Bruce Wayne/Batman.
[A propos]
Publié en France dans Batman Univers #10 puis #12 à #14 (décembre 2016 à avril 2017) chez Urban Comics
Scénario : Peter J. Tomasi
Dessin : Fernando Pasarin
Encrage : Matt Ryan
Couleur : Chris Sotomayor
Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)
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