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Justice League – Tome 10 : La Guerre de Darkseid (2ème partie) / Justice League Univers Hors-Série #2

MàJ (21/10/2016) : Une version plus courte et remaniée de cet article est sur le site UMAC – Comics & Pop Culture.

Après une excellente première partie de La Guerre de Darkseid dans le neuvième volume, le dixième et dernier de la série Justice League (des New52) est enfin disponible.
Attention : le deuxième hors-série du magazine Justice League Univers est un bon complément (disponible le 26 août en kiosque).

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[Histoire — Justice League – Tome 10 : La Guerre de Darkseid (2ème partie)]
Après la mort de Darkseid, certains membres de la Justice League acquièrent davantage de puissance : Batman (depuis qu’il est sur le trône de Mobius), Flash (qui est devenu l’hôte du Pisteur Noir qui a terrassé Darkseid), Shazam et Green Lantern, mais aussi Superman et Lex Luthor, qui sont sur Apokolips. Chacun devient un « néo-Dieu » et va devoir trouver le bon équilibre entre la maîtrise des nouveaux pouvoirs et la moralité humaine à conserver.

Ainsi, Batman devient le Dieu de la Connaissance, Superman est le Dieu de la Force, Flash le Dieu de la Mort, Shazam le Dieu des Dieux, Green Lantern le Dieu de la Lumière et, enfin, Lex Luthor le Dieu d’Apokolips.

Wonder Woman, Cyborg, Jessica/Power Ring, Scott Free et Steve Trevor forment une équipe chargée à la fois de les « contrôler » mais aussi de combattre certains sbires de Darkseid, désirant vouloir venger leur maître.

De son côté, La Société du Crime refait surface, tandis que l’Anti-Monitor est redevenu Metron (et va chercher à récupérer son siège de Mobius) et que Graal, la fille de Darkseid, manigance de sombres desseins…

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[Critique — Justice League – Tome 10 : La Guerre de Darkseid (2ème partie)]
Toutes les qualités du tome précédent se retrouvent dans cette suite, à quelques exceptions près. Sur la cohérence graphique tout d’abord, si Jason Fabok excelle à nouveau sur quatre chapitres (les 7, 8, 10 et le 11, appelé « conclusion »), les deux premiers (5 et 6) sont signés par Francis Manapul (qui œuvre sur la série The Flash, conseillée). Attention, c’est tout aussi sublime, mais dans un registre très différent (cf. illustration ci-dessus, avec un côté plus « pastel » voire « indépendant »). Comme ses planches sont surtout focalisées sur les néo-Dieux, cela créé une certaine homogénéité pour cette mini-histoire. Le neuvième chapitre (Justice League Darkseid War Special #1) est dessiné par Ivan Reis, Paul Pelletier (tous deux ont été sur Aquaman), ainsi qu’Oscar Jimenez. C’est un sans-faute car les trois se fondent parfaitement dans le style de Fabok, si bien que les différences sont très subtiles et absolument pas gênantes. Côté dessin donc, tout roule pour l’ensemble du tome. Les combats sont toujours aussi beaux et fluides, les visages parfaitement détaillés et les cases magnifiés par les couleurs de Brad Anderson (Alex Sinclair pour le chapitre « bonus » et Manapul s’occupe lui-même de la colorisation de ses dessins, parfois accompagné de Brian Buccellato).

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Côté scénario, on retrouve une foule de personnages, avec toujours Wonder Woman mise en avant (elle est la narratrice de l’ensemble) et quelques autres prennent davantage d’importance, comme Graal, Steve Trevor et même Jessica. On découvre le passif de la fille de Darkseid, les raisons de cette guerre, ses motivations. Chaque super-héros de la Justice League joue un rôle important mais, hélas, tout s’enchaîne un peu trop vite pour vraiment comprendre ce qu’il se passe. Ainsi, Green Lantern, devenu Dieu de la Lumière, n’a plus l’air de l’être peu de temps après. Que fait Shazam de ses pouvoirs, quels sont-ils d’ailleurs ? Comment Luthor devient le nouveau Dieu de la planète de Darkseid ? Les explications sont volontairement survolées.

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Tout ceci est malheureusement « normal » car c’est à découvrir dans des chapitres séparés, publiés dans le deuxième hors-série de Justice League Univers. Même si on a du mal à comprendre comment chaque super-héros-néo-Dieu a le temps de vivre une petite aventure « en solo » à côté de cet immense champ de bataille. La critique du magazine est à retrouver ci-après, elle ne convainc pas plus que ça et il aurait été plus judicieux d’inclure un chapitre d’une vingtaine de pages passant sur chaque héros un par un, tout en entretenant une dose de mystères, plutôt que de d’expliciter des choses finalement très convenues (Lex Luthor) ou complexes (Shazam). Notons un combat intérieur plutôt fort pour Flash, Green Lantern et Superman cela dit. Et une histoire du Chevalier Noir qui aurait surtout sa place dans une de ses séries.

Outre cet aspect un peu dommageable, le reste du récit tient bien la route, c’est épique, dramatique, parfois un brin plus léger et drôle (grâce à Green Lantern). La fin est surtout un « nouveau départ », comme le dit Diana elle-même. Le statu quo de la Trinité demeure changé à jamais : Superman a un destin bien précis qui l’attend (normalement à découvrir dans les magazines Superman Univers #11 et #12, soit en janvier et février 2017), Batman découvre un terrible secret à propos du Joker et Diana apprend un secret de famille. Luthor aussi accède à un nouvelle étape cruciale de sa vie. Bref, beaucoup de pistes qu’on voudrait découvrir (et qui le seront dans les séries du relaunch Rebirth) mais qui donnent une fin trop ouverte à l’histoire.

Lire les tomes 9 et 10 s’avèrent, heureusement, un excellent divertissement, l’équivalent d’un blockbuster du cinéma savoureux et qu’on se plaît à revoir de temps en temps, donc ici à relire et découvrir.

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[Histoire — Justice League Univers Hors-Série #2]
Idéalement à lire entre le premier et deuxième chapitre du tome 10 de Justice League (soit les #5 et #6).

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Darkseid War : Batman #1 – Dieu seul sait
Depuis que Batman est devenu le Dieu de la Connaissance (fin du tome 09 de Justice League), il est omniscient : il a les réponses à toutes les questions possibles, il peut savoir ce qu’il va se passer, etc. Le Chevalier Noir, toujours sur le fauteuil de Mobius, arrête donc les criminels de Gotham City avec une facilité déconcertante ; pour cause : ceux-ci n’ont pas encore commis leurs méfaits (puisque Batman « sait » qu’ils vont les faire, même s’ils ne sont pas encore passés à l’acte). Un problème de taille pour Gordon, qui n’approuve pas cette méthode d’une part, et qui est contraint de relâcher le nombre conséquent de prisonniers faute de place et de rapidité administrative d’autre part. Mais, plus important pour Batman, il est temps de rencontrer Joe Chill et d’avoir une conversation avec lui, le tueur de ses parents, et donc le « créateur » de Batman.
Un excellent chapitre qui reflète bien toute la psychologie absolue du Batman « noir » qui sévit depuis une trentaine d’années. Sa quête de justice, peu importe le prix et le sacrifice, la douleur d’un deuil toujours très présent et « une fin » qui peut « justifier » les moyens. Écrit par Peter J. Tomasi (auteur de la bonne série Batman & Robin, dont une référence au sixième tome est placée subtilement) et dessiné tout en beauté par Fernando Pasarin, cette courte aventure du Bat-néo-Dieu est une bonne entrée en matière.

Darkseid War : Superman #1 – Le Dieu de l’acier
Lorsque Lex Luthor et Superman se sont retrouvés sur Apokolips (à nouveau dans le tome 09 de Justice League), l’Homme d’Acier fut privé de ses pouvoirs petit à petit à cause du manque de soleil sur cette planète. Luthor le pousse alors dans la Fosse Ardente et Superman en sort métamorphosé, nettement plus puissant mais en perte d’humanité et donc capable de tuer.
Superman revient à Metropolis. Tout le monde le pensait disparu et est ravi de son retour, à commencer par son ami Jimmy Olsen. Mais Superman a changé, et pas que de costume et de pouvoirs, il ne veut plus aider et sauver les humains. Il en a marre de devoir toujours être là pour les aider. Il y voit clair désormais, ce n’est plus son rôle. Jimmy va tenter de le raison et lui prouver que les hommes aiment Superman, peu importe qu’il soit kryptonien ou non.
Efficace mais trop court. La première partie est assez « risible » (Superman qui casse tout partout, se comporte comme une brute et veut juste de la tarte aux pommes…) mais la seconde, le combat pour retrouver son humanité, est réellement touchante. Son échange avec Olsen et la conclusion de Superman à ce sujet est efficace. Bong Dazo dessine ce chapitre, scénarisé par Francis Manapul l’artiste qui dessine la première partie du dixième tome de Justice League (et la série The Flash des New52).

Darkseid War : Lex Luthor #1  – Le Jugement Oméga
Abandonné sur Apokolips mais héritant de la force Oméga, et se vantant d’être le nouvel élu qui sauvera la planète (en se faisant passer pour… Superman !), Luthor affronte plusieurs épreuves en se remémorant son enfance et une rencontre avec l’Homme d’Acier. S’il réussit, il deviendra le Dieu de la planète de Darkseid.
Un chapitre très attendu (la transformation en néo-Dieu dans le tome dix de Justice League n’est pas expliquée et le personnage relégué au second plan) mais qui peine finalement à convaincre. Rien de très surprenant ni de réellement épique, dommage. Même équipe artistique que le précédent numéro, avec un Bong Dazo qui signe des planches plus soignées et un ensemble plus homogène et réussi.

Darkseid War : The Flash #1 – L’éclair de la Mort
Devenu Le Pisteur Noir, Flash est contraint de cohabiter avec la Mort en personne. Ce néo-Dieu et sa faucheuse ont vaincu l’Anti-Monitor, ce qui cause un gros problème moral à Barry Allen. Le bolide écarlate décide alors de s’émanciper du corps du Pisteur Noir et de courir le plus vite possible pour ne plus être en fusion avec lui.
Si l’on sait « d’avance » comment va se terminer ce chapitre, il est judicieux de revenir sur le questionnement intérieur de Barry. On découvre, comme souvent, un homme profondément bon et tâchant de se sortir d’une situation complexe. A ce titre, cela rappelle Flashpoint et l’ensemble est très plaisant. Les planches de Jesus Merino sont à la hauteur de l’histoire de Rob Williams.

Darkseid War : Shazam #1 – Puissance
Quand Darkseid est mort, Shazam, un garçon doté des pouvoirs de six sorciers et qui devient l’homme le plus puissant du monde en disant son nom, se voit désormais confiné dans un voyage plus ou moins onirique, pour recouvrer sa force.
Assez confuse, cette histoire sort totalement du lot ; il faudrait avoir le volume unique consacré à Shazam en tête pour peut-être mieux tout saisir. Le combat magique interne de Shazam ne passionne guère, trop expéditif et manquant de souffle épique. Le scénariste Steve Orlando est un peu trop en roue libre, mais les dessins de Scott Kolins sont toutefois très soignées.

Darkseid War : Green Lantern #1 – Seras-tu mon Dieu ?
Hal Jordan tente de sauver la planète Oa. Combattant les parademons, il devient le Dieu de la Lumière et par conséquent peut faire ce qu’il veut des planètes. Une conversation dans une église lors de la mort de son père et le questionnement du non-agissement de Dieu pour sauver celui-ci refont surface. Green Lantern doit choisir de continuer d’être un Dieu, comme Batman qui communique avec lui, ou bien de rester humain et garder son libre arbitre.
Si le début n’est pas spécialement prenant, en plus de graphismes parfois très sommaires, la dernière partie est nettement plus efficace. La liaison avec Batman, le choix de « jouer » à être Dieu et la situation finale sont plaisantes. Cela permet de comprendre aussi l’assistance de Green Lantern Corps dans le tome 10 de Justice League, même si on n’a pas forcément besoin de lire ce chapitre pour comprendre tous les aboutissements. Tom King l’écrit, il travaille déjà avec brio, sur la série Grayson. Doc Shaner est son complice aux crayons et livre un travail correct mais parfois inachevé (un nombre impressionnant de fonds vides et de cases « simplistes »).

[Critique globale Justice League Univers #2]
Le magazine est de qualité inégale, aucune histoire ne paraît réellement incontournable. Celles sur Batman et Superman s’ancrent bien dans le récit mère (le tome 10 de Justice League), même si elles auraient leur place (surtout celle du Chevalier Noir) dans les séries classiques consacrées à chacun d’entre eux. Les chapitres sur Lex Luthor et Shazam sont globalement décevants et n’apportent finalement aucun ajout narratif intéressant. Ceux consacrés à Flash et Green Lantern sont plaisants mais là aussi pas indispensables. C’est donc une lecture mitigée, complémentant efficacement le dixième et dernier tome de la Justice League mais sans pour autant être nécessaire pour tout comprendre. Dommage, on se rêvait à un « beau livre luxueux » regroupant les tomes neuf et dix ainsi que ce magazine, Urban n’a pas besoin de le faire. En revanche, une version intégrale de La Guerre de Darkseid, dans un format agrandi dans un tome sans numérotation serait particulièrement jouissif pour les lecteurs et collectionneurs !

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[Conclusion de l’ensemble]
Cette suite et fin de La Guerre de Darkseid est à la hauteur des attentes, avec son lot de surprises, de combats épiques et de conclusions satisfaisantes (même s’il y a trop de fins « ouvertes »). Sur l’ensemble de la série (parfaitement résumée avec une belle iconographie au début du livre), Justice League aura déçu par ses débuts (tome 1 et 2), trop « grand public » et « léger » pour certains, puis emprunté un tournant nettement plus intéressant avec la mise en avant d’Aquaman (tome 3). La nouvelle ligue (d’Amérique) était plaisante (tome 4) mais n’a servi qu’à entamer les arcs suivants, à commencer par une passable Guerre des Ligues (tome 5). Celle-ci mériterait une version en librairie avec toutes les séries impactées ainsi que celle qui n’ont pas été publiées en France (quid d’ailleurs de Pandora, La Question et le Phantom Stranger ?), pour vraiment l’apprécier. Elle introduisait surtout le Règne du Mal (tomes 6 et 7) : plutôt abouti, impactant quelques séries à côté et propulsant Lex Luthor dans la ligue. Une poursuite efficacement menée (tome 8) et agréablement conclue (tomes 9 et 10) bouclant ce qui avait été entamé au début du cycle de Geoff John, architecte principal depuis 2011 sur la série. Avait-il « prévu » chaque évènement ? Sans doute pas dans les détails mais dans les grandes lignes directrices oui, indéniablement.

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Ces dix volumes de Justice League ne sont pas d’une parfaite qualité homogène mais ont su séduire un public pas forcément connaisseurs au lancement d’Urban Comics. L’ensemble des artistes qui ont dessiné les chapitres sont talentueux et là-dessus, il y a globalement peu à redire. Si certains tiqueront sur un scénario parfois trop simpliste ou une édition manquant d’éléments important, on se souviendra (aussi bien outre-Atlantique qu’en France) assez longtemps de cette longue série. Convenant aussi bien aux enfants, adolescents et adultes, elle a su allier plus ou moins bien les ingrédients nécessaires à la réussite d’une bonne bande dessinée « grand public ». D’une manière générale, on a envie de tout relire « à la suite », à partir de là, on peut dire que le pari de l’auteur est réussi.

Cinquante chapitres et plusieurs autres issus de séries annexes (Aquaman, La Ligue de Justice d’Amérique, les one-shot des Free Comics Books Day, etc.) au total auront donc été publiés au cours des quatre derniers années pour l’édition française en dix tomes. Cela évitant l’obligation d’aller lire en annexe d’autres séries (même si, à l’inverse, on aurait aimé en voir davantage, lors de La Guerre des Ligues et Le Règne du Mal par exemple). Urban Comics a fait du très bon travail. Il va être intéressant de voir comment la nouvelles série de Justice League (Rebirth) va être accueillie chez nous et avec quelle appelation sera-t-elle éditée (« La Ligue de Justice » au lieu de « Justice League » ?). On peut prévoir sans trop de risque une réédition sous forme d’intégrale pour celle chroniquée ici en tout cas, sous forme de Geoff John présente Justice League, compilant chaque fois deux à trois volumes. Ainsi, le « titre » Justice League pourra être repris pour les nouvelles publications. Mais tout ceci n’est que spéculation, gardons confiance en Urban Comics pour la suite des aventures !

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[À propos]
Publié chez Urban Comics le 17 juin 2016

Scénario : Geoff Johns
Dessin : Jason Fabok (ch. 7, 8, 10 et 11), Francis Manapul (ch. 5 et 6) | Ivan Reis, Oscar Jimenez et Paul Pelletier (ch. 9)
Couleur : Brad Anderson (ch. 7, 8, 10 et 11), Francis Manapul (ch. 5 et 6), Brian Buccellato (ch. 5) et Alex Sinclair (ch. 9)
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Edmond Tourriol — Studio Makma

(contient : Justice League #45-50 + Justice League Darkseid War Special #1)

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Justice League – Tome 10 : La Guerre de Darkseid (2ème partie)
Justice League – Tome 9 : La Guerre de Darkseid (1ère partie)
Justice League Univers Hors-Série #02

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MàJ (21/10/2016) : Une version plus courte et remaniée de cet article est sur le site UMAC – Comics & Pop Culture.

Justice League – Tome 9 : La Guerre de Darkseid
(1ère partie)

Dernière ligne droite pour la série Justice League dont la publication française atteindra dix tomes. Les deux derniers couvrent (et s’intitulent) La Guerre de Darkseid : la première partie est disponible depuis le 17 juin (Tome 09 de la série, chroniqué ici) et la seconde débarquera le 21 octobre prochain (Tome 10).
À noter le 26 août : la sortie en kiosque de Justice League Univers Hors-Série #2 qui sera un excellent complément du Tome 10 (six chapitres qui se déroule en même temps et suivent chacun un super-héros) et qui ne sera pas proposé en librairie par la suite.

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[Histoire]
Devant la complexité de l’histoire, voici tout d’abord le résumé très synthétisé de l’éditeur.
La bataille qui couvait depuis des années a enfin commencé : Darkseid contre l’Anti-Monitor ! Poursuivi à travers toutes les dimensions par cette entité cosmique, le tyran d’Apokolips dresse ses troupes les plus acharnées afin de le protéger de ses assauts. C’est une fois de plus à la Ligue de Justice de protéger la Terre de ce malfaisant extraterrestre, mais leurs enveloppes humaines suffiront-elles à affronter des Néo-Dieux ?

Voici ensuite un résumé des deux prologues qui ouvrent l’histoire et situent le contexte très précis ainsi que les (nombreux) acteurs de cette guerre à venir.
Metron siège sur l’ancien trône de Mobius (alias l’Anti-Monitor) : il est « le Témoin » de ce qu’il se passe dans l’Histoire, à travers les multiples dimensions et les nombreuses guerres. Il observe en silence et possède tout le savoir et la connaissance de l’univers possible (grâce à son fauteuil notamment).

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« Je suis Metron. Je suis le gardien des connaissances passées et présentes. L’archiviste des idées et des lignes temporelles.
L’observateur de cet univers et de ceux qui sont au-delà de ce dernier. J’ai vu l’horizon des sombres lendemains.
Une guerre est sur le point d’éclater, entre les deux êtres les plus puissants et les plus malfaisants de l’existence.
Et si je n’empêche pas cette guerre, une fois de plus, l’histoire va se désagréger…
mais cette fois, la réalité ne sera peut-être pas assez stable pour y survivre. […]
Je siège sur le trône de Mobius depuis toujours. J’observe et je demeure silencieux.
Car en vérité, la vie ou la mort de ces êtres ne m’affectent que très peu.
Cependant, si je n’ai plus à les surveiller, je n’ai plus rien à faire. Je scrute le néant.
Aussi, bien qu’il me soit interdit de me servir de mon savoir pour interférer, j’ai déjà désobéi quand j’estimais la menace trop grande. »

Il est en effet à l’origine d’un vieux pacte (une manigance de sa part donc) avec Darkseid pour mettre fin à une guerre entre les planètes Neo-Genesis et Apokolips *. Il avait fait échanger un enfant de Darkseid (le tyran d’Apokolips, monde cauchemardesque) avec un fils du Haut-Père (alias Highfather, le bienveillant de Neo-Genesis), vantant que cela arrêterait le « conflit » (qui a bien entendu eu lieu). L’enfant du Haut-Père est Scott, qui deviendra par la suite Mister Miracle (voir le résumé suivant). Metron a aussi assisté aux différentes crises de l’univers (fin du multivers, dans Crisis on Infinite Earth, puis réhabilitation de celui-ci, dans Infinite Crisis, et enfin la renaissance, via Flashpoint).

Il rend visite à l’Anti-Monitor (anciennement nommé Mobius), entité cosmique (créée pour Crisis on Infinite Earth, en 1986, et antagoniste de Green Lantern Corps) qui règne actuellement sur une dimension jadis dirigée par Le Syndicat du Crime (que l’Anti-Monitor a mis en déroute déchirant ainsi le multivers et créant une convergence de lignes temporelles et d’univers, qui est à découvrir dans Earth 2 – Tome 06 : Convergence, qui sortira le 16 septembre 2016). C’est suite à la destruction de cette Terre-3 par l’Anti-Monitor que Le Syndicat du Crime avait investi la Terre de la Justice League (dans Le Règne du Mal). L’Anti-Monitor est maudit : c’est « le destructeur » qui détruit des univers qui peuvent renaître.

Mobius Anti-Monitor Metron

Metron lui propose un pacte : si l’Anti-Monitor cesse ses assauts contre la Terre, il cherchera un moyen de lui rendre son identité de jadis et le sauvera de sa malédiction. Ce dernier refuse, car il a trouvé une solution : en déclarant la guerre à Darkseid, la mort de celui-ci serait la clé de sa libération. Metron l’avertit que s’il se lance dans cette croisade, la réalité ne survivra pas à cette nouvelle crise. L’Anti-Monitor s’en moque et sera même secondé par Graal, la propre fille de Darkseid, dans son combat.

Il y a plusieurs années, sur l’île de Themyscira, le jour de la naissance de Diana, future Wonder Woman, une amazone du nom de Myrina met secrètement au monde Graal, justement, une enfant née d’une union avec Darkseid. Si le bébé survit, « cet univers mourra et l’anti-Dieu renaîtra » clame une prêtresse qui assiste à l’accouchement et est prise de visions futuristes (dans lesquelles elle voit le « destin » des membres de la Ligue de Justice et la guerre entre Darkseid et l’Anti-Monitor). Myrina tue les deux amazones qui ont vu l’enfant naître et qui souhaitaient le tuer afin d’éviter la « mort » de l’univers qu’elles connaissent, puis la mère s’enfuit et jure de protéger sa fille toute sa vie.

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Enfin, voici le résumé global de la suite, plus accessible et parlant très certainement davantage aux lecteurs. Il est volontairement assez détaillé (donc avec de potentielles légères révélations).
Deux sbires de Darkseid, Cravachina, une de ses furies et Kanto, l’assassin favori, tuent plusieurs femmes s’appelant Myrina. Ils cherchent évidemment à tuer Miryna Black, la mère de Graal (et dans la foulée ramener la fille maudite amazone à son père, à Darkseid). La Justice League enquête sur un de ces meurtres.

De son côté, Mister Miracle (anciennement Scott Free, qui avait été esclave sur Apokolips avant de s’en évader) retourne sur Apokolips pour vérifier que Darkseid prépare bien une armée et une guerre. Mister Miracle comprend qu’il va devoir demander l’aide de la Justice League afin de sauver la Terre pour combattre Darkseid (qu’elle a fait choir il y a quelques années, cf. le premier tome de la série). Il copie des données de combat sur une « boîte mère » qui fait également office de « tunnel boom » (permettant ainsi de voyager dans l’espace). Mais le tyran d’Apokolips le surprend…

Graal, la fille de Darkseid souhaitant la mort de celui-ci, s’est alliée avec l’Anti-Monitor (également appelé Anti-Dieu), qu’elle cherche à amener sur Terre et vient combattre la Ligue de Justice. Les super-héros, composés de Batman, Wonder Woman, Flash, Green Lantern, Jessica (Power Ring), Cyborg, Shazam et Steve Trevor seront aidés par Metron.

La mère de Graal, Myrina Black, se consacre également à tenter de tuer Darkseid. Son chemin croise celui de Mister Miracle.

De leur côté, Superman et Lex Luthor tentent de guérir des survivants du virus Amazo. Mais les deux vont se retrouver sur Apokolyps, où Steppenwolf, fidèle élite de Darkseid jure d’anéantir le kryptonien. Il est chargé de préparer les troupes de Darkseid, avec notamment Kalibak, frère de Graal (et donc fils de Darkseid), afin de combattre l’Anti-Monitor sur… la Terre.

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[Critique]
Attention, ce tome de Justice League est réservé aux fin connaisseurs de l’univers DC (ce qui n’est pas spécialement le cas de l’auteur de ces lignes, contrairement à ce qu’on pourrait croire). Les chapitres introductifs évoquent les multiples crises opérées ces dernières années (Crisis on Infinite Earth, Identity Crisis, Flashpoint — un article est en cours d’écriture pour expliciter tout cela) et bon nombres de personnages oscillent dans ces nouvelles aventures, mettant presque toute la Ligue de Justice en retrait, à l’exception notable de Wonder Woman. C’est en effet la Reine des Amazones qui est ici une des narratrices principales (avec Metron et Mister Miracle). Cela change des précédentes aventures et ce n’est pas plus mal.

Après un début rempli d’informations pas forcément évidentes à saisir aux premiers abords (une seconde lecture une fois le tome lu est conseillée), les chapitres reprennent un rythme plus agréable. Outre le grand aspect introductif, avec chaque protagoniste avançant tel un pion sur un échiquier, de nombreux changements de lieux se produisent, entrecoupé par plusieurs combats. Le point d’orgue sera l’alliance forcée entre Superman et Lex Luthor sur Apokolypse, Batman sur le fauteuil de Metron devenant ainsi un être rempli de savoirs et connaissances (le Chevalier Noir en profite pour avoir confirmation que le tueur de ses parents est bien Joe Chill et demande l’identité du Joker — non dévoilée aux lecteurs (pour l’instant) mais Batman a l’air très surpris en l’apprenant). L’homme chauve-souris explore l’endroit de création de l’Anti-Monitor, accompagné par Green Lantern. Le reste de la ligue (Cyborg, Shazam, Flash, Wonder Woman) prend part au combat entre l’Anti-Dieu et Darkseid, plus ou moins au centre de cet immense champ de bataille. Évidemment, tous ces éléments surviennent principalement en fin d’ouvrage après une efficace montée de tension (et de suspense).

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Clairement, le scénariste Geoff Johns atteint un point de non-retour, à la fois destiné « au grand public » (avec toujours ce côté mainstream ou blockbuster qui n’est absolument pas un défaut, bien au contraire dans le cas présent) mais paradoxalement très dense, en terme d’informations et références, pour un lecteur peu ou prou calé sur le sujet. Si l’artiste sait indéniablement où il se dirige, il prend le temps d’écrire avec élégance les enjeux et aboutissements de quasiment tout le monde. Complexe, oui, mais pas inaccessible pour autant, et permettant une plongée plus intrigante et fouillée que certains volumes précédents (les deux premiers notamment, dont la « légèreté » semble fort lointaine).

Côté écriture toujours, il y a à nouveau le bon binôme Shazam/Cyborg, magie et science, jeunesse inconsciente d’un côté et profondément mature de l’autre. Même si on les voit peu, ils sont efficaces (ils mériteraient une série à part). Comme dit plus haut, le duo Superman et Lex Luthor fonctionne bien aussi, surtout pour les passionnés de l’Homme d’Acier, à qui on offre une situation très inédite de ces deux personnages.

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Diana/Wonder Woman est (très bien) mise en avant, mais Green Lantern, Jessica (Power Ring), Flash et même Batman sont plutôt relégués au second plan, sans parler de Steve Trevor, presque figurant. Difficile avec tant de justiciers et autres antagonistes de trouver un bon équilibre de toute façon, c’est mieux construit sur la fin du volume et globalement réussi tout de même. On peut déplorer la non « suite » des humains victimes du virus Amazo et qui s’étaient vus agencés de super-pouvoirs, de même que Captain Cold, personnage très important dans La Ligue d’Injustice relégué ici en fond de quelques cases pour sortir une ou deux vannes.

« Je suis Diana, fille des Amazones. En tant que Wonder Woman, je protège l’humanité des Dieux et des Monstres qui cherchent à la détruire.
Quand il est possible d’empêcher une guerre. Je le fais. Mais celle-ci est déjà déclarée. […] Je suis parée au combat. Puis, un Dieu touche Terre.

– Qui es tu ?
– Je suis… désespéré. »
(Wonder Woman à l’Anti-Monitor, alias l’Anti-Dieu, anciennement Mobius)

Les dessins sont assurés par Jason Fabok, d’une exceptionnelle beauté à nouveau (il avait œuvré sur la seconde partie du tome précédent). Des traits précis et fins, un style élégant et sublime, avec une colorisation de Brad Anderson. Chaque personnage est reconnaissable, les scènes d’action sont d’une parfaite fluidité, l’esthétisme de l’ensemble est une véritable claque visuelle.

Darkseid War

L’artiste illustre quasiment tout le tome, à l’exception du premier prologue (le chapitre #40 de la série Justice League), où il est épaulé par six dessinateurs différents (dont Jim Lee pour le plus connu et apprécié d’entre eux), sans que cela gène la cohérence graphique. D’ailleurs la couverture cite Jim Lee et Kevin McGuire parmi les artistes principaux de l’album, mais c’est un poil « mensonger », ces deux là n’ayant participé qu’à quelques planches d’un seul chapitre. Il aurait été plus logique de citer uniquement Johns et Fabok, ou bien, par soucis d’équité, d’ajouter Anderson.

La Guerre de Darkseid est composé de Justice League #40, faisant donc office du premier prologue, puis de New 52 Divergence FCBD Special Edition #1, constituant le second (et plus court) prologue. Les chapitres #41 à #44 complètent l’histoire qui se terminera dans un dixième et dernier tome, très attendu, qui contiendra les chapitres #45 à #50 (sortie prévue le 21 octobre).

Graal Darkseid War

En attendant, cette avant-dernière salve de la Ligue de Justice façon New52 est totalement réussite. Elle nécessite des connaissance en amont mais livre avec brio des scènes remarquables, aussi bien les affrontements « simples » que les épiques. Chaque planche est un régal pour les rétines et les dialogues, ainsi que les discours narratifs, sont loin d’être enfantins ou « superficiels », d’excellents atouts qui font de cette Guerre de Darkseid l’une des meilleures production du Relaunch opéré en 2011 et indéniablement un « coup de cœur » du site.

Quelques couvertures alternatives complètent  le livre ; celui-ci propose également la traditionnelle « Présentation des personnages » en ouverture, en l’occurrence celle des membres de la Ligue de Justice, et non de l’Anti-Monitor, Darkseid ou Mister Miracle par exemple, c’est tout de même dommageable. L’introduction à l’histoire de manière générale est davantage un résumé (bien rédigé) des principaux arcs narratifs précédents. Pour la galerie des nombreux personnages relatés dans les prologues, un simple renvoi vers les ouvrages des « trois crises » (Crisis on Infinite Earth, Infinite Crisis et Flashpoint — Johns a scénarisé ou participé à l’écriture des deux dernières) est précisé, un peu trop faible. Entre ceci et les deux noms racoleurs sur la couverture, c’est un défaut sur lequel l’on peut pinailler.

Rêvons un peu : l’éditeur pourrait sortir une version « de luxe » en compilant ce tome avec le prochain, et en incorporant les chapitres qui seront dans un hors-série du magazine Justice League Univers (qui sortira le 26 août prochain) et qui reviendra sur six super-héros devenus des Dieux cosmiques (comme le montre déjà une partie de la fin du récit). Un livre qui ne contiendrait pas de numérotation et qui bénéficierait d’un agrandissement de format, voilà qui serait un beau cadeau pour les lecteurs, pour fêter dignement la fin des New52.

Darkseid Miracle Man(Mister Miracle face à Miryna Black, la mère de Graal.)

* Création de Jack Kirby dans les années 70 avec « Le Quatrième Monde », qui dévoilait des Néo-dieux (New Gods) et notamment Darkseid et le Haut-Père (Highfather), sur leurs planètes utopiques respectives : Apokolips et Neo-Genesis. Leurs affrontements se répercuteront sur la Terre et par conséquent sur l’univers et les super-héros de DC Comics. Inspirés par les religions juives et chrétiennes, ces mythes fondateurs —longtemps inédits en France— sont disponibles en deux tomes chez Urban Comics. On y découvrait également Mister Miracle, pour la première fois, qui fait donc son apparition « New52 » dans ce neuvième tome de la Justice League.

NB : Si un-e lecteure-rice sait s’il y avait des séries plus spécifiques à celle de Justice League à lire en amont de ce neuvième tome, qu’il/elle n’hésite pas à se manifester par commentaire ou sur la page Facebook. Il semble assez étrange qu’Urban n’en fasse pas mention (les séries Wonder Woman ou Green Lantern peut-être ?). Idem si certaines des informations sont fausses ou incomplètes, selon les recherches effectuées non, mais on ne sait jamais. Merci d’avance ! 🙂

Darkseid Wonder Woman

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 17 juin 2016

Scénario : Geoff Johns
Dessin : Jason Fabok | (ainsi que Kevin Maguire, Jim Lee, Phil Jimenez, Dan Jurgens, Jerry Ordway, Scott Kolins pour le JL#40)
Encrage additionnel pour le JL#40 : Scott Williams
Couleur : Brad Anderson pour tout | Alex Sinclair, Rob Leigh (en plus de Brad Anderson) uniquement pour le JL#40
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Edmond Tourriol — Studio Makma

(Contient : JL #40-44 + New 52 Divergence FCBD Special Edition #1)

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Batman God

Justice League – Tome 8 : La Ligue d’Injustice

Ligue Justice Tome 8 Ligue d'Injustice

[Histoire]
Après les évènements survenus durant Le Règne du Mal, la Ligue de Justice intègre Shazam dans ses rangs, qui se lie d’amitié avec Cyborg. Considéré comme le sauveur de la Terre, Lex Luthor, souhaite lui aussi rejoindre l’équipe mais ses membres sont réticents.

Luthor a déduit l’identité de Batman et se rend au Manoir Wayne pour en informer le principal intéressé. Il souhaite avoir l’avantage sur une proposition de partenariat économique avec les entreprises Wayne (quitte à faire du chantage). Le terrible homme d’affaires recrute également Captain Cold (ennemi de Flash normalement) pour assurer sa sécurité.

Par ailleurs, l’anneau de Power Ring a pris possession de l’esprit de Jessica, une « simple » citoyenne. Véritable entité maléfique, l’artefact contrôle directement la jeune femme qui commet des actes de destruction à son insu. Pour l’aider, c’est la Doom Patrol qui doit intervenir, petite équipe hétéroclite dont les membres sont rejetés par la société à cause de leurs « gueules cassées ».

Enfin, Superwoman, une des trois survivantes du Syndicat du Crima est emprisonnée et… enceinte !

Injustice League

[Critique]
Transition obligatoire, les chapitres de l’après Règne du Mal sont davantage contemplatifs et (un peu) moins portés vers l’action (surtout dans sa moitié initiale). Cela n’est pas une mauvaise chose, mais l’on y découvre un fourre-tout pas forcément très bien équilibré. Les membres de la Ligue de Justice se résument au trio emblématique (Superman, Batman et Wonder Woman) gravitant autour de Lex Luthor. Les autres (Flash, Aquaman…) font office de figuration. Cette façon de faire n’est pas forcément déplaisante mais on se sent un peu lésé par rapport aux autres protagonistes (un « défaut » par ailleurs récurrent sur l’ensemble de la série). Les quelques échanges entre Shazam et Cyborg fonctionnent bien et apportent une touche d’humour non négligeable.

Shazam à Cyborg :
– Qu’est-ce que vous faîtes pour vous amuser, par ici ? Parce que là, bonjour l’ambiance ! On doit bien pouvoir faire autre chose que de surveiller, non ? Il n’y avait pas de table de ping-pong dans l’ancienne tour de garde ?

– Non.
– Il vous en faut une. Sérieux. Et une piscine, aussi.
– Aquaman en voulait une.
– Tu as déjà remarqué qu’il dégageait comme un léger parfum de poissonnerie ? Ne lui dis pas que j’ai dit ça, hein ?
– T’inquiète.
– Bon. Vous avez au moins une XBox, quand même ?
– Moi, ouais. Dans mon épaule gauche.
– Sérieux ?! On se fait une partie ?

Bruce Wayne Luthor

L’ouvrage contient deux arcs : La Ligue d’Injustice (curieuse appellation) et Le Virus Amazo. Si la première est plutôt « originale » sur son histoire (centrée sur Luthor donc), elle oscille entre l’agréable et le moyen (qu’advient-il de la Doom Patrol, soudainement survenue ?). Constat surtout imputable à cause des planches de Doug Mahnke, qui manquent clairement de « style », c’est très banal, pas forcément esthétique ni extraordinaire. Les visages sonnent « faux ». La seconde est plus efficace grâce aux dessins de Jason Fabok. Ses traits sont somptueux, détaillés et léchés, se rapprochant de ceux de David Finch et de Jim Lee ; ces trois artistes ayant un style assez similaires et très efficaces. Les scènes d’action sont d’une fluidité exemplaire. Visuellement sublime.

Fabok Wonder Woman

Scénaristiquement plus faible (et très prévisible), l’aspect graphique prime quand même avant tout et relance l’intérêt de la série, qui avait tendance à se centrer beaucoup trop autour de Lex Luthor. Ce parti pris (discutable) s’avère toutefois payant puisqu’en un volume on assiste à l’ascension puis la chute de l’éternel ennemi de Superman ; bien que son sort (au sein de la Justice League) ne soit pas définitivement statué à la fin. Fin qui annonce d’ailleurs le retour de Green Lantern, dans l’apprentissage du Power Ring pour Jessica (à lire dans la série de Green Lantern à priori). L’ensemble du récit est toujours écrit par Geoff Johns (depuis le tout début de la série). L’auteur soigne son histoire et sait où il va, il est par contre dommage que certains passages lui échappent ou ne soient qu’éphémères (la Doom Patrol en est le parfait exemple, on pourrait en rajouter beaucoup d’autres, la plupart étant à suivre dans les séries d’autres super-héros, ce qui est parfois agaçant). Le fil rouge narratif principal est, en tout cas, toujours solide et passionnant, c’est l’essentiel.

« Ma Doom Patrol est un groupe de soutien pour méta-humains
incapables de devenir les dieux et les déesses qui constituent la ligue de justice. »
Niles Caulder, chef de la Doom Patrol

Le chef antipathique Niles Caulder de l’équipe des Doom Patrol n’aide pas à générer de la sympathie pour lui, voire pour ses membres, peu fouillés et débarquant un peu brusquement (Element Woman servant de lien avec les anciens chapitres puisqu’elle apparaissait en amont dans la série mais aussi dans Flashpoint et dans La Ligue de Justice d’Amérique).

Doom Patrol

Un chapitre un peu particulier vient clore ce huitième tome, il s’agit de Compte Rendu qui achevait Justice League of America, courte série conçue uniquement pour faire le lien avec la Guerre des Ligues. En quatorze chapitres (dont presque la moitié ont été publiés dans le tome 4 de Justice League pour une meilleure cohérence en France), cette ligue particulière n’a pas été bien exploitée (elle n’était qu’un prétexte à être une troisième équipe qui prendrait part à un event) et s’est terminée en se scindant en plusieurs mini-séries. Une de ses « suites » est Justice League United (inédite chez nous) se concentrant sur Le Limier Martien et Stargirl qui prennent la tête de leur nouvelle league.

Ces deux personnages sont justement au cœur de cet ultime chapitre, servant de conclusion à la fois au livre, mais aussi à la série éponyme (et qui fait donc suite au quatrième tome). Saluons le choix d’Urban de le placer ici. D’autant plus que cette « fin » n’est pas spécialement épique. Se succèdent ainsi bon nombre de dessinateurs pour dévoiler un Limier Martien bien trop impulsif et colérique qui rejoint une jolie et maline Stargirl, avant de devenir un duo s’éloignant de la Terre. Entre-temps, le lecteur découvre ce qu’il est advenu de chaque ancien membre (Katana, Green Arrow, Catwoman…).

Stargirl

La Ligue d’Injustice sonne donc comme une transition post-Forever Evil (ce qui est logique), beaucoup trop orienté sur Lex Luthor (cela peut déplaire), ne mettant pas assez en avant des membres de la Ligue de Justice et contenant trop d’annonces laissées en suspens : Owl Man, Superwoman, la Doom Patrol, les futurs métahumains (et quid de Metal Men et des autres ligues des volumes précédents ?)… Néanmoins, l’ensemble fonctionne et se lit très bien. Il devrait déboucher sur quelque-chose de plus grand, comme le prouve le dernier chapitre du Virus Amazo. Il tend vers une épopée plus cosmique (La Guerre de Darkseid — qui sera en effet le titre des deux derniers tomes de la série) et dirige vers Convergence, un nouvel évènement massif qui impactera toutes les séries (oui, encore) et pourrait même causer un relaunch (MàJ mai 2016 : c’est effectivement le cas avec Rebirth). Du côté de Batman : du mal à anticiper la suite puisque Luthor, clairement en mauvaise posture au sein de la Ligue, connaît son identité. Entre cette information et les nouvelles, découvertes dans l’œuvre, on espère que la suite et fin de la série les utilisera à bon escient.

Malgré les défauts évoqués, la série, injustement qualifiée de mainstream et/ou « destinée au grand public » (pourquoi serait-ce un défaut ? pourquoi penser que, par conséquent, ce n’est « pas bien » ? la qualité peut être au rendez-vous également, c’est le cas depuis le début de toute façon), gagne en profondeur et assure une lecture divertissante et agréable.

Batman Superman Virus Amazo

« Vois-tu, chère sœur, les criminels méta-humains tuent des centaines de personnes, chaque année.
Aucune prison sur Terre n’est en mesure de les retenir bien longtemps.
Plus de 87% des méta-humains violents s’évadent moins de trois mois après leur incarcération.
En moins d’un mois à Arkham.
Après avoir rencontré les familles des victimes, je leur ai juré que je trouverais un meilleur moyen de neutraliser ces terribles criminels.
J’ai alors cherché comment bloquer les pouvoirs méta-humains.
Le Virus Amazo a été conçu pour les inhiber temporairement.
»
Lex Luthor

Luthor

 

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 23 octobre 2015
Scénario : Geoff Johns + Matt Kindt (Compte Rendu)
Dessin : Doug Mahnke (La Ligue d’Injustice #1-4 + Le Virus Amazo Prologue), Ivan Reis (La Ligue d’Injustice #1 + Le Virus Amazo Prologue), Jason Fabok (Le Virus Amazo #1-5), Scott Kolins (épilogue La Ligue d’Injustice) et collectif (Compte Rendu)
Encrage : Scott Hanna (La Ligue d’Injustice), Christian Alamy (La Ligue d’Injustice + Le Virus Amazo Prologue) et Keith Champagne (La Ligue d’Injustice #2-4 + Le Virus Amazo Prologue) et collectif ( Le Virus Amazo Prologue et Compte Rendu)
Couleur : Rod Reis (La Ligue d’Injustice #1-2), Andrew Dalhouse (La Ligue d’Injustice #3-4-ép.), Brad Anderson ( Le Virus Amazo), Brian Miller (Hi-Fi) (pour Compte Rendu)
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Edmond Tourriol — Studio Makma

(Contient : JL #30-39 + JLA #14)
La Ligue d’Injustice (JL#30-34 + ép.) / Le Virus Amazo (prologue + JL#35-39) / Compte Rendu (JLA#14)

Power Ring Jessica

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Lex Luthor Alfred