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Paul Dini présente Batman – Tome 3 : Les rues de Gotham

Après un premier tome sympathique et, surtout, un second nettement meilleur, Paul Dini conclut son run sur Batman et Silence dans un épais ouvrage où l’intégralité des dessins est à nouveau assuré par Dustin Nguyen. Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Avec la disparition de Batman, suite à sa confrontation fatale avec Darkseid, un nouveau Batman fait son apparition à Gotham City. Comment la police de Gotham va-t-elle appréhender ce « nouveau » Chevalier Noir ? Sera-t-il seulement à la hauteur de son modèle ? C’est ce que le commissaire Gordon s’apprête à découvrir alors que Firefly déclenche une série d’incendies dévastateurs dans toute la ville. Au même moment, le milliardaire Bruce Wayne et ses projets de rénovations font les gros titres des journaux, s’attirant inexplicablement l’hostilité de Batman, Robin et des membres de la Justice League.

Inutile de détailler le début de l’histoire, le résumé officiel de l’éditeur suffit.

[Critique]
À l’instar des deux volets précédents, il convient de revenir sur les quatre histoires (qui se suivent) qui composent ce tome. Les quatre premiers épisodes, nommés Incendies pour les trois premiers puis Les affaires sont les affaires (regroupés sous le titre Hush Money en VO – cf. bas de cette critique), suivent le remplacement de Bruce Wayne par Tommy Eliott (Silence) qui arbore désormais le visage du célèbre milliardaire ! On y croise brièvement Firefly et Black Mask mais surtout Victor Zsasz et Le Courtier, nouveau personnage qui propose des lieux abandonnés à différents vilains contre de l’argent.

En parallèle, Eliott distribue l’argent de la fortune Wayne pour bien se faire voir par les médias et la population, le rendant ainsi « intouchable ». Mais Batman et Robin (Dick et Damian) trouvent une combine grâce à leurs alliés justiciers pour le tenir à l’œil et minimiser les dégâts. Ce segment est plutôt singulier, montrant d’un côté le souhait exaucé d’Eliott mais différent de ce qu’il espérait car cadenassé par de nombreux héros qui le surveillent. Une situation donc « en suspens » qui apporte un peu d’humour et d’originalité.

Dans En cage (trois chapitres), Damian s’allie avec le jeune Colin (croisé dans le volume précédent) pour mettre à mal des combats à mort d’enfants clandestins organisés par Zsasz, dans un récit qui met cruellement en avant le célèbre meurtrier aux cicatrices et montre la dangerosité de cet antagoniste assez peu utilisé habituellement. C’est violent, sanglant et sans concession. Zsasz vole même la vedette de « méchant » à ce stade de l’histoire.

Making of est la partie la moins intéressante de l’ouvrage, sur Jenna Duffy, aka Le Charpentier (Carpenter en VO). En deux épisodes on se concentre sur cette semi-antagoniste (rapidement vu dans le tome d’avant – sous le nom plus évident de La Charpentière) qui doit collaborer avec « Le Réalisateur » pour concevoir des pièges mortels à destination des super-héros, lesquels seraient filmés en train d’y succomber et ces vidéos revendues ensuite. Jenna arrive à s’en sortir avec l’aide Batman mais c’est complètement oubliable.

Enfin, La maison de Silence vient conclure ce dernier volet et s’étale sur sept épisodes ! Les flash-backs occupent une place non négligeable et lèvent le voile sur les relations entre Thomas Wayne, Martha Kane, Leslie Thompkins et d’autres (connectés à Eliott à terme) à une époque différente (on rappelle que quelques titres sur le « passé » de Gotham sortent du lot : Curse of the White Knight, Les portes de Gotham, Gotham City : Année Un…). Eliott et d’autres criminels – dont Jane Doe, rarement utilisée, cf. Les Patients d’Arkham, qui avait droit en VO à un arc en back-up, la rendant plus intéressante – sont nettement plus présents que Batman, redevenu le « vrai » Bruce Wayne (le titre se déroule en marge de la fin du run de Morrison, quand Wayne est revenu dans le présent et révèle financer le Chevalier Noir et d’autres Batmen tout en montant Batman Inc.).

Il est un peu dommage d’avoir mis de côté brutalement le duo Dick/Damian qui fonctionnait très bien : Dick se démarquant de son aîné par une sorte de « gentillesse » plus prononcée tout en redevenant brutal et radical trop rapidement (ce qui le déstabilise en premier), Damian n’ayant jamais été aussi intéressant qu’avec son frère de cœur complice qu’est Nightwing plutôt que son paternel. Néanmoins, aucune difficulté à raccrocher les wagons.

La maison de Silence montre (une fois de plus), l’intelligence prononcée d’Eliott, ses plans méthodiques et ses manipulations pour son objectif inchangé : remplacer Wayne et le tuer définitivement. Si ce dernier segment est parfois bavard et confus (avec un autre ennemi étrange qui combat avec des insectes punaises !), il n’en demeure pas pour autant moins palpitant, au contraire. Il « boucle la boucle » de façon pertinente aussi bien le run de Dini sur le personnage que le faible nombre de récits qui lui sont consacrés (cf. index Silence/Hush).

Aux dessins, Dustin Nguyen s’en sort un peu mieux que dans le tome précédent malgré la colorisation toujours assurée par une autre personne que lui : John Kalisz (et Derek Fridolfs à l’encrage) – soit le même trio que sur l’opus précédent. Un résultat graphique globalement convaincant, sans forcément d’éclat mais sans fioriture non plus (deux ou trois pleines planches sympathiques). Les visages manquent de relief et les palettes chromatiques bien que variées sont trop lisses pour rehausser une identité visuelle forte (à l’exception des teintes sépia pour les nombreuses scènes dans le passé). Étonnamment, Nguyen et Fridolfs écrivent le scénario de Making of (sur une histoire de Dini), expliquant peut-être la baisse de régime à ce moment-là.

Les rues de Gotham est évidemment inégal mais reste dans le haut du panier des productions sur le Chevalier Noir, se démarquant aisément par des fictions prenantes et plutôt inédites dans le genre. Bien sûr, on ne peut que conseiller les tomes deux et trois de Paul Dini présente Batman pour avoir l’essentiel de son run le plus important (sur l’antagoniste Silence donc) là où le premier tome est davantage dispensable bien que non déplaisant.

En synthèse, pour une série « à peu près » complète en trois volumes, aucune raison de faire l’impasse sur Paul Dini présente Batman même si les premiers pas semblent un peu trop détachés d’un fil rouge global et que le dernier opus est corrélé à divers évènements (Final Crisis, Grant Morrison présente Batman…) sans que cela gêne à la compréhension. Il manque aussi une certaine conclusion pour des personnages secondaires (Colin/Abuse entre autres – apparemment il revient dans Little Gotham, signé Nguyen et Fridolfs uniquement).

À noter qu’aux États-Unis, la série Batman : Streets of Gotham a été publié en trois volumes. Le premier sous le titre Hush Money regroupe les épisodes #1-4 précédés de Detective Comics #852 et Batman #685 – ces deux chapitres expliquent le (nouveau) retour de Silence mais sont proposés, en France, en conclusion de l’opus Le cœur de Silence. Aparté : soit exactement ce qu’avait proposé Panini Comics en mai 2011 dans son hors-série éponyme (cf. première couverture ci-dessous). Le deuxième opus de Batman : Streets of Gotham, toujours en VO, reprend les épisodes #5-11 et se nomme Leviathan.

Les chapitres #5-6 et #8-9 sont inédits en France car non scénarisés par Dini. Les deux premiers sont signés Chris Yost (Leviathan) et mettent en scène Batman, Huntress et Man-Bat. Les deux suivants sont écrits par Mike Benson (Hardcore Nights) et propulsent Batman et Gordon dans une enquête sordide avec des passages en club SM (!). Les #7 et #10-11 sont inclus dans le troisième et dernier tome de Paul Dini présente Batman (le segment En cage). Enfin, toujours aux États-Unis, le dernier volume se nomme The House of Hush et propose les #12-14 et #16-21, tous également inclus en France (le #15 était écrit par Ivan Brando, centré sur Double-Face et faisant suite aux back-ups d’épisodes précédents). La segmentation sur Hush/Silence est donc plus prononcée côté VO, enchaînant un run de Dini (et Ngugyen) avec Heart of Hush (Le cœur de Silence) puis Hush Money et The House of Hush.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 2 février 2016.
Contient : Batman : Streets of Gotham #1-4, 7, 10-14, 16-21
Nombre de pages : 344

Scénario : Paul Dini, Dustin Nguyen, Derek Fridolfs
Dessin : Dustin Nguyen
Encrage : Derek Fridolfs
Couleur : John Kalisz

Traduction : Mathieu Auverdin
Lettrage : Stephan Boschat (Makma)

Acheter sur amazon.frPaul Dini présente Batman – Tome 3 : Les rues de Gotham (30 €)




Paul Dini présente Batman – Tome 2 : Le cœur de Silence

Après un premier opus sympathique mais peu mémorable, Paul Dini poursuit sa série Detective Comics mais s’accorde, cette fois, un gros fil rouge narratif avec le retour de Tommy Eliott, alias Silence (créé et apparu dans l’excellent et incontournable titre éponyme Silence/Hush). Ce second tome de Paul Dini présente Batman regroupe donc plusieurs épisodes dont certains (ceux sur Batman et Silence justement) ont été repris dans une édition souple à petit prix en 2022. À noter également l’ancienne édition de Panini Comics qui compilait à peu près les mêmes chapitres ainsi que trois inédits (non scénarisés par Dini). Découverte et critique.

[Résumé de l’éditeur]
De nouvelles enquêtes attendent Batman, qui doit faire face à des adversaires inédits et au retour d’un de ses plus redoutables ennemis, Silence. Cette fois-ci, le criminel au visage dissimulé sous des bandages, s’attaque non seulement au Chevalier Noir mais également à la personne la plus chère à son cœur… Selina Kyle, dite Catwoman !

Inutile de détailler le début de l’histoire, le résumé officiel de l’éditeur suffit.

[Critique]
Après un premier épisode anecdotique, Le gang des merveilles (DC #841), centré sur Le Chapelier Fou évidemment, la série poursuit et conclut certains segments découverts dans le volume précédent. Tout ceci se déroule dans Soirée d’ouverture, Rideau puis Insoluble (DC #843-845) avec un court bonus sur Zatanna dans Notâb uo nobnob ? (alias Bâton ou bonbon ?, issu de DC Infinite Halloween Special #1), regroupés en VO sous le titre Batman : Private Casebook. On a ainsi droit à la conclusion de l’histoire sur la nouvelle Ventriloque, quelques connexions éparses avec des évènements vus aussi plus tôt (qu’on ne divulguera pas pour ne rien gâcher) et la suite de la relation entre Zatanna et Bruce. On croise à nouveau le Pingouin, le Sphinx et Catwoman fait également son retour.

Tout ceci est fort plaisant et cohérent et on aurait préféré que l’éditeur ne publie que les épisodes du premier tome et de celui-ci qui sont liés pour former un tout davantage feuilletonesque qu’indépendants (à première vue en tout cas). Cette « suite et fin » de ce qu’on avait découvert dans La mort en cette cité est plutôt réjouissante et permet même de rehausser la critique après coup en constatant que Paul Dini avait plutôt bien anticipé ses pièces scénaristiques en formant un puzzle complet sur le long terme. Il en sera de même avec la suite de l’ouvrage – on en (re)parle plus loin.

En effet, après cette première partie, le cœur (pardon pour le jeu de mots) du livre arrive avec Le cœur de Silence (DC #846-850) puis son épilogue en deux épisodes : Déconstruction (DC #852) et Reconstruction (Batman #685) – tout ce qui sera réédité dans l’édition souple à petit prix d’Urban Comics en été 2022 (cf. seconde couverture en haut de cette critique). Et clairement… c’est un très bon moment centré sur Batman et son ennemi Tommy Eliott ! Une suite quasi directe à Silence/Hush. Autant dire que les aficionados de l’antagoniste en auront pour leur argent : on découvre davantage l’enfance et même l’adolescence de l’ami de Bruce Wayne à travers de nombreux flash-backs centrés sur les deux garçons.

Certes, cet enrichissement « a posteriori » peut sembler facile, voire « retcon » l’œuvre mère de Jeph Loeb (et Jim Lee) mais c’est cette dernière avant tout qui utilisait ce concept de (léger) changement de continuité rétroactivement en insérant dans la chronologie un personnage censé être là depuis des lustres et jamais aperçu auparavant. Aucun problème de cohérence au demeurant et cela a tiré la fiction vers le haut, alors pourquoi s’en priver ? Dans Le cœur de Silence, Batman est une fois de plus mis à rude épreuve. Eliott collabore avec divers alliés pour aboutir à son objectif habituel : détruire Bruce Wayne et Batman, voire le remplacer physiquement (d’où ses bandages cachant sa chirurgie).

Ainsi, Paul Dini convoque L’Épouvantail, cite brièvement Bane (au passage, peut-être le seul ennemi capable de rivaliser cérébralement avec Silence) et met brièvement dans l’équation Mr. Freeze. Silence conserve le premier rôle bien sûr, bougeant habilement ses pions en manipulant des civils/citoyens, en kidnappant Selina Kyle pour toucher en plein cœur (décidément) Bruce/Batman. Le titre ira même à avoir une explication au sens littéral ! Le rythme est emmené et en cinq chapitres, ce « Silence 2 » rempli ses promesses même s’il faudra fermer les yeux sur de grosses improbabilités, même propres au registre du merveilleux et du comic mais ça passe. Mieux : tout ce qu’on a lu avant par Dini, à quelques exceptions près (les histoires qui auraient pu ne pas être dans le volume précédent ou celle introduisant celui-ci) trouvent ici un écho pertinent qui s’insère intelligemment dans le récit, orienté thriller/action et un brin science-fiction. De quoi revoir à la hausse La mort en cette cité quand on lit tout à la suite !

On l’évoquait plus haut, deux épisodes ajoutent un épilogue, toujours sur Tommy/Silence mais aussi Selina/Catwoman, éphémèrement accompagnée de Dick et Tim. Car juste après (les cinq chapitres de) Le cœur de Silence, le sort de Bruce/Batman est corrélé à deux sagas majeures, expliquées dans un interlude textuel par l’éditeur. Tout d’abord, les évènements de Batman R.I.P. mettent à mal le justicier (cf. les débuts du run de Grant Morrison) : il est trahi par sa bien-aimée de l’époque, manipulé par l’organisation le Gant Noir, drogué, hypnotisé, abandonné puis amnésique. Ensuite, son salut viendra de sa « personnalité de secours », le Batman de Zur-En-Arrh (récemment réutilisée par Chip Zdarsky dans sa série Batman Dark City).

Enfin, le Chevalier Noir participe à la « Crise Finale » (alias, Final Crisis – cf. index des crises DC) au sein de laquelle Batman est capturé et torturé par les agents de Darkseid. Après quelques péripéties, le Caped Crusader est téléporté à l’aube de l’humanité sans souvenir de son identité. C’est dans ce contexte que se déroule donc la conclusion de ce second tome (et c’est pourquoi le troisième, Les rues de Gotham, mettra en avant Dick et Damian, et non Bruce et Tim). Ces deux derniers chapitres (issus de Detective Comics et de la série Batman) ajoutent un complément non négligeable pour comprendre la force mentale et les ruses d’Eliott, sans oublier la vengeance de Catwoman. En résulte à la fois une micro-suite, une histoire auto-contenue et une fin semi-ouverte, qui n’appelle pas forcément à une suite « rapidement » mais un moment ou un autre…

Les dessins sont entièrement assurés par un seul artiste : Dustin Nguyen (Robin & Batman, Little Gotham, Les Contes de Gotham…). Une aubaine pour un livre de haute qualité (le découpage de son contenu et sa presque « non indépendance » lui empêche d’être dans les coups de cœur du site) qui conserve ainsi une homogénéité graphique tout le long. L’encrage est lui aussi réservé à une personne, Derek Fridolds et la colorisation est majoritairement de John Kalisz (Guy Major pour l’ultime épisode et Dustin Nguyen lui-même pour le supplément sur Zatanna). Nguyen croque des figures souvent aux mâchoires carrées, virevolte de son trait étonnamment anguleux et ne se trouve, in fine, peut-être pas à la hauteur à cause d’une colorisation manquant un peu de relief, principalement sur les visages (on préfère quand lui-même colorise, comme dans Robin & Batman) Rien de désagréable pour autant même si l’absence d’un style vraiment singulier aurait permis à l’œuvre de se démarquer davantage visuellement.

Le récit en cinq (voire sept) épisodes Le cœur de Silence est quasiment la suite directe de Silence. Entre les deux, il y avait des chapitres inédits sur lui publiés uniquement par Panini Comics (cf. index Silence/Hush) puis les autres de Paul Dini qui ne sont pas si indépendants qu’on pourrait le croire (certains sont mêmes cruciaux pour l’histoire après coup) et clairsemés dans les tomes un et deux de Paul Dini présente Batman. S’il faut presque obligatoirement avoir lu Silence pour apprécier Le cœur de Silence, il n’est pas obligé en revanche de lire La mort en cette cité (c’est toujours mieux mais pas très grave – ce n’est pas pour rien qu’il est sorti à part de façon quasi autonome plus tard). Un plaisir de lecture pour les fins connaisseurs mais qui devrait ravir aussi les néophytes avec une proposition graphique tout à fait correcte et une enquête qui tient en haleine avec de multiples protagonistes charismatiques. Simple, efficace.

On l’évoquait en fin de critique du premier tome, quelques chapitres de Detective Comics sont absents de cette compilation. Ici, il n’y a « que » les #840, #842 et #851 de côté. Le premier est toujours signé par Dini mais introduit La résurrection de Ra’s al Ghul (pas encore chroniqué sur ce site). Le second de Peter Milligan était évoqué en bas du lien juste avant. Enfin, le #851 écrit par Dennis O’Neil (!) est davantage centré sur Nightwing (Bruce/Batman ayant disparu) ainsi que Double Face et Millicent Mayne. Il s’inscrit donc dans la continuité de ce moment, en parallèle du run chapeautée par Grant Morrison. Ce sont d’ailleurs les épisodes « suivants » de Detective Comics (après ceux présents dans ce deuxième opus de Paul Dini présente Batman) qui s’y réfèrent et ne sont pas de Dini (il poursuivra son univers dans la série Streets of Gotham – à découvrir justement dans le troisième et dernier tome de Paul Dini présente Batman). Il y aura un épisode de Neil Gaiman (DC #853) – disponible en France dans Les derniers jours du Chevalier Noir (pas encore chroniqué sur le site) – puis le run de Greg Rucka sur son Batwoman.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 28 août 2015.
Contient : Detective Comics #841, #843-850, #852 + Batman #685 + DC Infinite Halloween Special 
Nombre de pages : 296

Scénario : Paul Dini
Dessin : Dustin Nguyen
Encrage : Derek Fridolfs
Couleur : John Kalisz, Dustin Nguyen, Guy Major

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Stephan Boschat (Makma)

Acheter sur amazon.frPaul Dini présente Batman – Tome 2 : Le cœur de Silence (24 €)






Batman Saga Hors-Série #05 / Villains Month

Batman Vilains MonthComme expliqué dans cet article récapitulatif, seize ennemis de Batman ont eu droit à un chapitre spécial, la plupart se situant entre la fin de La Guerre des Ligues (Trinity War) et juste après le premier chapitre de Forever Evil (dans lequel Le Syndicat du Crime libère tous les détenus des prisonniers et asiles, et Ultraman déplace la lune devant le soleil, plongeant le monde dans l’obscurité permanente). À ce moment là Batman a disparu et ses ennemis sont en liberté et déambulent dans Gotham, où règnent l’anarchie, le chaos et la peur.

Rapide retour sur le cinquième hors-série de Batman Saga qui proposait six histoires, ainsi que plusieurs autres, publiées dans d’autres magazines ou uniquement disponibles en version originale (voir plus bas).

Batman Saga HS5 Double FaceBatman & Robin #23.1 : Double-Face dans : un conte à deux visages
L’Épouvantail propose à Double-Face d’intégrer La Société Secrète des Super-Vilains. Ce dernier accepte seulement s’il règle à sa façon, donc avec sa pièce, les sentences et meurtres prochains. Il retourne au tribunal et tue la plupart de ceux qui se dressent sur son passage.
► Au top niveau dessin mais histoire un peu étrange, il n’y a pas de réel but ou de motivations compréhensibles. Néanmoins cela permet de montrer toute la folie de Double-Face.
■ Scénario : Peter J. Tomasi / Dessin : Guillem March / Couleur : Tomey Morey

Batman Saga HS5 Killer CrocBatman & Robin #23.4 : Killer Croc dans : du sang dans l’eau
Une équipe de police parcourt les égouts de Gotham City. Killer Croc leur a demandé de venir, on découvre par ailleurs plusieurs pans de son passé. L’homme-reptile est également à la tête d’un vaste réseau sous-terrain.
► Un des rares récits à pointer l’aspect humain de Killer Croc, à travers sa jeunesse, son évolution et son rôle actuel. Au top graphiquement et très agréable à lire. Belle découverte !
■ Scénario : Tim Seeley / Dessin : Francis Portela / Couleur : Tomey Morey

Batman Saga HS5 Poison Ivy

Detective Comics #23.1 : Poison Ivy dans : le royaume vert
La femme fatale arpente les rues de Gotham City, emplie de chaos, tout en défendant des victimes d’hommes violents, ce qui lui rappelle son enfance avec son père. On découvre également son premier entretien avec Bruce Wayne.
► Les flash-backs sont magnifiques, à la limite du conte pour enfant au niveau des dessins ! Le reste est plutôt convenu et déjà-vu mais se lit bien.
■ Scénario : Derek Fridolfs / Dessin : Javier Pina / Couleur : John Kalisz

Batman Saga HS5 Man BatDetective Comics #23.4 : Man-Bat dans : descente
Kirk Langstrom découvre que sa femme Francine utilise son sérum qui le transforme en chauve-souris géante. Il va tenter de la stopper, quitte à lui-même sombrer à nouveau dans la folie…
► Une histoire qui s’inscrit dans la suite de Batman Incorporated (Talia al Ghul avait conçu son armée de Man-Bat) et de Detective Comics (Batman Saga #23 et #24 avec Le Pingouin et Francine). La descente aux enfers d’un homme. Peut-être moins accrocheur si on ne connaît pas les autres récits.
■ Scénario : Frank Tieri / Dessin : Scot Eaton / Couleur : Jeromy Cox

Batman Saga HS5 Gueule d'ArgileBatman : Dark Knight #23.1 : Gueule d’Argile dans : qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?
Gueule d’Argile sait que son caractère impulsif est un gros défaut. Mais il ne peut s’empêcher de tuer ceux qui le vexent. Il va alors tenter de faire des efforts pour intégrer Le Syndicat du Crime en prenant une initiative.
► Montré comme une grosse brute, Gueule d’Argile ne brille pas particulièrement par son charisme ou son intelligence. Le récit n’a ici d’intérêt que pour sa brève connexion avec Le Syndicat du Crime, et donc les prémices de Forever Evil.
■ Scénario : John Layman / Dessin : Cliff Richards / Couleur : Matt Yackey

Batman Saga HS5 SphinxBatman #23.2 : Le Sphinx dans : solitaire
Edward Nygma infiltre les Entreprises Wayne, profitant du chaos régnant dans la ville, afin d’assouvir une vieille vengeance de l’époque où il était enfermé à l’Asile d’Arkham.
Joli écho à L’An Zéro, cette courte histoire a des planches très soignées. Comme d’habitude, les devinettes sont présentes et Le Sphinx est bel et bien un ennemi à ne pas prendre à la légère, même s’il ne faut pas chercher une complexité ici.
■ Scénario : Ray Fawkes (Histoire avec Scott Snyder) / Dessin : Jeremy Haun / Couleur : John Raush

Un magazine plutôt inégal donc, côtoyant du très bon (Killer Croc) et du moins bon (Gueule d’Argile). On ne sait pas pourquoi Batman a disparu et on sent bien que ces courtes histoires sont intercalées entre d’autres pans narratifs beaucoup plus importants. Il est donc conseillé de tout lire (La Guerre des Ligues puis Forever Evil) pour mieux apprécier ce hors-saga. Par ailleurs, selon les coups de cœur pour les ennemis du Dark Knight les avis peuvent varier.

– BONUS 1 –

• À lire dans Justice League Saga #08

Batman DeadshotJustice League of America #7.1 : Deadshot dans : Tu pointes et tu tires
Deadshot est contacté pour une mission : tuer quelqu’un à Gotham City. Parallèlement il se rappelle son enfance dans la même ville. La mort de sa famille et ses débuts en tant que tueur à gages.
Cet antagoniste du Dark Knight (à découvrir aussi dans La Cible de Deadshot) n’a de rapport avec lui que la ville (Gotham)/ Ce chapitre est à suivre directement avec celui d’Harley Quinn. Les dessins de la période passé sont largement mieux que ceux du présent et l’histoire retrace de nouvelles origines pour cet ennemi emblématique.
■ Scénario : Matt Kindt / Dessin : Sami Basri & Carmen Carnero / Couleur : Matt Milla & Jeromy Cox

Batman Harley QuinnDetective Comics #23.2 : Harley Quinn dans : Harley Couine
Au-dessus de Gotham, Harley prépare une opération secrète. Elle se rémémore son enfance puis ses premiers pas dans l’étude de la psychiatrie. Son arrivée à Arkham et sa lente descente vers la folie, tout en ayant conscience de garder une part de rationalité en elle.
Brèves origines de l’assistante démoniaque du Joker. Extrêmement plaisant à lire ! L’oscillement entre raison et folie est bien mis en avant, ainsi que la « conception » de son look. Le titre original était Harley lives (vit), moins drôle peut-être mais plus élégant que celui retenu, surtout avec le texte de la planche finale jouant l’ambigüité entre une arme et le sexe (Tire-moi !).
■ Scénario : Matt Kindt / Dessin : Neil Googe / Couleur : Will Quintana

Ces deux histoires servent d’introduction à la série Suicide Squad, dont le chapitre #24 commence dans Justice League Saga #09. Une équipe dirigée par Amanda Waller (qui dirige également La Ligue de Justice d’Amérique) et composée notamment de Deadshot et Harley Quinn, deux ennemis du Chevalier Noir. La suite de la série montrera leur point de vue pendant Forever Evil.

• À lire dans Forever Evil #01

Batman epouvantailDetective Comics #23.3 : L’Épouvantail dans : La Cité de la Peur
L’Épouvantail arpente les quartiers de Gotham City, ceux-ci sont plongés dans le noir et le chaos, Batman ayant déserté à priori la ville. La ville a été divisée en plusieurs territoires géré par un ancien interné d’Arkham, une idée du nouveau maire : Le Pingouin. Ainsi, le professeur Crane va croiser tour à tout mister Freeze, Le Sphinx (ayant pris résidence dans la bibliothèque, comme vu dans son propre récit), Poison Ivy (idem avec son nouveau territoire), Killer Croc, etc. Il propose à chacun d’eux de rejoindre La Société Secrète des Super-Vilains et prévient que le pénitencier de Blackgate a désormais ses portes ouvertes aussi et que Bane pourrait être un problème…
Sans aucun doute le meilleur chapitre de toute cette thématique. Répondant pertinemment aux autres par des échos subtiles (à Double-Face ou Le Pingouin) ou directement par les rencontres. L’atmosphère est glauque et le rendu graphique extrêmement bien soignée.
■ Scénario : Peter J. Tomasi / Dessin : Szymon Kudranski / Couleur : John Kalish
Batman BaneBatman #23.4 : Bane dans : Sombre Destin
À Santa Prisca, Bane tue plusieurs personnes avant d’entreprendre un voyage pour Gotham City. Ses contacts alliés ont libéré deux mille prisonniers de Blackgate et il déverse son venin à ses propres soldats. Il sait que les habitants n’ont plus de protecteurs et que la ville est désormais aux mains des fous d’Arkham. Ceux qu’il devra donc… combattre !
Les références à Knightfall sont nombreuses, le dessinateur de l’époque, Graham Nolan, rempile d’ailleurs pour l’occasion, ce qui est dommage, rien d’extra-ordinaire dans les dessins. Le récit est en revanche très alléchant sur ce qui se prépare.
■ Scénario : Peter J. Tomasi / Dessin : Graham Nolan / Couleur : John Kalish

Ces deux histoires servent d’introduction à la série Arkham War, ils ne sont pas du tout indépendants, à l’inverse des autres qui l’étaient plus ou moins. On comprend donc qu’il va y avoir d’un côté les prisonniers de Blackgate, avec Bane à leur tête, face aux anciens fous de l’Asile d’Arkham, qui règnent désormais sur Gotham City et dont l’Épouvantail est un peu l’apôtre de ses ex-compagnons de cellule. Un projet et une idée très… excitants !

• À lire dans Joker Anthologie

Batman JokerBatman #23.1 : Le Joker dans : l’Heure des Singeries
Le Joker capture un bébé gorille dans un zoo et va l’élever avec l’éducation qu’il aurait aimé avoir reçu. Lui qui n’a connu que la torture de sa tante…
Aucun rapport avec La Guerre des Ligues ou Forever Evil pour cette histoire consacré au Joker. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle est publiée dans son recueil anthologique. Les planches du passé du Joker (qui peuvent tout à fait être crédibles en tant que « biographie ») sont sublimes. Celles du présent un peu moins. Mais surtout, cette étrange histoire de relation avec le singe est trop étrange pour qu’on y croit… Il y avait matière à renouer avec une facette d’humanité du Joker à travers un animal par contre, dommage.
■ Scénario : Andy Kubert / Dessin : Andy Clarke

– BONUS 2 –

Les publications de six chapitres (consacrés au Pingouin, à la Cour des Hiboux, à Ra’s al Ghul & La Ligue des Assassins, au Ventriloque, à Mister Freeze et à La Fille du Joker) ne seront à priori pas disponibles en France. Voici un bref résumé pour chacun d’entre eux.

Mise à jour 03.10.14 : le chapitre sur Mister Freeze sera publié dans le magazine Forever Evil #6, qui sortira le 14 novembre !

• Le Pingouin tue trois escrocs dans son Iceberg Casino et renoue ainsi avec ses anciennes habitudes. Il décide de reprendre le pouvoir sur Gotham City.
• La Cour des Hiboux jongle entre des récits passés dans Gotham avec l’emprise des Hiboux sur la ville et au présent, pendant Forever Evil, avec un père et sa fille, tous deux membres de la Cour qui se cachent. Cette histoire trouvera son dénouement dans la série Talon, inédite en France.
• Ra’s Al Ghul reçoit la visite d’un jeune homme lui proposant d’intégrer La Société Secrète des Super-Vilains. L’immortel refuse et commence un duel sur fond de sa vie, ses origines et bien sûr les quelques évènements survenus dans Batman Incorporated. Cette histoire continue dans la série Red Hood & the Outlaws, inédite en France sauf quelques épisodes publiés dans Batman Saga parfois.
• Le Ventriloque, ou plutôt Shauna la ventriloque et Ferdie son étrange pantin propose un spectacle à Gotham, dans un des rares lieux avec de l’électricité. Confus et très étrange, ce chapitre se poursuit dans la série Batgirl, disponible dans Batman Saga tous les mois.
• Mister Freeze profite du chaos régnant à Gotham pour régler de vieux comptes avec un ancien docteur d’Arkham. Son passé et ses motivations sont également évoqués, faisant écho au récit Batman : Annual #1 – Premières Neiges, publié dans Batman Saga #10.
• La Fille de Joker ne l’est pas vraiment, elle a juste récupéré son fameux masque de visage (voir Le Deuil de la Famille) et l’a endossé. Ancienne adolescente aux goûts morbides, elle sombre davantage dans la folie avec ce visage. Elle trouve refuge dans une grotte et va essayer de se l’approprier car de nombreux habitants sont descendus y vivre vu le chaos dans Gotham. Malheureusement il y a une hiérarchie machiste qui y règne. Cette « Fille du Joker » reviendra dans le chapitre #24 de la série Catwoman.

– CONCLUSION –

Seize histoires inégales, se déroulant plus ou moins à Gotham City pendant que Batman n’y est pas et que l’anarchie est le maître mot. Il aurait été bien d’avoir un chapitre d’introduction (#0) pour expliquer cet état des lieux et faire croiser plus intelligemment certains personnages. On comprend en filigrane que Le Pingouin est devenu le maire et a divisé la ville en zones attribuées à chaque ancien aliéné d’Arkham. À moins que ce soit plus explicite dans la série Forever Evil, il est dommage de ne pas avoir montré cela (dans un hypothétique chapitre d’introduction justement). Chaque chapitre permet toutefois de retracer un peu les origines de son personnage, notamment pour les moins connus.

Ces pièces d’un grand puzzle issu de Gotham City, et d’une manière plus étendue de l’univers DC Comics, s’emboîtent plus ou moins efficacement. Le côté trop indépendant de chacune des histoires est à la fois leur force et leur atout mais vu l’ampleur de l’opération il aurait peut-être été plus intéressant de concevoir un fil narratif axé davantage sur la ville et son contrôle par zone. Ce qui a été admirablement bien fait dans L’Épouvantail et un peu dans d’autres histoires mais l’ensemble est toutefois un peu bancal. Saluons l’initiative, plutôt inédite et risquée, et continuons surtout la lecture vers Forever Evil et, pour les fans de Batman surtout : Arkham War !