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Infinite Crisis – Tome 05 : Crise infinie

Cette fois, c’est la fin ! Après un premier tome introductif très efficace (Le projet O.M.A.C.), les deux suivants – plus inégaux – qui se composaient de nouvelles séries spécifiquement conçues pour la saga (Unis pour le pire et Jour de vengeance) et le quatrième qui proposait enfin la première partie de la « crise infinie » (Les survivants), Infinite Crisis arrive à sa conclusion dans un cinquième tome qui vient rabattre les cartes de l’univers DC ! Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Superboy-Prime et Alexander Luthor, les derniers survivants de la précédente Crise cosmique sont bien décidés à ressusciter leurs Terres détruites durant cet événement. Luthor lance ainsi la Société Secrète à l’assaut de Metropolis, tandis que les deux Superman s’affrontent entre différentes dimensions. Au terme de ce combat, un nouveau Multivers pourra-t-il renaître ?

[Critique]
Comme les tomes précédents, celui-ci se compose de plusieurs segments distincts. La suite est fin de la série Crise infinie bien sûr (trois chapitres entremêlés entre les autres histoires) mais aussi les conclusions de La guerre Rann-Thanagar et Unis pour le pire (tous deux entamés dans le deuxième tome), Le projet O.M.A.C. (dans le premier) et Voici ta vie, Superman, évidemment centré sur l’homme d’acier (composé de trois épisodes : Superman #226, Action Comics #836 et Adventures of Superman #649).

A l’instar du quatrième et solide volet, ce cinquième se lit globalement bien avec une certaine cohérence. En effet, les chapitres sont disposés de façon à être à peu près dans l’ordre chronologique mais cela casse une certaine immersion, notamment pour la série éponyme (Crise infinie / Infinite Crisis). Par ailleurs, il faut se rappeler des deux premiers tomes pour renouer avec leurs « suites et fins » ici mais si on a lu toute la saga dans l’ordre en quelques jours ou semaines, alors aucun problème.

Difficile de résumer donc le début de cet ultime opus qui regroupe les conclusions de quatre (voire cinq) fictions ! On débute avec la fin de La guerre Rann-Thanagar, probablement la partie la moins passionnante de l’ensemble mais contenant de belles propositions graphiques cosmiques. Le titre accélère véritablement ensuite avec le cinquième épisode de Crise infinie où l’on suit le Superman de Terre-2 qui assiste impuissant à la mort de Lois Lane avant de tomber fou de rage et de s’en prendre, entre autres, au Superman de Terre-1 (planète où se déroule l’entièreté de l’action de la saga). En parallèle, le Luthor rescapé de Crisis on Infinite Earths rétablit le multivers et d’autres mondes, afin de créer la « Terre parfaite » (en voulant tamiser chaque Terre pour récupérer chaque « bonnes parties » et tout fusionner en une unique Terre idyllique).

La narration (toujours de Geoff Johns) est – à ce stade – relativement dense, complexe, folle et passionnante ! Mais le fil rouge du récit (de ladite crise infinie) est alors un peu mise de côté pour faire place au long passage sur Superman, qui sonne comme un honneur au kryptonien, avec une armée d’artistes étalée sur trois épisodes (dont Joe Kelly et Jeph Loeb au scénario et notamment Jerry Ordway, Tim Sale, Lee Bermejo, Phil Jimenez, Ian Churchill et Ed McGuiness… aux dessins). Les amoureux de Superman seront probablement aux anges, profitant d’une narration différente mais aussi de différents hommages visuels (cf. images en fin de critique).

En suivant à la fois la vie de Superman mais aussi l’évolution de l’être humain au sens large (incluant une pleine planche devant le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau), l’on saisit mieux la dualité entre la noirceur du modernisme des super-héros et l’ancien âge (plus lumineux) des ères DC Comics. Un sujet fleuve qui parsème Infinite Crisis et déjà entamé dans Crise d’identité d’une certaine manière (auquel on trouve quelques nouveaux échos dans le livre). De la même manière, la longue introduction consacrée à Power Girl dans le tome précédent se connecte un peu plus ici (mais on peut déplorer avoir pris autant de temps avant (et de place) pour, in fine, pas grand chose).

Après cette semi-parenthèse, la crise reprend (Infinite Crisis #6) et on assiste un véritable maelstrom des figures de DC, effectuant de la figuration pour la majorité. L’intrigue se recentre sur les deux Superman, la Trinité mais aussi le nouveau Blue Beetle, unique entité à réussir à voir le fameux satellite l’Œil et les derniers OMAC. Si c’est assez bavard et un peu confus (des milliers de Terre sont montrées subrepticement), on en prend plein les yeux à tous points de vue. Ça fuse de partout en action (dans l’espace notamment) avec plein de couleurs différentes – pas de doute, nous sommes en pleine lecture d’un comic book ! Les dessins de Phil Jimenez, Jerry Ordway et George Pérez sont incroyables (accompagnés d’Ivan Reis et Joe Bennett sur les autres chapitres).

Ensuite, nouvelle « pause » dans l’histoire puisqu’on retrouve Sasha Bordeaux (en OMAC) pour découvrir ce qu’elle devient depuis le premier volet, pile au moment où elle se connecte au titre principal. Idem pour Unis pour le pire où on renoue avec quelques Secret Six mais surtout avec Oracle (Barbara Gordon) et… le Limier Martien ! Une association efficace pour un épisode plus palpitant que le précédent mais qui garde un goût d’inachevé.

Enfin, l’ultime épisode d’Infinite Crisis (#7) explose tout sur son passage. La confrontation entre les Superman (face notamment à Superboy), la fin de Luthor (assez surprenante – avec l’intervention d’un personnage DC extrêmement populaire qui était cantonné à un curieux absentéisme jusqu’à ce moment fatidique) et… un départ de la Trinité pour se ressourcer. Bizarrement, le retour d’autres Terres est à peine évoquée (il a eu lieu en amont) et on se concentre sur le bien fondé et l’humanité de Superman, Wonder Woman et Batman, tous trois croqués en civil pour l’occasion. Tous décidant de prendre une année de repos pour réfléchir à une nouvelle méthode pour agir, déconstruire leur propre vision de la justice, etc. Ce qui donnera lieu à plusieurs séries dont la 52 (que s’est-il passé durant une année d’absence de la Trinité ?).

Voici pour les résumés de ce cinquième volume, assez inégal. Si les conclusions de chaque arc sont les bienvenues, elles sont parfois expéditives voire frustrantes (on veut – encore – la suite de ce qui se déroule pour certains protagonistes ; à découvrir justement dans de nouvelles séries, Secret Six déjà évoquée mais aussi Checkmate par exemple ou encore One Year Later). Surtout : elles cassent le rythme effréné de la série principale, nettement plus soutenue et aboutie, mémorable et impressionnante ! Difficile d’en vouloir à l’éditeur qui a ainsi imprimé une saga complète et dans un ordre de lecture idéale, au détriment donc d’une immersion plus soignée.

Ce qui ressort de l’ensemble est malgré tout relativement positif : toutes les pièces du puzzle se sont assemblées, rien a été mis de côté. Les multiples menaces se croisent et donnent du fil à retordre à nos héros, principalement la force brute de Superboy couplé au génie de Luthor et sa reformation des Terres. On assiste à la fois à la fin d’une ère (et son lot de tragédie) et on nous en esquisse les contours alléchants d’une nouvelle (recouvrer une « dignité » (envers le peuple ? le lecteur ?)). Le scénariste Geoff Johns a signé un récit fort, mature et intelligent, consolidé par les autres architectes de l’évènement. Du reste des crédits d’ailleurs (pour ce tome) on retrouve les mêmes équipes que précédemment pour chaque conclusion des mini-séries évoquées (Dave Gibbons, Greg Rucka et Gail Simone donc côté écriture).

Graphiquement, l’ensemble n’est pas forcément homogène mais la série principale, comme évoqué plus haut, est magistrale. Entre moments iconiques et lisibilité exemplaire des (nombreuses) séquences d’action, on retient aussi quelques parties bien sanglantes (Black Adam qui défonce littéralement la tête du Psycho Pirate, Superboy-Prime qui se bat contre les deux autres Superman…). Une conclusion épique, aussi bien au sens figuré que littéral !

Ce cinquième et dernier tome d’Infinite Crisis conclut brillamment une épopée qui a su habilement jongler entre les points de vue, fausses pistes et enjeux (d’une guerre spatiale aux conflits humains en passant par une bataille entre intelligence artificielle et magie pure). En brassant la plupart des genre avec brio, cette saga (incontournable à l’époque en 2005 et toujours aujourd’hui) a révolutionné une fois de plus la mythologie de DC Comics. Plus accessible que Crisis on Infinite Earths, à laquelle elle est mécaniquement reliée (ainsi qu’à Crise d’identité), Infinite Crisis passe mieux l’épreuve du temps que son illustre aînée de 1985. Plus touchante et émouvante également, chose rare dans l’industrie.

[Conclusion de l’ensemble]
Infinite Crisis vaut-il le coup ? Indéniablement oui. Certes il y a des épisodes de trop (ceux sur Superman notamment – évidemment les férus de l’Hommes d’acier seront servis et en profiteront davantage) ou encore des séries annexes inégales et mal exploitées, mais c’est un véritable plaisir de lecteur que d’avancer pas à pas dans l’énorme échiquier que représente le jeu de piste de Johns et ses compères. Si cela démarre fort (premier tome) puis accuse une petite baisse de régime (les deux volumes suivants), c’est pour mieux redémarrer et cracher son potentiel ensuite (les deux derniers volets).

Les multiples visions confèrent une approche singulière très plaisante. Si l’œuvre – on l’a dit – a révolutionné en son temps DC Comics, l’impact fut moins « spectaculaire » (toutes proportions gardées). Les morts ne durent jamais très longtemps et de nouvelles crises remettent tout à plat (Final Crisis suivra très rapidement en 2009 puis Flashpoint en 2011). Ce n’est pas tant le destin tragique de certains protagonistes (beaucoup de seconds couteaux à de rares exceptions) mais plutôt le statu quo de la Trinité, le « nouveau départ » et surtout le retour des Terres parallèles et du multivers (fièrement annoncé sur chaque frise chronologique de l’éditeur) qui ajoutent un marqueur résolument majeur et impactant.

La saga fourmille de références mais reste accessible – c’est sa grande force, à l’inverse de Crisis on Infinite Earths (qu’elle cite abondamment dans ses deux derniers volets). Ainsi, on retrouve souvent mentionné le sort de Green Lantern/Hal Jordan – quand il était Parallax notamment, cf. Crise temporelle –, le Corps des Green Lantern illumine d’ailleurs la conclusion de multiples façons, on voit aussi les conséquences de la déconstruction de la Justice League dans Crise d’identité (notamment dans Crise de conscience, au cœur du troisième tome d’Infinite Crisis), enfin la mort de Superman et l’ascension à la présidence de Lex Luthor sont aussi régulièrement évoquées. En somme, la plupart des titres importants publiés chez DC dans les années 1990 et le début des années 2000 trouvent une sorte d’aboutissement dans cette crise infinie, poussant le lecteur à s’interroger sur la noirceur et le degré de complexité atteint chez ses héros favoris. Certains diront que c’est le début de la fin, d’autres une audace et une voie novatrice et agréable.

Côté Batman, ce dernier joue un rôle prononcé dans Infinite Crisis, notamment au début (le projet O.M.A.C., c’est lui indirectement), au milieu (au sommet de sa paranoïa et colère face à ses collègues qui l’ont trahi et manipulé – cf. les conséquences de Crise d’identité) et à la fin (le combat contre l’Œil, le soutien à Nightwing, etc.). C’est donc encore plus plaisant de suivre cette saga aussi bien quand on est fan de DC Comics que de Batman (contrairement à Crisis on Infinite Earths où le Chevalier Noir était quasiment absent). L’investissement économique est conséquent (un peu moins de 150 €) mais le jeu en vaut la chandelle. Néanmoins, si vous souhaitez surtout lire l’évènement principal (ou que vous n’êtes pas complétistes), alors les tomes quatre et cinq peuvent suffire. Le premier et, surtout, le troisième restent appréciables pour avoir la suite directe de Crise d’identité. En somme, le second volet est le plus « passable ».

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 1er avril 2016.
Contient : Infinite Crisis #5-7 + Rann-Thanagar War Special + OMAC Project Special + Villains United Special + Superman #226 + Action Comics #638 + Adventures of Superman #649

Scénario : Geoff Johns, Dave Gibbons, Joe Kelly, Greg Rucka, Gail Simone, Jeph Loeb
Dessin : collectif (voir critique)
Encrage : collectif
Couleur : collectif

Traduction : Edmond Tourriol (Studio Makma)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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Infinite Crisis – Tome 01 : Le projet O.M.A.C. (30 €)
Infinite Crisis – Tome 02 : Unis pour le pire (30 €)
Infinite Crisis – Tome 03 : Jour de vengeance (30 €)
Infinite Crisis – Tome 04 : Les survivants (30 €)
Infinite Crisis – Tome 05 : Crise infinie (24 €)





Infinite Crisis – Tome 02 : Unis pour le pire

Après un excellent premier volume, la saga Infinite Crisis se poursuit dans un second tome radicalement différent, n’offrant pas une « suite directe » au précédent et se concentrant (dans un premier temps) vers un nouvel horizon galactique. Pour autant, Unis pour le pire reste assez passionnant malgré ses errements narratifs (dans ses débuts) et graphiques (dans sa dernière ligne droite). Explications et critique.

[Résumé de l’éditeur]
La Société Secrète a rassemblé tous les super-vilains de l’univers sous le commandement de Lex Luthor et un conciliabule de génies criminels. Tous ? Non ! Car six malfaiteurs planifient dans l’ombre la rébellion, tandis qu’à l’autre bout de la galaxie, les planètes ennemies Rann et Thanagar se livrent une bataille sans fin.

[Introduction d’Urban Comics]
À l’instar du premier tome, copier/coller le texte avant-propos de l’éditeur est plus pertinent pour situer aussi bien l’histoire que résumer son début.

Des bas-fonds aux confins de la galaxie

Enquêtant sur des malversations dans sa société, Tek Kord, dit Blue Beetle, découvre un complot visant l’ensemble de la population métahumaine de la planète. Max Lord, ancien mécène de la Ligue de Justice et désormais Roi Noir de l’agence de contre-espionnage Checkmate, a pris le contrôle de l’Œil, un satellite fabriqué par Batman pour surveiller ses coéquipiers.

Cette intelligence artificielle contamine des agents dormants aux quatre coins du globe et les transforme en OMAC, d’insaisissables machines à tuer. Blue Beetle perd la vie lors de sa découverte, mais a le temps d’alerter ses anciens coéquipiers. S’enchaîne une escalade de représailles et de trahisons entre les forces de Max Lord et celles de Batman. Au centre de l’intrigue se trouve Sasha Bordeaux : ancienne amante du Cavalier Noir de Checkmate, elle joue un double jeu des plus dangereux avec Max Lord. Ce dernier, en contrepartie, met sous sa coupe Superman qui, hypnotisé, s’en prend violemment à Batman. Pour le libérer de ce contrôle mental, Wonder Woman brise la nuque de Max Lord. Malheureusement, son geste est retransmis devant les caméras du monde entier. Au final, les forces combinées de la Ligue de Justice, des titans, des Outsiders et de la Doom Patrol repoussent les OMAC, mais la Crise Infinie qui secoue l’univers ne fait que débuter.

En effet, depuis sa destitution du poste de président des États-Unis, Lex Luthor a mis en place une Société Secrète des Super-Vilains : une organisation clandestine visant à offrir une protection accrue à l’engeance criminelle. Au sein de son « conseil d’administration » on retrouve le régent du Kahndak, Black Adam, la reine du crime, Talia al Ghul, le mercenaire Deathstroke, le télépathe Docteur Psycho et leur coordinateur, le Calculateur. Méfiante depuis les révélations selon lesquelles la Ligue de Justice a, des années durant, lavé le cerveau de ses opposants, la communauté malfaisante se rallie à cette direction. Mais le recrutement ne se fait pas sans heurts…

Pendant ce temps, dans l’espace, la guerre fait rage entre deux plantes longtemps rivales : Rann, monde basé sur la science et le savoir, et protégé par l’archéologue et aventurier terrien, Adam Strange, et Thanagar, patrie martiale de la police des faucons, dont sont issus Hawkman et Hawkwoman. Pour protéger Rann, Sardath, le scientifique en chef, et beau-père d’Adam Strange, l’a téléportée en lieu sûr. Mais, en tentant de la renvoyer à sa place initiale, elle est réapparue dans l’orbite de Thanagar, causant un cataclysme sans nom. Ce secteur est, comme le reste de l’espace, protégé par les Green Lantern et la milice privée, L.E.G.I.O.N., et toutes ces factions se retrouvent prises dans un conflit sanglant où les alliances désespérées se multiplient.

[…]

[Critique]
Comme pour le volume précédent, cette nouvelle pierre d’Infinite Crisis se compose en plusieurs segments distincts. La mini-série en six chapitres La guerre Rann-Thanagar (Rann-Thanagar War) puis En bleu et noir, deux épisodes d’Action Comics (#830-831) – centrés sur Superman donc – qui introduisent la seconde série importante du volume, Unis pour le pire (Villains United), également en six épisodes. Le premier récit est écrit par Dave Gibbons (dessinateur de Watchmen) et les autres par Gail Simone (la série Batgirl de l’ère New 52).

Si le lecteur pouvait (légitimement) s’attendre à voir la « suite directe » des dernières planches du premier tome, il n’en est rien ! En effet, l’opus met directement en avant une guerre cosmique, très très brièvèment annoncée dans le volet précédent, où s’affrontent différents protagonistes plus ou moins connus : Hawkman, Hawkgirl, Hawkwoman, Adam Strange, Captain Comet, deux Green Lantern (Kyle Rayner et Kilowog), les Omega Men… Un récit haletant, intense mais complexe. On s’y perd rapidement entre les lieux et enjeux de cet affrontement titanesque, d’autant qu’on plonge dedans sans introduction ni explications, la contextualisation est expéditive (à peine quelques bulles de dialogues). Ce n’est pas très grave car on se laisse aisément emporter par les superbes dessins d’Ivan Reis (rejoints par Joe Prado et Joe Bennett) et l’ennemi imposant Onimar.

Tout va très vite (trop vite ?) dans La guerre Rann-Thanagar mais c’est justement cette situation d’urgence, ces batailles qui dépassent aussi bien les humains que le lectorat, qui fonctionnent plutôt bien, magnifiées sous la plume de Dave Gibbons. Stratégie guerrière, divinité, « politique »… le titre est dense mais intéressant à bien des égards dans cette vision du conflit. Il est difficile de savoir « qui est qui », qui provient de telle planète et s’ils agissent « bien ou mal » (il n’y a pas vraiment de « gentils ou méchants » entre les deux camps, à l’exception d’Onimar). La distance entre ces personnages de papier et le lecteur créé une barrière qui ne casse pas l’immersion mais plutôt l’empathie (on se fiche un peu de qui va survivre et pourquoi tout le monde se combat).

En somme, on ne comprend pas tout ce qui se trame dans ce space opera galactique mais au fil des chapitres l’émergence d’une crise d’envergure commence à s’assembler (ce n’est pas pour pour rien qu’on parle d’une crise infinie – difficile de toute façon de lire/découvrir ce récit en étant totalement vierge d’informations quant à « l’avenir » (et conséquences) de cette grande saga). Il semblerait que la série Justice Society of America (JSA) #20 à #25 publiée en 1999 (donc six ans plus tôt) permettait de se familiariser avec Onimar et le couple Hawkman/Hawkgirl. Surtout : la série Adam Strange en huit chapitres sortie en 2004 et 2005 servait véritablement de prologue à cette guerre Rann-Thanagar ; dommage de ne pas l’avoir ajoutée alors qu’elle est citée dans l’introduction d’Urban Comics… En plus d’Adam Strange: Planet Heist ajoutons Green Lantern: Rebirth considérée aussi comme à lire en amont.

En bleu et noir (dessiné par un John Byrne en très petite forme, scénarisée par Gail Simone) met l’accent sur le Docteur Psycho et sa mégalomanie. Comme Max Lord dans l’opus précédent, Psycho peut manipuler les esprits – ce qui donne un côté déjà-vu… Il s’essaie sur des citoyens de Metropolis au point de faire intervenir Superman et… Black Adam ! En effet, la Société Secrète des Super-Vilains dirigée par Lex Luthor compte Black Adam, Docteur Psycho, Talia al Ghul, Deathstroke et le Calculateur dans ses rangs. Les excès de zèle de Psycho ne faisant pas partie des plans de Luthor, c’est le régent du Kahndak qui est chargé de le ramener. Ce double épisode de transition est oubliable (comme l’étrange course entre Bizarro et Nega-Flash qui se déroule en arrière-plan !) mais sert surtout d’introduction à l’arc suivant.

Car Luthor mène un plan d’envergure en parallèle dans Unis pour le pire : le rassemblement de plusieurs centaine d’ennemis communs des super-héros ! Cependant, une poignée refuse de rejoindre cette ligue de vilains : Catman, Deadshot, Cheshire, Scandale, Parademon et Ragdoll. Ces « Secret Six » sont donc devenus la cible de leur anciens alliés et se retrouvent rassemblées par Mockingbird, une mystérieuse personne qui les manipule (ou plutôt les fait chanter).

La modernisation (réinterprétation) de Catman est une franche réussite, apportant une profondeur inédite pour un personnage attachant – qui devient quasiment Batman par moment (cf. dernière image de cette critique). L’on est un peu plus perplexe de l’utilisation de Captain Nazi (!) dans une séquence de torture et de ce personnage si… particulier (et donc complice et assumé des autres vilains DC).

Cette seconde partie du volume renoue avec les ingrédients phares du premier volet : une intrigue qui tient en haleine, une approche à hauteur d’homme (toutes proportions gardées – on parle de méta-humains qui ont des pouvoirs et sont violents), une conspiration menaçante, etc. La narration bénéficie d’un excellent rythme, enchaînant scènes d’action et d’autres plus posées (voire carrément figées vu les graphismes – on en reparle plus loin). Quelques rebondissements (non prévisibles) et des échanges musclées efficaces achèvent de composer le tout. Gail Simone s’en donne à cœur joie pour exhumer des anti-héros de seconde zone (elle récidivera dans la foulée avec une série dérivée et suite, Secret Six, inédite en France).

Graphiquement en revanche, cette deuxième moitié du tome n’est pas à la hauteur (surtout en comparant avec sa première). Faute à des personnages beaucoup trop « clichés » (les hommes sont super musclés, les filles super sexy), des traits trop gras et une colorisation relativement pauvre et sans effets de lumière. Dale Eaglesham en est le principal responsable (remplacé par Val Semeiks le temps d’un chapitre). Les dessins manquent de finesse, d’élégance, d’une véritable « appropriation visuelle ». C’est dommage car le point de vue « d’antagonistes parmi les antagonistes » est plutôt stimulant. En revanche, il ne faut pas s’attendre à retrouver la Justice League et la « suite » de la fin du premier opus ici aussi… Seul Superman est montré brièvement dans sa courte histoire qui n’apporte pas grand chose à l’ensemble.

En synthèse, Unis pour le pire se lit bien – l’ensemble reste globalement captivant – et poursuit ce qu’on a découvert dans le premier volume d’Infinite Crisis tout en montrant « autre chose » (une guerre cosmique et une préparation chez l’ennemi – en gros) qui seront, in fine, connectés à la saga. Si les pièces du puzzle ne s’assemblent pas ici, on reste sur un divertissement tout à fait correct et moins cérébral que le premier (plus confus dans son épopée guerrière spatiale mais ce n’est pas très grave).

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 27 février 2015.
Contient : Rann-Thanagar War #1-6, Action Comics #830-831, Villains United #1-6

Scénario : Dave Gibbons, Gail Simone
Dessin : Ivan Reis, John Byrne, Dale Eaglesham, Joe Prado, Joe Bennett, Val Semeiks
Encrage : Marc Campos, Joe Prado, Oclair Albert, Jack Jadson, Nelson, Larry Stucker, Wade Von Grawbadger, Prentis Rollins
Couleur : John Kalisz, Tanya Horie, Richard Horie, Guy Major, Sno-cone

Traduction : Edmond Tourriol (Studio Makma)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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Infinite Crisis – Tome 05 : Crise infinie (24 €)

 


 

Doomsday Clock

Annoncée sporadiquement depuis 2016 (principalement dans DC Univers Rebirth #1 et Le Badge), la suite officieuse de Watchmen se déroule dans Doomsday Clock, œuvre qui rassemble donc l’univers de la bande dessinée culte d’Alan Moore et Dave Gibbons avec celui des super-héros de DC Comics. L’évènement tant attendu nécessite un certain bagage culturel qui a été récapitulé dans cet article (qui contient également à la fin une courte critique sans révélations de Doomsday Clock), même si la lecture seule en amont de Watchmen suffit amplement. Cette suite « inattendue » (terme choisie par l’éditeur) est écrite par Geoff Johns, architecte de certaines grandes lignes narratives de DC (incluant Flashpoint, point de départ des chamboulements dont Doomsday Clock se veut l’aboutissement) et dessinée par Gary Frank (Batman – Terre Un). Pari risqué, audacieux… que vaut cette maxi-série de douze chapitres ?

 

À gauche, l’édition normale sortie le 23 octobre 2020 (initialement prévue en juin 2020),
à droite, l’édition luxueuse limitée à 1.500 exemplaires (voir fin d’article), en vente à partir du 23 novembre 2020.

[Résumé de la quatrième de couverture]
1985, sur une autre Terre : afin de sauver son monde d’une apocalypse nucléaire, le justicier Ozymandias élabore une machination qui unit les peuples contre une menace extraterrestre fictive. 1992 : ce complot ayant été dévoilé, la révolte gronde et le monde se retrouve à nouveau au bord du chaos. Ozymandias n’a plus qu’une solution : retrouver le Docteur Manhattan, surhomme aux pouvoirs quasi divins qui a quitté la Terre des années auparavant, et peut-être même l’Univers.

[Résumé de l’éditeur sur son site]
Il y a trente ans, sur une Terre où le cours de l’Histoire a évolué de manière bien différente, un justicier milliardaire nommé Ozymandias a tenté de sauver l’humanité d’une guerre nucléaire imminente en concevant une machination effroyable… et réussit. Mais, ses plans ayant été révélés, ce dernier dut prendre la fuite et tente à présent de retrouver le seul être capable de restaurer un équilibre sur sa planète : le Dr Manhattan, surhomme omnipotent. Un seul problème s’offre à lui : le Dr Manhattan a quitté sa dimension pour visiter celle de la Ligue de Justice et interférer avec le cours des événements, manipulant à leur insu les héros de cet univers. Mais pour Ozymandias, ce défi n’est qu’un obstacle de plus dans sa quête d’une paix éternelle pour son monde et ses habitants : résolu, il décide de franchir la barrière entre les dimensions quitte à y affronter ces méta-humains.

[Début de l’histoire]
En 1992, aux États-Unis (dans l’univers de Watchmen), le peuple se révolte, la violence fait rage dans les villes. La supercherie de l’homme le plus intelligent du monde Adrien Veidt a été révélée : ce philanthrope homme d’affaires, connu sous le costume d’Ozymandias, avait imaginé un stratagème visant à instaurer la paix dans le monde au prix de lourds sacrifices humains. Il est accusé du meurtre de trois millions de personnes. Traqué, l’homme le plus recherché du monde n’a plus qu’une idée en tête pour « sauver » une fois de plus sa Terre : retrouver le Dr. Manhattan et lui demander de l’aide.

Pour cela, Veidt s’allie à une mystérieuse personne qui a revêtu la cagoule de Rorschach et utilise les mêmes gimmicks que l’ancien « justicier », assassiné par Manhattan quelques années plus tôt. Ce nouveau Rorschach délivre la Marionnette, une jeune femme qui aurait un lien avec le Dr. Manhattan et pourrait s’avérer utile. La Marionnette est en couple avec le Mime, tous deux sont des criminels arrêtés par Manhattan lors d’un braquage de banque.

Une fois réunie, la petite équipe s’enfuit dans l’univers de DC Rebirth à Gotham City, elle aussi en proie aux émeutes. Batman n’y est plus apprécié et, d’une manière générale, une certaine défiance envers les super-héros plane sur la Terre à cause de « la théorie des Supermen », stipulant que le gouvernement des États-Unis conçoit dans l’ombre ses propres justiciers. Cela expliquerait pourquoi 97% des « méta-humains » sont issus du territoire américain. Une affirmation qui cristallise les tensions à échelle internationale. Ainsi, Black Adam promet refuge au Kahndaq à tous les super-héros qui le désirent et la Russie est (presque) en Guerre Froide face aux USA comme ce fut le cas auparavant.

Pour mener à bien leur mission, Ozymandias et Rorschach doivent trouver les deux êtres humains les plus intelligents de cette Terre : Lex Luthor et Bruce Wayne. De son côté, Clark Kent fait plusieurs cauchemars intrigants et il semblerait que le Comédien (le vrai) soit de retour ! Où est le Dr. Manhattan ? Que fait-il ?

[Critique]
La lecture est longue, le récit est dense. La critique n’est pas aisée, elle sera déstructurée et un brin académique, un peu comme l’œuvre.

On martèle le même rappel avant tout : Doomsday Clock est la suite (« inattendue » selon le terme de l’éditeur) de Watchmen, il faut donc connaître ce dernier avant tout, c’est une évidence. Idéalement, il faut avoir lu Flashpoint, DC Univers Rebirth #1 et Le Badge cf. ce récapitulatif — qui contient une brève critique de Doomsday Clock sans aucune révélation car il y en aura un peu dans le texte ici qui va suivre — mais ce n’est, in fine, pas si obligatoire que cela.

Catégorisons dans un premier temps ce qu’il faut aborder : les personnages (identité, empathie, évolution…), le scénario, la contextualisation et connexions entre les titres, le piège de l’attente et des effets d’annonce des dernières années, la qualité graphique et les conséquences.

Une foule de protagonistes gravite dans Doomsday Clock. D’un côté les anti-héros de Watchmen, d’un autre les super-héros et antagonistes de DC Comics. Entre les deux, de nouveaux personnages créés pour l’occasion et de curieuses mises en avant de figures peu connues du « grand public » issus des deux univers. De Watchmen, nous retrouvons bien entendu Ozymandias (Adrien Veidt) et le Dr. Manhattan (Jon Osterman). Le Hibou (Daniel Dreiberg) et le second Spectre Soyeux (Laurie Juspeczyk) sont absents (ce qui est rapidement justifié), à l’exception de rarissimes cases en caméo (avec un réel intérêt pour le déroulement de l’histoire). Contre toute attente Rorschach est de retour ! Mais il ne s’agit pas, bien entendu, de Walter Kovacs, bel et bien mort dans Watchmen. Ce Rorschach a d’ailleurs la peau noire, on le sait dès le départ, quelques cases après son apparition — permettant ainsi de « casser » tout espoir quant à un retour du « vrai » Rorschach.

Sa véritable identité est dévoilée peu après, connectée à un personnage assez secondaire (mais peu oubliable) de Watchmen. Il y a une certaine logique dans cette succession plutôt habile (ce Rorschach est tout aussi tourmenté que le premier, s’exprime d’une façon similaire, est lui aussi violent même si moins que le précédent). C’est l’une des rares nouvelles têtes plutôt réussies et attachantes de Doomsday Clock. Le Comédien (Edward Blake) est lui aussi de retour… mais il s’agit du vrai cette fois ! La raison est « plausible » par rapport à ce qu’on découvre au fil de l’aventure (sans surprise : le multivers et, ici, le « metavers », rien que ça… — on y reviendra). Mais en ce cas, pourquoi n’avoir pas fait revenir le vrai Rorschach ?! Dommage…

Ozymandias et Manhattan sont deux êtres complexes et particulièrement difficiles à écrire. Ici, Geoff Johns jongle maladroitement entre héritage d’Alan Moore à préserver et (légère) émancipation à proposer. L’être divin bleuté est bien retranscrit, on retrouve aisément sa froideur et son détachement (partiel ?) de l’humanité, ses paradoxes aussi. En cela, il est agréable de voir cette prolongation officieuse ou officielle (on ne sait pas trop) de l’œuvre culte publiée en 1986-87, qui n’a évidemment rien à voir avec l’excellente série télévisée du même nom qui se veut également suite de Watchmen (voir aparté en fin d’article). Manhattan est donc (globalement) une réussite mais on émet des réserves sur son face à face, inéluctable et annoncé très tôt, à Superman, manquant cruellement d’une dimension épique.

Quant à Adrien Veidt, s’il reste fidèle dans les grandes lignes à ses objectifs (la paix universelle quitte à verser énormément de sang) et redouble d’intelligence pour manipuler tout le monde, on se surprend à découvrir un homme moins posé, presque « sadique », parfois ridicule même, dans un « ego-trip » qui ne sied pas vraiment aux souvenirs du justicier le plus intelligent et fortuné de Watchmen. Difficile de « l’apprécier » pleinement tant il navigue entre figure familière captivante et curieusement repoussante car on ne le reconnaît pas spécialement dans sa façon d’être… Les apparitions du Comédien sont, elles, assez fidèles au nihiliste tête brûlée de Watchmen mais, hélas, il n’est caractérisé que par cela avec un traitement narratif assez pauvre. Comme évoqué, c’est aussi son retour improbable et un peu « facile / tiré par les cheveux » qui gâche sa présence, sans compter — hélas ! — son peu d’intérêt dans l’intrigue générale. Dommage (bis)…

Sur quatre figures iconiques, l’auteur Geoff Johns n’en retranscrit qu’une avec assurance et réussite (Manhattan), se loupe plus ou moins dans deux autres (Ozymandias et surtout le Comédien) et propose une relève inédite et intéressante du dernier (Rorschach), plutôt appréciable.

Mais Geoff Johns consacre beaucoup trop de temps à ses nouvelles créations fictives conçues en complément dans l’univers de Watchmen, à commencer par la Marionnette. Une « vilaine » un peu folle, costumée, qui tue avec du fil (forcément), façon corde à piano, qui tranche tout (même des armes !). Son compagnon, le Mime, se résume à son patronyme également (avec un étrange pouvoir inexplicable et relevant du registre fantastique, chose inédite dans le monde des Gardiens — une incohérence ?). Tous deux forment un couple qui a une certaine importance, voire une obligation, dans l’exécution de l’histoire : Manhattan devait tuer la Marionnette à un moment, il ne l’a pas fait car elle était enceinte (en vrai c’est parce qu’il a vu l’avenir du futur bébé qu’elle portait qu’il a épargné la criminelle).

Et donc ? Et donc quand Ozymandias cherche à retrouver Manhattan, il s’allie au nouveau Rorschach et à ce couple fantasque (Le Mime et la Marionnette) en espérant que le Docteur « reconnaîtra » la jeune femme et engagera la conversation… Un peu faible. La Marionnette, Erika Manson de son vrai nom, est trop proche de Harley Quinn, ne serait-ce que par son look et sa façon d’être, mi-déjantée, mi-accrochée à son compagnon. Incompréhensible d’avoir croqué une antagoniste féminine ainsi  alors qu’il y avait carte blanche totale… C’était peut-être volontaire, pour éventuellement montrer « une version alternative » de Harleen Quinzel dans l’univers de Watchmen mais ça semble peu probable (sinon autant la nommer Harley). Ça manque atrocement d’innovation sur ce point.

Autre nouveauté (sur laquelle Johns perd aussi beaucoup de temps) : Carver Colman. Un acteur retrouvé mort et dont un film en particulier trouve une résonnance singulière chez plusieurs êtres. Là aussi on a du mal à s’attacher à l’individu dont on ne comprend la portée que bien trop tardivement (on en reparle dans un paragraphe juste après).  Plus ou moins en retrait aussi, on croise deux personnes énigmatiques qui étaient déjà présentes dans DC Univers Rebirth #1 et Le Badge : le vieil homme fou, alias Johnny Thunderbolt, et une jeune femme mystérieuse elle aussi folle (enfermée à Arkham), nommée Jane Doe dans un premier temps. Leurs identités respectives sont bien sûr découvertes au fil des chapitres. Rien d’exceptionnel malheureusement et une importance plutôt limitée (« tout ça pour ça ? »), même s’il est agréable de comprendre pourquoi ils étaient montrés autant en amont, cela prouve que leur utilité fut anticipée relativement tôt.

Côté DC Comics, plusieurs noms prestigieux parsèment l’ouvrage, principalement dans sa seconde moitié (la première, un peu trop lente, était plutôt concentrée sur les personnages de Watchmen et ses nouveaux venus, à l’exception notable de Batman). En complément du Chevalier Noir donc, on croise Lex Luthor, Lois Lane, Black Adam, Firestorm, Alfred Pennyworth et bien sûr Superman. Cette courte sélection est celle qui est la plus mise en avant dans Doomsday Clock. On y ajoute volontiers le Joker, pratiquement au coeur d’un chapitre en entier (dont la couverture est celle choisie par l’éditeur français pour sa version commercialisée — sublime certes, mais loin d’être représentative du titre).

L’ensemble des personnages DC Comics apparaît à peu près au complet mais de façon très éphémère. La galerie d’ennemis de Batman (incluant un Sphinx/Riddler calqué de la version série des années 1960 et même la Cour des Hiboux le temps d’une case), Wonder Woman (hélas quasiment absente) et quelques Green Lantern sortent un tout petit peu du lot à un moment… tous les autres sont presque relayés à de la figuration, se contentant d’une séquence primordiale et appréciable mais aucun héros ou antagoniste de cette longue liste ne bénéficie d’une grande émergence. Il était de toute façon impossible d’obtenir un équilibre idéal entre les apparitions de chacun, il fallait choisir dès le début qui serait essentiel à la narration (et sur ce point c’est plutôt impeccable à de rares exceptions près : Wonder Woman, Cyborg et Flash auraient mérités une plus grosse présence, indéniablement, surtout le bolide écarlate par qui tout à commencer d’une certaine façon).

Ces décisions sont néanmoins assez logiques : en débarquant dans l’Univers DC Rebirth (à Gotham forcément), Ozymandias, « Rorschach », la Marionnette et le Mime doivent trouver les deux personnes les plus intelligentes qui les aideront à localiser Manhattan, c’est à dire Bruce Wayne et Lex Luthor. Adrien Veidt se charge de Luthor et Rorschach de Batman, une évidence qui débouche sur de savoureux échanges. Quant au Clown du crime, il propose une parenthèse épique (et sanglante), accompagné de la Marionnette (sans surprise… avec une mention à Harley Quinn évidemment) et un duel inattendu face au Comédien. Là aussi les rencontres sont à la fois cohérentes et appréciable (qui a dit fan service ?). Mais clairement, on est davantage dans une suite de Watchmen qu’une histoire plus prononcée dédiée icônes de DC Comics (à l’exception de Superman comme on le verra), d’où, in fine et rétroactivement, la possibilité de n’avoir en tête que Watchmen et pas forcément DC Rebirth Univers #1 et Le Badge. Difficile d’exploiter tout le monde et c’est là aussi un peu triste. Heureusement, Lois et Alfred sont davantage que simples coéquipiers de l’homme d’acier et l’homme chauve-souris, ils ont une utilité au bon déroulement de la narration. Black Adam et Firestorm sont, eux, au centre d’une intrigue davantage politisée et palpitante.

Ce qui permet d’enchaîner sur le scénario en tant que tel. Plusieurs récits se croisent dans Doomsday Clock, l’ensemble est complexe, dense. D’un côté (pour l’univers de Watchmen) la recherche du Dr. Manhattan, la quête (insoluble) d’une paix, les remords de Veidt, l’émancipation du nouveau Rorchach, le mystère entourant la Marionnette… d’un autre (pour DC) les tensions accrues et un contexte géopolitique très intéressant (un des points forts du titre). En toile de fond entre les deux : un acteur assassiné, son parcours, ses films dont un polar en noir et blanc qui tourne partout. Cela rappelle bien sûr l’histoire de pirates présente dans Watchmen, à travers la lecture d’un comic-book par un personnage tertiaire et les propres pages de la bande dessinée fictive insérée dans l’ouvrage.

Ici ce sont des extraits du long-métrage qui sont croqués, sans portée métaphorique (comme pouvait l’être celui du corsaire en son temps) mais avec une énigme (le meurtre de cet « autre » comédien, Carver Colman donc — présenté un peu plus haut) et son rôle majeur par rapport à Manhattan, dévoilé tardivement. Cette partie est beaucoup trop longue par rapport à son unique intérêt : une sorte d’ancre temporelle pour le Docteur, comme l’est le clone bébé de Bubastis (trop mignon) pour Ozymandias, une boussole de repères et là aussi un rôle décisif en fin d’intrigue — car oui, Bubastis aussi est de retour !

Les connexions entre ces trois fils narratifs apparaissent au long des douze chapitres avec une certaine fluidité appréciable, rien à redire là-dessus. En comparant avec Watchmen, il est évident que l’ensemble reste néanmoins beaucoup moins prononcé politiquement parlant. Ici, c’est « la théorie des Supermen » qui fait office d’enjeu mondial crucial. 97% des super-héros proviennent en effet des États-Unis, certains accusent le gouvernement d’avoir volontairement créé ces êtres aux pouvoirs exceptionnels (appelés « méta-humains ») afin d’asseoir la domination du pays. Ces informations sont d’abord éparpillées dans des documents intercalés entre les chapitres (de la même manière que dans Watchmen), eux-mêmes séparés par l’emblématique horloge de l’apocalypse (appelée « Doomsday Clock » en anglais) et le sang qui s’y verse lentement mais sûrement plus elle se rapproche de minuit (mais c’est le logo de Superman qui est à la place du douze, cf. image en haut de cet article).

Black Adam offre un refuge dans son pays, le Kahndaq, à tous les super-héros qui le souhaitent. Ce qui exacerbe les tensions entre les continents et les états, à commencer par la Russie, dominée par Poutine (visible plusieurs fois) et sa propre équipe de justiciers. Pas de prise de risque non plus, on reste sur un contexte de Guerre Froide modernisée alors qu’il y avait tant à faire avec Donald Trump et les dérives extrémistes politiques/religieuses actuelles. C’est là que Firestorm entre en place, dans une situation qu’on ne révèlera pas, assez évidente et convenue mais parfaite pour amorcer la dernière ligne droite de l’œuvre.

C’est dans celle-ci que converge tout ce qu’on a lu auparavant et qui lance un festival de plaisir (les pièces du puzzle s’assemblent), de couleurs (le superbe neuvième chapitre), de justiciers en costume et de lieux atypiques (le désert de Mars, les manifestations violentes à Gotham City…). Surtout, c’est le point d’orgue où Superman rencontre enfin Manhattan (ce n’est pas une surprise). Le kryptonien était intervenu plus tôt, fidèle à ses convictions, humaniste avant tout, tiraillé aussi par une situation qui le dépasse aussi probablement. Doomsday Clock propose dans sa première moitié de prendre son temps pour découvrir ses nouveaux protagonistes issus de Watchmen (on retrouve d’ailleurs un tout petit peu la construction d’un personnage central par chapitre le temps de deux à trois épisodes mais ça ne fonctionne pas). C’est dans sa seconde moitié que l’auteur propulse davantage les figures de DC Comics, un peu tardivement mais avec grande efficacité. A partir de là, il n’y a d’ailleurs quasiment plus aucun temps mort. Le rythme est remarquable.

Alors, est-ce que Doomsday Clock est un incontournable ? Oui ! Et non… Incontournable car intelligent dans son propos, fourmillant de bonnes idées (et d’intentions, surtout), innovant plus ou moins un modèle vu et revu (le multivers). Il se veut être une des fameuses « crisis » de l’éditeur aux deux lettres mais il n’en sera (probablement) rien. Il n’y a pas vraiment de conséquences majeures, il est même quasiment certain que l’histoire sera citée de temps en temps dans de futurs récits mais sans connexions importantes (il y a apparemment une résonance dans Death Metal et dans le projet Generations (cité dans le comic d’ailleurs) mais celui-ci a été annulé depuis…).

« Blockbuster » hybride dans le médium (lecture exigeante pour un public « de niche »), Doomsday Clock est une déclaration d’amour sincère envers son œuvre aînée. Et c’est ici que ça pose problème : en tant que suite de Watchmen, le scénario de Geoff Johns n’est guère éloquent et n’atteint pas la maestria d’Alan Moore (sans parler du traitement de « ses » protagonistes assez faible, à l’exception de Manhattan). Ce n’est donc pas sous ce prisme qu’il faut aborder cette fiction mais, comme le résume brillamment l’éditeur en avant-propos, comme la rencontre entre un univers cynique, sans rêves et espoir (celui de Watchmen donc) et le (monde) « merveilleux » des super-héros de DC, moins réaliste, plus lumineux. En cela, l’œuvre imparfaite qu’est Doomsday Clock est globalement réussite. Impossible de nier la qualité d’écriture, le rythme fluide, le récit fleuve passionnant — les presque 450 pages se lisent bien, en trois ou quatre fois le temps de bien digérer les informations — et, surtout, l’harmonieuse perfection graphique de l’ensemble. Meilleure qualité du comic.

Gary Frank succède à Dave Gibbons, copiant avec talent aussi bien ses découpages (le fameux gaufrier en neuf cases) que ses protagonistes (Manhattan, Rorschach, le Comédien et Ozymandias sont d’une folle fidélité visuelle). Peut-être un peu moins inspiré pour quelques super-héros de DC (Batman en tête), il magnifie en revanche la figure de Superman, calqué sur l’acteur Christopher Reeves qui incarnait l’homme d’acier dans les films initiés par Richard Donner (le premier est sorti en 1976) dont un certain Geoff Johns fut l’assistant des années plus tard sur un autre long-métrage (Complots, 1996). La colorisation de Brad Anderson n’est pas en reste, sublimant les alternances nocturnes et diurnes, les intérieurs et extérieurs, les planètes et visages… Plus moderne et éloignée que celle de John Higgins, cette partie chromatique est propre à l’ADN de Doomsday Clock tout comme elle le fut pour Watchmen à l’époque. C’est une véritable claque graphique, indéniablement, très respectueuse de l’œuvre-mère, incontestablement. Rien que pour ça, ça vaut absolument le détour.

Et s’il ne plaira peut-être pas aux fans acharnés de Watchmen, qui crieront à la trahison, il séduira probablement les moins exigeants, avides de cette fusion insolite entre deux univers mythiques. Un enrichissement singulier, qui s’attarde trop sur des choses futiles et mériterait une exploration sur des éléments parfois survolés. Des situations inédites jouissives et d’autres qui n’ont malheureusement pas eu lieu (cette sensation pénible d’effleurements sur des scènes ou protagonistes qui ne demandent qu’à être détaillées !). Si le titre perd parfois en intensité dramatique ou dimension épique, il reste une lecture passionnante et probablement quelque chose d’inhabituel dans le milieu, une portée rarissime mais qui ne révolutionnera pas l’industrie (en avait-il l’intention ?).

Il faut dire qu’il y a probablement des déceptions liées à l’attente doublement interminable (la publication initiale s’est étalée durant 49 mois de 2017 à 2019) depuis les prémices de ce « Watchmen 2 » (remontant à mai 2016) éparpillés par Geoff Johns à droite à gauche (et qui, rétroactivement, semblent moins percutants qu’à l’époque — Le Badge en tête, même si les deux partagent un aspect sanglant bienvenu dans des comics aux combats souvent trop « lisses »). Manhattan œuvrait dans l’ombre (tuait plutôt) sans qu’on sache pourquoi, cela était nommé « le mystère de DC Rebirth » (à nouveau affiché en quatrième de couverture ici). Pétard mouillé ? Plus ou moins… Doomsday Clock revient à peine sur ces anciens évènements et, surtout, sont finalement peu explicités rationnellement. La création de la période New 52 (Renaissance) résultait donc du Dr. Manhattan ? Encore et toujours le fameux « multivers »… transformé en « metavers », à moitié convaincant… Pourquoi l’être déifié a tué Metron (à la fin de la série Justice League dans La Guerre de Darkseid) ? Pourquoi a-t-il exterminer Pandora (dans DC Rebirth Univers #1) ? Quid de Flash (Flashpoint), de Wally West (Le Badge) ? Pourquoi le fameux badge du Comédien dans la Bat-Cave ? Toutes ses (anciennes) interrogations ne prennent pas réellement sens ici.

Batman à Ozymandias :
Qu’est-ce que vous recherchez dans mon monde ?
La paix, mais il semble que vous soyez également à court de stock.

Personne n’avait osé s’attaquer à une extension de l’œuvre culte d’Alan Moore durant des années. Il aura fallu une (excellente) adaptation au cinéma (clivante par sa fin chez les puristes) réalisée par Zack Snyder (2009) un peu plus de vingt ans après la première publication du livre — primé par le prestigieux prix littéraire Hugo attribué pour la première fois à une bande dessinée (ou « roman graphique » pour faire plus intelligent) —, avant d’entamer le premier « sacrilège » en 2012 : Before Watchmen. Alternant pépites (Minutemen en tête, suivi de près par Dr. Manhattan et Ozymandias) et navets (Rorschach, le Comédien…), ces comics se déroulant avant Watchmen ont posé une première pierre (inéluctable ?) pour explorer ce qui était jusque là considéré comme intouchable (cf. l’autre site de l’auteur de ces lignes sur le sujet).

Quand Geoff Johns tease la rencontre improbable, impensable, inimaginable entre les deux univers, entre les deux surhommes, les fans les plus assidus nourrissent forcément leurs fantasmes (un peu comme pour Batman – Three Jokers, dont on reparlera bientôt). Fruit d’une attente grandissante, Doomsday Clock ne répondra pas à toutes les promesses plus ou moins engagées auparavant mais il a le mérite d’avoir une proposition sincère et d’offrir au lecteur une œuvre « presque » indépendante, à chacun d’y voir si on la considère comme canonique ou non, comme partie intégrante de la mythologie de DC ou non — un cloisonnement qui fait à la fois sa force (le titre est limite intrinsèque) et sa faiblesse (sans Watchmen il n’existe pas et il ne se classe pas spécialement précisément dans la chronologie de DC). La fiction regorge de clins d’œil aux publications du siècle dernier de l’éditeur et mentionne de vieux noms probablement oubliés par beaucoup, ce qui ravira une frange du lectorat (ou pas).

Les plus récalcitrants préfèreront se tourner vers la série télévisée du même titre écrite par Damon Lindeloff, reprenant très intelligemment les sujets du comic-book (et non de son adaptation au cinéma, qui s’en écartait sur la fin) et mêlant habilement de nouveaux protagonistes et enjeux sociétaux — on la recommande grandement ! Doomsday Clock loupe ses moments les plus épiques (dont la fin) et se veut bien trop sage par certains aspects, mais c’est appréciable de (re)mettre un peu d’humanité dans une histoire très austère (là aussi on note une similitude avec Three Jokers, écrit également par Geoff Johns). C’est une évidence : en faisant affronter (idéologiquement surtout, physiquement un peu) l’être qui incarne l’espoir et l’altruisme face à celui qui s’est détaché de l’humanité, la dimension politique s’efface pour devenir poétique. Au risque de déplaire (fortement) et d’être segementant. Peut-être que Doomsday Clock n’est plus à voir comme un ambitieux projet titanesque mais avant tout comme une « simple » lettre d’amour à Superman ? L’homme d’acier, le surhomme, le demi-Dieu, le premier super-héros américain, le premier de DC Comics, celui qui a changé le monde. Les fans du kryptonien y trouveront donc leur compte, assurément.

Un point sur l’édition d’Urban Comics. Si dans l’ensemble il n’y a rien à redire sur l’objet en lui-même et la traduction (immense bravo à Edmond Tourriol pour ce travail — vache de valdingue !), on peut être surpris par plusieurs points. L’utilisation de papier glacé confère un ensemble moins épais que Watchmen alors qu’ils ont presque le même nombre de pages (448 pour Doomsday Clock et 464 pour Watchmen). Doomsday Clock a presque un centimètre de moins que son aîné sur le dos du livre, soit une réduction d’un quart. Bizarre mais absolument pas grave. Plus étonnant : l’absence d’un bandeau rouge commerciale qui annoncerait que le titre est la suite de Watchmen et permettrait une vente probablement plus élevée ! Là aussi, rien de problématique en soi. La couverture choisie est d’ailleurs très vendeuse, c’est indéniable, superbe également mais, comme déjà dit, elle ne reflète pas vraiment l’œuvre (notre préférence pour celles tout en bas de l’article).

On est un peu plus sévère sur l’absence de contextualisation en avant-propos… Il y a bien sûr un texte (très bon au demeurant) mais quand on connaît les habitudes de l’éditeur, il est surprenant de ne pas avoir eu plusieurs doubles pages détaillant les anciens comics liés à Doomsday Clock, une galerie de biographies des protagonistes et ainsi de suite. Au rayon des coquilles, on a relevé la plus marquante : l’absence du chiffre romain III au troisième chapitre (cela a été signalé à l’éditeur). Les couvertures variantes referment l’ouvrage accessible pour 35€. Comme pour Batman – Curse of the White Knight, Urban Comic propose le 20 novembre 2020 une édition agrandie, luxueuse, numérotée et limitée à 1.500 exemplaires pour… 69€ tout de même.

Aux États-Unis, l’intégrale de la série a été publiée avec la couverture du douzième chapitre, soit celle choisie pour la version limitée en France.
La série est également sortie en deux volumes (six épisodes chacun) avec une couverture inédite par tome.

Une parenthèse cordiale et fraternelle pour quelques autres sites de comics qui ont parlé du titre qui mérite clairement une pluralité d’avis (celle-ci sera actualisée en fonction des mises à jour), même si on ne partage pas la même opinion bien sûr. On commence avec la critique de DC Planet, dithyrambique, pas trop longue et joliment rédigée. Ensuite, ce n’est pas une critique mais plutôt une chronique (subjective) sur ComicsBlog.fr avec, cette fois, un avis nettement plus tranché et négatif et, surtout, un angle basé sur le contexte de publication (« impossible de dissocier Doomsday Clock de ses impératifs éditoriaux« ). De quoi réjouir le lecteur qui hésiterait à sauter le pas avec trois retours bien argumentés : un très élogieux (DC Planet), un nettement péjoratif (ComicsBlog) et un plus mesuré (celui de ce site donc).

Pour conclure, on remet le premier jet « à chaud et sans révélations » de la première critique (rédigée pour cet article récapitulatif), qui condense tout ce que l’on vient de détailler en essayant d’évoquer les points forts et faibles du titre inégal par bien des aspects. « Aboutissement de longue haleine, rencontre extraordinaire de l’univers de Watchmen et des (nombreux) personnages de DC Comics au sens large (justiciers et antagonistes), Doomsday Clock séduit et déçoit (forcément) à la fois. Œuvre importante, dense et (inutilement) complexe, le livre ne marquera pas autant l’industrie qu’une des nombreuses « crisis » de l’éditeur même s’il tend à s’y prétendre fièrement (à raison). D’une qualité graphique exceptionnelle sous les traits de Gary Frank, l’héritage de Dave Gibbons est préservé, la pastille « nostalgique » en moins au niveau de la colorisation notamment (de Brad Anderson, qui excelle dans son style, un peu éloigné de celle de John Higgins en son temps). On émet quelques réserves sur le scénario et, in fine, la succession d’Alan Moore tant Geoff Johns rate des évidences mais réussit d’autres éléments, tout en soignant son ensemble, remarquable de cohérence (même s’il faut accepter quelques ficelles narratives grossières). C’est l’avant-propos de l’éditeur qui résume le mieux Doomsday Clock : le cynisme et les désillusions issus de Watchmen ont rendez-vous avec le (monde) merveilleux des super-héros. En ce point, la bande dessinée est immanquable pour les fans des deux univers. »

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 23 octobre 2020 (initialement prévu en juin 2020).

Scénario : Geoff Johns
Dessin : Gary Frank
Couleur : Brad Anderson
Traduction : Edmond Tourriol (Studio Makma)
Lettrage : Moscow Eye

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Ci-dessous, les couvertures du premier et neuvième chapitre, nettement plus représentatives de l’œuvre (que celle du combat entre le Joker et Rorschach malgré sa qualité intrinsèque et puissance graphique indéniable) et qui auraient (peut-être ?) été plus appropriées pour illustrer la version française…

Ce qui aurait pu donner ça 😀