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Injustice 2 – Intégrale 3

Dernier tome d’Injustice 2 qui poursuit le très bon travail des deux intégrales précédentes (volume 1 et volume 2) et achève la grande saga Injustice (à l’exception de la suite de l’histoire dans le jeu vidéo bien sûr et deux volumes un peu à part – cf. index).

[Résumé de l’éditeur]
Condamné sur une planète prison par les Gardiens d’Oa, Hal Jordan finit par accepter sa part de responsabilité dans le régime du tyran Superman. Alors qu’il est hanté par des visions du passé et malmené par sa gardienne, Soranik, l’ancien Green Lantern se voit assigné son éternel ennemi – Sinestro – comme compagnon de cellule. Mais la prison est la cible d’Atrocitus et de son redouté Corps des Red Lantern

[Début de l’histoire]
Supergirl et Blue Beetle se retrouvent sur la Lune tandis que le camp de Batman et celui (partiel) de Wonder Woman et Black Adam sont en Inde suite à l’attaque d’Amazo (cf. tome précédent). Les deux groupes mettent leur différends de côté afin de sauver le plus de monde possible.

Du côté de Ra’s al Ghul, sa fille Talia vient à la rescousse de ses deux enfants : Athanasia et Damian, ce dernier emprisonné pour trahison.

Au Manoir Wayne, Alfred et Selina reçoivent une visite inattendue…

[Critique]
Dernier volume pour Injustice 2 qui, comme pour la dernière intégrale de la première série d’Injustice laisse un peu sur sa faim… Forcément, ce qu’il se déroule ensuite est à découvrir dans le jeu vidéo éponyme et non en bandes dessinées. De quoi être frustré de ne pas avoir la suite et conclusion de cet univers. C’est aussi le tome le plus paradoxal : il offre d’excellents moments d’intimité et de justesse (les dialogues entre Blue Beetle et Booster Gold, Clark et Bruce, Alfred et Athanasia – on y reviendra – ainsi qu’avec Bruce, les parents de Clark Kent à plusieurs reprises avec différents personnages : Jon, Clark, Bruce…) mais aussi des pans cosmiques, démesurés voire ubuesques qui font perdre un temps précieux.

L’opus se divise en trois parties. La première se déroule surtout au Manoir Wayne avec différents évènements qu’on ne dévoilera pas et qui auront une suite en fin de tome (avec une nouvelle frustration : quid d’Alfred ? Où peut-on lire ce qu’il va faire ensuite ? On ne le saura probablement jamais…). On en apprend en revanche davantage sur Athanasia, l’autre fille de Bruce (et donc la sœur de Damian) ! Apparue de façon soudaine (voire inexpliquée), elle prend un peu plus d’importance ici. L’on perçoit que c’est Ghul qui l’a prise sous son aile mais sans trop savoir pourquoi ni comment (et malheureusement elle sera absente du jeu vidéo, cela fait donc un second « pétard mouillé », pourquoi ne pas sortir une série sur Alfred et Athanasia vu leur destin commun dans l’ouvrage ?!).

La deuxième partie du livre (la plus grande, environ huit chapitres sur douze, hors annual) se concentre presque exclusivement au parcours d’Hal Jordan. Un chemin de rédemption très intéressant pour un des grands absents de cette seconde saga (le précédent volume ramenait Wonder Woman, au tour de Green Lantern et Sinestro) ! L’occasion pour Tom Taylor de convoquer quelques têtes inédites dont Starro le conquérant, Brainiac (le grand ennemi du jeu vidéo Injustice 2, parfaitement amené ici) et quelques retours amusants (Lobo notamment) ainsi que les Teen Titans. L’auteur continue d’explorer les filiations, après les Ghul, c’est Soranik, fille de Sinestro, qui a aussi une part importante du récit. Si l’ensemble est passionnant bien qu’un peu balisé, il s’étale malheureusement inutilement au détriment des actions et de l’évolution sur la Terre (Unie).

Justement, la troisième et dernière partie se recentre sur cette Terre et montre la dominance croissante de Gorilla Grood à la cité des singes en parallèle des évènements divers liés à Ra’s al Ghul. De quoi être préparé pile pour le jeu vidéo. C’est à la fois le point fort et le point faible de l’œuvre, elle introduit merveilleusement bien le jeu (et accentue le plaisir quand on y joue après avoir lu tout ceci) mais peine à s’auto-contenir, au risque de frustrer et décevoir. Par ailleurs, Injustice 2 en comics est une lecture presque indispensable tant l’histoire du jeu n’expliquait pas plusieurs éléments cruciaux (l’ascension de Grood notamment, le retour de Black Canary et Green Arrow – pourtant décédés –, Wonder Woman, Hal Jordan, Supergirl avec Black Adam, etc.).

Pour information/rappel : le jeu s’ouvre sur la destruction de Krypton et le sauvetage de Kara (comme dans le premier tome) mais ensuite on ne sait pas pourquoi elle se retrouve avec Black Adam et Wonder Woman (ce qui était montré et expliqué dans la seconde intégrale), faisant donc d’Injustice 2 (la série de comics), un complément majeur du jeu. Il s’avère évidemment très plaisant d’y jouer après après avoir tout lu. Le jeu vidéo se poursuit avec un autre flash-back, inédit cette fois, se déroulant dans les débuts d’Injustice du point de vue de Batman et Damian avant de « réellement » revenir à la transition entre fin de cette troisième intégrale et sa suite directe (inédite en comics et uniquement dans le jeu donc – à découvrir dans cet article si jamais).

Mais revenons à ce dernier opus. Autre point dommageable : quelques personnages cultes sont absents de toute la série. Pas une seule fois Cyborg n’est mentionné ! On ne sait pas du tout où il est (en prison en toute logique) ni ce qui lui arrive. Idem pour Batwoman. Les deux furent pourtant très présents lors de la première saga. Aquaman survient juste à la fin dans un rôle très mineur alors que sa perception des choses aurait probablement été intéressante, dans sa gestion géopolitique et marine. De la même manière, Firestorm n’apparaît pas du tout alors qu’il occupera tout un chapitre dans le jeu.

Si Injustice et Injustice 2 ont toujours su savamment doser l’humour, l’étonnante relation entre Killer Croc et Orca (Grace Belin), une femme orque, prend un peu trop de place également (carrément un épisode dédié à leur mariage !). Si cela détonne et amuse, c’est étrangement touchant. Hélas, là aussi on peut déplorer une précieuse utilisation des planches au détriment d’autres protagonistes : Cyborg ou Batwoman comme déjà cités, ou encore Flash et sa culpabilité (évoquée rapidement mais si brillamment dans le volet précédent).

On aurait aussi aimé voir davantage Jefferson Pierce (Black Lightning) en Président des États-Unis (absent du jeu en civil (dans les cinématiques) ou en héros (jouable au combat) – sauf en skin optionnel d’un personnage lui-même optionnel/payant, Raiden de Mortal Kombatsic !). La dimension politique états-unienne ou à échelle terrestre aurait été palpitante après ses prémices en début d’Injustice 2 (on ne revoit d’ailleurs pas du tout Aqualad, un comble !). Idem, le point de vue de quelques antagonistes venant d’Arkham, par exemple, aurait probablement été pertinente. On pense à Poison Ivy, Bane et L’Épouvantail notamment, car tous trois sont jouables dans le jeu. Pour Ivy, son arc est cohérent car il poursuit ce qu’on voit s’instaurer dans les comics d’Injustice 2. En revanche, les deux autres étaient quasiment inexistants dans la bande dessinée mais s’intègrent efficacement dans l’histoire du jeu complet.

En somme, cette troisième et dernière intégrale n’est pas inintéressante ni déplaisante mais un peu décevante. Faute de s’attarder sur des éléments moins importants que d’autres qu’on jugé plus pertinents dans le cadre de l’entièreté de la saga et, donc, du jeu vidéo qui poursuit et conclut (moyennement bien – cf. le résumé complet) cette seconde histoire. Cadenassée à cet autre médium, il est peut-être délicat pour les gamers non connaisseurs des comics de mieux comprendre ce qui se déroule durant le jeu (mais ceci n’est pas une critique négative de la bande dessinée pour autant, au contraire). La conclusion, même ouverte, est un très beau moment d’écriture et de « justesse », émouvant et parfait.

Côté dessins, tout l’album est plutôt solide, bien aidé par « seulement » trois artistes (et non une dizaine comme le volet précédent), à savoir Daniel Sempere, Bruno Redondo et Xermanico. S’il y a toujours quelques fonds de case assez pauvre et une colorisation certes éclatante mais parfois un peu lisse, la presque homogénéité graphique (de ce tome mais aussi des deux d’avant) nourrit la saga en lui apportant cette identité reconnaissable, pas forcément épique ou élégante, mais correcte et suffisante. On rappelle qu’avec une publication originelle en support numérique, les planches étaient divisées de moitié, formant presque des carrés (remis l’un en dessous de l’autre pour les versions librairies), empêchant des illustrations pleines pages.

Tom Taylor a su conserver tout au long d’Injustice 2 un équilibre entre personnages secondaires mis en avant, notamment un bestiaire plus jeune (Supergirl, Damian, les Teen Titans, Blue Beetle…) et protagonistes iconiques mis de côté (Batman, Superman…) ou inédits (Ra’s al Ghul, la Suicide Squad…) sans les dénaturer ou se faire voler la vedette par les premiers. Si l’auteur maîtrise sa narration (la richesse de son récit, ses rebondissements, son travail de caractérisation et son rythme haletant restent les qualités du titre), il fait l’impasse sur quelques têtes familières et se voit obliger de conclure presque abruptement son titre, à suivre dans le jeu vidéo éponyme ou bien… nulle part (Alfred, Jefferson, Athanasia, Aqualad, etc.).

Sans bouder son plaisir tout au long de cette incroyable saga (cf. index), Injustice aura réussi l’étrange pari d’être autant si ce n’est plus passionnant que les séries habituelles de DC Comics publiées en parallèle et se déroulant dans la chronologie dite « officielle ». Une aubaine pour le scénariste Tom Taylor qui s’est rapidement imposé chez l’éditeur et a signé d’autres comics inégalement qualitatifs : la saga DCEASED, Suicide Squad Renégats, Batman – La Dernière Sentinelle, Earth 2

À noter que cette intégrale regroupe donc les deux derniers tomes simples de la précédente édition (cinq et six). En plus du jeu vidéo Injustice 2, un ultime ouvrage un peu à part existe : Injustice vs. Les maîtres de l’univers ainsi qu’un film d’animation assez moyen. Année Zéro peut aussi se lire avant toute la saga, après la première série ou cette seconde (mais il est complètement dispensable). Retrouvez l’index de toute la saga Injustice sur cette page.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 27 octobre 2023.
Contient : Injustice 2 #25 à 36 + Annual #2
Nombre de pages : 320

Scénario : Tom Taylor
Dessin : Daniel Sempere, Bruno Redondo, Xermanico
Encrage : Bruno Redondo, Xermanico, Juan Alabarran
Couleur : Rex Lokus, J. Nanjan, Gabe Eltaeb, John Kalisz

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Calix Ltd – Île Maurice

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Injustice 2 – Intégrale : volume 1/3 (30 €)
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Batgirl (New 52) – Chapitres #1 à #34
[publiés dans Batman Saga]

Lors du relaunch opéré par DC Comics en 2011 et intitulé « New 52 », Batgirl eut évidemment droit à sa propre série, majoritairement scénarisée par Gail Simone. Comme la plupart des autres séries de l’époque, celle-ci s’est étalée sur 52 chapitres. En France, l’éditeur Urban Comics a proposé les 34 premiers chapitres  dans son magazine Batman Saga. Les chapitre suivants (du #35 au #52 donc) ont bénéficié d’une double, voire triple, parution : ils étaient tout d’abord dans le magazine Batman Saga puis dans celui qui lui a succédé, Batman Univers, et sont ensuite sortis compilés en trois tomes en librairie, lisibles indépendamment. Ces trois volumes seront chroniqués prochainement. Revenons aux 34 premiers chapitres : ceux-ci correspondent aux cinq volumes anglais qu’on peut facilement se procurer en ligne (cliquez sur les couvertures ci-dessous pour les acheter). Quelques épisodes inédits sont inclus dedans, comme les deux Batgirl Annual par exemple, qui n’ont jamais été traduits en France.

C’est donc sous cet angle de publication américaine que les critiques de la « première partie de la série Batgirl » sont proposées ci-dessous dans ce très long article (la « seconde partie de la série Batgirl » étant évidemment les trois tomes publiés en France en libraire et lisibles indépendamment). En synthèse : ce qui est chroniqué ici se trouve soit en français en occasion en achetant les 36 premiers numéros de Batman Saga, soit en anglais en prenant les cinq titres. Pour le plaisir des yeux, une dizaine de couvertures originales sont en fin d’article.

Pour ceux qui veulent s’économiser du temps de lecture, voici la synthèse des cinq critiques : Barbara bénéficie d’un capital sympathie non négligeable qui apporte une touche de fraîcheur et une lecture agréable. Au scénario, pas mal d’éléments moyens (les antagonistes des premiers volumes, des intrigues secondaires peu palpitantes, etc.) et aux dessins différents artistes dont certains proposent de véritables chefs-d’œuvre, un régal ! Si les premiers volumes ne sont pas les plus réussis, force est de constater qu’au fil du temps, le récit s’améliore et propose, in fine, une histoire assez cohérente, parfois déroutante, qui atteint son point d’orgue dans les tomes 3 et 4. L’ensemble reste malgré tout inégal et dispensable, sauf pour les fans de la super-héroïne bien sûr.

Si l’on devait classer les tomes du meilleur au moins bon, cela donnerait :

  1. Vol. 3 – Death of the Family (#14-19 + Batgirl Annual #1 + Batman #17)
  2. Vol. 4 – Wanted (#20-26 + The Dark Knight #23.1 : The Ventriloquist)
  3. Vol. 2 – Knightfall Descends (#7-13 + #0)
  4. Vol. 5 – Deadline (#27-34 + Batgirl Annual #2 + Batgirl : Future’s End #1)
  5. Vol. 1 – The Darkest Reflection (#1-6)

Et maintenant, place aux critiques plus détaillées !

— VOL.1 – THE DARKEST REFLECTION (#1-6) / Batman Saga #1-6


[Histoire]

Pendant trois ans, Barbara Gordon était clouée dans un fauteuil roulant suite au tir de pistolet du Joker qui l’avait paralysé (cf. Killing Joke). Après un miracle (de la médecine ?) elle marche à nouveau. Elle s’émancipe de son père en s’installant en colocation, avec la dynamique et révoltée (voire anarchiste) Alysia Yeoh et, bien sûr, en reprenant sa cape de Batgirl.

Au-delà de ses missions de sauvetages « classiques », elle doit affronter ses démons, ses traumatismes passées, des nuits cauchemardesques régulières et la figure menaçante du Joker qui plane. De quoi la figer parfois dans le feu de l’action… Batgirl doit retrouver ses réflexes et repasser par une phase d’apprentissage du « métier » de super-héroïne.

Dans le quotidien, elle sort avec Gregor, son rééducateur. Un flirt léger tandis que dans Gotham, un tueur mystérieux répondant au nom de « Miroir », assassine des personnes écrites sur une liste, qui contient aussi les noms de… Barbara Gordon et de Batgirl.

[Critique]
Gail Simone avait déjà mise en scène Barbara lorsqu’elle était Oracle dans la série Birds of Prey. Elle reprend ici un de ses personnages fétiches avec plus ou moins d’intérêt (pour le lecteur). Cette scénariste s’est faite remarquer lorsqu’elle était blogueuse (et coiffeuse) : elle commentait le sexisme dans les comics sur son site ! Marvel puis DC lui ont donné la possibilité de s’exprimer à travers plusieurs séries, incluant donc Birds of Prey puis Batgirl. Sa spécialité, au-delà d’un certain féminisme évident (même si certains dessins de cette série Batgirl sont paradoxalement plutôt l’inverse : poses hyper sexy, jambes écartées, tenue hyper moulante…), est de jongler habilement entre l’humour et l’émotion, en se focalisant davantage sur des personnages méconnus. C’est en tout cas ainsi qu’elle est présentée par l’éditeur. Que vaut donc ce premier tome sous la plume de Simone ?

La première question qu’on se pose en lisant cette « renaissance », au sens littéral comme figuré, de Barbara est comment a-t-elle recouvré l’usage de ses jambes. Au fil des six épisodes, on entraperçoit des éléments de réponse : une clinique en Afrique du Sud, un implant neural, de la rééducation, etc. En bref, une avancée médicale. Simple. Efficace. Mais… mal amenée. Ce choix de divulguer au compte goutte est louable, mais le retour en Batgirl si peu de temps après sa guérison miracle est maladroite. Il aurait fallu montrer des sessions d’entraînements par exemple. Au passage, le départ de Barbara du cocon familial correspond pile au retour de Batgirl dans Gotham, sans que cela n’éveille la curiosité de James Gordon… Ou alors il fallait ne rien dire et concevoir un ou plusieurs chapitres spéciaux en flash-back, pourquoi pas.

L’écriture oscille entre le bon et le moins bon, bref un ensemble complètement hétérogène et par extension assez moyen. On peine, par exemple, à trouver l’ennemi crédible et passionnant. Ses motivations ? Il estime injuste qu’une personne soit sauvée d’un accident (et donc qu’elle survit alors que ce n’était pas prévu). Pour lui, ce n’est pas « normal » car c’est souvent douloureux si cette même personne s’en sort seul et non sa famille (à l’instar de ce qui est arrivé à Miles, l’homme derrière le nom de Miroir). Franchement pas terrible et martelé à chaque chapitre quasiment… On a du mal, aussi, à trouver l’idylle avec Gregor plausible, tout sonne faux, surtout quand Barbara évoque Dick, à qui elle est encore fortement attachée (ils ont été en couple par le passé). Un court affrontement a même lieu entre Batgirl et Nightwing, avec une justification pas très habile. La fin de ce premier arc lance une piste intéressante mais peu exploitée pour l’instant : le retour de la mère de Barbara. Gageons que c’est pour mieux préparer la suite (a priori oui). Une nouvelle ennemie, Gretel, ayant la capacité de contrôler mentalement les personnes proches d’elle (avec une explication totalement risible — elle a été blessée par trois balles et s’est réveillée comme cela !) fait son apparition mais, là aussi, c’est raté pour l’intérêt et la crédibilité de ce second antagoniste.

Heureusement, aux dessins, le talentueux Ardian Syaf (dont on conseille le DeviantArt pour voir d’autres de ses œuvres — incluant mêmes plusieurs crayonnés de cette série justement) assure en livrant de belles planches et des traits fins et élégants (parfois croqués par Vicente Cifuentes). La forme l’emporte sur le fond quelque part… Visuellement, il n’y a pas grand chose à redire, clairement. Narrativement, on est dubitatif sur le déroulé de l’histoire (les ennemis en première place et divers éléments secondaires pas forcément mauvais mais plutôt maladroits). Mais Barbara est très attachante, aucun doute là-dessus, ce qui donne envie de poursuivre la lecture. Les deux points forts de l’ouvrage sont donc le personnage de Barbara/Batgirl en lui-même, élégamment croqué et doté d’un fort capital sympathie, ainsi que les dessins : eux aussi élégants, brillamment mis en scène et colorisés. On apprécie les apartés avec Richard Grayson et Bruce Wayne mais aussi la nouvelle colocataire Alysia Yeoh (qui pourrait même devenir Anarky). C’est par le biais de ces relations qu’évolue Barbara et, sur ce point, c’est assez plaisant. Idem avec une personnage très secondaire du GCPD, McKenna, qui apparaît peu mais de façon pertinente (là aussi, un élément « à suivre »). En synthèse un premier tome moyen mais dont les dessins et l’attachement à l’héroïne prévalent sur la facilité (et parfois médiocrité) de certains axes narratifs.

— VOL.2 – KNIGHTFALL DESCENDS (#7-13 + #0) / Batman Saga #7-9 puis #11 et #13-14

[Histoire]
Barbara retrouve Black Canary, son ancienne partenaire des Birds of Prey, pour s’entraîner. En effet Batgirl a du mal à redevenir aussi puissante qu’auparavant. Sur les conseils de son amie, elle poursuit un étrange voleur, répondant au nom de Grotesque. Parmi les sbires de ce nouvel ennemi : un ancien hommes de main du Joker. Un qui était présent lorsque le Clown du Crime a tiré sur Barbara et l’a rendu handicapé (cf. Killing Joke à nouveau).

Barbara fait aussi face au retour de sa mère, qui l’a abandonné des années plus tôt sans explications. Elle avance que c’est à cause de James Jr., le frère de Barbara, en qui elle avait décelé de gros problèmes psychiatriques. Ce dernier semble aussi revenir à Gotham…

[Critique]
Un tome à nouveau inégal dont les meilleurs aspects sont les mêmes que son prédécesseur, pareil pour les points faibles. Mais, au global, nettement supérieure dans ses deux derniers tiers et donc que le premier volume. Explications.

Tout d’abord, la bande dessinée a l’occasion de corriger quelques loupées du précédent ouvrage, comme par exemple on apprend que Barbara s’est entraînée durant six mois avant de reprendre son costume, trois ans après sa paralysie. Simple mais plus linéaire désormais. Au cœur du récit : toujours (notamment au début) la difficulté à retrouver sa force et agilité d’antan. Comme dit, on retrouve les défauts inhérents à la série : le nouvel antagoniste Grotesque est ridicule, à l’instar des deux précédents (Miroir puis Gretel). Ce sont des personnages qui sont peu utilisés, pas très bien fouillés, donc on peine à les voir autrement qu’en tant qu’ennemi éphémère. Même si le dernier chapitre tenterait plutôt vers l’inverse ; à suivre…

Le retour de la mère de Barbara constitue un léger autre fil rouge tout au long du récit mais, là aussi, on peine à trouver crédible les raisons du départ (et du retour) de cette mère. D’autres ennemis suivent (chapitres #10 à #13) : les Disgraciés, composés de quatre figures justicières aux méthodes radicales. Parmi elle, Knightfall, leur chef (image ci-dessus), sans aucune doute la plus intéressante. Sorte d’Azraël féminin (qui arbore d’ailleurs un look similaire, la fameuse croix de l’Ordre de St.Dumas et la même violence extrême), Knightfall (dont le nom rappelle aussi la célèbre saga éponyme) est plus abouti que les autres antagonistes mais on ne peut s’empêcher de penser que Gail Simone n’a pas « le droit » d’utiliser un ennemi déjà existant vu les étrangetés qu’elle créé. Quitte à en concevoir un nouveau, autant essayer de l’enrichir psychologiquement, de ne pas le remplir de clichés et, surtout, de le conserver tout au long du run. Au bout de treize (voire quatorze si on compte le #0), seule Knightfall semble correspondre à cette définition. Elle apporte même d’agréables retournements de situation pas forcément prévisibles.

Ce volume est (malheureusement) constitué de plusieurs mini-histoires. Les deux premiers chapitres (#7 et #8) correspondent donc, entre autres, à l’affrontement contre Grotesque. Les passages les plus réussis sont ceux corrélés à l’ancien sbire du Joker, plutôt touchants et bien écrits. Le chapitre suivant (#9) est un peu déconnecté de l’histoire car il est connecté à l’évènement La Nuit des Hiboux, qui se déroule dans la série Batman et qui avait fait l’objet d’un long récapitulatif sur cet article. Un épisode plus ou moins inspiré mais qui casse un peu le rythme de l’histoire principale. On y suit autant James Gordon que sa fille, face à une « ergot » étrange, rescapée de plusieurs siècles et, une fois de plus, qui fait office de peu d’intérêt tant son traitement est expéditif. Si on ne suit pas la série Batman en parrallèle, ce chapitre n’est guère utile (clairement, il fallait l’enlever et l’intégrer dans une compilation de toutes les séries annexes qui sont connectées à cet event).

Une autre allusion est faite à une série, Le Chevalier Noir (chroniquée ici), — mais ce pas  du tout d’obligation de la connaître cette fois — qui s’ouvrait avec l’évasion de plusieurs détenus d’Arkham. Parmi eux : James Jr. Gordon, encore en retrait pour l’instant mais qui risque d’occuper une place primordiale sous peu. Viennent ensuite les chapitres qui forment une histoire plus solide (#10 à #13), avec cette fameuse Knightfall au centre. Une brève réflexion politique y est insufflée mais pas assez exploitée à nouveau (ça reste tout de même plaisant à lire). On oscille entre les bonnes surprises (de l’aide inattendu, une confrontation avec Batwoman…) et les moins bonnes (outre ce qui a déjà été mentionné, on s’interroge sur l’intérêt de la mystérieuse colocataire, sur la relation entre Barbara et son rééducateur qui a disparu de la série, etc.). Au rayon traduction, signalons pour la version française l’expression « Hawkman de Prisunic », bizarrement non adaptée par « Hawkman de Lidl » par exemple. Pas sûr que les moins de trente ans (voire davantage) saisissent la référence, et donc la blague. Mais c’est anecdotique.

Enfin, le « chapitre zéro » (#0) ouvre une parenthèse dans le passé, au moment où Barbara enquêtait sur le mythe Batman en… infiltrant le commissariat de son père. Prétextant un exposé d’étudiante, elle découvre une reproduction de costume de l’homme chauve-souris. Quand une bande de criminels s’infiltre dans le lieu pour libérer un complice, la jeune femme revêt le prototype vestimentaire et se bat avec honneur et réussite. Le Dark Knight la félicite même pour son travail. Un chapitre remarquable qui avait déjà fait l’objet d’une brève critique sur cet article. La présence de James Jr. confirme son plus grand rôle à venir, il n’est pas anodin qu’il soit « mis en avant » ainsi.

D’une qualité d’écriture hétérogène, le récit ne gagne pas en fluidité avec son côté décousu à cause de la succession de trois voire quatre mini-histoires différentes, qui gardent une certaine cohérence bien sûr mais semblent moins limpides quand on les lit à la suite. En revanche, les dessins d’Ardian Syaf et Alitha Martinez sont toujours aussi soignés avec leur style réaliste, leur découpage dynamique (y compris dans les scène d’action), les couleurs qui donnent un aspect un peu « fantastique » (prédominance de violet, forcément), propre à la patte « comics ». Ed Benes s’occupe du chapitre #14 et #0 avec une incroyable maîtrise, proche d’un Jim Lee ou d’un Jason Fabok dans leur grande forme, sublime ! Et, bien sûr, le capital sympathie de Barbara qui joue beaucoup en la faveur de l’ensemble. Un tome un nettement au-dessus du précédent donc, mais encore alourdi par des défauts inhérents et des chapitres inutiles ou en dessous des autres.

— VOL.3 – DEATH OF THE FAMILY (#14-19 + Batgirl Annual #1 + Batman #17) / Batman Saga #16-20

[Histoire]
Le Joker a kidnappé la mère de Barbara Gordon et convie Batgirl à venir… l’épouser !

Entre sa vie personnelle et son statut de justicière, la fille du commissaire Gordon essaie tant que mal de trouver le bon équilibre, tout en tâchant de se relever de ses ancienne blessures, davantage psychologiques que physique.

[Critique]
Avant de rentrer dans les détails, expliquons la composition de ce troisième volume. Il s’ouvre sur l’annual #1 de Batgirl, jamais publié en France. Ensuite, les chapitres #14 à #16 forment le mini arc Collision en VF, corrélé à l’évènement Le Deuil de la Famille, une longue histoire au centre de la série Batman (correspondant à son troisième tome, chroniqué ici), dont le chapitre #17 — écrit par Scott Snyder et dessiné par Greg Capullo —clôt d’ailleurs l’ensemble et est intégré dans cet ouvrage. Lire Le Deuil de la Famille « seul » n’a pas trop d’intérêt mais découvrir absolument toutes les autres séries qui y sont connectées de près ou de loin (au nombre de huit tout de même même) apporte un plus non négligeable (23 épisodes au total, dont le chapitre #13 de Batgirl, qui était la conclusion de Knightfall dans le tome 2, se veut l’un des préludes de « deuil », à cause de ses toutes dernières planches surtout). Il est donc agréable de lire ce récit axé sur Batgirl (un des plus réussis) mais les plus curieux voudront sans doute se tourner (à raison) vers la série initiale pour mieux la comprendre. Un bref interlude « sentimental » (publié à la St. Valentin et inédit en France) est aussi au programme puis le scénariste Ray Fawkes poursuit le travail de Gail Simone le temps des chapitres #17 et #18 avant que cette dernière reprenne les commande pour le #19. Tous trois ramenant James Jr. en première place face à la super-héroïne. Qu’est-ce que valent ces différents récits ?

Le premier (l’annual #1 donc) replace la fameuse ergot combattu dans le volume précédent. James Gordon souhaite l’aider, Catwoman a été embauché pour l’évader et Batgirl découvre que la Cour des Hiboux se situe derrière des incendies criminels (l’occasion pour elle de revoir Ricky, une victime de Knightfall). Les trois convergent vers le même endroit et, si l’ensemble est très plaisant (les graphismes de la première partie, signés Admira Wijaya, sont un peu déroutant avec leur peinture numérique, ceux de la seconde, de Daniel Sampere, sont plus agréables et sonnent moins « faux »), la véritable suite et fin se déroule apparemment dans la série Birds of Prey (où l’on apprend que « Strix », le nom de la femme ergot, rejoint l’équipe — on la retrouve plus tard dans la série Batgirl aussi).

Place ensuite à la seconde histoire en trois chapitres (Collision en VF). Le Joker a kidnappé la mère de Barbara Gordon. James Jr., le frère de Barbara, envoie Batgirl la chercher (il connaît la double identité de sa sœur). L’héroïne n’est pas au bout de ses surprises, après une attaque à son domicile et après avoir retrouvé sa mère (qui a eu un doigt coupé par le Joker), le Clown du Crime… la demande en mariage ! Tout ceci cache le grand final qu’a concocté le célèbre ennemi pour vaincre Batman. Et… la conclusion est donc dans le chapitre #17 de la série Batman, qui est inclus dans l’ouvrage. Batgirl y joue un rôle très très secondaire, l’intérêt est juste de terminer les arcs de toute la Bat-Famille. Ce qui sonne plus ou moins comme un pétard mouillé (vaste débat). Lire juste les quatre épisodes (les trois de Batgirl et l’unique de Batman) est plutôt satisfaisant, on n’en sait pas davantage sur le plan du Joker mais « ça se tient » plus ou moins. À l’inverse, ne lire que les chapitres sur Batman s’avère particulièrement frustrant (cf. la critique) ou bien, solution idéale : découvrir tous les épisodes connectés. L’ensemble y est bien sûr inégal mais nettement plus passionnant. Dans notre cas, c’est juste Batgirl qui nous intéresse et, comme on vient de le dire, ce petit arc se tient plutôt bien.

L’ellipse « sentimental » reste anecdotique, elle provient de Young Romance : A New 52 Valentin’s Day Special Vol. 11 et s’attarde sur la relation plus ou moins ambigüe entre Ricky et Barbara. Viennent enfin les trois derniers chapitres, replaçant James Jr. comme antagoniste et, là aussi, c’est particulièrement réussi. Le psychopathe fut le principal ennemi de Batman dans l’excellent Sombre Reflet, on le retrouve en toute logique face à sa propre famille ici, incluant évidemment les parents de Barbara. On peut déplorer le traitement un peu rapide de Barbara (aussi bien dans cette histoire que la précédente avec le Joker) envers sa mère. Elle est passée de « je la déteste » à « je vais tout faire pour la sauver ». Pas forcément grave au demeurant, plutôt maladroit. Firebug — vieil ennemi très très secondaire du Batverse — n’est pas non plus le choix le plus pertinent. Les motivations de James Jr. sont un peu risibles mais ça passe quand même…  On notera également une connexion à la mort de Damian, qui se déroulait en parrallèle de cette série (cf. les séries Batman & Robin et Grant Morrison présente Batman). La conclusion du livre est particulièrement efficace puisque James Gordon lui-même annonce qu’il compte arrêter Batgirl !

En synthèse côté scénario les deux récits principaux se tiennent et sont sans doute les plus réussis depuis le début de la série. Les aventures de Batgirl se bonifient donc au fil du temps, certains éléments mis en place par Gail Simone trouvent des échos intéressant (la relation avec Ricky, le conflit avec Knightfall et même une succession de conflits physiques et psychologiques chez l’héroïne qui la rendent plus passionnante). Côté dessins, on retrouve Ed Benes qui croque les meilleures planches, en alternance avec Daniel Sampere, bien moins efficace. Son style est très sommaire, pas de patte artistique qui se démarque véritablement et même un côté plutôt « amateur » bien dommage. Si la narration s’améliore, c’est en revanche les dessins qui pâtissent de l’évolution de la série, alternant entre l’excellent et le très moyen. Néanmoins ce troisième volume est en haut du panier.

— VOL.4 – WANTED (#20-26 + The Dark Knight #23.1 : The Ventriloquist) / Batman Saga #22-28

[Histoire]
Des auditions pour une émission qui cherche une « nouvelle star » se déroulent à Gotham. Une jeune fille, Shauna Belzer, propose un numéro de ventriloque avec une marionnette sordide, baptisée Ferdi. Dérangée, Shauna tue l’un des membres du jury et en prend un autre en otage. La Ventriloque, âgée de 18 ans, possède aussi des pouvoirs de télékinésie, lui permettant de faire bouger les objets et de faire parler les autres personnes à distance.

Batgirl intervient en vain mais les sbires de Knightfall se dressent sur son chemin. Pour couronner le tout, James Gordon est déterminé à arrêter la justicière qu’il juge responsable de la mort de son fils James Jr. (en réalité blessé — et même disparu, on ignore s’il est mort — par sa propre mère, donc l’ex-femme du commissaire).

[Critique]
Après un début particulièrement alléchant : nouvelle ennemie, ambiance malsaine et gothique, violente et gore, arc narratif singulier… tout se termine de façon un peu abrupte. En effet, en deux chapitres la question du Ventriloque est réglé. Un chapitre « de transition » fort agréable suit et permet de retrouver Barbara au quotidien : sa relation avec sa colocataire Alysia, son idylle avec Ricky et son rapport avec son père, fort touchant. Qui se termine d’ailleurs par une confrontation directe entre James Gordon et… Batman ! Une image mémorable qui s’enchaîne directement avec l’histoire principale du volume, intitulé Wanted aussi en France lors de sa publication en magazine. Gordon est la cible de Knightfall qui s’est associé à quasiment tous les ennemis plus ou moins inspirés depuis le début de la fiction : Miroir, Grotesque, Gretel et les Disgraciés. Sans surprise, Batgirl s’allie avec son père dans un long affrontement. Sa conclusion est, une fois de plus, bancale : les antagonistes repartent tranquillement, Barbara et James ont une conversation touchante mais qui replace quasiment au point de départ leurs intentions (communes ou non) et… les enjeux dramatiques, habilement narrés dans certaines planches sont, in fine, aux aussi sans conséquences (en gros personne n’est mort) et remet plus ou moins la série dans un rail nouveau d’un début.

Au rayon des incohérences, on en déplore deux : si l’évolution de la romance avec Ricky est plutôt bien écrite, l’ancien malfrat (qui a perdu sa jambe à cause de Knightfall) est soudainement devenu… fan de danse. Et avait même des billets pour aller à l’opéra. Ça ne colle pas du tout au personnage mais fermons les yeux dessus car ce n’est pas le plus important. En revanche, que James Gordon ne comprenne pas que Batgirl est sa propre fille semble surréaliste tant il voit la jeune fille à plusieurs reprises juste en face de lui, son visage à peine masquée, sa chevelure rousse, sa voix… C’est d’autant plus dommage que Gail Simone, toujours au scénario, propose un choix « osé » mais qui tombe à l’eau. En synthèse, l’ensemble est plutôt palpitant mais retombe à plat dans sa fin, avec l’effet d’un pétard mouillé. On retient tout de même l’émancipation de Barbara et ses échanges avec son père et son petit ami, dans l’ensemble plutôt réussis.

Le livre se termine par deux chapitres un peu particulier, le 25ème, qui (une fois de plus) est corrélé à une histoire de la série Batman, à savoir L’An Zéro. Durant cet évènement, correspondant aux premiers pas en tant que justicier de l’homme chauve-souris ainsi qu’une immense tempête au cœur de Gotham, beaucoup de séries annexes de l’univers du Dark Knight ont proposé ce qui se déroulait « cinq ans plus tôt » (durant l’an zéro donc) pour leurs protagonistes. Batgirl n’y échappe et, même si l’épisode est intéressant, il vient à nouveau casser un certain rythme et une histoire-fleuve. On la retrouve en adolescente leadeuse d’un groupe de survivants. L’ensemble reste anecdotique car il n’a pas de réelle suite et ne sert pas à grand chose. Enfin, le chapitre #23.1 de la série The Dark Knight revient sur la Ventriloque. Cet épisode trouve son origine lors d’un évènement appelé The Vilains Month durant lequel quatre séries sur Batman (entre autres) eurent droit à quatre chapitre one-shot dédiés chacun à un célèbre ennemi. La plupart ont été publiés en France, en kiosque ou librairie mais pas tous. C’est le cas de la Ventriloque, qui est donc inédit. Ce dernier lève le voile sur l’origine de Shauna, pas des masses originales : un frère jumeau dont elle était jalouse, des pouvoirs qui surviennent du jour au lendemain, des incohérences flagrantes (la mort du clown lors d’une fête qui n’a pas inquiété les parents ?), etc. Néanmoins il est « agréable » de retrouver cette version du Ventriloque après son (court) passage dans la série.

Aux dessins, on retrouve Daniel Sampere et son style toujours aussi moyen, ainsi que Carlos Rodriguez, Fernando Pasarin, Derlis santacruz… Rien d’exceptionnel dans chacun des traits croqués par ces artistes, ce n’est pas laid mais ce n’est pas non plus mémorable : une production hyper convenue pour ce genre d’aventures. Quelques jolies cases tout de même mais qui sont trop rares pour vraiment marquer les esprits.

Concluons par une petite parenthèse : il est dommage de ne pas avoir intégré le chapitre Batman & Batgirl #21 dans ce recueil. Il s’agit en vrai du 21ème chapitre de la série Batman & Robin (ère New 52 toujours) mais qui avait été renommé par le nom d’un allié différent (au lieu de Robin, celui-ci étant mort) le temps de plusieurs épisodes (tous publiés dans Batman Saga). Celui avec Batgirl montre l’homme chauve-souris dans une colère et une violence ahurissante. Il fait écho à la confiance altérée de Barbara envers Bruce depuis les évènements du Deuil de la Famille (relativement peu évoquées dans l’ensemble après ce qu’il s’était passé). Il montre aussi un touchant monologue de la justicière adressé à son père à propos de la mort (supposée) de James Jr. Bref, un interlude qui s’encastre particulièrement bien dans la trame narrative globale de la série Batgirl (ce n’est pas pire que l’annual du précédent numéro qui offrait une parenthèse qui se concluait dans une autre série (Birds of Prey), par exemple). Le logo de Batgirl absent de son costume est aussi dans le récit (Batman lui reproche) et trouve son explication dans la série mère puisque la jeune justicière estime ne plus avoir l’honneur de le porter à cause de sa responsabilité de la mort de son frère (qui ne l’est pas, évidemment, comme le prouve une des dernières pages du tome).

— VOL.5 – DEADLINE (#27-34 + Batgirl Annual #2 + Batgirl : Future’s End #1) / Batman Saga #29-36 + Batman Saga Hors-Série #07

[Histoire]
Le mystérieux M. Uchida, alias Argent, compte bien supprimer tous les alliés de Batman, incluant donc Batgirl. Cet étrange homme visiblement très riche et fou se proclame même roi. Il voit les super-héros chauve-souris comme… des vampires !

De son côté, Batgirl recherche une jeune fille muette disparue, à la demande de Strix, l’ancienne ergot des Hiboux qu’elle avait rencontré et affronté dans le passé. Barbara convoque une alliée de choc : Knightfall.

[Critique]
Le premier chapitre est, une fois de plus, en lien avec un évènement : Gothtopia. Un récit qui s’est étalé sur dix chapitres issus de plusieurs séries incluant surtout trois chapitres de Detective Comics et deux de Birds of Prey, Catwoman et Batwing. Batgirl n’y est corélée qu’à son introduction si bien que, dans le contexte de lecture de ce cinquième volume, ce petit morceau d’histoire n’a finalement pas trop d’intérêt sans connaître les autres. En France, on a pu lire Gothtopia dans trois numéro de Batman Saga (#29 à 31) en y découvrant quatre chapitres (trois Detective Comics et un Batgirl) et deux autres dans le cinquième tome de la série Catwoman (Course de Haut Vol – pas encore chroniqué sur le site). La critique de l’ensemble sera prochainement en ligne. Pour résumer tout de même : dans ce qui s’apparente à une réalité alternative (une hallucination « cauchemardesque » de l’Épouvantail en vrai), Batgirl, appelée Bluebelle, est heureuse et vit joyeusement avec sa famille dans un Gotham sans crimes, où Batman et Catbird (Catwoman en Robin !) arrêtent les criminels. Le commissaire Sionis et le maire Copplebot sont même de la partie. Pour Batgirl, c’est l’usine de glaces du Joker qui va l’extirper de ce monde grâce (ou plutôt à cause) des traumatismes liés au Clown du Crime.

Encore une fois, on trouve un volume plutôt décousu puisque après ce premier chapitre (#27) plutôt déconnecté, deux autres se suivent (#28-29), avec cette thématique occulte (du registre fantastique) des vampires, qui ne se marie pas très bien dans la continuité de la fiction. Hélas, cela se poursuit dans un autre épisode (#30), où « l’homme de minuit », une créature visqueuse et maléfique, est appelée par des adolescents jouant à des incantations magiques. Un récit qui interpelle surtout par une vraie-fausse déclaration d’amour envers… Dick Grayson ! À ce stade de la sérié, Barbara a connu un bref flirt avec son rééducateur, mentionné une ou deux fois et vu le temps de quelques cases avant de disparaître complètement sans aucune justification. L’idylle avec Ricky est ensuite narrée, un bon point pour la série même si, là aussi, on sent ce personnage très secondaire délaissé. Enfin, Dick est évoqué de temps à autre.

Vient après l’annual #2, inédit en France. Encore une fois, cela casse le rythme imposé (on est déjà à la quatrième nouvelle mini-histoire en cinq chapitres). Batgirl cherche un mystérieux terroriste écologique avec l’aide de Poison Ivy. L’ensemble fonctionne plutôt bien et (pour une fois) sert même d’introduction à la suite de la série, qui reprend donc avec le chapitre #31, qui met en avant Alysia, la coloc’ de Barbara, en tant qu’anarchiste qui s’infiltre dans des laboratoires mystérieux. Nouvel ennemi : Ragdoll, sorte d’homme contorsionniste qui est, à nouveau, trop éphémère pour être une véritable menace. Dans l’ombre, Knightfall est toujours présente, sans doute l’antagoniste le plus réussi de toute la série si on écarte les deux déjà ancrés dans la mythologie du Chevalier Noir : le Joker bien sûr, et James Gordon Jr. Une note éditoriale nous apprend d’ailleurs que ce dernier est bien en vie, comme cela fut montré dans le tome précédent, et travaille désormais pour Amanda Waller, conseiller auprès d’elle dans le pénitencier de Belle Reve. Dommage ne pas avoir pu intégrer cela dans le récit.

Les trois derniers chapitres (#32 à #34) forment le mini arc La Ligne Rouge. Il s’agit de la « conclusion » de la fiction, dans laquelle Batgirl affronte Knightfall une bonne fois pour toute. Black Canary l’aide dans sa quête ainsi qu’une nouvelle alliée : Huntress (qui débarque de nulle part et ne bénéficie d’aucune explication sur son passif). En parrallèle : la romance avec Ricky et l’amitié avec Alysia évoluent de façon intéressante. La conclusion épique a bien lieu mais est plus ou moins réussie… La mise en avant de toutes les héroïnes de DC Comics est plaisante mais expéditive, de même que la résolution finale (entre Batgirl et Knightfall) voire le statu-quo de fin (il s’agit du dernier chapitre scénarisé par Gail Simone avant un « nouveau départ » ensuite, qui prend une nouvelle orientation aussi bien graphique que narrative). Bref, il aurait peut-être fallu une mini-série pour montre la « guerre » entre les deux figures féminines et arriver à une intensité palpable.

Plusieurs mentions sont faites à la série Batman Eternal, qui se déroulait en simultanée et dans laquelle Gordon était emprisonné et remplacé par un nouveau commissaire clairement peu enclin à laisser les justiciers masqués libres dans la ville. On retrouve aussi, le temps d’une case (!), la fameuse Bunny Girl du premier de la série Le Chevalier Noir. Celle-ci avait complètement disparu et on ignorait totalement ce qu’elle devenait (un énorme point faible de l’ouvrage au demeurant). Visiblement elle est dans le camp des « gentilles », ou au moins des alliées le temps de l’affrontement final. Un ultime épisode conclut la série : le chapitre de l’évènement Futures End, qui montre un avenir possible, dans cinq ans, de Batgirl. Celui-ci avait déjà fait l’objet d’une brève critique car il a été publié dans un hors-série de Batman Saga. En résumé, deux ans plus tard, Barbara se marie mais son frère James Jr. pousse l’élu à se suicider… Ce qui cause l’arrêt de Batgirl. Cinq années s’écoulent et Barbara est devenu « la Bête Noire », à la tête de la ligue de trois Batgirls, héroïnes hyper violentes. Face à elle(s) : le terrible Bane. Un vrai-faux épilogue assez raté et dispensable…

Aux dessins on retrouve Javier Garron (pour Futures End), Robert Gill pour quelques chapitres et, surtout, Fernando Pasarin pour la globalité du tome. Dans l’ensemble, il n’y a pas grand chose à (re)dire sur la partie graphique : ce n’est pas laid, ce n’est pas extraordinaire non plus. C’est propre et relativement détaillé, donc ça fait le boulot, c’est plus que correct. À côté, ce tome alterne bons et mauvais moments, avec La Ligne Rouge comme étendard final plutôt convaincant.

> Conclusion de l’ensemble
Tout le run de Gail Simone souffre de ce qui fait le sel de chaque tome : un ensemble inégal, décousu, plusieurs bribes d’histoires qui se suivent plus ou moins, pas d’ennemis réellements marquants, des interrogations mineures (comment Barbara occupe ses journées ? avec quel argent vit-elle ?) ou majeures (cf. les ennemis éphémères tout le long de la fiction, des incohérences, les histoires de cœur…). On retient évidemment les tomes 3 et 4, sans doute les plus convaincants et, toujours, le capital sympathie de l’héroïne. Les fans de Batgirl apprécieront sans doute, ceux tournés uniquement vers Batman risquent d’être moins réceptifs à ces aventures pas forcément plus légères mais bancales et manquant cruellement de réels enjeux dramatiques ou narratifs.

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Vol. 1 – The Darkest Reflection (#1-6)
Vol. 2 – Knightfall Descends (#7-13 + #0)
Vol. 3 – Death of the Family (#14-19 + Batgirl Annual #1 + Batman #17)
Vol. 4 – Wanted (#20-26 + The Dark Knight #23.1 : The Ventriloquist)
Vol. 5 – Deadline (#27-34 + Batgirl Annual #2 + Batgirl : Future’s End #1)

Quelques couvertures originales…