Nouvelle aventure de la Justice League dans un récit complet, Endless Winter a quelques qualités mais autant voire davantage de défauts. Impression mitigée…
[Résumé de l’éditeur]
Il y a un millier d’années, un dieu nordique répondant au nom de Frost King a menacé le monde et ses habitants. À l’époque, une équipe de héros composée de Black Adam, la Créature du Marais, Hippolyte et Viking Prince s‘était rassemblée pour s’opposer à cette ancienne divinité capable de contrôler des écosystèmes entiers. Le combat s’était alors soldée par une victoire… mais à quel prix ? Aujourd’hui, le géant de glace est de retour de son exil, et un blizzard mortel l’accompagne…
[Histoire]
Pas besoin d’autre résumé, celui d’Urban Comics est tout à fait suffisant. Précisons évidemment que la Justice League moderne doit affronter Frost King désormais.
[Critique]
Winter is coming ! (Ok, tout le monde fera probablement la même vanne pourrie — désolé.)
Composé de neuf chapitres alternant les points de vue de certains héros, Endless Winter est une aventure « sympathique mais sans plus » des héros de DC Comics. Accessible et globalement jolie, la bande dessinée a un côté blockbuster mainstream avec des qualités évidentes (le rythme, les personnages, les dessins…) et de cruels défauts (histoire convenue, nouvel ennemi peu soigné, survol de certains protagonistes, conclusion rapide…). Dans un genre plus ou moins similaire, on conseillerait plutôt Justice League vs. Suicide Squad, se prenant moins au sérieux et, de facto, plus décomplexé et fun que cet Hiver sans fin (nom donné au récit en français). Explications.
« Il se fait appeler Frost King. Il est sorti d’un glacier du cercle arctique.
Pour être honnête, nous ignorons ce qu’il est si ce n’est qu’il a absorbé l’énergie de cristaux kryptoniens après la destruction de la Forteresse de solitude.
Nous ignorons encore beaucoup de choses. Mais il y en a une dont on est sûrs. Nos forces sont mobilisées. La Ligue de Justice intervient aux quatre coins du monde. On essaie de gérer les conséquences du blizzard déchaîné sur la Terre entière par Frost King.
Et on est débordés. »
Le comic-book est composé des épisodes suivants (dans l’ordre) : Justice League : Endless Winter #1, The Flash #767, Superman : Endless Winter Special #1, Aquaman #66, Justice League #58, Teen Titans : Endless Winter Special #1, Justice League Dark #29, Black Adam : Endless Winter Special #1 et enfin Justice League : Endless Winter Special #2. Ainsi, les évènements relatés dans la mini-série en deux chapitres qui ouvre et ferme l’ouvrage et lui donne son titre, se répercutent dans trois autres épisodes créés spécialement pour l’occasion et dans trois séries classiques (Aquaman, Justice League et Justice League Dark). Tout cela durant l’ère Rebirth évidemment, avec plusieurs allusions en introduction : Aquaman et Mera ont un enfant, le monde entier connaît l’identité de Superman, etc. Des renvois vers différents livres sont mentionnés (Clark Kent : Superman, Wonder Woman – Déesse de la Guerre…). Pas de quoi être perdu pour un lecteur débutant toutefois, c’est même une porte d’entrée sympathique si on ne connaît rien de la Ligue tant l’ensemble est quasiment indépendant. Mais attention : rien de révolutionnaire ici…
Le déroulé narratif est en effet assez convenu quant à la résolution de l’intrigue (grossièrement un combat commun contre un nouvel ennemi) et plutôt plaisant quant à son rythme (étalé sur 220 pages environ). On navigue entre flash-backs au Xème siècle et le présent à peu près partout dans le monde entier devenu glacé, en alternant les points de vue des super-héros, avec une certaine mise en avant de Superman, Aquaman et Flash (forcément, ils ont droit à leur propre chapitre). Black Adam et Wonder Woman ne sont pas en reste, d’autres apparaissent brièvement sans réel intérêt (les Teen Titans et éventuellement une partie de la Justice League Dark).
Quant à Batman, il est malheureusement presque absent tout le long ! Il faut dire que sans pouvoirs, l’homme chauve-souris est (quasiment) inutile. On s’étonne d’ailleurs de l’absence de Mister Freeze, antagoniste qui aurait eu sa place légitime dans cette histoire. Idem pour Shazam, aussi bien pour sa puissance bien utile ici que la présence de son antagoniste de longue date (Black Adam). Idéalement, chaque membre de la ligue aurait du avoir droit à son propre chapitre lié à cette petite saga afin d’étoffer et nuancer cette survie.
En somme, le récit imaginé par Andy Lanning (Les Gardiens de la Galaxie chez Marvel et, surtout, la saga Annihilation — fortement conseillée !) et Ron Marz (Green Lantern) manque d’enjeux dramatiques (on sait d’avant que la situation sera renversée un moment ou un autre), d’originalité évidente et loupe ses quelques belles idées, faute d’avoir le temps de les travailler en profondeur : Black Adam qui accueille au Kahndaq des citoyens d’autres pays avec la promesse de les protéger car la Justice League n’y arrive pas, Batman affaiblit et sans costume efficace dans un froid aussi prononcé, les conflits sous-marin d’Aquaman et Mera, la complication de la vie privée et héroïque pour chaque membre, etc.
Heureusement, l’armée de dessinateurs qui officient sur tous ces épisodes livrent quelques chouettes planches, bourrées d’action et de couleurs vives, avec un peu de moments épiques (cf. illustrations de cette critique). La liste est longue : Howard Porter, Marco Santucci, Clayton Henry, Phil Hester, Ande Parks, Xermanico, Miguel Mendonça, Amancay Nahuelpan, Brandon Peterson, Carmine Di Giandomenico et Jesus Merino ! Idem côté coloristes avec Alex Sinclair, Arif Prianto, Hi-fi, Marcelo Maiolo, Ivan Pascencia, June Chung et Mike Atiyeh. Forcément avec autant de monde, adieu l’homogénéité graphique mais ça ne pose pas de gros problèmes ici. Comme toujours chez Urban, quelques galeries de couvertures alternatives sont à découvrir en bonus.
Justice League – Endless Winter n’apporte donc pas grand chose à la mythologie DC Comics, l’histoire ne restera pas dans les annales du célèbre éditeur (on est loin d’un récit complet bousculant statu quo et autres séries, comme les diverses « crisis » ou d’un évènement cross-over fun à relire de temps en temps). Si vous êtes peu exigeant sur l’écriture, que vous voulez juste lire une histoire simple et profiter des dessins, alors cette petite aventure peut vous convenir, pour les autres on la déconseille.
[A propos]
Publié chez Urban Comics le 9 avril 2021.
Contient : Justice League : Endless Winter #1, The Flash #767, Superman : Endless Winter Special #1, Aquaman #66, Justice League #58, Teen Titans : Endless Winter Special #1, Justice League Dark #29, Black Adam : Endless Winter Special #1 et Justice League : Endless Winter Special #2
Scénario : Andy Lanning et Ron Marz
Dessins : Collectif (voir article)
Encrage : idem + Cam Smith
Couleur : Collectif (voir article)
Traduction : Mathieu Auverdin
Lettrage : Eric Montesinos
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