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Infinite Crisis – Tome 04 : Les survivants

Cette fois ça y est, après les trois volumes quasiment « d’introduction » – aux qualités inégales mais globalement satisfaisantes – la « vraie » crise infinie débute enfin !

[Résumé de l’éditeur]
La Tour de Garde de la Ligue de Justice a été détruite dans une explosion ! Le Rocher d’Éternité a chuté sur Gotham City ! La guerre spatiale entre Rann et Thanagar a été interrompue par une anomalie cosmique ! L’attaque des OMAC n’a été repoussée que pour un temps ! Et la Société Secrète des Super-Vilains prépare une évasion de grande ampleur ! Tous ces événements tragiques conduisent trois anciens surhommes à faire leur retour afin de rectifier la situation, que les héros l’acceptent ou non !


[Critique]

Sans surprise, ce quatrième et avant-dernier tome d’Infinite Crisis se compose de plusieurs titres afin de conserver une grande cohérence du plan d’ensemble de la fiction. Les quatre premiers épisodes de la série éponyme Crise Infinie (Infinite Crisis en VO) occupent un peu moins de la moitié du livre. Ils sont entrecoupés par Power Trip, un arc en quatre épisodes (JSA Classified #1-4) centrés sur Power Girl, « l’autre » cousine de Superman (on y reviendra), l’épilogue Jour de Vengeance (poursuivant donc la mini-série du troisième tome) et un chapitre spécial qui donne son titre au volume : Les survivants (Infinite Crisis Secret Files #1).

Le gros fil rouge est bien sûr Crise Infinie, qui permet d’assembler (enfin !) les pièces du puzzle ; mais cette histoire, chapeautée par Geoff Johns, a besoin de se connecter aux autres épisodes pour avoir une compréhension absolue. Idéalement, il faut même connaître l’ancienne (et la première) crise majeure de DC Comics : Crisis on Infinite Earths.

En effet, quatre personnages issus de ce récit emblématique réapparaissent ici : Superman et Lois Lane de Terre-2 (planète « fondatrice » de la JSA), Alex Luthor de Terre-3 (seul héros sur un astre où le Syndicat du Crime régissait) et Superboy de Terre-Prime (le seul et unique super-héros de cette Terre) – tous ont droit à une fiche/dossier récapitulatif en fin d’ouvrage. (Ajoutons aussi le retour du Psycho-Pirate.) Ce petit groupe de survivants a continué d’évoluer dans une dimension « à part » où le temps ne s’écoulait pas et où ils pouvaient observer les évènements de l’unique Terre restante.

Ainsi, des évènements emblématiques de DC ont été suivis lointainement : la mort de Superman, la chute de Batman (Knightfall), Hal Jordan devenu Parallax (Heure Zéro – Crise temporelle), la crise interne de la Justice League et la lobotomie opérée par des justiciers (Crise d’identité), l’élection de Lex Luthor comme Président des États-Unis, le meurtre de kryptoniens, etc. et  bien sûr la déconstruction – physique et psychologique – au fil du temps de la Justice League (dans les tomes d’Infinite Crisis justement). Le petit groupe dresse un constat : les super-héros de la Terre qu’ils scrutent indéfiniment sans agir sont de plus en plus violents. Il va falloir les sauver, d’eux-mêmes et des ennemis de l’ombre qui agissent depuis quelques temps. Il va falloir sauver cette Terre, ou en retrouver d’autres ?!

Emmené par le Superman âgé et le Luthor « gentil », le quatuor parsème la bande dessinée avant d’obtenir carrément un très long épisode dédié révélant ce qu’il s’est déroulé pour eux depuis Crisis on Infinite Earths et quelques mystères jalonnant l’entièreté de l’histoire depuis le début. En parallèle, on suit bien sûr les difficultés pour la Trinité habituelle à affronter les multiples menaces. Wonder Woman est déchue depuis qu’elle a tué Max Lord, Batman la renie et tente de réparer ses propres erreurs (son satellite d’espionnage l’Œil qui a été détourné) et Superman ne veut toujours pas interférer pour guider les terriens qui en auraient bien besoin.

Autour d’eux, les catastrophes s’amplifient. La tour de garde a explosée (avec le Limier Martian à l’intérieur), les centaines « d’androïdes » O.M.A.C. prennent d’assaut les villes et Themyscira, le conflit cosmique autour de Rann-Thanagar fait rage, le Rocher de l’Éternité est tombé sur Gotham, les « sept péchés capitaux » se baladent dans la nature et prennent possession de personnes pour les manipuler. Une tâche pour laquelle le Pacte des Ombres revient, offrant une conclusion épique au combat face au Spectre (on s’agace en revanche de la lecture confuse lorsque Zatanna jette un sort puisque les lettres sont écrit à l’envers (de droite à gauche pour former un mot, comme magie qui devient « eigam » par exemple) mais l’ordre des mots reste lui de gauche à droite (cf. image ci-dessous)… C’est pareil en version originelle mais c’est toujours aussi pénible.

Si ce quatrième tome est passionnant de bout en bout, il est entaché d’un rythme décousu en proposant le retour de Power Girl durant quatre chapitres assez tôt. Ce placement est légitime pour être cohérent avec l’arrivée de Karen Starr, la cousine de Superman sur Terre-Deux (là où Supergirl/Kara Zor-El est celle de l’homme d’acier de Terre-Un). Karen provient d’une Terre qui n’existe plus et personne ne se souvient d’elle. Un épineux souci qui permet de comprendre la difficulté de la jeune femme a trouvé sa place.

Le problème de Power Girl provient de la caractérisation de cette héroïne quasiment dénudée tout le long et avec une énorme poitrine apparente. Un choix assumée aussi bien dans l’écriture (cf. image ci-dessous et tout en bas de cette critique) que dans les dessins signées Amanda Conner. C’est un peu dommage de s’attarder sur ce sujet à plusieurs reprises (sexy mais jamais trop vulgaire non plus, heureusement !).

On préfère plutôt se concentrer sur la complexité à Power Girl de recouvrer la mémoire et retrouver « son » Superman. Là-dessus, la jeune femme est particulièrement attachante, perdue dans son esprit et sa vie, comme le lecteur (peut-être) face à la somme d’informations à ingurgiter.

La recherche de sa place dans le monde fonctionne bien mais Power Trip aurait gagné à être amputé d’un ou deux chapitres pour être plus proche du ton du reste de l’œuvre. De même, quelques segments plus génériques (de cet opus) semblent survolés : la guerre avec les amazones et deux ou trois autres évènements dont l’ampleur est plutôt à saisir dans (encore) d’autres récits (Aquaman, Wonder Woman, Teen Titans, DC Special : The Return of Donna Troy…). Tant pis.

Si l’ensemble se lit bien, il faut parfois s’accrocher, notamment quand on replonge littéralement dans Crisis on Infinite Earths et sa vulgarisation puis dans de nouvelles « explications » complexes (par Alex Luthor) sur la création de cet univers et ce qui peut en découler… Le néophyte risque d’être décontenancé mais il l’aurait été bien davantage si Urban Comics n’avait pas publié toutes les parties pertinentes dans les tomes précédents ni effectué un travail éditorial de qualité, dans ses avant-propos récapitulatif ou les synthèses des biographiques des personnages. Pour l’anecdote, l’inspecteur du GCPD Crispus Allen tient un rôle très mineur dans Les survivants, corrélé au quatrième et dernier tome de Gotham Central.

Difficile d’en dévoiler davantage sans gâcher le plaisir de la découverte et de la lecture (l’identité des têtes pensantes de l’ombre qui tirent les ficelles depuis le début sont révélés). Le titre est relativement sombre, presque « sans espoir », parfois même anxiogène (sauf durant le décalage Power Trip/Girl donc), dense et verbeux mais sans jamais perdre en intérêt – au contraire ! Une fois terminé, on veut immédiatement connaître la suite. On se dirige inéluctablement vers quelque chose d’incroyable, improbable, machiavélique même (qui sont les véritables antagonistes ? quelle est la nature de la mystérieuse tour en construction ?).

Graphiquement, la série principale (Crise infinie donc) est servie par Phil Jimenez pour les dessins, épaulé par Ivan Reis le temps d’un chapitre mais surtout par George Pérez et parfois Jerry Ordway. À priori Pérez intervient pour les flash-backs ou transitions connectées à Crisis on Infinite Earths, qu’il dessinait déjà à l’époque vingt ans plus tôt ! Ça foisonne de détails et d’envergure, c’est superbe. De quoi conserver une élégante cohérence visuelle intrinsèque à Crise infinie mais aussi à la précédente crise. Jimenez livre un travail fabuleux avec de belles compositions, un équilibre autour des nombreuses figures DC, dotés de traits fin et précis, tous reconnaissables, des scènes d’action fluides et non figées, des expressions aux visages lisibles, etc. un sans faute donc !

Comme évoqué plus haut, Power Trip est assurée par Amanda Conner et son style cartoonesque (l’artiste reprendra le personnage dans la série éponyme en deux tomes et une autre aventure avec Harley Quinn, toutes deux disponibles en français). De quoi dénoter sévèrement avec le reste du livre (malgré la présence de Geoff Johns au scénario)… L’épilogue Jour de vengeance retrouve la même équipe artistique que dans le troisième volume, à savoir Bill Willingham à l’écrit et Justiniano aux pinceaux ; une patte qui s’insère efficacement avec celle de Crise infinie. Enfin, l’épisode Les survivants bénéficie du talent de Marv Wolfman pour l’histoire et les dialogues (comme à l’époque de… Crisis on Infinite Earths !) et Dan Jurgens (Heure Zéro – Crise temporelle) pour les dessins. Là aussi on y retrouve de jolies choses qui restent fidèles à l’ensemble du livre (à l’exception donc de la parenthèse esthétique (et scénaristique) de Power Trip).

Au total, trois scénaristes se succèdent (Geoff Johns reste l’architecte principal), sept dessinateurs et près d’une quinzaine d’encreurs additionnels ! Sans oublier trois coloristes. Un sacré casting qui n’empêche pas d’être remarquablement fluide (en lecture) et agréable (en dessin). On apprécie particulièrement le travail d’écriture de Johns, sur la psyché des quatre héros « coincés » depuis des lustres dans une autre dimension (il y a aussi un aspect « méta » sur la légitimité des anciens super-héros assez habile), sur l’intrigue globale qui avance habilement et sur les échanges particulièrement vifs, crus et « réalistes » entre Batman, Superman et Wonder Woman. De grands moments parsèment le récit, on « sent » qu’on est sur un chapitre historique et important de DC Comics ! C’est très riche, c’est intelligent, c’est palpitant.

En somme, ce quatrième volet d’Infinite Crisis rentre enfin dans le vif du sujet ! La patience du lecteur qui avait suivi les trois opus précédents est récompensée. De même, ces bases ne suffisent peut-être pas, la connaissance de Crisis on Infinite Earths est un plus non négligeable pour partir avec un solide bagage culturel (ne serait-ce que pour savoir « qui est qui » tant les protagonistes se succèdent – ainsi que la mise à mort de seconds couteaux peu connus) et apprécier pleinement Les survivants, en attendant le dernier tome, très sobrement intitulée… Crise infinie !

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 26 août 2022.
Contient : Infinite Crisis #1-4 + Infinite Crisis Secret Files #1, JSA Classified #1-4, Day of Vengeance Special #1)

Scénario : Geoff Johns, Bill Willingham, Marv Wolfman
Dessin : Phil Jimenez, Georges Pérez, Amanda Conner, Justiniano, Dan Jurgens, Jerry Ordway, Ivan Reis
Encrage : Collectif
Couleur : Collectif

Traduction : Edmond Tourriol (Studio Makma)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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Infinite Crisis – Tome 01 : Le projet O.M.A.C. (30 €)
Infinite Crisis – Tome 02 : Unis pour le pire (30 €)
Infinite Crisis – Tome 03 : Jour de vengeance (30 €)
Infinite Crisis – Tome 04 : Les survivants (30 €)
Infinite Crisis – Tome 05 : Crise infinie (24 €)


Harley Quinn – Tome 01 : Complètement Marteau

Souvent proposé en one-shot ou en opération spéciale à bas prix pour découvrir le personnage de Harley Quinn, ce (premier) tome est-il vraiment une porte d’entrée idéale dans l’univers déjantée de l’ancienne compagne du Joker ? Critique.

 

[Histoire]
Harley Quinn n’est plus avec le Joker, elle hérite d’un immeuble à Coney Island (un de ses anciens patients lui a légué) et démarre donc une nouvelle vie là-bas.

Très vite, l’ancienne docteur Quinzel doit trouver du travail pour payer toutes les taxes et impôts que nécessitent le statut de propriétaire d’un si grand bâtiment. Au rez-de-chaussée de celui-ci, une troupe d’artistes, au premier étage leurs appartements, au second du bazar et le troisième est le lieu de vie de Harley, entièrement à elle, avec accès au toit également. La belle vie !

Autre problème de taille : quelqu’un a mis la tête de Harley Quinn à prix… Heureusement, Poison Ivy pourra aider son amie.

[Critique]
Comme évoqué en début d’article, ce premier tome (sur six) est souvent mis en avant dans plusieurs éditions différentes. Il sera disponible en format souple à 4,90€ dans l’opération estivale à venir fin juin 2020, à l’instar d’une autre promotion (9,90€) remontant à 2016 par exemple. On le trouvait également la même année au prix dérisoire d’un euro lors des 24h de la BD ! Début 2020, c’est dans un bel écrin limité qu’on pouvait le découvrir, à l’occasion de la sortie du film Birds of Prey (qui pioche d’ailleurs un peu dans cette bande dessinée pour des éléments de son scénario) avec en couverture une version graphique de Margot Robbie qui incarne évidemment Harley Quinn à l’écran (depuis 2016), cf. l’illustration en haut de l’article — conçue par Tula Lotay (Lisa Wood de son vrai nom). Cette ultime version (qui ne mentionne ni le titre Complètement Marteau ni la numérotation « 1 ») coûte 19€, soit le prix de la version classique initialement parue en juillet 2015.

Il faut dire que cette entrée en matière est particulièrement efficace pour ceux qui aiment le personnage, qu’ils le connaissent déjà (à travers le culte Mad Love par exemple) ou qu’ils le découvrent au fur et à mesure (en complément du récent Harleen, déjà incontournable aussi). Est-ce que le titre se hisse au sommet de ceux-là ? Certainement pas. Est-il réussi quand même ? Tout à fait. Explications.

Le titre démarre sur les chapeaux de roue avec le chapitre #0 de la série (créé après le douzième mais qui s’intercale très bien en guise d’introduction) qui invite un dessinateur de renom par page pour croquer Harley Quinn pendant qu’elle commente en direct et approuve ou refuse l’artiste aux pinceaux ! On y retrouve du beau monde comme, entre autres, Tony S. Daniel, Jim Lee, Bruce Timm (co-créateur de Quinn avec Paul Dini), Sam Kieth, Darwyn Cooke et même Charlie Adlard (Walking Dead). Le duo de scénariste Amanda Conner et Jimmy Palmiotti, couple à la vie et également dessinateurs (Conner signe d’ailleurs toutes les couvertures des épisodes), dézingue d’entrée de jeu (à travers les paroles de Harley Quinn bien sûr) en vrac les bureaux de DC Comics, l’appropriation sexiste de leur personnage (annonçant le virage sur ce sujet et son émancipation), le salaire de Jim Lee, leurs propres autres séries qui ne se vendaient pas des masses (All-Star Western et Batwing — élégante auto-dérision donc) et taquinent leurs confrères pour savoir qui tiendra le rythme mensuel des planches à terminer dans les délais.

Cette étonnante et amusante ouverture est un vrai délice (trop proche d’un Deadpool dirons certains, il est vrai que les deux icônes populaires partagent plusieurs facettes, en brisant le quatrième mur par exemple ou encore en « osant » flinguer leurs employeurs, collègues ou adaptations transmédias). Néanmoins, cela reste drôle et original ! Le dessinateur Chad Hardin est ensuite l’artiste régulier qui donne vie à l’exubérante Harley, croquant avec un style agréable, des couleurs vives et un ensemble mi-mainstream, mi-indé.

La série conjugue aussi bien l’humour que la violence, tout en restant assez palpitante pour qu’on la suive assidument. Des déboires quotidiens de Harleey en passant par quelques combats bien sanglants (têtes décapitées…), l’ADN du protagoniste est retranscrit avec brio dans une situation totalement inédite : elle affronte désormais le monde « seule », sans être la faire-valoir du Joker ni un personnage secondaire. La réinvention du modèle super-héroïque est singulière puisque l’anti-héroïne se drape en défenseur des animaux ou en froide exécutrice, endossant la blouse de psychiatre le jour et le costume de mercenaire la nuit. On la suit durant huit chapitres (un neuvième montre ses origines bien connues) avec un plaisir non dissimulé et, surtout, un humour efficace. Ce dernier est parfois de simple jeux de mots, des parodies (la moins subtile étant une redite de Star Wars), des figurants au second plan, des scènes absurdes (du lancer d’excréments de chien en catapulte !), des dialogues ciselés ou des situations cocasses (cet homme en slip de bain qui se réveille dans l’appartement).

Entre sport de roller extrême, missions plus ou moins d’infiltration, banalité et amitié, ce premier tome avance habilement en posant ses enjeux sans temps mort. Inutile de rentrer dans les détails et résumés des chapitres pour ne pas gâcher les surprises. On rencontre au fil des épisodes de (nouveaux) alliés attachants comme Bernie la marmotte carbonisée, Big Tony et Sy Borgman. Très accessible pour les néophytes et nouveau terrain de jeu pour les connaisseurs, on ne peut que recommander la lecteur pour les amoureux d’Harley Quinn ou les curieux. Les fans de Batman uniquement ou de son univers bien sombre devraient passer leur chemin, le Chevalier Noir n’apparaît d’ailleurs absolument pas ici, de même que le Joker (voir réflexion en fin d’article). Seule Poison Ivy fait figure de tête familière échappée de la mythologie du Dark Knight. L’amitié entre Ivy et Quinn étant une constante depuis la naissance du personnage dans la série d’animation Batman (1992).

On l’a dit mais c’est un aspect fort appréciable : la défense des animaux est mise en avant plusieurs fois. Rien de très original bien sûr mais si on peut profiter d’un comic-book pour sensibiliser un petit peu dessus, autant le faire. De la même manière, le volume rabat les cartes de la jeune fille jolie, nunuche et sexy en étant (enfin) sous un prisme d’écriture « normal » voire (gentiment) féministe. A nouveau il ne s’agit pas d’un immense travail complexe, d’une œuvre engagée progressiste ou tout ce qu’on veut mais plutôt de quelques allusions ici et là, intéressantes.

On germe des graines, comme Poison Ivy quelque part, d’éveil de conscience à ce sujet important. Cela se traduit aussi pas l’absence de gros plans sur les poitrines et les fesses de Quinn et Ivy par exemple. C’est peut-être quelque chose qui passe inaperçu en lecture (sauf pour les lecteurs habitués chez qui ça devrait sauter aux yeux) mais c’est relativement plaisant de le constater dans une industrie qui a encore beaucoup à faire là-dessus. Il y a bien sûr quelques poses un peu sexy mais elles ne sont pas vulgaires et décalées/amusantes.

L’excellente série d’animation Harley Quinn (DC Universe) pioche dans ces travaux de Conner de Palmiotti, au même titre que le long-métrage Birds of Prey (et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn), renommé Birds of Prey : Harley Quinn. Les fans de ces fictions devraient donc sans trop de mal être conquis.

Pour chipoter, on peut trouver la couverture du tome un poil « mensongère », celle du dessin où elle saute au cou du Joker (celle avec Margot Robbie aussi dans une autre mesure si le potentiel acheteur n’y connaît absolument rien et pense y trouver soit une histoire en rapport avec le film Birds of Prey, soit une bande dessinée différente de celle publié cinq ans auparavant). D’une part, le Joker n’apparaît pas du tout au fil des chapitres, d’autre part cette image où elle l’enlace est une planche pleine page le criminel s’avère être… une statue de cire. C’est donc juste un gag qui devient gage d’annonce fièrement mis en avant. Un peu douteux, il est vrai…

Sans rejoindre les « coups de cœur » du site, ce premier tome (qui peut se lire comme un one-shot sans souci même si on a envie de lire la suite) est une œuvre plaisante aux nombreux atouts comme on l’a vu. Il rejoint aisément la liste des comics Par où commencer pour la section dédiée à Harley Quinn avec les incontournables Mad Love et Harleen.

[A propos]
Publié chez Urban Comics le 3 juillet 2015.

Scénario : Amanda Conner & Jimmy Palmiotti
Dessin : Chad Hardin + collectif pour le #0
Encrage : Sandu Florea, Scott Williams
Couleur : collectif

Traduction : Benjamin Rivière
Lettrage : Moscow Eye

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