Suite presque directe de Silence, qu’il est évidemment indispensable d’avoir lu avant de découvrir Vengance, il faut aussi avoir Killing Joke en tête, l’histoire y faisant beaucoup d’allusions. Cette mini-série fait partie, en version originale, du recueil Hush Returns.
[Histoire]
Dans une grande salle de réception le Sphinx explose le toit en verre et chute devant tout le monde. Qui l’a frappé ? Comment est-il arrivé ici ?
Flash-Back : Silence veut se venger du Sphinx, ce dernier est en prison à Blackgate mais a peur de se faire assassiner par un homme de main de Silence. Il demande donc l’aide du Joker, lui demandant de le faire sortir de prison et le protéger. En échange, Edward Nygma lui donnera le nom d’une personne très convoitée par le Clown du Crime…
Dans Gotham, Batman sauve une femme qu’il croyait déjà morte. À moins que ce ne soit un sosie ? Dans quel but ?
[Critique]
Trois vilains charismatiques servent cette histoire : le Sphinx et son narcissisme et égocentrisme qui sont très bien mis en avant, ainsi que Silence, véritable roc et loup solitaire dont la minutie et la préparation de son plan confirme l’intelligence du personnage. L’éternel Joker complète cet étrange trio. Il est intéressant également de voir, partiellement, le Clown du Crime triste et mélancolique se remémorant son passé, devant les souvenirs d’un album photo. Preuve peut-être qu’il n’est pas si fou que ça ? On apercevra aussi Le Pingouin et Prometheus, nouvel allié de Silence.
Allié à un jeune Robin (Timothy Drake), l’histoire montre également Barbara Gordon, alias Oracle, opérer en secret devant ses écrans, chose rarement mise en avant. Dans l’ensemble, la Bat-Family est relativement en retrait, mais ce n’est pas plus mal, bien au contraire. Même Green Arrow, qui apparaît dès le quatrième chapitre, apporte presque autant, si ce n’est plus, de présence que Batman et Robin. L’échange tendu et le combat entre l’archer d’émeraude et le chevalier noir est très efficace.
Le look des hommes de main du Joker n’est pas sans rappeler celui de Jack Nicholson dans le film Batman de 1989 de Tim Burton. Le scénariste s’inspire aussi de Kiling Joke et modifie légèrement une scène de l’œuvre culte d’Alan Moore pour mieux coller au récit de Vengeance. Ce changement s’incruste facilement dans les deux récits. Pour les flash-back se situant durant Killing Joke, c’est Javier Pina qui succède éphémèrement à Al Barrionuevo. Son style se rapproche de celui de Brian Bolland. Barrionuevo n’est pas en reste car, excepté au début de l’histoire, il livre de belles planches avec un look particulier à chaque personnage, surtout le triptyque d’ennemis.
Six mois après la fin de la série Silence (en septembre 2013), cette « suite » s’intègre parfaitement dans la continuité et offre au passage un nouveau regard sur Killing Joke. Est-ce plausible ? Chacun y fera son propre jugement. Seule la fin du récit s’avère frustrante car pas réellement terminée. Il faudra se tourner vers plusieurs petites courtes séries (publiées dans les magazines Batman de l’époque) pour avoir la suite. Elles sont toutes listées sur l’index de Hush Returns.
Prometheus, grièvement blessé par Green Arrow, tient Silence en joue :
– Je t’écoute.
– Tu te seras vidé de ton sang dans deux minutes.
– C’est pas ce que je veux que me dises.
– Et ton pote, là haut, va débouler dans un à peu près une minute.
– T’inquiète, je m’occupe de lui.
– Pour l’instant c’est plutôt raté.
– Il a eu de la chance.
– Trois fois ? Et la flèche dans ton épaule : on dirait qu’elle a sectionné l’artère sous-clavière. Et si celle de la cuisse sectionne l’artère fémorale, tu seras mort dans trente-cinq secondes.
– D’autres bonnes nouvelles ?
– Mais de toute façon, tes poumons vont se remplir et tu vas te noyer dans ton sang.
– T’es quoi ? Un genre de docteur ?
– Oui. Et j’ai besoin de ton aide pour tuer Batman.
– Cooooool… (en s’effondrant)
[À propos]
Publiée en France dans le magazine Batman #01 (Peur sur Gotham) en avril 2006 chez Panini Comics, jusqu’au Batman #05 (Le Garde du Corps (2)) en juillet 2006
Titre original : Pushback
Scénario : A. J. Lieberman
Dessin : Al Barrionuevo, (et Javier Pina (chap. 4
Encrage : Francis Portela
Couleurs : Brad Anderson
Lettrage : Vianney Jalin
Traduction : Sophie Viévard
Première publication originale dans Batman : Gotham Knight 50 à 55, de mai à septembre 2004