Page récapitulative de la série Gotham.
Suite et fin de la troisième saison, composée de 8 épisodes et intitulée Heroes Rise (« L’ascension des héros »). La première partie comportait d’excellentes choses mais avait aussi beaucoup de gros défauts ; deux extrêmes qui, paradoxalement, pénalisaient le show tout en le glorifiant. Cette nouvelle salve d’épisodes corrige tout cela et s’avère nettement mieux ! Tour d’horizon.
L’histoire reprend là où elle s’était arrêtée. Le Pingouin veut se venger de Nygma (sans surprise, Copplebot n’était pas mort, on ignore quand même pourquoi — il se prend une balle en pleine poitrine et semble se noyer en fin de première partie) et s’offre une armée avec Mister Freeze, Firefly et Poison Ivy, sa dernière alliée en date, encore peu expérimentée. Cet évènement permet d’assister à la naissance « officielle » du Sphinx, donc de l’Homme-Mystère (« The Riddler » en version originale). Une réussite, clairement, rendant un bel hommage à l’antagoniste de papier, flirtant constamment entre la folie et l’intelligence, le narcisse et la stratégie. On peut juste déplorer un arc s’éternisant un peu trop avec un sentiment de « déjà-vu » entre Nygma et le Pingouin mais ce n’est pas très grave.
La Cour des Hiboux est le vrai-faux fil rouge de cette saison entière. Elle continue de se résumer à une société secrète qui tire quelques ficelles pour contrôler la ville — mais il faut mettre, une fois de plus, les incohérences de côté vu le nombre de meurtre perpétués par les ergots, y compris parmi les propres membres de la Cour qui sont tués sans que cela n’alerte quelqu’un ou soit visible par la société. D’autres personnes se cachent dans l’ombre, dont le « vrai » leader de la Cour, qui en profite pour laver le cerveau à Bruce Wayne via un apprentissage mi-ninja mi-spirituel dans un temple reculé en montage. On flirte avec les débuts de Batman Begins et la figure de Ra’s Al Ghul plane (ce qui est confirmé en toute fin de saison, avec en prime la révélation que la Cour n’était qu’un outil pour la Ligue des Assassins — les Hiboux sont donc déjà mis de côté et définitivement ?). Comme souvent, les passages avec le jeune Bruce ne sont pas les plus intéressants, faute à un acteur (David Mazouz) peu charismatique et convaincant (LA grosse erreur de casting).
Le récit avance surtout au gré du fameux virus de Jarvis Tetch, sombrant ses infectés dans la folie et des pulsions extrêmes liées à leur personnalité. C’est ce qui est arrivé à Barnes, devenu l’Exécuteur, qu’on revoie régulièrement dans ces huit nouveaux épisodes et avec plaisir. La menace de la diffusion du virus sur Gotham maintient un bon rythme tout en proposant des intrigues parallèles plaisantes : Nygma vs Le Pingouin comme évoqué, mais aussi l’évolution du GCPD (une énième fois ravagée puis rétabli, difficile de rester plausible à ce stade sur ce sujet) avec Bullock à sa tête — un rôle qui lui va bien et apporte un certain dynamisme. Alfred pourrait limite intégrer l’équipe tant il s’associe de plus en plus avec Gordon et Bullock et… qu’il n’hésite pas à torturer et violenter n’importe quel suspect responsable du kidnapping de son cher maître Bruce (remplacé un bref temps par son clone). Le majordome hyper « badass » continue de gagner en intérêt.
Si l’écriture des personnages se veut plus appliquée plus certains, elle peine toujours à hisser des protagonistes au rang des indispensables. Comme d’habitude, Barbara, Butch, Fish Mooney et Tabitha forment ces seconds rôles pitoyables qui pénalisent Gotham. Mais… fort heureusement ils apparaissent très peu dans cette deuxième partie de saison trois. Encore mieux : trois d’entre eux sont, a priori, morts ! ENFIN ! C’était la bonne décision à prendre pour gommer ces défauts inhérents à la série depuis son lancement. Attention, dans le monde du show, un mort peut ressusciter aisément, pas impossible donc que Fish Mooney revienne une seconde fois mais comme elle a déjà été ramené à la vie et que le personnage est peu populaire on en doute fortement (et tant mieux). Butch s’est pris une balle dans le front mais est visiblement dans le coma selon un plan qui dévoile sa potentielle évolution pour les fans de comics les plus aguerris. Quant à Barbara, on la voit morte mais la caméra ne s’attarde pas plus que cela, donc on reste sceptique. Reste Tabitha et sa nouvelle alliance à Selina (également en retrait dans ces huit épisodes) qui peut donner de belles choses, la jeune féline usant pour la première fois du fouet de Tabitha (on ne l’avait pas forcément vu venir !) et est enfin proche des chats. Des pas de plus, certes peu subtiles, vers la création de Catwoman.
Sur les rares autres éléments négatifs (on les évoque par obligation d’objectivité mais ils ne sont pas représentatifs de cet Heroes Rise qui est clairement un des meilleurs segments de Gotham si ce n’est LE meilleur), il faut évoquer la bascule volontaire vers le côté obscur (via le fameux virus) de… Lee Thompkins. Encore un élément qui dénote fortement avec la mythologie du Chevalier Noir (il est, de toute façon, indispensable d’imaginer Gotham comme un elseworld pour l’apprécier à minima). C’est un personnage fondamentalement bon et la transformer « en méchante » le temps de quelques épisodes n’est pas forcément une bonne chose. On note aussi un Hugo Strange particulièrement lâche et toujours un peu ridicule dans son interprétation (un comble vu l’acteur, B. D. Wong, qui le campe). De façon plus anecdotique, les voix de Nygma et Gordon sont étrangement « viriles » quand ils se veulent mauvais mais l’effet tombe parfois à l’eau.
On apprend que trois ans se sont écoulés depuis le meurtre des Wayne, le temps est donc similaire à celui du rythme de diffusion. Un rappel bienvenu qui montre aussi le chemin parcouru depuis les balbutiements du show qui ne cesse de gagner en qualité tout en continuant de préserver une certaine « médiocrité » par des aspects — aspects maintes fois évoqués dans les précédentes critiques et qui semblent enfin être corrigés définitivement avec la mort de plusieurs personnes (Barbara, Fish Mooney, Butch…) et des écritures plus soignées voire très respectueuses des comics (pas sur tout évidemment). D’autres ne pourront plus être modifiés car liés au casting, à moins que David Mazouz (Bruce Wayne), entre autres, gagne en maturité et charisme mais cela semble difficile. Même Ben McKenzie (Jim Gordon) semble meilleur et, de toute façon, il faut « accepter » sa stature et cette vision de Gordon, mi-impulsif, mi-blasé, pour apprécier la série. Notons un épisode particulièrement réussi (le S03E19) et que cette fin de saison pourrait conclure définitivement la série. En bref, un très bon moment à passer avec huit épisodes qui se regardent avec plus d’envie (le show gagne à être binge-watchée plutôt qu’être suivi au rythme de la diffusion hebdomadaire).
Arrivé à ce stade de la série, si on effectue un classement (subjectif évidemment) des préférences de parties de saisons, nous aurions ceci — in fine actualisé avec la quatrième saison.
1. Saison 03 – Seconde partie : Épisodes 15 à 22 (Heroes Rise)
2. Saison 02 – Première partie : Épisodes 01 à 11 (Rise of the Villains)
3. Saison 04 – Deuxième partie : Épisode 12 à 22
4. Saison 03 – Première partie : Épisodes 01 à 14 (Mad City)
5. Saison 04 – Première partie : Épisodes 01 à 11
6. Saison 02 – Seconde partie : Épisodes 12 à 22 (Wrath of the Villains)
7. Saison 01 – Seconde partie : Épisodes 11 à 22
8. Saison 01 – Première partie : Épisodes 01 à 11