Page récapitulative de la série Gotham.
La première partie de la saison une (10 épisodes — qui ont tous été chroniqué un par un, cf. l’index de la page récapitulative) comportait quelques points forts : le binôme efficace Gordon/Bullock, le personnage du Pingouin, un Alfred très autoritaire et pas forcément au « bon » code moral, quelques originalités (Nygma qui travaile au GCPD, Selina Kyle témoin oculaire du meurtre des Wayne, etc.) et… c’est à un peu près tout. La série cumulait beaucoup trop de défauts : pas de fil rouge narratif mais « un méchant par épisode », des sous-intrigues totalement inintéressantes ou mal jouées, un peu de « fan-service » mal amené ou incohérent, aucune subtilité dans les références à la mythologie de Batman, quelques effets spéciaux un peu « cheap », une violence volontairement atténuée, etc. En somme l’ensemble de ces épisode était moyen, le résultat mitigé avec un constat évident : Gotham ne savait pas se situer entre le ton adulte « très sombre et violent » et le ton plus léger, disons « plus grand public ».
La seconde partie (12 épisodes) gagne en intensité et en écriture. Il y a toujours les mêmes soucis mais les scénaristes se sont davantage concentrés sur un ensemble « qui se suit » même si on est encore loin d’avoir un côté feuilleton plus prononcé (et réussi). Côté histoire, outre les quelques ennemis éphémères ridicules (le gang Red Hood qui fait honte à ses inspirations comics), on peine toujours autant à s’attacher à Fish Mooney ; sa trajectoire est d’ailleurs peu cohérente et casse le rythme de la série (par ailleurs plutôt bien équilibré — la quarantaine de minutes passe toujours relativement vite sans temps mort). L’arc sur Barbara Kean (la compagne de Jim Gordon), voire carrément le personnage, est toujours aussi horripilant et guère passionnant ; mention spéciale quand elle est avec ses jeunes copines Ivy et Selina.
Le traitement d’écriture des enfants reste, justement, un des points faibles du show. Plusieurs raisons à cela : il apparaît évident que les rôles des enfants sont écrit comme s’ils étaient (déjà) des adultes. C’est la première erreur de travail des scénaristes. Il est difficile d’accorder une certaine crédibilité à ces jeunes rôles tant on veut montrer aux spectateurs que les personnages qu’ils incarnent sont déjà ceux que l’ont connait d’eux « par la suite ». Ainsi, Bruce Wayne est un Batman en devenir, même chose pour Selina en Catwoman. Gotham a l’immense privilège de pouvoir prendre son temps pour développer ces enfants et montrer leur évolution mais ne joue pas vraiment là-dessus (surtout dans sa première moitié de saison, le tir étant un peu corrigé dans sa seconde).
Autre aspect pénible : beaucoup de futurs ennemis du Dark Knight existent déjà alors qu’ils pourraient rester dans l’ombre (c’est encore le cas de quelques uns bien sûr), ou bien leurs pères sont déjà « des méchants » et ce sont leur fils qui seront, dans un futur proche, les fameux vilains emblématiques qu’on connait (Romain Sionis/Black Mask, Jonathan Crane/L’Épouvantail…). Le double épisode consacré à L’Épouvantail comportait de très bons moments et d’autres complètement ratés…
Heureusement, les points forts de la première partie de la série sont toujours présents et sont même amplifiés, avec quelques ajouts bienvenus. C’est ainsi que le personnage de Leslie Thompkins s’invite rapidement et génère une empathie naturelle. De plus, son histoire d’amour avec Jim Gordon est bien plus plausible et intéressante que celle avec Barbara. Le petit monde mafieux (Maroni et Falcone) s’éloigne un peu plus pour se (re)concentrer sur le Pingouin qui livre, une fois de plus, les épisodes les plus passionnants du show. L’homme étant toujours aussi habile manipulateur et jonglant entre les camps, tout en étant proche de Gordon. Ce dernier gagne aussi en intérêt malgré son interprète peu charismatique. Il évolue toujours dans cette Gotham (très réussie esthétiquement) corrompue et poisseuse. À ses côtés : Edward Bullock, toujours impeccable et indispensable, Edward Nygma, sombrant lentement mais sûrement vers une folie certaine, et Harvey Dent de temps en temps, pas spécialement bien campé mais ajoutant un allié de choc. Montoya et Allen, deux agents de confiance du GCPD (inspirés de New Gotham et Gotham Central) sont malheureusement devenus des figurants. Bien évidemment cela peut (et doit) changer par la suite.
Du reste, on continue d’apprécier la figure morale d’Alfred, bienveillante mais mystérieuse et autoritaire (rappelant la version du majordome dans Terre-Un) et la petite évolution de Bruce (l’acteur est toujours un peu agaçant quand même) au sein des entreprises Wayne. L’épisode 16 est également une petite réussite puisqu’il met en scène les futurs parents de Dick Grayson (le premier Robin) qui travaillent avec un certain Jérôme, clairement le Joker en devenir. Autre personnage récurrent dans la mythologie de Batman : Lucius Fox, qui effectue ses timides premiers pas dans l’épisode 21 mais qui, lui aussi, plutôt convaincant et inaugure idéalement un fort allié potentiel pour la suite. D’un point de vue technique, la série soigne sa photographie, ses décors et ses costumes. La mise en scène reste globalement très convenue et on sort rarement des classicismes inhérents au genre télévisuel (n’est pas une production HBO qui veut).
En conclusion, la seconde partie de la saison un se poursuit vers une meilleure direction que la première. Les éléments négatifs sont gommés petit à petit (mais encore trop présents) et la série prend une tournure plus « violente et sanglante » (et montrée à l’écran, il faut le souligner), donc un ton plus adulte clairement bienvenue. De même, on se dirige vers des épisodes davantage reliés entre eux plutôt qu’indépendants, ce qui est une très bonne chose. L’ensemble de l’intégralité de la saison est donc moyen mais pas spécialement « fascinant » à tout prix. Toutefois, la dernière partie étant plus réussie que la première, il y a de bons espoirs pour que la deuxième saison gagne en qualité après ces débuts bancals mais prometteurs (même si cela a pris trop de temps — 22 épisodes !). À ce titre, Gotham gagnerait sans aucun doute à être réduit à 13 ou 16 épisodes (comme prévu initialement) plutôt que cette grosse vingtaine (cet aspect sera plus ou moins respecté par la suite puisque les futures saisons seront scindées en deux parties bien distinctes d’une douzaine d’épisodes).