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Infinite Crisis – Tome 03 : Jour de vengeance

Après un excellent premier tome et un second un peu en-deça, le troisième nous emmène à la fois dans l’ère des magiciens de DC Comics puis dans la suite des évènements du Projet O.M.A.C. et de Crise d’identité ! Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Autrefois, le docteur Bruce Gordon était le possesseur du diamant d’Eclipso qui lui permettait de contrôler cet esprit maléfique ancestral. Aujourd’hui ce dernier est libre… libre d’investir n’importe quel esprit sur Terre, même celui du plus puissant des héros : Superman ! Un problème supplémentaire qui s’ajoute à la crise de confiance qui secoue les héros de la Ligue de Justice, sur le point de dissoudre l’équipe !

[Critique]
Comme dans les tomes précédents, on se retrouve ici avec trois récits. Les deux premiers sont connectés, Éclipsé (écrit par Judd Winick) puis Jour de Vengeance, qui met en avant une équipe de sorciers par l’auteur Bill Willingham, célèbre pour son travail sur Fables puis le dernier, Crise de conscience (par Geoff Johns et Allan Heinberg), prolonge (enfin) ce qu’on avait vu côté Ligue aussi bien à la fin du Projet O.M.A.C. mais aussi le titre culte Crise d’identité.

Éclipsé suit trois épisodes provenant de séries sur Superman (Action Comics #826, Adventures of Superman #639 et Superman #216). On y découvre le « parcours » d’Eclipso, un esprit démoniaque autrefois matérialisé dans un diamant, qui peut prendre possession de n’importe qui, y compris Superman ! Cette introduction du troisième tome permet de faire la jonction avec un univers pas encore vu dans Infinite Crisis : celui de la magie. En effet, Eclipso s’infiltre dans Jean Loring (responsable du meurtre de Sue dans Crise d’identité) et acquis ainsi une sorte de forme ultime. Eclipso rend fou le Spectre (dépourvu d’un hôte), esprit de la vengeance de la colère divine, qui veut annihiler toute trace de magie dans l’Univers. Un duo redoutable et surpuissant.

Face à cette double menace, Shazam (appelé Captain Marvel à l’époque) doit s’aider d’une équipe atypique composée notamment de plusieurs magiciens et appelé le Pacte des Ombres : L’Enchanteresse, le Nightmaster, le Loqueteux, Black Alice et le Diable Bleu. En plus de ces mystiques, le détective Chimp est de la partie. Les épisodes de Jour de Vengeance (Day of Vengeance en VO) alternent les points de vue de chaque membre.

Cette longue première partie (trois chapitres puis six) est plutôt réussie, faisant la part belle à des combats dantesques (parfois confus) et un danger supplémentaire après ceux rencontrés dans les volets précédents. Une fois de plus, l’accent est mis sur des personnages très très secondaires mais l’alchimie fonctionne et ils sont tous attachants d’une manière ou d’une autre. Ian Churchill signe les superbes dessins d’Éclipsé, plein de détails, vivants et aérés, un vrai régal couplé à une colorisation « riche » en palette et nuances par Norm Rapmund. L’artiste Justiniano (Josue Rivera de son vrai nom) s’occupe de Jour de Vengance (remplacé par Ron Wagner le temps d’un épisode), avec un style relativement propre et élégant, gâché par une colorisation des visages parfois trop « fades » mais l’ensemble reste plutôt séduisant.

Crise de conscience rassemble ensuite les chapitres #115 à #119 de la série JLA. C’est carrément la suite (plus ou moins) directe de Crise d’identité ! Si quelques conséquences des secrets dévoilés durant ce titre parsemaient déjà Le projet O.M.A.C., elles trouvent leurs réels impacts ici. Pour rappel, une poignée de super-héros avaient décidé de laver le cerveau à des ennemis suite aux actes barbares de Dr. Light (il avait violé Sue). La magicienne Zatanna avait commencé par faire oublier quelques éléments dans le cerveau des ennemis avant de passer à une lobotomie (donc modifier carrément la personnalité d’une personne). Problème : Batman les avait surpris et lui-même fut victime d’une manipulation de la part de Zatanna afin d’oublier cet évènement ! Le Chevalier Noir s’était éloigné de la ligue quand il avait compris cela…

Aujourd’hui, la question se pose à nouveau puisque des ennemis de la ligue (le Sorcier, Star Sapphire, l’homme floronique, Felix Faust, le maître de la matière et Chronos) se rappellent des identités civiles des justiciers, mettant à mal la difficile cohabitation entre vie privée, protection des siens et devoir moral et héroïque. Que faire ? Reproduire les « erreurs » du passé ? Trouver une alternative ? C’est l’épineuse question qui continue de diviser la Ligue de Justice, réduite à peau de chagrin.

Cette déconstruction est particulièrement palpitante et bien écrite car on arrive à comprendre chacun des points de vue. Entre ceux qui ont désormais fonder un foyer et sont parents et veulent, naturellement, faire courir le moins de danger possible à leur entourage, ceux qui souhaitent ne pas s’en mêler mais se retrouvent au cœur de ce dilemme, ceux qui agissent comme boussole morale ou campent sur leurs positions (Batman bien sûr !), le choix est cornélien et passionnant à suivre. Autour de toutes les figures de DC mises en avant dans Crise de conscience (on retrouve à nouveau Hawkman, Flash/Wally West, Green Arrow, etc.), le Limier Martien puis Superman sont un peu « au-dessus » des autres, conférant une stature quasiment divine (normal). Ils apportent sagesse sans non plus savoir quoi faire réellement. Le Chevalier Noir occupe une place relativement importante dans cet arc, rejoint par Catwoman à la fin.

Seule ombre au tableau : la présence d’un nouvel ennemi qui… manipule mentalement certains protagonistes (cf. dernière image de cette critique – sous Hawkman qui dit « Votons. » – pour le découvrir si jamais), de quoi ajouter encore ce sentiment de déjà-vu (après Max Lord et Dr. Psycho – cf. tomes un et deux respectivement). Du reste, les scénaristes Geoff Johns et Allan Heinberg s’en sortent plus bien. Johns était déjà intervenu dans le premier volet (comme Winick d’ailleurs) et sera aux commandes de la série à laquelle la saga donne son titre (à découvrir dans les tomes quatre et cinq). Chris Batista offre des planches inégales, faute à des visages parfois peu expressifs ou mal croqués (peu aidée par les traits de l’encrage de Mark Farmer) et des fonds de cases un peu vides. Toutefois, le titre bénéficié d’un éventail de colorisation très « comic book » effectué par David Baron conjuguant donc de jolis palettes avec la dureté du propos. Un mélange qui fait mouche.

Si Crise de conscience ne s’intercalait pas dans le long puzzle qu’est Infinite Crisis, le titre aurait carrément pu être publié à part tant il fait suite à Crise d’identité. Ainsi, le lecteur n’ayant pas le temps, l’envie ou l’argent d’investir dans les cinq volumes de la saga (144 € tout de même) mais ayant aimé Crise d’identité peut probablement se prendre ce troisième tome, Jour de vengeance, pour y découvrir les conséquences. Mais attention : la conclusion (à laquelle on ajoute volontiers celle, tragique, de Jour de Vengeance) risque fortement de donner envie de découvrir la suite !

Ce troisième tome d’Infinite Crisis est donc conseillé (qu’on lise l’entièreté de la saga ou non), bénéficie d’une solide identité graphique (parfois en baisse mais globalement de qualité) et de plusieurs segments bien écrits, passionnants. Comme le souligne Urban Comics dans son avant-propos, « les dernières miniséries et arches narratives sont [désormais publiées et mènent] au bouquet final, La crise infinie, qui occupera les tomes 4 et 5 ». On a hâte !

 

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 29 mai 2015.
Contient : Action Comics #826, Adventures of Superman #639, Superman #216, Day of Vengeance #1-6, JLA #115-119

Scénario : Geoff Johns, Allan Heinberg, Bill Willingham, Judd Winick
Dessin : Ian Churchill, Justiniano, Ron Wagner, Chris Batista
Encrage : Norm Rapmund, Walden Wong, Livesay, Dexter Vines, Mark Farmer
Couleur : Beth Sothelo, Chris Chuckry, David Baron

Traduction : Edmond Tourriol (Studio Makma)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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Infinite Crisis – Tome 02 : Unis pour le pire

Après un excellent premier volume, la saga Infinite Crisis se poursuit dans un second tome radicalement différent, n’offrant pas une « suite directe » au précédent et se concentrant (dans un premier temps) vers un nouvel horizon galactique. Pour autant, Unis pour le pire reste assez passionnant malgré ses errements narratifs (dans ses débuts) et graphiques (dans sa dernière ligne droite). Explications et critique.

[Résumé de l’éditeur]
La Société Secrète a rassemblé tous les super-vilains de l’univers sous le commandement de Lex Luthor et un conciliabule de génies criminels. Tous ? Non ! Car six malfaiteurs planifient dans l’ombre la rébellion, tandis qu’à l’autre bout de la galaxie, les planètes ennemies Rann et Thanagar se livrent une bataille sans fin.

[Introduction d’Urban Comics]
À l’instar du premier tome, copier/coller le texte avant-propos de l’éditeur est plus pertinent pour situer aussi bien l’histoire que résumer son début.

Des bas-fonds aux confins de la galaxie

Enquêtant sur des malversations dans sa société, Tek Kord, dit Blue Beetle, découvre un complot visant l’ensemble de la population métahumaine de la planète. Max Lord, ancien mécène de la Ligue de Justice et désormais Roi Noir de l’agence de contre-espionnage Checkmate, a pris le contrôle de l’Œil, un satellite fabriqué par Batman pour surveiller ses coéquipiers.

Cette intelligence artificielle contamine des agents dormants aux quatre coins du globe et les transforme en OMAC, d’insaisissables machines à tuer. Blue Beetle perd la vie lors de sa découverte, mais a le temps d’alerter ses anciens coéquipiers. S’enchaîne une escalade de représailles et de trahisons entre les forces de Max Lord et celles de Batman. Au centre de l’intrigue se trouve Sasha Bordeaux : ancienne amante du Cavalier Noir de Checkmate, elle joue un double jeu des plus dangereux avec Max Lord. Ce dernier, en contrepartie, met sous sa coupe Superman qui, hypnotisé, s’en prend violemment à Batman. Pour le libérer de ce contrôle mental, Wonder Woman brise la nuque de Max Lord. Malheureusement, son geste est retransmis devant les caméras du monde entier. Au final, les forces combinées de la Ligue de Justice, des titans, des Outsiders et de la Doom Patrol repoussent les OMAC, mais la Crise Infinie qui secoue l’univers ne fait que débuter.

En effet, depuis sa destitution du poste de président des États-Unis, Lex Luthor a mis en place une Société Secrète des Super-Vilains : une organisation clandestine visant à offrir une protection accrue à l’engeance criminelle. Au sein de son « conseil d’administration » on retrouve le régent du Kahndak, Black Adam, la reine du crime, Talia al Ghul, le mercenaire Deathstroke, le télépathe Docteur Psycho et leur coordinateur, le Calculateur. Méfiante depuis les révélations selon lesquelles la Ligue de Justice a, des années durant, lavé le cerveau de ses opposants, la communauté malfaisante se rallie à cette direction. Mais le recrutement ne se fait pas sans heurts…

Pendant ce temps, dans l’espace, la guerre fait rage entre deux plantes longtemps rivales : Rann, monde basé sur la science et le savoir, et protégé par l’archéologue et aventurier terrien, Adam Strange, et Thanagar, patrie martiale de la police des faucons, dont sont issus Hawkman et Hawkwoman. Pour protéger Rann, Sardath, le scientifique en chef, et beau-père d’Adam Strange, l’a téléportée en lieu sûr. Mais, en tentant de la renvoyer à sa place initiale, elle est réapparue dans l’orbite de Thanagar, causant un cataclysme sans nom. Ce secteur est, comme le reste de l’espace, protégé par les Green Lantern et la milice privée, L.E.G.I.O.N., et toutes ces factions se retrouvent prises dans un conflit sanglant où les alliances désespérées se multiplient.

[…]

[Critique]
Comme pour le volume précédent, cette nouvelle pierre d’Infinite Crisis se compose en plusieurs segments distincts. La mini-série en six chapitres La guerre Rann-Thanagar (Rann-Thanagar War) puis En bleu et noir, deux épisodes d’Action Comics (#830-831) – centrés sur Superman donc – qui introduisent la seconde série importante du volume, Unis pour le pire (Villains United), également en six épisodes. Le premier récit est écrit par Dave Gibbons (dessinateur de Watchmen) et les autres par Gail Simone (la série Batgirl de l’ère New 52).

Si le lecteur pouvait (légitimement) s’attendre à voir la « suite directe » des dernières planches du premier tome, il n’en est rien ! En effet, l’opus met directement en avant une guerre cosmique, très très brièvèment annoncée dans le volet précédent, où s’affrontent différents protagonistes plus ou moins connus : Hawkman, Hawkgirl, Hawkwoman, Adam Strange, Captain Comet, deux Green Lantern (Kyle Rayner et Kilowog), les Omega Men… Un récit haletant, intense mais complexe. On s’y perd rapidement entre les lieux et enjeux de cet affrontement titanesque, d’autant qu’on plonge dedans sans introduction ni explications, la contextualisation est expéditive (à peine quelques bulles de dialogues). Ce n’est pas très grave car on se laisse aisément emporter par les superbes dessins d’Ivan Reis (rejoints par Joe Prado et Joe Bennett) et l’ennemi imposant Onimar.

Tout va très vite (trop vite ?) dans La guerre Rann-Thanagar mais c’est justement cette situation d’urgence, ces batailles qui dépassent aussi bien les humains que le lectorat, qui fonctionnent plutôt bien, magnifiées sous la plume de Dave Gibbons. Stratégie guerrière, divinité, « politique »… le titre est dense mais intéressant à bien des égards dans cette vision du conflit. Il est difficile de savoir « qui est qui », qui provient de telle planète et s’ils agissent « bien ou mal » (il n’y a pas vraiment de « gentils ou méchants » entre les deux camps, à l’exception d’Onimar). La distance entre ces personnages de papier et le lecteur créé une barrière qui ne casse pas l’immersion mais plutôt l’empathie (on se fiche un peu de qui va survivre et pourquoi tout le monde se combat).

En somme, on ne comprend pas tout ce qui se trame dans ce space opera galactique mais au fil des chapitres l’émergence d’une crise d’envergure commence à s’assembler (ce n’est pas pour pour rien qu’on parle d’une crise infinie – difficile de toute façon de lire/découvrir ce récit en étant totalement vierge d’informations quant à « l’avenir » (et conséquences) de cette grande saga). Il semblerait que la série Justice Society of America (JSA) #20 à #25 publiée en 1999 (donc six ans plus tôt) permettait de se familiariser avec Onimar et le couple Hawkman/Hawkgirl. Surtout : la série Adam Strange en huit chapitres sortie en 2004 et 2005 servait véritablement de prologue à cette guerre Rann-Thanagar ; dommage de ne pas l’avoir ajoutée alors qu’elle est citée dans l’introduction d’Urban Comics… En plus d’Adam Strange: Planet Heist ajoutons Green Lantern: Rebirth considérée aussi comme à lire en amont.

En bleu et noir (dessiné par un John Byrne en très petite forme, scénarisée par Gail Simone) met l’accent sur le Docteur Psycho et sa mégalomanie. Comme Max Lord dans l’opus précédent, Psycho peut manipuler les esprits – ce qui donne un côté déjà-vu… Il s’essaie sur des citoyens de Metropolis au point de faire intervenir Superman et… Black Adam ! En effet, la Société Secrète des Super-Vilains dirigée par Lex Luthor compte Black Adam, Docteur Psycho, Talia al Ghul, Deathstroke et le Calculateur dans ses rangs. Les excès de zèle de Psycho ne faisant pas partie des plans de Luthor, c’est le régent du Kahndak qui est chargé de le ramener. Ce double épisode de transition est oubliable (comme l’étrange course entre Bizarro et Nega-Flash qui se déroule en arrière-plan !) mais sert surtout d’introduction à l’arc suivant.

Car Luthor mène un plan d’envergure en parallèle dans Unis pour le pire : le rassemblement de plusieurs centaine d’ennemis communs des super-héros ! Cependant, une poignée refuse de rejoindre cette ligue de vilains : Catman, Deadshot, Cheshire, Scandale, Parademon et Ragdoll. Ces « Secret Six » sont donc devenus la cible de leur anciens alliés et se retrouvent rassemblées par Mockingbird, une mystérieuse personne qui les manipule (ou plutôt les fait chanter).

La modernisation (réinterprétation) de Catman est une franche réussite, apportant une profondeur inédite pour un personnage attachant – qui devient quasiment Batman par moment (cf. dernière image de cette critique). L’on est un peu plus perplexe de l’utilisation de Captain Nazi (!) dans une séquence de torture et de ce personnage si… particulier (et donc complice et assumé des autres vilains DC).

Cette seconde partie du volume renoue avec les ingrédients phares du premier volet : une intrigue qui tient en haleine, une approche à hauteur d’homme (toutes proportions gardées – on parle de méta-humains qui ont des pouvoirs et sont violents), une conspiration menaçante, etc. La narration bénéficie d’un excellent rythme, enchaînant scènes d’action et d’autres plus posées (voire carrément figées vu les graphismes – on en reparle plus loin). Quelques rebondissements (non prévisibles) et des échanges musclées efficaces achèvent de composer le tout. Gail Simone s’en donne à cœur joie pour exhumer des anti-héros de seconde zone (elle récidivera dans la foulée avec une série dérivée et suite, Secret Six, inédite en France).

Graphiquement en revanche, cette deuxième moitié du tome n’est pas à la hauteur (surtout en comparant avec sa première). Faute à des personnages beaucoup trop « clichés » (les hommes sont super musclés, les filles super sexy), des traits trop gras et une colorisation relativement pauvre et sans effets de lumière. Dale Eaglesham en est le principal responsable (remplacé par Val Semeiks le temps d’un chapitre). Les dessins manquent de finesse, d’élégance, d’une véritable « appropriation visuelle ». C’est dommage car le point de vue « d’antagonistes parmi les antagonistes » est plutôt stimulant. En revanche, il ne faut pas s’attendre à retrouver la Justice League et la « suite » de la fin du premier opus ici aussi… Seul Superman est montré brièvement dans sa courte histoire qui n’apporte pas grand chose à l’ensemble.

En synthèse, Unis pour le pire se lit bien – l’ensemble reste globalement captivant – et poursuit ce qu’on a découvert dans le premier volume d’Infinite Crisis tout en montrant « autre chose » (une guerre cosmique et une préparation chez l’ennemi – en gros) qui seront, in fine, connectés à la saga. Si les pièces du puzzle ne s’assemblent pas ici, on reste sur un divertissement tout à fait correct et moins cérébral que le premier (plus confus dans son épopée guerrière spatiale mais ce n’est pas très grave).

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 27 février 2015.
Contient : Rann-Thanagar War #1-6, Action Comics #830-831, Villains United #1-6

Scénario : Dave Gibbons, Gail Simone
Dessin : Ivan Reis, John Byrne, Dale Eaglesham, Joe Prado, Joe Bennett, Val Semeiks
Encrage : Marc Campos, Joe Prado, Oclair Albert, Jack Jadson, Nelson, Larry Stucker, Wade Von Grawbadger, Prentis Rollins
Couleur : John Kalisz, Tanya Horie, Richard Horie, Guy Major, Sno-cone

Traduction : Edmond Tourriol (Studio Makma)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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Batman & Flash : Le prix (épilogue et « suite » d’Heroes in Crisis)

Court récit en quatre chapitres (les #64-65 des séries Batman et The Flash – toutes sous l’ère Rebirth), Le prix a été publié en France dans le magazine Batman Bimestriel #5 (mars 2020) puis dans le huitième tome de Flash (Rebirth) au titre éponyme (juin 2020).

Néanmoins, cette histoire est plutôt une sorte d’épilogue d’Heroes in Crisis, s’inscrivant dans des segments bien précis du run de Tom King sur Batman et celui de Joshua Williamson sur The Flash. Aux États-Unis, Le prix (The price en VO – correspond au prix de la justice et au prix à payer suite aux évènements survenus dans Heroes in Crisis) a même bénéficié d’une publication en librairie dans Heroes in Crisis – The Price and other stories (avec un chapitre annual de Flash – inclus dans le tome huit de Flash Rebirth – et trois épisodes de Green Arrow – inédits en France). Critique puis récapitulatif de l’ensemble des séries DC Comics impactées.

[Résumé de l’éditeur]
Une vieille affaire de la Ligue de Justice vient tout juste de refaire surface. Pour résoudre cette enquête qui risque fort de laisser des traces, les deux plus grands détectives de l’Univers DC ne seront pas de trop. Ensemble, Batman et Flash vont devoir affronter un démon du passé… et enterrer les leurs au passage. Mais une question demeure : qui tire les ficelles ?

[Début de l’histoire]
Le musée Flash est attaqué à Central City. Le Chevalier Noir et le Bolide Écarlate aident les citoyens présents.

En enquêtant sur le responsable de cet attentat, les pistes mènent vers… Gotham Girl !

Batman et Flash coopèrent malgré les rivalités entre eux et découvrent un laboratoire secret dans lequel l’ancienne justicière tente de ramener son frère à la vie grâce au Venin de Bane et à la technologie de Freeze.

Barry Allen tombe aussi sur un masque provenant du Sanctuaire (cf. Heroes in Crisis) remettant en question l’intégrité de Batman dans cette affaire et une précédente…

[Critique]
En complément du titre Le prix, il convient de revenir sur Trop de bolides ! (The Flash annual #2 – 2019) qui ouvre le huitième tome de Flash (Rebirth). Dans ce segment on découvre la réaction de Barry Allen quand il apprend que Wally West est mort (cf. le début d’Heroes in Crisis). Fou de rage, il court et s’émancipe au cœur de la Force Véloce dans laquelle se cachait son ennemi Godspeed (un ex policier ami de Barry, August Heart). En parallèle, Kid Flash (anciennement Impulse) fait son retour ; il s’agit de Bart Allen le… petit-fils de Barry et Iris, venu du futur et élevé en réalité virtuel. Iris West (compagne de Barry et tante de Wally) n’est justement pas au courant de la mort de son neveu et Barry tarde à lui annoncer. Enfin, il semblerait qu’un mystérieux ennemi tire les ficelles en utilisant Godspeed (à priori Captain Cold – si un lecteur des Flash Rebirth veut confirmer en commentaire, merci d’avance ! – mais cela a peu à voir avec l’objet de cette critique).

Un résumé peut-être complexe (surtout si l’on n’est pas familier des aventures des bolides écarlates) mais qui montre bien les réactions de Barry et Iris en marge du début d’Heroes in Crisis. La « suite » est à découvrir dans Le prix (qui se déroule après ladite « crise ») et reprend justement les tensions entre Barry et Iris lors de l’enquête commune entre Flash et Batman sur Gotham Girl. Il s’agit, une fois de plus, d’une introspection chez les super-héros, tirant cette courte histoire vers le haut. Joshua Williamson (l’habituel auteur de Flash période Rebirth) signe le scénario, continuant ce qu’avait insufflait Tom King (dans Batman Rebirth ET dans Heroes in Crisis).

Côté dessin, on retrouve Guillem March (Joker Infinite, Catwoman) pour les chapitres Batman #64-65 et Rada Sandoval pour The Flash #64-65, tous deux accompagnés de Tomeu Morey à la colorisation. Graphiquement, le titre sonne comme un bon « comic book » mainstream, oscillant entre de belles séquences d’action lisible et des palettes rouges et jaunes (Flash), bleues et vertes (Gotham Girl) et bien sûr sombres (Batman). De quoi suffire pour assurer un spectacle cohérent malgré les deux dessinateurs différents.

Le prix est plutôt palpitant mais s’inscrit à la fois en tant qu’épilogue d’Heroes in Crisis (aucun intérêt de le lire si on ne connaît pas ce dernier) et poursuite du run de Williamson sur Flash (notamment après le chapitre annual décrit plus haut) mais aussi du run de Batman (écrit à l’époque par Tom King). En effet, en replaçant Gotham Girl (Claire Clover) au centre du récit, Le prix propose donc une sorte de fiction « trois en un ». Autant dire que le lecteur complètement néophyte sera perdu.

La fiction emporte le lecteur sur une investigation menée tambour battant par le duo de détectives héroïques (à l’instar de ce qu’on avait vu dans DC Univers Rebirth – Le Badge, brièvement évoqué ici). Mais les errements mentaux et physiques de Gotham Girl ont un impact plus intéressant sur le relationnel entre Bruce et Barry. Les deux ont un immense respect envers l’autre mais aussi une méfiance mutuelle.

C’est ce parti pris qui offre un peu de substance au récit somme toute « classique » dans son dénouement (même s’il reste quelques zones d’ombre) mais qui – on l’a déjà dit et répété – ne trouve un intérêt réellement prononcé qu’en tant qu’épilogue à Heroes in Crisis (et comme titre annexe à Batman Rebirth presque).

Difficile donc de conseiller Le prix comme lecture indépendante. Il est curieux de l’avoir inclus dans la série sur Flash tant elle fait écho également à Batman. Le plus simple aurait été/serait de carrément proposer une version française de Heroes in Crisis – The Price and other stories (façon Doom War – Épilogue), afin d’avoir tout ce qui est connecté à cette œuvre-mère au même endroit ! D’ailleurs, même les suites « officielles » sont un casse-tête sans nom pour s’y retrouver (cf. explications plus bas). Le grand oublié est également Green Arrow, dont les chapitres #45 et #48-50 complètent le « and other stories » en VO. En France, la série Green Arrow Rebirth s’est achevée en cinq volumes, à l’épisode #31, donc impossible d’avoir ces chapitres. Encore une fois : il s’agit avant tout d’une sélection pour les complétistes car dispensable.

En revanche, ceux qui ont aimé Heroes in Crisis devraient apprécier Le prix avec plusieurs options pour se le procurer. Soit l’achat en VO pour une collection « complète » (20,95 €), soit la version librairie du huitième tome de Flash Rebirth (21 €) ou l’achat en occasion du Batman Bimestriel Rebirth #5 (12,90 € à l’époque mais difficilement trouvable à ce tarif désormais…).

Les quatre couvertures originelles (sans la titraille et les crédits),
dessinées par Chris Burnham et colorisées par Nathan Fairbain.

Comme évoqué dans la critique d’Heroes in Crisis, la « culpabilité » de Wally West trouve un second écho plusieurs titres de DC Comics. Tout d’abord dans la série en six chapitres Flash Forward (étonnamment inédite en France). Enfermé à Blackgate, Wally est délivré par Tempus Fuginaut qui lui redonne ses pouvoirs et lui confie une mission : parcourir les Terres parallèles pour surveiller qu’il n’y ait pas de problèmes (en gros) – mais il découvre petit à petit le Multivers Noir (apparu dans la saga Batman Metal) ! À découvrir uniquement en VO donc, faute de mieux, mais à prix correct (17 € environ) et de préférence en édition brochée car contenant quatre pages supplémentaires connectant à une autre série (on y vient).

Ensuite, dans le dernier tome de Flash Rebirth, Ligne d’arrivée, l’on apprend (dans The Flash #761) que la dépression qui s’était emparée de Wally au Sanctuaire avait été provoquée par Eobard Thawne, alias Zoom/Nega-Flash ! Ce célèbre ennemi « insufflait » à différents bolides écarlates des comportements à avoir ou actions à produire durant ces dernières années. Une pirouette scénaristique un peu facile mais qui réhabilite l’honneur de Wally… Le troisième Flash participe ensuite à la lutte contre le Multivers Noir (notamment dans la série Batman Death Metal – dont Flash Forward peut être considéré comme son prologue, cf. les pages bonus qui la connectait carrément), avec un costume bleu et des pouvoirs liés au… Dr. Manhattan (cf. Watchmen et Doomsday Clock) !

 

Enfin, le premier volume de la série Flash Infinite, En un clin d’œil (dont l’introduction d’Urban Comics a fortement aidé à la rédaction du paragraphe précédent), replace place Wally au cœur de l’intrigue. Dans le chapitre de conclusion du tome (The Flash annual #1 – 2021), on revit les évènements du Sanctuaire du côté de Wally et… l’explosion meurtrière est causée par Savitar, un autre ennemi des bolides écarlates ! Le tout accompagné d’une action volontaire de sacrifice de Roy Harper (Arsenal). Un sacré bazar donc… Surtout qu’il n’est pas établi que sans Savitar il n’y aurait pas eu de massacre. À la rigueur on peut imputer « rétroactivement » la tuerie de Wally à Thawne, mais moins à Savitar (et encore moins aux deux qui ne s’étaient pas concertés). Une façon de faire qui remet complètement en question les actes de Heroes in Crisis, quitte à abîmer l’œuvre intrinsèquement ou, au contraire, à gommer à posteriori ses défauts ? On laissera les lecteurs juges…

En synthèse, en ordre de lecture pour les plus complétistes, il y aurait donc : Heroes in Crisis, Flash Rebirth – Tome 08 : Le prix (ou Heroes in Crisis : The Price and other stories – uniquement en anglais) et Tome – 11 : Ligne d’arrivée, Flash Forward (uniquement en anglais), la série Batman Death Metal (en quatre volets) et enfin Flash Infinite – Tome 01 : En un clin d’œil (et ses suites, toujours en cours de publication). C’est-à-dire les couvertures ci-après (liens pour acheter en bas de cet article).

   

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 6 mars 2020 dans Batman Bimestriel #5 puis le 5 juin 2020 dans Flash Rebirth – Tome 08 : Le Prix.
Contient : The Price (Batman #64-65 + The Flash #64-65)

Scénario : Joshua Williamson
Dessin : Guillem March, Rafa Sandoval
Encrage : Guillem March, Jordi Tarragona
Couleur : Tomeu Morey

Traduction : Jérôme Wicky (Batman), Alex Nikolavitch (The Flash)
Lettrage : Sarah Grassart et Stephan Boschat (Studio Makma)

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Flash Rebirth – Tome 08 : Le prix (21 €)
Heroes in CrisisThe Price and other stories (uniquement en anglais – 20,95 €)
Heroes in Crisis (24 €)
Flash Rebirth – Tome 11 : Ligne d’arrivée (19 €)
Flash Forward (uniquement en anglais – 17,19 €)
Flash Infinite – Tome 01 : En un clin d’œil (17€)