Suite et fin de la série qui voit Bruce Wayne en meurtrier et fugitif. Après un excellent premier opus et un second assez médiocre et même totalement dispensable, on renoue avec le meilleur : les mystères sont résolus et la cohérence de l’ensemble reste satisfaisante ! Critique.
[Résumé de l’éditeur]
Trois mois ont passé depuis le meurtre de Vesper Fairchild, et Bruce Wayne demeure introuvable. Sillonnant les rues à la recherche de nouveaux indices pour innocenter son alter ego, le Chevalier Noir croise la route d’Azrael, une rencontre qui lui réserve bien des surprises… De leur côté, les membres de la Bat-Famille sont maintenant convaincus de l’innocence de leur mentor, mais tout reste encore à prouver, et le meurtrier à retrouver.
Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, le résumé de l’éditeur suffit amplement.
[Critique]
À l’instar des deux opus précédents, revenons sur le contenu du livre par titre des épisodes, séries dont ils sont tirées, noms de leur auteur et condensé de ce qu’ils racontent – sans révélations majeures. Accès (Detective Comics #771) de Greg Rucka replace Batman en liaison avec Saïd, un agent de l’organisation Checkmate (service de contre espionnage). De son côté, Alfred a bien du mal à se dépêtrer de Crispus Allen, ce dernier considère le majordome de Wayne comme complice dans son évasion. Dans Pitié, pitié, je veux vivre (Batgirl #29) de Kelley Puckett, Batgirl (Cassandra Cain), Nightwing, Oracle et Alfred font le point sur les indices pour remonter au véritable tueur de Vesper.
Volte-face (Gotham Knights #30) de Devin Grayson ajoute Azrael dans l’équation (ni suspecté d’être le meurtrier, ni connecté à tout cela – de prime abord), face à Nightwing puis Batman. Le célèbre Jean-Paul Valley est au cœur de sa propre série dans Confession puis Nouveau patron (Azrael #91-92 / parfois titré Azrael – Agent of the Bat), de Dennis O’Neil himself. L’antagoniste y fait face à son célèbre démon « imaginaire », sa psyché et sa vision de la justice. C’est dans Principe (Detective Comics #772) de Greg Rucka qu’on retrouve (enfin !) Sasha Bordeaux, toujours emprisonnée, prise de doutes – doit-elle dénoncer Bruce Wayne en échange d’une éventuelle remise de peine pour le compte d’un mystérieux commanditaire ?
Nettoyage (Gotham Knights #31) de Grayson lève le voile sur le pourvoyeur qui aurait embauché un tueur suite à une demande d’une personne… singulière. Courage (Batman #605) d’Ed Brubaker place le Chevalier Noir au centre de la résolution de l’affaire : il explique à ses alliés qui a tué Vesper et comment il s’y est pris. Prochaine étape : l’attraper et le donner à la justice. Dans les trois chapitres Expiation (Detective Comics #773-775), Greg Rucka montre un Wayne libre et innocenté. Son nouveau combat : retrouver Sasha Bordeaux, déclarée morte en prison mais qui est bien vivante quelque part…
24h/24 (Gotham Knights #32), toujours signé Grayson « relance » l’histoire : on y suit une journée de Bruce Wayne et ses importantes affaires (malgré son statut d’innocenté récent) puis, évidemment, son alter-ego justicier. La bande dessinée aurait pu s’arrêter là – admirablement conclue – mais d’autres ultimes épisodes s’ajoutent : Double pulsion mortelle (Batman #606-607), de Brubaker et du jeune Geoff Johns (29 ans à l’époque, il signe alors ses premières fictions chez DC Comics) suivent Batman face à Deadshot, chargé de tuer le meurtrier de Vesper (arrêté et emprisonné). Fête des pères (Batgirl #33) de Puckett vient conclure la série avant une double postface (de Rucka puis Brubaker).
Il était temps ! Les habituels scénaristes de cette petite saga achèvent avec une cohérence particulièrement plausible même s’il semble manquer d’autres épisodes, en particulier sur le commanditaire initial – identifié. On aimerait en savoir davantage ou lire un flash-back de son point de vue. On ne révèlera pas ici qui est l’assassin (même si un indice se cache quelques lignes plus haut) ni son « patron ». Ce troisième opus frôle le sans-faute d’un point de vue écriture mais il est, hélas, toujours gâché par ses affreuses planches. Comme pour les deux volets précédents, l’ensemble est disgracieux, aucun dessinateur « notable » sort du lot (cf. le bloc À propos), proposant des visages et proportions corporels toujours aussi laides. Malgré tout, le scénario prime sur le reste, donc on ferme les yeux volontairement sur la partie graphique (mais, bon sang, quelle perfection cela aurait été d’avoir seulement deux tomes, dessinés par la même personne avec un style agréable et homogène).
Ce troisième volet de Meurtrier & Fugitif comporte aussi et malheureusement trois chapitres dispensables – ceux sur Azrael – quasiment déconnectés du reste de l’histoire principale. Dommage de ne pas avoir eu droit à la place à ce qu’on évoquait au-dessus : un flash-back ou une sorte d’épilogue sur le véritable responsable de cette macabre orchestration. Ce long segment sur Valley casse un peu le rythme mais la suite se dévore d’un coup.
Le cheminement de Sasha Bordeaux et le très marquant échange final entre elle et Bruce tirent l’ensemble vers le haut, ajoutant un personnage relativement charismatique dans la vaste galerie de l’entourage du Chevalier Noir. On retrouvera ensuite Sasha dans l’organisation Checkmate (longuement abordée ici) dans la grande et chouette épopée Infinite Crisis, puis dans la série du même titre que l’organisation en deux livres (pas chroniqués sur ce site), se déroulant après la fameuse crise DC. Bien sûr, il manquait un peu plus d’intensité dans certains dialogues et des apparitions méritaient d’être plus longues au lieu d’être éphémères (Catwoman, Leslie Thompkins et même Tim Drake), mais l’a narration reste efficace, innovante et palpitante.
Pas grand chose d’autres à dire, les amoureux d’une ambiance polar devraient fortement apprécier Meurtrier & Fugitif. L’entièreté a visiblement été anticipé avant la finalisation, ce qui est une bonne chose. En occultant la dimension visuelle – peu mémorable – et en étant un peu plus sévère sur la série, on conseillerait donc uniquement le premier et dernier volet, soit 62 € de dépenses au lieu de 93 €, pas négligeable ! Comme dit dans la critique du deuxième tome dispensable, l’idéal est tout de même de lire/parcourir rapidement les deux épisodes de Nightwing, les seuls qui faisaient avancer l’enquête. À terme, Meurtrier & Fugitif sera dans Batman Chronicles (année 2002) ; il est aussi possible qu’Urban Comics les réédite dans le format Nomad, à petit prix donc, une fois l’édition actuelle en fin de vie – les volumes des grandes sagas de l’époque (Knightfall, No Man’s Land…) n’étant plus trouvables en commerce et uniquement annoncés dans les Chronicles à terme.
[À propos]
Publié chez Urban Comics le 15 février 2019.
Contient : Detective Comics #771-775 + Batgirl #29, #33 + Gotham Knights #30-32 + Azrael #91-92 + Batman #605-607
Nombre de pages : 384
Scénario : Devin Grayson, Ed Brubaker, Greg Rucka, Kelley Puckett, Denny O’Neil, Geoff Johns
Dessin : Roger Robinson, Scott McDaniel, Steve Lieber, Sergio Cariello, Damion Scott, Rick Burchett
Encrage : John Floyd, Andy Owens, Mark McKenna, Robert Campanella, James Pascoe, John Nyberg, Jim Royal, Robin Riggs, Sergio Cariello
Couleur : Gloria Vasquez, Gregory Wright, Jason Wright, Rob Ro
Traduction : Alex Nikolavitch
Lettrage : Moscow Eye
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