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Batman & Robin Eternal – Tome 02

Suite directe du premier tome de Batman & Robin Eternal qui conclut la série.

batman-robin-eternal-tome-2

[Histoire]
Cassandra Cain
retourne à La Nurserie, lieu secret où « Maman » élevait et façonnait ses orphelins à sa guise. Elle y affronte David, son père (aka « L’Orphelin »), le soldat d’élite très puissant qui seconde « Maman ». Grayson et Harper Row, alias Agent 37 (ex-Nightwing) et Sialia (Bluebird en VO) la rejoignent.

De leur côté, Red Robin et Red Hood sont à Gnose, la cité secrète de l’ordre de Saint Dumas. Red Robin décrète vouloir les rejoindre et a capturé Red Hood en guise de bonne foi. Azrael est méfiant mais son supérieur, se disant héritier de Saint Dumas l’accepte. L’occasion de découvrir le projet Ichtys, qui permettait d’améliorer le processus de « Maman » : une toxine de l’Épouvantail faisant vivre un trauma à un enfant orphelin, et Ichtys l’accentuant et le rendant plus fort encore. Un baptême violent que va inaugurer Jason Todd malgré lui, retrouvant le Joker peu avant la scène de sa mort.

Enfin, dans le passé, Batman et Robin continuent de traquer l’Épouvantail et Bruce Wayne semble avoir demander un terrible service à « Maman »…

Batman & Robin Eternal Mother Maman

[Critique]
Comme dans le tome précédent, autant le duo Red Robin/Red Hood fonctionne bien en terme d’alchimie et d’humour, autant leur arc avec Jean-Paul Valley/Azraël n’apporte pas grand chose, il apparaît même inutile (juste « sauvé » de justesse sur la toute fin avec le retour d’Azraël mais c’est un peu maigre).

La capture de Cain amènera à un premier retournement de situation, plutôt bien vu (peut-être anticipé par Scott Snyder dès la création du personnage de Harper Row). Les parents de celle-ci ont été attaqués par Cassandra, qui a tué sa mère, et Batman le savait et devait la prendre sous son aile… Difficile de savoir si le scénariste savait où il est allait dès les prémices du personnage de Harper dans sa série Batman, mais ça fonctionne bien et offre un bon enrichissement à la jeune femme ainsi qu’une évolution importante et complète.

Batman & Robin Eternal Red Robin Red Hood Azrael

Les dessins sont une fois de plus assurés par tout un bataillon d’artistes, peu ou prou les mêmes qui sont intervenus dans le premier tome, avec globalement une bonne cohérence et de jolis traits (pas partout mais l’ensemble, comme le précédent volume, tient bien la route, sauf lors de la « grande bataille finale »).

Justement, la dernière moitié de l’ouvrage est une suite d’invraisemblances dans cet affrontement : des enfants du monde entier se mettent à scander « Maman » et à s’en prendre à un membre de la Bat-Family (grâce à l’hypnose/lavage de cerveau — sic). Ainsi « Batman » (Gordon et son Bat-Robot) et « Robin » (le jeune Duke) sont à Gotham, Damian (qui est soudainement revenu sans explications ou note éditoriale — il faut se référer, une fois de plus, à un autre ouvrage, à savoir Batman & Robin : Tome 07 – Le Retour de Robin — qui chevauche Goliath, une chauve-souris géante — re-sic) est à Londres, Red Hood à Toronto, la Matrone (Héléna Bertinelli) à Bologne, Black Canary à Mexico, Katana à Kuala Lumpur, Red Robin à Moscou, Batwoman à Dubaï, Batgirl à Paris (à la Tour Eiffel, forcément…), l’ergot (des Hiboux) à Shangai, Catwoman à Sydney et des agents de Spyral à Tokyo.

Batman & Robin Eternal Spoiler

C’est le Midnighter (déjà intervenu dans le premier tome de Grayson) antagoniste charismatique et drôle, qui coordonne les combats à distance pour aider toute la Bat-Army. Problème : la plupart durent une case ou deux pour les héros les moins notables, les autres s’en sortent grâce à une « porte magique », c’est à la fois confus, facile et dommage. Plus tôt dans l’ouvrage, c’était une situation similaire qui avait lieu au pensionnat St Hadrian, bien connu des lecteurs de Grayson (les autres ne vont pas trop comprendre).

Bruce à Damian Wayne :
« Dick est une vision plus claire de ce que Batman était censé être.
Jason est prêt à faire ce que Batman refuse, quand le monde le réclame.
J’envie à Tim son esprit de stratège. Il n’agit jamais trop tôt.
Toi, si, parfois. Mais il se peut que ça te sauve, un jour.
Je veux que vous décidiez par vous-mêmes de vos destins… de vos vies. »

Batman & Robin Eternal Bruce Damian

Toute cette fin, hyper prévisible (de même que celle du passé avec Batman) n’apporte finalement pas de nouvelles choses surprenantes. Seule la relation entre Harper Row et Cassandra évolue d’une tournure intéressante, ce sont deux protagonistes qui ont davantage été au cœur du récit que d’autres, plus connus de prime abord. Grayson est par exemple plus en retrait dans celui-ci. Pas un défaut en soi, au contraire, un des bons points du livre.

Dans le lot des incohérences (ou invraisemblances, c’est selon) : difficile d’imaginer que Batman n’avait pas réussi à venir à bout de « Maman », encore plus de voir que les Robin abandonnent et pensent ne pas être de taille non plus… Le pire étant, comme évoqué brièvement, cette facilité scénaristique du lavage de cerveaux sur des gamins un peu partout dans le monde (avec des antennes sur des bâtiments en hauteur pour les activer). Ce n’est absolument pas crédible.

Batman & Robin Eternal Red Robin Dick

L’hypnose et l’endoctrinement sont deux éléments très difficile à rendre plausible par le biais d’une œuvre. Sur un petit nombre de personnages, cela peut fonctionner, lorsque c’est sur une multitude de sujets, comme ici, dans ce contexte si particulier, de façon internationale et sur des orphelins, c’est très risqué voire ridicule. Ça ne prend pas vraiment.

De même, le terrible Épouvantail est relégué à un ennemi craintif qui ne fait pas honneur à ce qui était annoncé avant. Le nouveau vilain, « Maman » donc, arbore un nom ridicule mais a un véritable but et sert un dessein auquel elle croit fermement (même si celui-ci n’a rien d’original : créer un nouveau monde plus fort avec des gens qui n’auraient aucune peur).

Batman & Robin Eternal Azrael

C’est donc clairement une déception… Si le premier tome était parfois un chouilla bancal côté scénario, l’ensemble restait sympathique et très prenant. Hélas, ce second tome —qui fonctionne bien sur un bon tiers (avec toujours un bon rythme et de l’humour)— accumule les maladresses et un final certes explosif côté forme mais hyper convenu côté fond. L’achat des deux tomes est surtout conseillé pour les amoureux de Grayson et de Harper Row. Il y a de bonnes choses attention, de très bonnes même, mais la fin manque cruellement de surprise, de finesse et d’enjeux. Faute à une faible originalité et des situations assez ubuesques.

Autant relire Batman & Robin Eternal, qui était très long et s’éparpillait un peu trop dans différentes situations mais avait le mérite d’être davantage épique, en faisait intervenir toute une galerie de personnages avec de bonnes trouvailles scénaristiques.

Batman & Robin Eternal Cassandra Cain Sialia Bluebird Spoiler

[À propos]
Histoire : Scott Snyder, James Tynion IV
Scénario : James Tynion IV (chap. 13-14-21-conclusion), Jackson Lanzing (chap. 15-16), Collin Kelly (chap. 15-16), Ed Brisson (chap. 17-18), Tim Seeley (chap. 19-20), Geneviève Valentine (chap. 22-23), Steve Orlando (chap. 24-25).
Dessin : Marcio Takara (chap. 13), Fernando Blanco (chap. 14-22), Roge Antonio (chap. 14-20), Christian Duce (chap. 15-23), Andrea Mutti (chap. 16), Roger Robinson (chap. 16), Goran Sudzuka (chap. 16-25), Scott Eaton (chap. 17-18-conclusion), Paul Pelletier (chap. 19), Geraldo Borges (chap. 20-conclusion), Tony Daniel (chap. 21), Alvaro Martinez (chap. 24), Javi Pina (chap. 25), Carlo Pergulayan (conclusion), Igor Vitorino (conclusion).
Encrage : Wayne Faucher (chap. 17-conclusion), Tony Kordos (chap. 19), Sandy Florea (chap. 21), Raul Fernandez (chap. 24), Jason Paz (conclusion), Marc Deering (conclusion), Gerlado Borges (conclusion).
Couleur : Dean White (chap. 13-14), Gabe Eltaeb (chap. 15-16-18-23-conclusion), Allen Pasalaqua (chap. 17-18-20-conclusion), Rain Beredo (chap. 19), Tomeu Morey (chap. 21), John Rauch (chap. 22), Chris Sotomayor (chap. 25).

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Stephen Boschat (Studio MAKMA)

Contient : Batman & Robin Eternal #13-26

Batman & Robin Eternal Robins
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Batman & Robin Eternal – Tome 01

Batman & Robin Eternal Cain

Bonus : la critique des deux volumes en une seule fois sur UMAC
(Reprise de mes deux articles sur ce site et ajouts des points positifs et négatifs)

Grayson – Tome 02 : Nemesis

Suite des aventures de l’ancien Robin, puis ex-Nightwing, ayant désormais une série à son nom dont la critique du premier tome est disponible ici.

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[Histoire]
Helena est désormais à la tête de Spyral, rendant des comptes à Spyder, étrange trio arachnéen. Helena est sommée par d’autres instances d’enquêter sur une série de meurtres à priori commis par Grayson. En effet, chaque fois que l’Agent 37 a combattu quelqu’un, ce dernier a été retrouvé mort peu après. Ses soupçons se dirigent vers l’Agent 1 (Tiger), qui tient Dick responsable de la mort de son ancienne coéquipière : l’Agent 8 (survenue dans le premier tome).

De son côté, Grayson a pour mission de voler un collier et de le remettre à son acheteur, qui s’avère être Lex Luthor. Le bijou étant constitué de kryptonite, et le puissant homme étant devenu membre à part entière de la Ligue de Justice et à la tête de l’A.R.G.U.S. (voir Justice League – Tome 08 : La Ligue d’Injustice), il est de son devoir de trouver des éléments pouvant faire plier ses collègues (Superman en l’occurrence).

L’ancien Robin n’arrive d’ailleurs plus à joindre Batman pour rendre les comptes de son infiltration (pour cause : Bruce Wayne est devenu amnésique après son combat contre le Joker et Alfred ne lui a pas dit qu’il avait été le célèbre justicier masqué — voir Batman – Tome 08 : La Relève (première partie)). Il décide dans la foulée de quitter Spyral et de retourner voir ses anciens alliés pour leur annoncer qu’il est en vie…

Grayson Fly

[Critique]
Ce second tome est clairement supérieur au premier. Il fait même partie des « coups de cœur » du site (même s’il n’est pas exempt de défauts). Outre la partie graphique, toujours autant soignée et agréable (on y reviendra après), l’histoire évolue de façon très intéressante, aussi bien pour le personnage principal, que sur les trames narratives et les connexions avec l’univers de Grayson. Il y a tout d’abord un agréable point de vue changeant du premier chapitre qui reprend le même que dans l’ouvrage précédent mais du point de vue d’un adversaire de Grayson. Ce petit aspect est la première pierre à l’édifice sur la plus grosse enquête dans Nemesis. Qui aboutira à la fois sur un combat contre « le double » de Dick (extrêmement bien écrit et dessiné, en plus d’être drôle) et une révélation qui est surprenante et non prévisible. C’est suffisamment rare dans le monde des comics que cela mérite d’être souligné. En outre, quelques aspects de Spyral, avec notamment Spyder, l’organisation Checkmate et deux ou trois détails rendent un chouilla confus certaines informations, surtout sur la fin, mais ce n’est pas très problématique. Le premier chapitre comporte des dialogues en espagnol non traduits, tandis que ceux du deuxième le sont, étrange (même chose dans les Batman Univers qui publiaient la série).

Grayson Tiger

Le quatrième chapitre narre les retrouvailles de l’ex-Nightwing avec tour à tour Bruce Wayne (amnésique donc) Jason, Tim, Barbara et Damian. Ce qui amène à de nombreuses références, à commencer par quelques échos au Deuil de la Famille sur les mensonges de Dick, similaires à ceux de Bruce à l’époque. Mais surtout au second tome de Batgirl (pour mieux saisir les réactions de Barbara), et plus ou moins au retour de Damian (L’éveil de Robin, Robin : Son of Batman, à lire dans les numéros de Batman Saga) et à la préparation de Robin War (un mini-évènement qui touchera plusieurs séries). Batman Eternal est aussi plus ou moins nommé, et les prémices de sa suite, Batman & Robin Eternal arrivent doucement. Mais pour ces cas des retrouvailles, nul besoin d’être familier avec tout l’univers pour apprécier la bande dessinée. On notera aussi des rappels, plus discrets, aux traditionnels Hiboux (introduits dans La Cour des Hiboux et régulièrement mentionnés) et à L’An Zéro ; et même à un ennemi de seconde zone : le Requin Tigre. Il est vrai par contre, que la série Batman, en particulier le tome 8, livre une clé de compréhension non négligeable sur l’absence de Bruce Wayne/Batman et même son remplaçant très robotique.

Grayson 2 Helena

Dans le même genre, il est évoqué une portion d’autoroute durant le chapitre annual, placé en milieu du tome, sur laquelle Batman avait combattu la Justice League. Il s’agit cette fois du tome 7 de la série Batman (Mascarade). Cette séquence voit Dick s’associer à Superman, un très bon moment, qui fait cette fois référence à Superman : L’Homme de Demain – Tome 02, puisque l’Homme d’Acier a, à priori perdu, ses pouvoirs. À nouveau ce n’est pas très grave de ne pas connaître toutes ses séries annexes pour la compréhension globale (même si c’est toujours un peu dommage), mais cela donne une séquence très « Mad Max Urbaine », assez comique (la moto « Lana » et les échanges entre Clark et Dick). On y retrouve aussi « Die Faust der Kain » (Le Poing de Cain), une équipe de mercenaires (évoquée à la toute fin de Nightwing ; qui servait de transition vers Grayson) qui tue bon nombre de personnes et leur permet de récupérer des points. Ce système, baptisé par Dick « Le Candy Crush du Meurtre », les motive (sic) à se débarrasser de plusieurs cibles, dont l’Agent 37 et Superman bien sûr.

La seconde partie de Nemesis, Comme un fantôme de la tombe remet l’Agent 37 au sein des mécanismes de Spyral. Ces deux derniers chapitres sont déjà plus convenus, peut-être moins prenants (exceptée la fin), un brin complexe, mais ça continue de fonctionner. Si l’éditeur les avait exclu, on aurait frôlé le tome « parfait » tant tout tenait la route et restait très bon visuellement parlant.

Grayson Mad Max

Une excellente première moitié d’ouvrage, un petit aparté un peu soudain (avec Superman, mais tout de même réussi) et une suite et fin satisfaisante (bien qu’en deça du début mais suffisante quand même). Graphiquement, c’est à nouveau un sans faute avec des planches parfois découpées de façon originale, donnant un bon dynamisme aux acrobaties du héros et lors des scènes de combat. Les traits sont toujours aussi soignés et élégants. À l’instar du tome précédent, seul le chapitre annual, dessiné cette fois par Alvaro Martinez vient casser la belle cohérence d’illustrations jusqu’ici mise en place par Mikel Janin, mais ce n’est pas non plus trop dramatique, juste un peu moins joli. Idem avec le chapitre final, croqué par Stephen Mooney, qui avait déjà opéré sur le premier tome à plusieurs reprises. On s’y retrouve, même si ça ne vaut pas la perfection de Janin.

On notera aussi quelques plans montrant le héros nu (ou son torse, ou encore quelques allusions sexuelles, déjà récurrentes dans le précédent livre). À priori, pas de quoi faire polémique, au contraire. Certains lecteurs y ont vu un côté érotique (!) et homosexuel (!!) ; il est plus pertinent d’y voir un penchant alternatif aux traditionnels dessins sexualisant constamment ses figures féminines. Ce qu’on voit dans Grayson (le corps pas forcément vêtu de Dick) n’est qu’un infime pourcentage de ce que produisent en continue les bandes dessinées américaines classiques mais en « sens inverse », c’est à dire au niveau de la femme (d’habitude ce sont les héroïnes qui sont courtement habillées ou dans des poses suggestives — sans que cela n’émeuve plus que ça). À prendre donc sous un prisme plutôt féministe, voire une évolution intéressante dans le monde malheureusement très sexiste (et encore bien fermé) d’une majorité des lecteurs de comics.

Grayson Tiger Shark

En attendant, cette série propose toujours quelque-chose de résolument original, « frais » et bien écrit. Drôle et parfois surprenante, Grayson souffre un chouilla des multiples références et légères connexions à ses nombreuses séries sœurs. Cela ne gâche pas la lecture mais n’en fait pas forcément une lecture « à part » et intemporelle, ce qui lui aurait permis de pouvoir presque devenir « culte ». Même si l’on est encore éloigné du côté super-héroïque, ce qui n’est absolument pas un reproche, au contraire, et des figures classiques (Batman, Nightwing, Robin), on s’en rapproche doucement sans que cela soit dommageable ou mal amené. Une lecture étonnante, à nouveau plus proche d’un James Bond qu’autre chose, mais particulièrement addictive et visuellement attractive.

Une galerie de couvertures alternatives et de dessins de recherches de personnages concluent l’ouvrage.

Grayson Superman

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 20 mai 2016.
Scénario : Tim Seeley & Tom King
Dessin : Mikel Janin, Alvaro Martinez (Un homme ordinaire) et Stephen Mooney (Comme un fantôme de la tombe — chapitre 2 (Grayson #14))
Encrage : Raul Fernandez (Un homme ordinaire) et Hugo Petrus (Comme un fantôme de la tombe)
Couleur : Jeromy Cox
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Thomas Davier

(Contient : DC Sneak Peek Grayson #1, Grayson #9-14 + Annual #2)
Prologue — Nemesis (3 chapitres) — Sous vos applaudissements — Un homme ordinaire (annual) — Comme un fantôme de la tombe (2 chapitres)
Publié dans Batman Univers #1 à #7 (mars à septembre 2016)

Grayson James Bond Grayson Kiss

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Grayson – Tome 01 : Agent de Spyral

Après les cinq tomes de la série Nightwing, d’une qualité très hétérogène, pour ne pas dire assez pauvre, et d’une conclusion ratée, Dick continue ses aventures dans Grayson. L’identité civile de l’ancien Robin ayant été dévoilée au monde entier durant Le Règne du Mal, il ne pouvait plus agir sous le costume de Nightwing.
Critique du premier tome, contenant les huit premiers chapitres, l’annual et un secret origin, tous déjà publiés dans les magazines Batman Saga d’avril à décembre 2015.

grayson-tome-1-agent-spyral

[Histoire]
À bord d’un train, Grayson, alias l’Agent 37 cherche à « récupérer » un homme, qui serait un « méta-humain » (qui possèderait donc de potentiels pouvoirs). Il est aidé par sa coéquipière Helena Bertinelli (aka la Matrone) ; tous deux travaillent pour Spyral, dont la base est le pensionnat St Hadrian, fausse école pour jeunes filles masquant en réalité l’entraînement de nouvelles recrues. Spyral est une organisation discrète qui œuvre en secret pour éradiquer les hommes dangereux. L’homme à sa tête, Monsieur Minos (dont le visage est justement une spirale — en tout cas aux yeux de tous), ne jure que par la transparence lorsqu’il l’estime nécessaire. Il peut d’ailleurs dévoiler les identités secrètes de tous les super-héros puisqu’il possède déjà un dossier très fourni et quasiment exact pour chaque justicier (Flash, Cyborg, Batman…).

C’est afin de lutter contre cette menace que Dick Grayson a infiltré Spyral, à la demande de Batman — auprès duquel il dresse un rapport régulièrement. Le jeune homme a en effet vu son identité civile révélée au monde entier et est censé être mort (voir Le Règne du Mal), une couverture idéale pour mener a bien sa mission secrète. Seul Batman est au courant que l’ex jeune prodige est en vie, même Alfred ne le sait pas !

En attendant de découvrir qui se cache derrière Monsieur Minos, ainsi que les sombres desseins de Spyral, Grayson et Bertinelli, accompagnés parfois d’autres agents, sont chargés de récupérer les organes de Parangon, conférant à ceux sur qui ils sont greffés des propriétés surhumaines. Leur route croisera à plusieurs reprises celle du violent Midnighter.

Grayson & Helena

[Critique]
Le dernier chapitre de Nightwing (le trentième) servait de transition, voire d’introduction à cette nouvelle série. On nous y présentait vaguement l’organisation terroriste Le Poing de Caïn (qui reviendra dans ce tome) ainsi que Spyral, et un ultime affrontement, un poil primitif et illogique, entre Batman et l’ex premier Robin. Il aurait été judicieux de le placer en début d’ouvrage pour rappeler ces éléments pour les lecteurs, nouveaux ou non.

« Fils. Acrobate. Le Grayson volant. Dick.
Acolyte. Phénomène. Le Jeune Prodige. Robin.
Héros. Protecteur. L’héritier noir. Nightwing.
Prisonnier. Victime. Le martyr démasqué.
Agent. Taupe. L’espion ressuscité. Grayson. »

Peu importe, on prend plaisir à suivre ce nouveau Dick, dans un savant mélange de thriller et de science-fiction. Un croisement entre James Bond/Jason Bourne/Mission : Impossible et un improbable jeu vidéo où la quête principale serait de récupérer des objets à chaque niveau (ici des organes). À côté de cela, la psychologie des héros n’est pas forcément très fouillée : peu ou prou d’interrogations sur la psyché et l’évolution de Dick. Son rapport à « sa mort », ses proches. Le tome se focalise sur ses missions, entraînant donc pas mal de scènes d’actions, plutôt réussies, et des dialogues inspirés, avec une bonne dose d’humour, comme dans les meilleurs moment de Nightwing (et qui rappelaient déjà plus ou moins l’ADN de Spider-Man). Le pensionnat St Hadrian n’est pas en reste avec pas mal de moments sympathiques voire franchement drôles avec les élèves (et surtout groupies) de Dick. Ces dernières, petits seconds rôles, mériteraient un développement plus abouti, peut-être par la suite, il y a du potentiel.

Grayson Midnighter

Malgré tout, ce premier tome contient quelques failles : un côté prévisible dans le déroulement des chapitres et principalement dans sa fin, expéditive et guère surprenante, une facilité scénariste avec l’hypnos, outil de manipulation greffé dans l’œil des agents *, des incompréhensions assez loufoques (le visage de Minos *, le rôle du « Jardinier » ?), une romance entamée (avec l’Agent 8) puis radicalement terminée sans revenir dessus, etc. Nonobstant, l’ensemble reste original et « frais », il est conseillé.

L’occasion aussi de (re)voir Midnighter, un anti-héros issu de Stormwatch, un univers de comics créé par Jim Lee en 1993 via son label Image Comics/WildStorm. Midnighter est plus connu, en France, pour ses apparitions dans les séries The Authority (signées par Warren Ellis à l’aube des années 2000 — qu’Urban rééditera à terme). Plus qu’une simple copie homosexuelle de Batman (costume similaire, violence excessive), Midnighter fait office ici d’antagoniste, tour à tour ennemi puis allié forcé. Impossible évidemment de ne pas y voir une alternative à l’ancienne relation (professionnelle et amicale) de Robin envers son mentor. On découvre également la version New52 de Helena Bertinelli, plus connue sous son alias de Huntress. Fille d’un mafieux et super-héroïne violente et radicale dans la continuité et la chronologie « classique », Huntress apparaît surtout dans la saga No Man’s Land et plus anecdotiquement dans Silence. Ici elle est une « simple » agent et co-équipière de Dick, plutôt sympathique.

En plus des qualités d’écritures (même s’il y a les imperfections évoquées plus haut) de Tim Seeley et Tom King, la partie graphique est extrêmement réussie. Mikel Janin a un style très fin et réaliste, la colorisation de Jeromy Cox donne ainsi un aspect se rapprochant d’un jeu vidéo en 2D (un peu comme du cell-shading) en beaucoup plus élégant. L’ensemble confère une légère fausse impression de relief, parfaitement léchée. Le quatrième chapitre, se déroulant quasi intégralement dans le désert est somptueux, sans nul doute le passage le plus abouti visuellement parlant. L’annual est assuré par Stephen Mooney, pas déplaisant non plus mais dans un style sensiblement différent, valant le détour pour ses paysages irlandais (d’où provient le dessinateur justement). Si cet annual n’est finalement pas très « original » car il reste dans le ton des autres chapitres (ce n’est pas un reproche en soi), le secret origin, à nouveau dessiné par Mooney, est moins convenu : le passé du héros étant narré par Helena lorsqu’elle conseillait Mr Minos de recruter Dick. Un joli écho à un passif super-héroïque qu’on aurait presque tendance à oublier en lisant les aventures de ses « agents très spéciaux ». Mooney rempilera pour un autre chapitre (le septième) avant que Janin ne termine l’arc en reprenant la main. La cohérence reste de mise entre les deux, même si clairement les traits de Mooney, plus gras, et l’absence de détails dans certaines cases sont à relever.

Grayson Desert

Reste que, légitimement parlant, nous ne sommes pas vraiment dans une histoire de super-héros mais plutôt d’espionnage. Loin d’être un défaut, cela va dérouter les lecteurs s’attendant à trouver des justiciers costumés et des références à Batman. Celles-ci sont éparses, entre une communication entre l’ancien élève et son mentor (noms de code des deux : Ornithologue et Monsieur Malone) sur une courte planche par chapitre, et quelques références à Batman Eternal (qui se déroulait en même temps). Beaucoup de changements donc, et pas de Robin ni de Nightwing.

Une lecture soignée, imparfaite mais rafraîchissante, drôle et qui change de l’univers « classique » de Batman, voire de DC Comics. La part belle aux illustrations et aux couvertures compensent les faiblesses d’écriture. Chaudement recommandé.

Grayson Dick Sex

« Oh, oui, vous, les nobles super-héros, vous tirez des rayons laser, des flèches, des batatrucs, mais un flingue, non, non, jamais.
Seigneur Dieu ! Pas un flingue !
Vous êtes tous comme Batman. Des petits garçons cachés sous leur masque, qui pleurent leur maman décédée. […]
Tu n’es pas un super-héros. Tu es un espion avec un flingue. Tu n’es pas Wing-Knight, Night-Wing ou quoi que ce soit. »

NB : Le chapitre one-shot de Grayson « Futures End » (se déroulent dans le futur) a été publié entre les chapitres 2 et 3 de la série. Intitulé Un lieu unique pour mourir, ce dernier était plutôt audacieux (se déroulant dans le désordre chronologique) et mérite sa place dans un ouvrage en librairie (peut-être dans les tomes suivants ?) car même si l’histoire décrite dans ce dernier (dans un possible futur cinq ans après « le présent ») ne se réalise pas, il vaut le détour.

Grayson Hypnos

* en détail : la « technologie hypnos de distorsion visuelle et de manipulation mémorielle » permet d’hypnotiser les personnes regardant les visages de ceux qui portent l’hypnos ; ainsi ceux qui croisent les agents sont incapables de se souvenir de la face de leur agresseur, ils ne voient qu’une spirale à la place d’un visage. C’est ce même principe qui est appliqué à Monsieur Minos, rendant son visage méconnaissable également pour ses propres agents. Le tome 2 viendra davantage éclairer ce concept.

La critique du tome 2 (la suite directe) est en ligne.

Grayson Mr Minos

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 6 novembre 2015.

Scénario : Tim Seeley & Tom King
Dessin : Mikel Janin et Stephen Mooney (Grayson #7 + Secret Origins #8 + Annual #1)
Couleur : Jeromy Cox
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Thomas Davier
Publié dans Batman Saga #35 à #43 (avril à décembre 2015)

(Contient : Grayson #1-8, Annual 1 + Secret Origins #8)

Grayson Action

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Grayson Helena