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« La Guerre des Robin » (Batman Univers #7-#9) + « We are Robin » (Batman Univers HS #3-4)

Double critique aux publications particulières. La Guerre des Robin est le nom d’un crossover publié fin 2016 dans les magazines Batman Univers #7 à #9. Cet évènement s’étale sur six chapitres : Robin War #1-2, Grayson #15, Detective Comics #47, We are Robin #7 et Robin, Son of Batman #7 (à ne pas confondre avec le titre français éponyme du deuxième tome de la série Batman & Robin).

We are Robin est le titre en VO d’une série centrée sur des jeunes de Gotham, membres du mouvement « Nous sommes Robin » (se réclamant justiciers de la ville en arborant des logos et couleurs de Robin), où l’on retrouve Duke Thomas. Constituée de 12 épisodes (ainsi qu’un prologue DC Sneak Peek), la série a été publiée dans les hors-séries #3 et #4 de Batman Univers. Le HS#3 contenait les six premiers chapitres constituant l’histoire Nous sommes Robin, le HS#4 les cinq derniers, proposant le récit Nous sommes Joker (puis Héros à temps plein). L’épisode manquant (le chapitre #7) n’était pas inclut car il faisait partie de La Guerre des Robin.

On peut d’abord lire Nous sommes Robin puis La Guerre des Robin, histoire d’être familiarisé un peu plus avec les adeptes du mouvement. Ou bien on peut lire dans l’ordre proposé dans cette critique, correspondant aussi à la publication en France ; dans les deux cas ça ne change pas grand chose. Au global, on conseille La Guerre des Robin mais pas trop la série qui tourne autour… Explications.

Couverture promotionnelle du crossover La Guerre des Robin (Robin War) (g.)
et couvertures des deux tomes (VO) de l’intégralité de la série We are Robin (dr.),
toutes trois dessinées par Khary Randolph.

Couvertures des deux numéros de Batman Univers Hors-Séries (automne 2016 et hiver 2017)
qui ont publié l’intégralité de la série We are Robin, toutes deux dessinées par Lee Bermejo (scénariste de l’entièreté de la série).

Partie 1 – L’évènement La Guerre des Robin (Robin War)

Dessin promotionnel de Lee Bermejo, un des scénaristes de l’évènement.

[Histoire]
Plusieurs enfants et adolescents s’inspirent de Robin pour s’auto-proclamer justicier dans Gotham. Après un accident qui coûte la vie à un policier, les « lois Robin » sont créées et durcissent considérablement les libertés des jeunes citoyens de la ville. Un emblème, une couleur ou une allusion à Robin peut suffire à faire arrêter quelqu’un. Tous les adeptes du mouvement « Nous sommes Robin » sont recherchés.

Duke Thomas et ses camarades issus de ce collectif refusent de se laisser faire. Il en est de même pour Damian Wayne, « le vrai Robin », bien décidé à affronter ceux qu’il juge comme des imposteurs et qui ne rendent pas honneur au co-équipier de Batman ni au Chevalier Noir lui-même.

Les anciens Robin ne seront pas de trop pour aider tout ce beau monde : Dick Grayson (devenu Nightwing puis l’Agent 37 de l’organisation Spyral — son état actuel au moment où se déroule le récit), Jason Todd (Red Hood) et Timothy Drake (Red Robin). Bientôt, chacun sympathise avec un de leur « élève » : Nightwing et Duke, Red Robin et Dre, Red Hood et Dax puis Robin et Isabella.

Le GCPD et le « nouveau » Batman (en réalité James Gordon dans une armure high-tech, cf. explications dans la critique) s’appliquent à faire respecter les « lois Robin », quitte à se battre voire emprisonner les alliés de la croisade de Batman.

Dans l’ombre, la Cour des Hiboux semble manipuler les bonnes personnes afin de concevoir des traités légaux qui les arrange et… faire revenir Nightwing !

[Critique]
Voilà un récit qui mériterait une publication en librairie ! L’histoire est assez originale et met au premier plan une foule de protagonistes. Il est rare de voir les quatre Robin ensemble, c’est très plaisant de les retrouver ici. Si La Guerre des Robin est plutôt accessible, elle est plus appréciable quand on a en tête les connexions aux différentes séries auxquelles elle fait référence. Tout d’abord Batman et plus particulièrement ses deux premiers tomes (La Cour des Hiboux et La Nuit des Hiboux) et ses deux derniers tomes (La Relève, partie 1 et partie 2). En effet, le récit se déroule en parallèle de cette conclusion, lorsque Bruce Wayne est amnésique et que Batman est désormais incarné par James Gordon lui-même, fortement aidé par une armure géante high-tech. De même, la traditionnelle Cour des Hiboux trouve ici légitimement une place de choix et permet même d’être une « suite » à leur arc narratif. Créée par Scott Snyder dans les deux titres pré-mentionnés, on l’a revue de façon éparse sans réellement constituer de « menace sérieuse ». Ensuite, l’on fait écho au fameux ergot et à l’héritage de Dick Grayson sous cet alias (cf. deuxième tome de sa série Nightwing). Enfin, d’autres allusions diverses parsèment l’ouvrage (à la série Gotham Academy entre autres, le reste étant moins prononcé). Idéalement il faudrait donc connaître à minima La Cour puis la Nuit des Hiboux pour mieux apprécier La Guerre des Robin. Duke Thomas étant aussi au premier plan, la lecture est plus aisée si on est familier du personnage qui est apparu, lui aussi, dans la série Batman de Scott Snyder (dans L’An Zéro).

Définitivement « urbaine », cette guerre multiplie les points de vue et se permet de belles surprises, pas forcément décelables. On apprécie aussi, toutes proportions gardées bien sûr, la dimension politique présente : bavure policière, jeunesse révoltée, lois restrictives, etc. Le tout en jonglant habilement entre les side-kicks de Batman avec des dialogues percutants, chacun mettant en avant sa forte personnalité. En un mot : les amoureux de tous les Robin ou même d’un en particulier devraient y trouver leur compte. L’ensemble est très bien rythmé, se lit rapidement et les six épisodes forment une histoire à peu près complète.

« A peu près » car… la conclusion invite à se tourner vers la série Grayson (très chouette au demeurant) pour avoir la « suite » (centrée sur Dick/Nightwing/Agent 37 donc) mais ce n’est pas vraiment le cas… En effet, au moment où s’achève La Guerre des Robin, Grayson entame sa dernière ligne droite dans les chapitres #16 à #20 (le #15 faisait partie justement de La Guerre des Robin). Dans ces cinq épisodes, compilés dans le troisième et dernier tome de la série, il n’est pas fait mention du statu quo ou du rôle de Dick au sein des Hiboux… Très étrange donc, peut-être un plan prévu pour plus tard qui ne s’est jamais réalisé ?

Comme souvent dans ce genre de crossover, une armée de dessinateurs différents opère, carrément une petite quinzaine ici ! Khary Randolph, Alain Mauricet, Jorge Corona, Andres Guinadlo, Walden Wong, Mikel Janin, Steve Pugh, Carmine Di Gianomenico, Patrick Gleason, Alvaro Martinez, Raul Fernandez, Scott McDaniel et Andy Owens enchaînent donc les planches tour à tour, chacun avec un style différent mais grâce aux nombreux héros costumés, on n’a pas trop de mal à s’y repérer. Il faudra en revanche fermer les yeux pour espérer une homogénéité graphique (forcément) mais… ce n’est étonnamment pas trop dérangeant ici. Peut-être à cause du trop grand nombre d’artiste, on se plonge rapidement dans l’histoire sans faire trop attention à ce côté visuel puisqu’on est vite habitué à la différence des genre (cinq dessinateurs officient pour le premier chapitre uniquement !). Le tout sous la houlette de plusieurs scénaristes qui travaillaient sur leurs séries respectives à l’époque : Tom King pour les épisodes Robin War et Grayson, Ray Fawkes pour Detective Comics et Robin, son of Batman et enfin Lee Bermejo pour We are Robin (voir ci-après). Nul doute qu’il y a eu concertation entre les trois auteurs pour garder une cohérence entre les évènements, à priori initié et chapeauté par Tom King.

La Guerre des Robin s’encre à un instant précis de la mythologie de Batman (rendant peut-être délicate sa lecture en postérité), ce dernier y est d’ailleurs totalement absent, mais permet d’offrir un segment singulier, plaisant et, d’une certaine façon, innovant. On le conseille donc pour cette approche plus ou moins inédite, qu’on aurait aimé être étalée sur une dizaine de chapitres au total et, bien sûr, pour les fans des Robin.

Partie 2 – La série We are Robin
Nous sommes Robin (6 chapitres) + Nous sommes Joker (4 chapitres) + Héros à temps plein (1 chapitre)

[Histoire — Nous sommes Robinpublié intégralement dans Batman Univers HS#3]

Duke Thomas
recherche désespérément ses parents, disparus suite à l’attaque du Joker (dans Mascarade). Le jeune homme est placé par Leslie Thompkins dans une famille d’accueil dont il s’échappe rapidement.

Dans Gotham, le mouvement « Nous sommes Robin » fait des adeptes : des jeunes issus du collectif entendent bien  protéger les citoyens. Mais entre la police, une organisation de SDF obéissant à une étrange personne, la fameuse Cour des Hiboux et le mystérieux homme se cachant derrière le terme « Le Nid », les adeptes singeant Robin ont du travail.

Duke se joint à eux et combat aux côtés de Riko Sheridan, Daxton ‘Dax Chill, Isabella Ortiz, Troy Walker et Anre ‘Dre’ Cipriani.

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[Critique]
En six épisodes, le scénariste Lee Bermejo propose une incursion plutôt réussie avec un côté « street culture » et de nouveaux protagonistes sympathiques mais qui n’ont malheureusement pas droit à un portrait plus fouillé… à l’exception de Duke Thomas bien sûr et Riko Sheridan, fan de Batgirl (la super-héroïne intervient même le temps du chapitre dédié à Riko — le quatrième et le plus intéressant graphiquement, on y reviendra). On pourrait bien sûr lire ce récit avant La Guerre des Robin mais, in fine, ça ne change pas grand chose (il se déroule juste avant et a été publié à peu près en même temps en France), sauf pour être un peu plus familier avec ces nouveaux Robin.

Le problème majeur de l’œuvre est son manque de contextualisation et de « présentation générale » : qui sont ces jeunes ? d’où sortent-ils ? pourquoi décident-ils de devenir des justiciers ? quel est leur passé ? Comme dit, seul Duke Thomas bénéficie d’un traitement de faveur car il est l’un des fils rouges narratifs de l’histoire et, surtout, les lecteurs de longue date le connaisse bien puisqu’il est apparu durant L’An Zéro (de la série Batman). Ses partenaires, d’illustres inconnus dès le début, sont attachants pour la plupart mais on aurait aimé un chapitre centré sur chacun d’entre eux (il n’y a que Riko qui y a droit). On lit toutefois sans déplaisir Nous sommes Robin, changeant assez le ton et le côté héroïque des comics de la même mouvance (pas de super-héros « grandiloquents » ici, une tragédie au milieu du parcours, un côté urbain plus prononcé, un énigmatique personnage — que les fans vont aisément deviner, etc.).

Jorge Corona dessine cinq épisodes (aidé de Patricia Mulvihill à la colorisation). Son style est dynamique et un peu anguleux est tout à fait correct pour une bande dessinée du genre (même s’il ne se démarque pas tant que ça que bon nombre de productions similaires). En revanche, la patte de James Harvey qui officie durant le quatrième chapitre (celui sur Riko et Batgirl) est d’une folle originalité et dénote brillamment avec le reste ! L’artiste s’occupe également de son encrage (avec Diana Egea) et de ses couleurs (avec aussi Alex Jaffe). Place à un découpage singulier, bourré de couleur, à l’esprit « pop-art ». Sublime ! Lee Bermejo signe quant à lui les dessins de couverture.

En tant qu’histoire « seule », Nous sommes Robin ne mérite pas forcément qu’on s’y attarde. En revanche, couplée à La Guerre des Robin, ça passe nettement !mieux ! Malheureusement sa suite et fin (Nous sommes Joker, voir ci-dessous) n’est pas à la hauteur, cela propose donc trois volumes plutôt originaux et changeant du matériel « classique » autour du mythe de Batman mais clairement dispensables (sauf pour les fans de Duke Thomas).

[Histoire — Nous sommes Joker + Héros à temps plein • publiés intégralement dans Batman Univers HS#4]

Après les évènements survenus durant La Guerre des Robin, Duke Thomas poursuit toujours ses recherches afin de retrouver ses parents victimes d’une toxine du Joker.

Ses camarades de « Nous sommes Robin » continuent leur chemin de leur côté…

Mais quand John Bender Jr., fanatique du Joker tue sort de prison, assassine ses parents et se grime en Clown Prince du Crime sous le nom de Rictus, le mouvement des jeunes Robin doit intervenir !

Dans l’ombre, le mystérieux homme derrière « Le Nid » se dévoile peu à peu et continue d’aider ces jeunes justiciers.

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[Critique]
Les quatre premiers épisodes (en réalité les chapitres #8 à #11 de la série We are Robin) forment la plus importante histoire du numéro. La petite troupe de Robin se retrouve face aux Jokerz (!) mené par un nouvel antagoniste. Hélas, cet affrontement étiré est le moins passionnant et sans réelles surprises. Ce sous Joker sert du réchauffé, on préfère vivement s’intéresser au quotidien des jeunes. Malgré tout, ça manque encore cruellement d’émotions ou d’approfondissement plus soigné chez ces citoyens semi-justiciers. Il y a bien quelques pistes intrigantes (l’un d’eux serait un décédant de Joe Chill, Alfred a été leur complice…) mais ce n’est pas assez creusé. Idem du côté de Duke Thomas, davantage en retrait cette fois et qui a retrouvé ses parents.

En synthèse, on a bien du mal à apprécier l’entièreté de la série malgré quelques bonnes idées, l’atout sympathie de certains personnages et la semi-originalité de l’ensemble (le premier hors-série est meilleur que ce second, moins travaillé). On favorise nettement le cross-over La Guerre des Robin au détriment de cette autre série We are Robin. Côté équipe artistique, on a à peu près la même que pour les précédents chapitres : Lee Bermejo au scénario (et illustrations de couverture), Jorge Corona aux dessins et à l’encrage, Patricia Mulvihill à la couleur (et Rob Haynes au découpage).

Alors, quel bilan tirer de tout cela ? Difficile de conseiller finalement We are Robin/Nous sommes Robin… Le plus simple est peut-être de commencer par La Guerre des Robin (qui dans tous les cas est recommandé) et si on a « aimé » tous les nouveaux personnages (dont on a déjà vite oublié les prénoms…) et l’univers un chouilla « street culture », alors pourquoi pas tenter la série We are Robin (et, donc, les deux hors-séries de Batman Univers — mais n’en lire qu’un seul n’aurait aucun intérêt). Les fans de Duke Thomas devraient aussi se tourner vers ces comics tant il est mis en avant. Pour tous les autres, pas la peine de s’attarder sur tout ça (la mythologie du Chevalier Noir en demeurera d’ailleurs inchangée).

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Couverture de la version US de Robin War, reprenant les six chapitres principaux de l’évènement et trois autres inédits (tie-ins) issus des séries Gotham Academy, Red Hood/Arsenal et Teen Titans. Probablement la façon la plus simple de lire le cross-over pour les amateurs d’anglais ou de VO.

Robin – Fils de Batman

Suite directe de la série Batman & Robin, ce récit complet a été publié dans tous les numéros du magazine Batman Univers de mars 2016 à avril 2017 avant de bénéficier d’une réédition intégrale en librairie fin juin 2017. Critique d’une œuvre mettant en avant l’enfant terrible de Bruce Wayne, aussi têtu qu’attachant… dans une longue aventure très inégale.

(La couverture de la version librairie (g.) et la couverture du troisième chapitre de la série
qui était également celle du troisième numéro de Batman Univers (dr.).
Cette image est aussi celle choisie en quatrième de couverture de la version librairie.)

[Résumé de l’éditeur]
À peine revenu d’entre les morts, Robin a passé une année, bientôt connue sous le nom d’An de Sang, à accomplir des tâches quasiment impossibles pour le compte des Al Ghul. Mais l’heure est à présent à la rédemption pour le fils de Bruce Wayne. Aidé de Goliath, son dragon apprivoisé, ainsi que d’un assassin nommé Personne, Robin plonge dans une longue quête où il pourra racheter ses fautes et enfin tourner la page. [1]

[Histoire]
Damian Wayne/Robin parcourt le monde avec Goliath, son « Man-Bat » géant apprivoisé. Le justicier retourne aux endroit où il avait tué ou meurtri plusieurs innocents, il rend également des artefacts qu’il avait dérobé.

Sa quête de rédemption n’est pas sans obstacle : Maya, la fille de Personne se dresse sur sa route (« Personne » était le nom de l’antagoniste Morgan Ducard que Damian a tué des années auparavant — cf. le premier tome de Batman & Robin (format simple ou intégrale)). Cette dernière décide de l’accompagner pour mieux se venger ensuite mais une étrange amitié naît entre les deux enfants.

Dans l’ombre, quelqu’un tente de ramener Talia al Ghul à la vie…

[1] Ce résumé officiel contient deux erreurs factuelles assez étranges. Goliath n’est pas un dragon mais un « Man-Bat », comme dit dans les nombreux avants-propos des numéros de Batman Univers. Il est aussi qualifié de « dragon chauve-souris » dans la bande dessinée puis de « chauve-souris ». Le qualifier uniquement de « dragon » n’est donc pas tout à fait correct (mais c’est un détail peu important). En revanche, « L’An de Sang » ne correspond pas à l’année qui suit la résurrection de Damian mais à une année qui s’est déroulée lorsqu’il était au service de la Ligue des Assassins, bien avant d’endossée la cape de Robin. Cette mauvaise dénomination peut embrouiller le potentiel acheteur se référant uniquement au synopsis.

[Critique]
Le prologue de la série (Sneak Peek) ouvre l’ouvrage avant de proposer les chapitres #1 à #6 (formant l’arc narratif L’An de Sang) puis #8 à #13 (six chapitres qui se suivent aussi mais certains un peu plus indépendants). Il manque donc le #7, ce qui est normal car celui-ci fait partie du crossover La Guerre des Robin (bien présent dans les numéros de Batman Univers et qui impactait d’autres séries comme Grayson, Robin War, Detective Comics… cf. cette autre critique).

Le premier récit, L’An de Sang, est écrit et dessiné par Patrick Gleason, déjà à l’œuvre (mais uniquement aux dessins) sur la série Batman & Robin, qui précède ce volume. Avant de plonger dans la bande dessinée, un bon récapitulatif d’Urban Comics (intitulé Tu ne tueras point) permet de se remémorer l’histoire de Damian Wayne (ou la découvrir) sans passer par la case lecture intégrale de Grant Morrison présente Batman puis Batman & Robin, les deux principales sagas où il était au cœur de l’action. En bref (pour les lecteurs novices) : Damian est le fils de Talia al Ghul et Bruce Wayne. Ce dernier ignorait son existence. La Ligue des Assassins l’a entraîné et formé pour devenir un puissant tueur. Têtu, buté et orgueilleux, le garçon ne contrôle pas sa colère ni ses pulsions assassines quand il est confié à son père. Le Chevalier Noir lui fait endosser la cape de Robin. Âgé de dix ans, Damien Wayne découvre l’entourage du protecteur de Gotham et patrouille avec lui. En combattant face à l’Hérétique, un de ses clones génétiquement modifié et artificiellement vieilli, le jeune enfant trouve la mort (sa mère est tuée par Batwoman dans la foulée). Revenu à la vie grâce à la ténacité de son père et diverses énergies provenant d’Apokolips entre autres, Damian tente d’expier ses pêchés. C’est ce retour que nous présente Robin, fils de Batman.

Le début est confus, multipliant les références au passé de Damian, navigant d’un pays à un autre, du présent au passé, de personnages secondaires différents, etc. Il faut un peu s’accrocher mais à partir du troisième chapitre (sur six pour cette première moitié d’ouvrage), ça devient plaisant : les protagonistes commencent à être attachants, le puzzle s’assemble et… Deathstroke fait son apparition ! Le scénario, à la fois ambitieux et intimiste se lit aisément sans révolutionner le genre : les aventures et combats se suivent et ne se ressemblent pas trop mais sans réelles surprises quant à leurs issues et conséquence. L’intérêt réside davantage dans la richesse (surtout visuelle) de l’univers déployé par Gleason (avec plus ou moins de réussite — cf. paragraphe suivant). Vadrouiller dans de nombreux lieux et croiser toutes sortes d’entités (humaines, démoniaques, hybrides…) se révèle assez plaisant et ravira bien évidemment les fans de Damian Wayne. Ses détracteurs ne seront pas conquis ici, tant le gamin garde son caractère insupportable mais paradoxalement très attachant par moment.

Côté dessins, on retrouve la même problématique que sur la série Batman & Robin : les visages de Patrick Gleason manquent cruellement de détails et de charme. Beaucoup trop « lisses », ils ne sont pas aidés non plus par l’encrage de Mick Gray et la colorisation de John Kalisz. C’est dommage car Gleason (et ses deux compères) assurent totalement quand il faut mettre en scène des séquences d’action improbables aux cases et planches généreuses ! Le dessinateur est à son meilleur quand il doit mêler des créatures, monstres, costumes, masques, squelettes, animaux fantastiques, etc. (bien aidé par les palettes chromatiques riches et variées) dans des situations épiques. Ces passages sont clairement les plus beaux de L’An de Sang, permettant de hausser le niveau de l’aspect graphique (on sent que l’artiste se « lâche » davantage ici que sur Batman & Robin). Sinon, entre fonds de cases assez pauvres et gros plans sur des visages ratés, le comic-book ne brille pas particulièrement sur cette partie malheureusement…

La suite est écrite par Ray Fawkes (Batman Eternal, Detective Comics…), accompagné par Ramon Bachs cette fois pour le dessin et l’encrage ainsi que de Mat Lopes pour les couleurs. Six autres épisodes ferment donc cette grande aventures (300 pages environ au total) : Cœur de glace, L’éveil du fils, Massacre chez les gorilles, Le baroud de la fin du monde et Ça ne finit jamais ! A noter que Patrick Gleason rempile pour un chapitre rapidement (Petits anges).

Si l’aspect graphique est plus séduisant (niveau visage surtout), la narration est inégale durant les trois premiers épisodes, enchaînant semi-histoire indépendante (se déroulant à nouveau durant l’An de Sang) et suite de ce qu’on a lu juste avant. Bruce Wayne est toujours amnésique, Damian se réfugie dans la Batcave avec Goliath, Titus (son chien), Pennyworth (un chat) et même la Bat-Vache (!), avec la complicité d’Alfred. Ce segment aurait pu être approfondi (la tristesse du fils face à un père qui ne le connaît pas, Alfred en figure paternelle de substitution… il y avait tant à explorer !) mais est délaissé au profit d’un retour sur le territoire des Ghul : une île mystérieuse, le bateau de Talia, le retour de Maya/Personne, la cité Gorille (et même l’île aux dinosaures ensuite ! — hélas toutes deux survolées) et… les Lu’un Darga, serviteurs de Den Darga et son fils Suren Darga. Ce dernier est probablement la pire idée scénaristique du comic-book : un Damian/Robin « bis » du côté des méchants, un gamin du même âge, du même sexe, du même caractère et qui a globalement de la même allure… Zéro originalité ; autant rapatrier un énième clone, cela aurait été plus pertinent car au final, on a un peu l’impression d’assister à un second titre calqué sur le premier, il n’y a pas de grandes différences majeures entre les deux…

Dès la première planche du quatrième épisode, Batman (Bruce Wayne, le vrai donc) est de retour ! On ne sait ni comment ni pourquoi et il n’y a pas de note explicative ou renvoi vers l’autre bande dessinée qui justifie cela (Batman La Relève) — ni dans la version librairie ni en magazine. C’est donc beaucoup trop rapide et risque de perdre le lecteur néophyte. Sans surprise, le Chevalier Noir prête main forte à son fils mais pas le temps d’avoir de retrouvailles émouvantes, l’action s’enchaîne sans temps mort. Dommage à nouveau.

L’ensemble du tome propose des aventures exotiques, colorées et plus ou moins sympathiques (c’est parfois drôle, « frais et léger », ça enrichit un peu Damian — même si on a toujours du mal à « croire » aussi bien à son passé de meurtrier mais aussi de ses éventuels états d’âmes dans sa quête de rédemption…) mais, in fine, guère fascinantes et aux dessins hétérogènes. Mi-figue, mi-raison donc, les aficionados de Damian aimeront probablement, les autres nettement moins.

Damian et Goliath promett(ai)ent une histoire singulière vu le matériel plutôt inédit et rarement vu dans la mythologie du Chevalier Noir, hélas ce n’est pas vraiment le cas ici. L’édition du tome comporte une trentaine de page de compléments : couvertures alternatives, dessins en noir et blanc, travaux de recherche, brouillons, etc. De quoi satisfaire les fans du comic.

On aimerait pourtant bien voir d’autres récits mais mieux écrits et plus cohérents. Maya est attachante, la complicité entre Goliath et Damian fonctionne bien, le trio est atypique, les moments partagés entre Damian et ses parents peuvent donner des choses intéressantes, etc. En somme : il y a de quoi faire ! Et malheureusement ça n’a pas été fait et ne le sera probablement plus. La série s’est en effet arrêtée en août 2016, rien ne laisse supposer qu’elle pourrait reprendre, tout comme ces quelques bribes d’idées peuvent convenir à n’importe quel autre titre ou de nouvelles histoires à créer… Paradoxalement, Robin – Fils de Batman se termine sur une pleine page qui annonce presque ces nouvelles aventures (Ça ne finit jamais !).

[A propos]
Publié en Franche chez Urban Comics le 30 juin 2017 mais aussi dans Batman Univers #1 à #14 (mars 2016 à avril 2017).
Contient DC Sneak Peek : Robin, Son of Batman #1 + Robin, Son of Batman #1-6 et #8-13

Scénario : Patrick Gleason, Ray Fawkes
Dessin : Patrick Gleason, Ramon Bachs, Mick Gray
Encrage : Mick Gray, Tom Nguyen, Ramon Bachs
Couleur : John Kalisz, Jeromy Cox, Mat Lopes

Traduction : Alex Nikolavitch
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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Grayson – Tome 03 : La fin de Spyral

Troisième et dernier tome des aventures du jovial et charismatique Dick Grayson en agent secret, alias Agent 37 ! Après deux volumes convaincants (critiques du premier ici et du deuxième là), que vaut la conclusion de cette saga davantage proche de James Bond que d’une aventure super-héroïque ?

[Résumé de l’éditeur]
En guerre contre l’agence d’espion qu’il avait infiltrée plus connue sous le nom de Spyral, Grayson, aussi appelé Agent 37, et anciennement Nightwing, se retrouve à présent contre son ancienne partenaire, Helena Bertinelli. Allié à l’agent 1 qui l’aide dans sa vendetta contre Spyral, Dick Grayson va devoir faire l’impensable et un énorme sacrifice pour sauver les siens.

[Rédumé de la quatrième de couverture]
Il y a un traître dans Spyral. Et tout semble accuser l’Agent 37, Dick Grayson… Épaulé par ce qui se rapproche le plus d’un coéquipier, l’Agent 1, l’ancien Robin comprend rapidement qu’il est pris pour cible. Quelqu’un souhaite lui faire porter le chapeau de bien des crimes. Mais c’est mal le connaître, car s’il doit mener une vendetta contre Spyral pour se tirer d’affaire, Grayson n’hésitera pas, quitte à affronter tous les agents de cette organisation, y compris ceux dont il était proche…

[Histoire]
L’Agent 37 (Dick Grayson) et l’Agent 1 (Tony « le Tigre ») combattent de nombreux autres agents tueurs de Spyral, envoyés par Helena Bertinelli et Elizabeth Netz. Dick et Tony parviennent ainsi à leur échapper mais cherchent tout autant à faire tomber Spyral et donc à les affronter.

Helena décide de faire appel aux puissants mercenaires du Syndicat : Grifter, Keshi, Frankenstein (agent de S.H.A.D.E.), Gwisin, King Faraday, Tigre de Bronze et Tao. Pour contrer ces « meilleurs espions du monde », Dick Grayson requiert l’aide de l’organisation Checkmate, dirigé par Maxwell Lord !

[Critique]
Difficile de ne rien dévoiler pour dresser la critique, en se réduisant au maximum : les pièces du puzzle sont assemblées et la conclusion est tout à fait correcte. Les cinq derniers chapitres (#16 à #20) finalisent les aventures de Dick sous son alias d’Agent 37. En résulte un voyage fort sympathique, plutôt inhabituel dans le registre des comics super-héroïques (on est davantage proche d’une James Bond, toutes proportions gardées). Le mélange des genres (espionnage, humour, action, légère science-fiction…) reste efficace tant il est bien dosé. Les trahisons et retournements de situation sont peu surprenants mais confèrent à l’ensemble une certaine satisfaction globale (moins prenante que les tomes précédents malheureusement).

Il sera plus aisé de tout relire à la suite pour mieux (re)comprendre les nombreux enjeux, organisations et évolutions de protagonistes des trois tomes de Grayson. Si la série ne s’étale que sur vingt chapitres (et se lit donc rapidement) — vingt-cinq au total avec les trois annuals et deux autres inédits —, elle gagnerait à être proposée en format intégrale à l’avenir. Ce troisième volume nous propose d’ailleurs le troisième annual, compilation de quatre témoignages ayant croisés l’Agent 37 : Harley Quinn, Constantine, Green Lantern (Simon Baz) et Azrael. Un bonus réussi qui apporte une touche d’humour et de pluralité de points de vue bienvenue, replongeant aussi le lecteur dans un univers un peu plus familier. Enfin l’épisode Futures End imagine les péripéties de Dick dans cinq années. A lire idéalement en parallèle des quatre tomes de l’évènement du même titre pour mieux saisir la trame (forcément) « futuriste ». Ce chapitre — très bon au demeurant — avait déjà été publié dans le septième hors-série de Batman Saga (on renvoie à notre critique de l’époque avec toute la contextualisation nécessaire). Il est tout à fait logique (et appréciable) de le retrouver en fermeture de cet ultime tome de Grayson.

La quatrième de couverture évoque fièrement le scénariste Tom King en tant qu’ancien agent de la CIA pour servir ses histoires. Ne nous voilons pas la face, ce passif chez le scénariste n’apporte rien de plus concrètement que tout ce que de nombreuses itérations sur le monde de l’espionnage ont déjà montré. Tom King est accompagné ici de Tim Seeley (crédité pour son travail sur « l’intrigue »). Néanmoins, seulement trois épisodes sont signés par le duo (#16-17 et Futures End). Tous les autres sont écrit par le duo Jackson Lanzing / Collin Kelly.

Aux dessins, nous retrouvons pour le premier chapitre (#16) le somptueux style de Mike Janin (également à l’encrage), colorisé par Jeromy Cox (à l’œuvre sur les épisodes suivants, voir détails ci-après), virevoltant entre ses personnages croqués avec malice et réalisme et un découpage atypique sublime. Hélas, il ne sera pas seul aux manettes de l’entièreté du volume (qui s’étale sur un peu moins de 200 pages). Viennent ensuite pour tous les autres, en vrac : Carmine Di Giandomenico, Roge Antonio, Geraldo Borges et pour l’annual uniquement pas moins de quatre autres artistes : Natasha Alterici, Christian Duce, Flaviano et Javier Fernandez ! Stephen Mooney a signé, quant à lui, l’épisode Futures End. Difficile d’avoir un aspect graphique homogène avec ce collectif de dessinateurs qui tranche radicalement avec la pattee de Janin à laquelle le lecteur était habitué depuis les débuts… C’est clairement le point faible de ce troisième tome. On conseille tout de même la série Grayson par son originalité et bien sûr pour les amoureux du personnage de Dick Grayson.

[A propos]
Publié en France chez Urban Comics le 2 juin 2017.
Précédemment publié dans Batman Univers #10 à #14 (décembre 2016 à avril 2017) ainsi que dans Batman Saga HS#7 (mai 2015).
Contient : Grayson #16-20 + Annual #3 + Grayson Futures End #1

Scénario : Tim Seeley & Tom King, Jackson Lanzing & Collin Kelly.
Dessin : Collectif
Encrage : Collectif
Couleur : Jeromy Cox

Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Thomas Davier et Xavier Hanart

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Tome 1/3 : Agent de Spyral
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