Archives de catégorie : Bat-Family

Batman Saga : compilation de récits divers…

L’entièreté des critiques des histoires issues des magazines Batman Saga et Batman Univers sont (désormais) compilées sur le site *. La plupart des chapitres sont à retrouver dans les chroniques des tomes dans lesquels ils ont été rassemblés ensuite (ou découpés selon les sorties US car inédits en France, comme une bonne partie de la série Detective Comics de l’ère New 52 par exemple). Néanmoins, dans quelques numéros, Urban Comics proposait des récits annexes bonus, soit des back-ups, soit des séries ultra courtes. Ceux-ci sont désormais rassemblés ici afin d’avoir « tout » d’indexé et chroniqué sur le site – il se peut que certains aient échappé à ma vigilance et furent tout de même publiés en librairie dans un second temps, n’hésitez pas à le signaler en commentaire si c’est le cas, merci d’avance 🙂

* il manque juste les épisodes de Batman Incorporated qui seront mis à jour lors des (nouvelles) critiques à venir de la saga Grant Morrison présente Batman grâce à la réédition en intégrale.


(Detective Comics #27 – La vieille école • Neal Adams)

Pluie / La vieille école / La belle époque / Le sacrifice
Detective Comics #27 [back-up] | Batman Saga #27/28 [08 et 09.2014]

Dans Pluie, Francesco Francavilla écrit et dessine en quatre pages un Batman qui sauve « encore » le fils de Gordon. Complément sympathique mais trop court de Sombre Reflet.

La vieille école est un bel hommage de dix pages à l’évolution de Batman, écrit par Gregg Hurwitz et dessiné par Neal Adams himself ! C’est d’ailleurs toute la partie graphique qui est appréciable, le scénario un brin décousu est, in fine, assez « commercial et gentillet ».

La belle époque est aussi une forme d’hommage puisque Batman y souffle ses soixante-quinze bougies (éditoriales et « réelles »), proposant une incursion dans un avenir lointain avec un entourage vieilli. On y retrouve en dix pages une allusion à peine cachée à The Dark Knight Returns. En synthèse, un joli moment écrit par Peter J. Tomasi, conféré à l’élégance du style si particulier de Ian Bertram. Clairement le meilleur épisode des quatre.

Dans Le sacrifice, Mike W. Barr imagine (grâce à une projection de Phantom Stranger) ce qu’il se serait passé si les parents de Bruce Wayne n’avaient pas été tués… Guillem March croque un Bruce heureux mais découvrant une ville sous le joug de tous ses ennemis. Très appréciable mais évidemment trop court, le récit mériterait un enrichissement dans un elseworld tant il apparaît séduisant par bien des aspects !

(Detective Comics #27 – La belle époque • Ian Bertram)

Nightwing dans : Une longue année
Secret Origins #1 | Batman Saga #30 [11.2014]

Zéro surprise dans cette origin-story paresseuse, signée Kyle Higgins (qui a écrit la série très inégale et, in fine, assez moyenne Nightwing justement). En douze pages on (re)découvre une énième fois la même histoire de Dick Grayson : l’accident de cirque, les premiers pas en tant que Robin, etc. Les dessins de Doug Mahnke en petite forme souffrent d’une colorisation faiblarde. Bref, sans intérêt.

Batman dans : L’homme dans l’ombre
Secret Origins #2 | Batman Saga #31 [12.2014]

Un peu mieux que le précédent récit, centré cette fois sur Bruce Wayne et ses premières années, mais complètement oubliable et déjà-vu malgré la volonté d’intégrer ces origines au run de Snyder. Ray Fawkes signe le scénario et Dustin Nguyen les dessins ; passable.

Le majordome est coupable / Tout ce qui nous tombe dessus / Le crime que personne n’a commis
Legends of The Dark Knight #1 | Batman Saga #33 [02.2015]

En dix pages, Damon Lindelof (producteur et showrunner des excellentes séries Lost, The Leftovers et Watchmen) propose dans Le majordome est coupable une petite leçon d’humilité (infligé par vous-savez-qui en lisant le titre…) à un Batman bien arrogant, croqué par un Jeff Lemire inspiré mais au style clivant. Une pépite !

Tout ce qui nous tombe dessus (Jonathan Larsen au scénario, J.G. Jones au dessin) montre – en dix pages à nouveau – un combat entre Batman et Amazo, androïde extrêmement intelligent capable de dupliquer les super-pouvoirs des membres de la Justice League entre autres (créé en 1960). Pire : cet affrontement a lieu dans le satellite du groupe dans l’espace, un endroit où le Chevalier Noir peine à être en pleine maîtrise de son environnement. L’ensemble se lit bien, on retrouve le côté tacticien souvent oublié de Batman et une allusion sympathique à la série des années 1960.

Dans Le crime que personne n’a commis (encore en dix pages), Batman et Robin font… de la prévention ! C’est rarement mis en scène et pourtant c’est très bien. Le binôme fait réfléchir un citoyen proche de passer à l’acte… Un récit anecdotique mais sympathique, une fois de plus, signé Tom Taylor à l’écriture (DCEASED, Injustice…) et Nicola Scott pour les dessins.

(Legends of The Dark Knight #1 – Le majordome est coupable • Jeff Lemire)

Batman Saga Hors-Série #6 – Le fils de Batman (Damian : Son of Batman)

Présenté comme un « complément indispensable à la collection Grant Morrison présente Batman », le récit complet du sixième hors-série du magazine Batman Saga (novembre 2014) propose une immersion dans un futur inquiétant et hypothétique où Damian Wayne adulte campe un Chevalier Noir violent et radical. Une projection déjà aperçue dans le chapitre Batman #666 (2007), inclut dans le premier tome de Grant Morrison présente Batman. C’est cette version « alternative/futuriste » du fils de Bruce Wayne qui est donc enrichie et mise en avant dans Le fils de Batman, mini-série en quatre chapitres écrite et dessinée par Andy Kubert.

(Couverture de gauche issue du site d’Urban Comics mais qui n’est pas tout à fait semblable à la finalisée (à droite) qui comportait la mention « hors-série » bien sûr, mais aussi un bandeau de texte en haut différent et le logo des 75 ans de Batman à l’époque.)

[Histoire]
En enquêtant sur un tas de cadavres mélangés à des poissons souriants (du Joker ?), Batman (Dick Grayson) perd la vie et laisse Robin (Damian Wayne) seul et endeuillé.

Ce dernier reprend alors la cape du Chevalier Noir et opte pour une approche de la justice radicale en tuant ses ennemis. Entre la bienveillance d’Alfred, la colère de son père Bruce, les confessions dans l’Église auprès d’un mystérieux prêtre (visiblement Gordon !) et l’éloignement des Ghul, Damian suit un chemin de plus en plus violent…

[Critique]
Le fils de Batman est le second récit scénarisé par Andy Kubert, normalement alloué uniquement aux dessins (le premier était un court titre sur le Joker, plutôt raté – Batman #23.1 : L’Heure des Singeries, inclut dans Joker Anthologie). Si l’artiste croque de beaux personnages et de jolies scènes d’action, il peine à convaincre à l’écriture, notamment dans sa seconde moitié.

Durant la première, pas grand chose à dire, le ton est vite donné, bien qu’on puisse avoir du mal à comprendre que c’est Dick sous la cape de Batman qui est décédé (cela n’est pas mentionné en amont). On est un peu plus chagriné devant le traitement de Bruce Wayne, assez brutal et sommaire – rappelant de facto ses itérations alternatives et/ou futuristes de The Dark Knight Returns et All Star Batman. L’histoire se vautre un petit peu quand elle met en scène des ennemis un peu loufoques et probablement peu connus des lecteurs, sauf s’ils ont lu Grant Morrison présente Batman bien sûr. C’est d’ailleurs la force et la faiblesse de Son of Batman : ceux qui connaissent le run de Morrison ne seront pas perdus mais déploreront une aventure si courte (surtout avec sa fin ouverte annonçant des pistes stimulantes), ceux qui ne le connaissent pas trouveront probablement le titre « sympathique/divertissant sans plus », ce qui convient pour un comic à 5,60€ mais qui peine tout de même à se hisser plus qualitativement.

Comme dit en introduction, cette version de Damian en Batman avait été dévoilée en 2007 dans le 666ème chapitre de la série Batman (intitulé Bethléem), au moment où Grant Morrison entamait son travail et où Andy Kubert l’accompagnait déjà : il en illustrait les premiers épisodes et est le créateur graphique de Damian Wayne enfant et adulte ; autant dire qu’il connaît bien le sujet. Dans Bethléem, outre les allusions satanistes, Barbara Gordon toujours en fauteuil succédait au poste de son père, un chat s’appelait Alfred (on y reviendra) et Damian combattait certains vilains inédits.

Le cinquième chapitre de Batman Incorparated version New 52 est lui aussi convoqué pour une compréhension plus globale (il replongeait dans cet univers futuriste). L’enrichissement de cet avenir hypothétique et sombre était aussi brièvement évoqué Batman #700 (Le Batman, la Mort et le Temps) qui met en avant quelques Batmen du futur et donc ce Damian – mais cet épisode est clairement moins primordial que les deux autres épisodes mentionnés.

On retrouve donc dans Le fils de Batman quelques ennemis piochés dans la longue saga de Morrison et… la réincarnation d’un personnage mythique en chat ! Un élément assez farfelu même s’il y a sans doute une explication « plausible », elle n’est pas du tout évoquée durant les planches (est-ce une hallucination de Damian ? une intelligence artificielle pré-enregistrée vocalement ?). Bref, toutes ces petites choses à droite à gauche desservent la fiction, qui aurait gagné à être étoffée de deux chapitres minimum. Faute de cela, on est davantage séduit par les superbes dessins de Kubert, épaulé par Brad Anderson à la colorisation, les fans de l’artiste devraient donc y trouver leur compte à ce niveau-là. Il faut dire que Kubert a presque carte blanche dans cet elseworld pour se laisser aller et qu’il se fait plutôt plaisir même si on pouvait espérer des séquences plus épiques ou grandiloquentes.

Néanmoins, Le fils de Batman n’est pas un complément indispensable à la série de Morrison, c’est (au mieux) un complément sympathique mais frustrant, donc… dispensable (mais vu le bas prix, autant le prendre pour les complétistes à minima). Cela dit, il est étonnant qu’Urban ne l’ait pas inclut dans ses rééditions intégrales en quatre tomes de la série mère.

[A propos]
Publié en France chez Urban Comics le 14 novembre 2014.

Scénario & dessin : Andy Kubert
Couleurs : Brad Anderson
Traduction : Xavier Hanard
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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Les trois autres chapitres où l’on peut croiser le Damian Wayne adulte du futur devenu un Batman radical…
Batman #666, Batman Incorporated vol. 2 #5 et Batman #700 – tous inclus dans Grant Morrison présente Batman

 

Batgirl – Tome 03 : Jeux d’esprit

Suite et fin des « nouvelles » aventures de Batgirl avec un parti pris graphique et narratif étonnant (parfois déroutant). Les deux premiers tomes étaient sympathiques (surtout le premier, le second étant lié à beaucoup d’autres séries en parallèle), que vaut cette conclusion ?

[Résumé de l’éditeur]
Pour se sortir des situations les plus compliquées, Batgirl a toujours utilisé sa meilleure arme : son esprit. Mais alors que Burnside est à nouveau en danger, Barbara Gordon va devoir faire face à un adversaire des plus rusés… puisque celui-ci lui vole ses secrets et ses souvenirs, les retournant contre elle. Avec ses meilleurs amis et alliés, Spoiler, Black Canary et Nightwing, Batgirl va devoir affronter le pire ennemi qui soit pour empêcher de voir sa ville dévastée par les flammes… [1]

[Histoire]
Barbara est confrontée à des pertes de mémoire et à une altération de ses souvenirs. Derrière cette manipulation mentale se cache Fugue, une mystérieuse personne qui apparait dans les cauchemars de la jeune femme.

Pour la combattre et pour continuer de résoudre les délits du quotidien, Batgirl est accompagné de Dinah Lance, alias Black Canary mais aussi Stephanie Brown, aka Spoiler, ou encore Harper Row, la récente justicière nommée Sialia (anciennement Bluebird). Un trio féminin de choc auquel s’ajoute Frankie, colocataire de Barbara qui travaille à distance avec elle.

[1] Malgré ce texte sur le site de l’éditeur et en quatrième de couverture du livre, Nightwing n’apparaît pas du tout dans ce troisième livre. Sialia/Bluebird fait partie de la distribution des alliées, ainsi que Vixen tout à la fin.

[Critique]
Les sept derniers chapitres de la série Batgirl (#46-52) s’enchaînent à une vitesse folle. Les cinq premiers (se terminant au #50 — allongé pour l’occasion) sont très inégaux à tous points de vue. D’un côté le récit se vautre dans l’improbable tout en reconnectant certains anciens épisodes. Ainsi les ennemis croisés depuis le début de l’aventure se retrouvent et affrontent Batgirl et ses alliées, le temps de belles affiches graphiques mais suivi d’un combat expéditif en quelques cases (tout va beaucoup trop vite, c’était déjà le cas auparavant, c’est encore pire ici)…

D’un autre côté, les dessins sont assurés par une myriade d’artistes différents aux styles plus ou moins reconnaissables (Babs Tarr, Eleonora Carlini, Moritat, Horacio Dominguez, Roger Robinson, Ming Doyle, James Harvey, John Timmes et Minkyu Jung se partagent l’encrage et les dessins de l’entièreté du tome !). En résulte une impression mitigée : on a du mal à croire aux implants et autres mémoires transformées à base de lavage de cerveaux express et autres manipulations mentales… On s’était d’ailleurs éloigné de cet aspect un brin SF après le premier volume avant de retomber dedans maladroitement.

Les deux derniers (#51-52) donnent suite au chapitre annual #3 du tome 2 dans lequel on découvrait Gladius et son organisation. Entre temps, Barbara Gordon a eu le temps de monter sa société Gordon Energies (on est bien loin des problèmes d’argent d’étudiante du premier tome) et sa relation avec Luke Fox bat de l’aile (impossible d’y croire tant on les a peu vus ensemble et que leur idylle a été précipitée au détriment des anciennes). Une fois de plus, la série est connectée avec une autre : encore Gotham Academy (Brenden Fletcher scénarise les deux titres — avec Cameron Stewart pour Batgirl, tous deux moins inspirés pour cette ultime salve)… Là aussi cela devient pénible à force, on aurait préféré que la narration se concentre sur Barbara.

En synthèse, on a perdu en intérêt sur beaucoup de plans : les petits tracas du quotidien de Barbara sont plus ou moins éclipsés, on a déjà oublié le nom de tous ses ennemis et sa nouvelle équipe féminine, séduisante par bien des aspects, est plutôt dissolue en conclusion puisque la jeune femme s’émancipe (forcément) de Burnisde et quitte son appartement (sans qu’on comprenne d’ailleurs ses motivations). Fini les aventures avec Frankie à distance (son amie handicapée en fauteuil roulant répondant au nom banal « d’opératrice » — et rappelant furieusement l’époque Oracle, faible originalité) et son groupe d’amis…

Ce troisième volume est donc sans aucun doute le plus faible de la série, conservant quelques qualités tout de même : un rythme efficace, des protagonistes attachants, une héroïne au capital sympathie évident, une identité graphique et visuelle qui dénote avec le reste des productions, etc. Mais niveau scénario pur et dur, on espérait mieux pour la fin : quelque chose de plus épique ou à l’inverse de plus intime mais pas cette impression mi-figue mi-raisin, sans enjeux particuliers…

C’est dommage car cette nouvelle ère était fraîche, originale (toutes proportions gardées), colorée et plaisante. C’est (nettement) moins le cas ici, on est lassé de voir que l’évolution de l’ensemble est au mieux maladroite, au pire risible. A quand de « vraies » aventures d’un groupe féminin comme celui-ci mais avec des combats s’étalant sur plusieurs planches ? Avec de l’investigation plus longue, des ennemis plus passionnants ? On retiendra donc principalement le premier tome de Batgirl, accessible et singulier — plus osé qu’audacieux — que ce troisième.

[A propos]
Publié le 18 août 2017 cher Urban Comics

Scénario : Cameron Stewart & Brenden Fletcher
Dessin & encrage : collectif (voir article)
Couleur :Serge Lapointe, Lee Loughridge, James Harvey

Traduction : Mathieu Auverdin
Lettrage : Stephan Boschat

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Cinq affiches de combat parsèment le chapitre #50.
Belles et proches d’une séquence d’animation, elles « tombent à l’eau » cinq cases plus loin quand ledit affrontement est terminé…