Comme expliqué dans l’article consacré au Relaunch Rebirth, plusieurs nouvelles séries voient le jour dans cette « relance » de l’univers DC Comics. Il y a tout d’abord le numéro unique DC Universe Rebirth, puis ensuite un numéro Rebirth #1 one-shot de plusieurs super-héros (Batman, Superman, Aquaman…) avant que chacun d’entre eux ne retrouve un rythme normal et une appellation classique.
Ici, ce sont DC Universe Rebirth, Batman Rebirth #1 puis Batman #01 et Detective Comics #934 qui sont brièvement chroniqués.
Attention ! Même si les résumés ci-dessous sont sommaires et les critiques courtes, il y a des révélations majeures. De plus, l’ensemble de ces séries se déroulent après La Guerre de Darkseid mais également après la fin de la série Superman des NEW52 (le chapitre #50 pour être plus précis).
Si vous voulez conserver les éléments de surprises intacts, il est fortement déconseillé de lire la suite (aussi bien les résumés que les critiques) !
NB : il est fort probable qu’Urban Comics publiera en français chacun des chapitres évoqués ci-après, mais très certainement pas avant début 2017.
DC Universe Rebirth
Wally West, ancien Kid Flash puis Flash (après les évènements survenus à la fin de Crisis on Infinite Earth) qui avait « disparu » il y a quelques années (à la fin de Infinite Crisis) voyage plus ou moins dans le temps et requiert l’aide de Batman (pour l’avertir d’un danger imminent), sans succès car il est « aspiré » par la force véloce. Il fait de même avec d’autres personnes, en vain. De son côté, Ray Palmer, alias Captain Atom, est lui aussi « perdu » dans une dimension nanotechnologique dont il ne peut sortir.
Après avoir rendu de brèves visites et s’être remémoré des souvenirs avec d’anciens justiciers, Wally West réussit à revenir définitivement « dans le présent » grâce à Barry Allen, l’actuel Flash. Superman est porté disparu et un Clark Kent d’un autre monde mène une vie rangée avec sa femme et sa fille mais fait une rencontre inattendue. Au fond de la Batcave, le Chevalier Noir découvre un étrange badge. Ils sont observés depuis longtemps…
► Après Flashpoint il y a cinq ans, ce Rebirth s’annonce beaucoup plus épique (et réfléchi) car il propose —pour l’instant en tout cas— une continuité claire et nette (aussi bien après le chronologie classique que celle des New 52), mais également une possibilité de jonction de quelques années perdues. L’ensemble est parfaitement compréhensible et a le culot monstre d’ajouter définitivement Watchmen comme œuvre incorporée dans l’univers des super-héros DC. Un gage à la fois salvateur puisque cela permet(rait) une cohérence plausible grâce au statut de « Dieu » et créateur de monde du Dr Manhattan. Mais cette surprenante raccroche en irritera plus d’un (à commencer par le créateur de l’œuvre mère, Alan Moore — qui n’a sans doute pas été consulté) : le comic culte, même si publié chez DC et usant de vieux personnages, prévalait par son statut « d’indépendant » et non rattaché à quoique ce soit (déjà polémique à l’époque de la sortie des préquelles — auxquelles le site Before Watchmen est consacré, créé par l’auteur de ces lignes) ; il n’y avait pas non plus d’obligation de le lire pour suivre la suite de DCVerse. Bref c’est à la fois ingénieux, osé et risqué. L’ensemble est donc très intrigant, réussi et bien écrit, à nouveau par Geoff Johns (déjà scénariste de Flashpoint puis de la série Justice League entre autres). Les dessins sont assurés par des artistes de valeur sûre : Gary Frank et Ivan Reis en tête, ainsi qu’Ethan Van Sciver et Phil Jimenez. Quatre chapitres (Lost, Legacy, Love, Life) et un épilogue composent le tout, pour près de soixante-dix pages de bandes dessinées.
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Batman Rebirth #1
Julian Day, alias Calendar Man, menace de déverser des spores dans la ville qui chamboulent le cycle des saisons et de la nature. Duke, nouvel allié de Batman mais pas un nouveau Robin (rencontré dans la série Batman puis mis en avant dans l’event We are Robin) est convié par Bruce Wayne à vivre au Manoir, afin justement d’être entraîné pour être « quelque-chose de nouveau »…
► Un chapitre unique écrit par Scott Snyder, qui a opéré la précédente « renaissance » du Chevalier Noir avec sa longue série et Tom King, qui était sur la série Grayson, en compagnie du dessinateur Mikel Janin qui officie justement ici. C’est beau, très beau, mais clairement moyen sur l’histoire, très expéditive. Pas de réels enjeux dramatique ni le temps de s’attarder réellement sur un personnage en particulier. L’ennemi, rarement utilisé, n’est pas mis en avant sous un beau jour, même si on découvre qu’il « mue » et vieillit, telles la faune et la flore. Une belle réinvention esthétique du personnage toutefois, mais qu’on espère voir davantage. On nous promet d’ailleurs une suite, toujours par Tom King, dans Batman #1 (voir ci-après) et une autre dans All-Star Batman #1, par Scott Snyder (prévue en août 2016). Ce Batman Rebirth sonne volontairement comme une métaphore du renouveau, plus ou moins accentué par ce qu’on voit et qu’on lit, mais c’est clairement pas très pertinent et trop redondant pour donner un one-shot de qualité, au contraire c’est surtout une introduction à un nouvel univers, dont on attend la suite. En ce sens, le lecteur peut se sentir lésé, à raison.
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Detective Comics #934
Batman combat Azrael (Jean-Paul Valley) dans une église et découvre qu’un mini-drône, en forme de chauve-souris qui plus est, le surveille. Il rend visite à Batwoman (Kathy Kane) car elle était aussi espionnée par les mêmes gadgets. Le Chevalier Noir fait d’elle sa partenaire et tous deux sont chargés d’entraîner chaque justicier de Gotham qui était suivi par un drône : Red Robin (Tim Drake), Spoiler (Stephanie Brown), Orphelin (Cassandra Cain) et… Gueule d’Argile, à qui Batman souhaite donner une seconde chance.
► Excellent début pour une série emblématique de l’éditeur. Joliment dessinée par Eddy Barrow (qui officiait sur les trois premiers tomes de Nightwing) et écrite par James Tynion IV, on sent l’influence de Batman Eternal, avec un fort concept d’entrée, plusieurs héros ou antagonistes et un gros potentiel derrière. Attention donc à la suite, mais cette entrée en matière est fortement agréable, élégante et convaincante !
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Batman #01
Batman tente de sauver le crash d’un avion en se posant carrément dessus !
► Tom King qui avait co-écrit Batman Rebirth (et scénarisé Grayson) empile pour cette suite, plus aboutie, avec David Finch aux dessins (qui s’occupait de la série très mitigée Le Chevalier Noir et La Nouvelle Aube). Les planches sont sublimes, la scène principale fonctionne bien : beaucoup de tension, de suspense, une belle émotion sur la fin également (même si un peu surprenante et peu crédible, ça fonctionne quand même) et une surprise de taille. En effet, deux nouveaux personnages font leur apparition, chacun doué de force surhumaine pour l’instant, mais qui ne sont pas forcément dans le camp des ennemis : Gotham et Gotham Girl. Des noms certes risibles mais du changement, à suivre donc ! Une seule case sonne comme un léger rappel à DC Universe Rebirth, à chacun d’y faire sa petite théorie.
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Si le DC Universe Rebirth chamboule « un peu » l’univers déjà connu de DC (au moins dans les dernières planches avec des révélations), les séries suivantes consacrées à Batman restent globalement dans la continuité de ce qu’il s’est fait durant la période New52 (excepté Alfred, qui n’est plus manchot, dommage, mais elles reprennent le personnage de Duke Thomas par exemple). Bref, même si ce Relaunch ne fait pas vraiment office de pétard mouillé (trop tôt pour juger par rapport aux autres séries et à la suite de la trame principale), pour Batman rien ne change vraiment, comme il y a cinq ans, ce fut quasiment la même chose, seul le Dark Knight n’avait pas vraiment été impacté par Flashpoint, les séries suivaient alors le travail de Morrison de l’époque et de la chronologie « classique » avec les mêmes alliés et ennemis. Ce n’est peut-être pas plus mal. Les deux nouvelles séries régulières sont de bons points d’entrée, même si forcément pas extrêmement limpides pour le pur débutant, et donnent envie de lire la suite, en plus d’être extrêmement bien dessiné. C’est là le principal.