Presque trente ans après les deux premières rencontres entre Batman et Spawn (en 1994, cf. critique de l’opus dédié), les deux icônes des comics se retrouvent dans un récit publié aux États-Unis en 2022 puis le 10 novembre 2023 en France (d’où cette précision « 2022-2023 » dans le titre de cette critique). Pour l’occasion, c’est Todd McFarlane (créateur de Spawn) qui écrit le scénario et Greg Capullo qui l’illustre, dessinateur historique de Spawn pendant des années mais aussi de Batman période Renaissance/New52 (et d’autres ensuite comme la saga Metal) !
[Résumé de l’éditeur]
Deux héros, maudits par de sombres tragédies, voient leurs chemins se croiser à nouveau… mais pas par choix ! Quel sinistre ennemi est à l’œuvre, opposant le Chevalier Noir aux Hellspawn ? Des ombres de Gotham City à New York, cet événement épique est la superproduction que vous attendiez depuis plus de vingt ans !
[Début de l’histoire]
Spawn a entendu parler d’un être régissant comme lui, la « bête noire » (Batman) et part à sa rencontre.
À Gotham, la nuit de l’anniversaire de la mort de Martha Wayne, le Chevalier Noir se rend à un mystérieux endroit et découvre une perle ressemblant à celles du collier de sa défunte mère.
Un membre de la Cour des Hiboux le confronte…
[Critique]
Pour les non connaisseurs de Spawn, une très longue présentation et contextualisation est disponible dans la critique de Batman / Spawn 1994. Ce précédent opus proposait deux fictions, une très moyenne et une plus intéressante (surtout graphiquement). Dans cette version 2022-2023, Todd McFarlane transpose son récit dans l’univers de Batman de Scott Snyder et Greg Capullo (forcément), donc dans la série Batman (La Cour des Hiboux, L’An Zéro, Le Deuil de la Famille, Mascarade…).
Ainsi, le binôme convoque la célèbre Cour des Hiboux, un ergot et même le Joker et son look si singulier de l’époque (son visage arraché et remis comme s’il portait un masque). Cela inscrit donc le récit dans un monde qu’il faut (idéalement) déjà connaître un petit peu… Si c’est le cas (et qu’on l’apprécie) alors le plaisir d’y retourner est décuplé ! De la même manière, le titre évoque plusieurs éléments du Spawn Universe (comme les alliés de Spawn, certains de ses ennemis et ainsi de suite), rien de compliqué qui gâcheraient la compréhension de la fiction mais, une fois de plus, c’est davantage plaisant si l’ont est déjà familier avec tout ça.
L’intrigue fonctionne plutôt bien même si elle se complexifie inutilement par aspect (notamment pour le court segment autour du Joker) et forme une histoire assez passionnante mais qui semble appeler à une suite, d’où une petite frustration. On a parfois du mal à reconnaître la plume de McFarlane tant on dirait du Snyder et certains de ses gimmicks (notamment des allusions poussées au passé, des complications un peu futiles comme déjà évoqué). Le scénario demeure malgré tout assez malin (avec un rebondissement peu prévisible), bien rythmé et offre une trame plutôt haletante.
Aux pinceaux, Greg Capullo livre un travail extraordinaire, on sent l’artiste particulièrement appliqué à mettre en scène deux de ses icônes mythiques sur lesquels il a œuvré tant d’années. Si ce Batman/Spawn s’intercale davantage dans Gotham City (et, d’une manière générale, la mythologie du Chevalier Noir), le suppôt du diable de New-York n’est pas en reste, proposant un duo cette fois habile et qui avance main dans la main (à l’inverse des deux précédentes rencontres où une guerre d’ego annulait pas mal cet effet). Le découpage est particulièrement dynamique, les scènes d’action lisibles, visuellement c’est très fluide aussi, un brin plombé par un surplus de narration de temps en temps mais rien de trop gênant. Jonathan Glapion est à l’encrage additionnel et la colorisation de Dave McCaig, proche de ce que faisait Fco Plascencia sur la série Batman, renforçant son immersion dans la série Batman de 2011.
Si l’on est donc plus convaincu par ce retour très moderne, on peut revenir (à nouveau – cf. bas de la critique de la version 1994) sur le choix éditorial d’Urban Comics. En effet, le titre se déroule sur une petite cinquantaine de pages seulement et trois bonus viennent conclure le livre. D’abord la version encrée en noir et blanc avec les textes en anglais de toute la bande dessinée, ensuite la version crayonnée (noir et blanc également évidemment) et enfin les traditionnelles couvertures alternatives (dont certaines en crayonnées). Ces compléments sont évidemment précieux (et très beaux – cf. images d’illustrations ci-dessous (cliquez dessus pour ouvrir et agrandir dans un nouvel onglet) puis les couvertures sous le bloc À propos) mais gonflent le nombre de pages à 176 pour un prix de 19 € (22 € en version limitée).
Cela rouvre le débat sur le prix pour une « simple et seule » histoire d’une cinquantaine de pages pour un prix assez élevé (malgré les bonus), cf. la collection One Bad Day récemment. Si les collectionneurs et fortunés seront ravis de toutes ces éditions, on rappelle que les bourses les plus modestes devront dépenser 36 € pour lire « seulement » les trois récits de Batman/Spawn… Si tout avait été rassemblé dans un seul volume (avec ou sans bonus conséquent), nul doute que le prix aurait été moins cher.
Rappelons que pour le même prix, 19 €, nous avons Gotham City : Année Un, Batman Killing Time et Batman Dark City – Tome 2 qui viennent de sortir et comptent environ 200 pages, permettant donc aisément de regrouper les trois Batman/Spawn et même plusieurs pages complémentaires… De la même manière, le second tome de Poison Ivy Infinite (lui aussi sorti peu avant) compte seulement 8 pages de moins que ce Batman/Spawn et… deux euros de moins également.
Comme toujours, on laisse juge le lecteur/acheteur/client pour arbitrer sur ce sujet. Sur ce site, on conseille malgré tout ce Batman/Spawn sauce 2022, bien plus que celui de 1994. À l’inverse d’ailleurs de l’opus précédent, celui-ci s’adresse directement (et davantage) aux fans de Batman que de Spawn ! Une curiosité dans un bel écrin qui reste à découvrir, encore plus pour les fans de la série de Scott Snyder et Greg Capullo ou tout simplement pour les amoureux du style graphique de ce dernier (cf. toutes les images de cette critique).
[À propos]
Publié chez Urban Comics le 10 novembre 2023.
Contient : 2022 Batman/Spawn #1 + Batman/Spawn #1 NB VO + Batman/Spawn Pencil Unplugged #1
Nombre de pages : 176
Scénario : Todd McFarlane
Dessin : Greg Capullo
Encrage : Jonathan Glapion
Couleur : Dave McCaig
Traduction : Alex Nikolavitch
Lettrage : Cromatik Ltd, Île Maurive
Acheter sur amazon.fr :
– Batman / Spawn (2022 – 2023) édition classique (19 €)
– Batman / Spawn (2022 – 2023) couverture alternative (22 €)
Couvertures de Greg Capullo, Gabriele Dell’Otto, Jorge Jiménez et Francesco Mattina.
Cliquez dessus pour ouvrir et agrandir dans un nouvel onglet.
•