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Le « renouveau » des comics Batman (et DC) en France en 2025

Après plusieurs mois (années même !) de séries et récits complets autour de Batman relativement moyens en termes de qualité (datant des années 2020-2024), une nouvelle ère s’inaugure sous de meilleurs auspices ! Nouvelles séries, nouvelles collections éditoriales, on fait le tour.

(Cet article sera actualisée au fil de l’eau avec les couvertures françaises d’Urban Comics dès qu’elles seront toutes dévoilées.)

I – Les séries Batman et Detective Comics se relancent !

Les lecteurs le savent bien, il y a deux séries historiques aux États-Unis : Batman et Detective Comics. En France, Urban Comics les a rarement nommés ainsi pour favoriser différents segments par auteurs (le run de Scott Snyder faisant exception et s’appelant Batman, suivi de Batman Rebirth, Joker War, Batman Infinite, etc.).

La série Batman, actuellement titrée Dark City chez nous, s’achèvera avec son sixième tome (Cité mourante) le 2 mai prochain. La série Detective Comics, nommée Nocturne, s’est conclue avec son cinquième opus (Finale) le 28 mars dernier. Quid de la suite ? Detective Comics se poursuit sous la plume de Tom Taylor (Injustice, Nightwing Infinite, DCEASED, Dark Knigths of Steel…) et est titrée Ghost of Gotham en France (sortie prévue le 27 juin 2025 – couverture provisoire ci-dessous).

Quant à la série Batman, elle propose le retour de Silence, ennemi d’anthologie créé dans le titre éponyme par Jeph Loeb et Jim Lee, qui reviennent, près de 23 ans après, donner une suite à ce comic emblématique ! Six numéros sont prévus (aux USA) de mars à septembre 2025 (Batman #158 à #163) ; en France, Urban va proposer une forme inédite de publication avec six volumes de Silence 2 en noir et blanc, chacun reprenant un chapitre, de juin à décembre 2025.

Nul doute que la version reliée proposant l’intégralité de la courte série sera disponible en couleur fin 2025 ou début 2026. Ensuite la série Batman aura droit à son quatrième relaunch en repartant au numéro #1 (en septembre aux US et sans doute début 2026 chez nous avec un nouveau titre de série à ce moment-là).

 

II – DC All-in = DC Prime + DC Absolute

Qu’est-ce que c’est que ce charabia ? Les différentes ères éditoriales de DC Comics bénéficient de noms en VO identiques ou différents en France, chacune d’elle étant segmentée par un relaunch (ou équivalent) pour permettre à de nouveaux lecteurs d’avoir une porte d’entrée efficace. Depuis l’arrivée d’Urban Comics sur le marché français, voici comment chaque période a été définie.

  • New 52 (2011-2016) = DC Renaissance (2012-2018)
  • DC Rebirth (2016-2022) = DC Rebirth (2018-2021)
  • DC Infinite (2022-2024) = DC Infinite (2022-2025)
  • DC All-in (depuis 2025) = DC Prime + DC Absolute (depuis 2025)

Pourquoi deux noms FR pour DC All-in ? Simple, il y a la poursuite des séries habituelles qui seront sous DC Prime (incluant donc Ghost of Gotham par exemple, comme le confirme le site de l’éditeur). La fin des séries DC Infinite (pour rappel, côté Batman c’était principalement Batman Infinite, Dark City, Nocturne, etc. et côté DC au global la collection Dawn of [Superman, Teen Titans, Green Lantern et Birds of Prey, etc.]) est à découvrir dans les trois volumes d’Absolute Power. Contrairement à ce que son titre sous-entend, il ne s’agit pas tout à fait du début de l’ère Absolute mais bel et bien de la conclusion de l’ère Infinite qui ouvre très modestement celle d’Absolute (tout le monde suit ?).

Alors, c’est quoi DC Absolute ? C’est « banalement » un autre univers (Absolute donc) qui a ses propres versions des figures emblématiques Batman, Superman et Wonder Woman. Des « versions inédites et corrompues » selon les propres mots de l’éditeur (cf. visuel plus bas). C’est le point de départ des séries éponymes Batman Absolute, Superman Absolute et Wonder Woman Absolute (en vente le 30 mai 2025 en trois versions : une classique, une noir et blanc et une normale mais avec une couverture inédite provenant des librairies Pulp’s). Un aperçu était disponible début mars dans une édition limitée avec les trois premiers chapitres de chaque série en noir et blanc, dans DC Absolute Collector 2025, vendue dans les librairies participantes du réseau Comics Shop Assemble (explications fin de cette page).

Une porte d’entrée assez aisée dans cet univers et, par extension, dans DC Comics pour de nouveaux lecteurs et de quoi séduire les anciens avec des éléments singuliers et une certaine originalité bienvenue (à découvrir dans les critiques dédiées prochainement en ligne, couvertures ci-dessus des versions classiques – celle de Wonder Woman en VO le temps que la FR soit dévoilée).

Il y a fort à parier qu’il y aura un crossover à terme entre les versions DC Prime (donc « normales ») des super-héros et leur version « alternatives » Absolute. Néanmoins, ce n’est pas forcément quelque chose qui sera récurrent, d’où la volonté de dissocier les collections selon François Hercouët dans sa newsletter de février 2025 (bien plus complète et détaillé que le présent article pour ceux que ça intéresse, et dont sont issus les visuels qui illustrent cette page).

III – La collection Paperback

Marre de ne pas pouvoir acheter à prix décent des comics Batman qui ne sont plus réimprimés ? La collection Paperback va combler cet agacement ! En effet, en février 2025, Urban Comics annonce la création de cette gamme qui vise à rééditer d’anciens titres qui ne sont plus disponibles dans le commerce (et qui coûteraient trop chers en production sans récupérer l’investissement). Ainsi, François Hercouët explique tout cela de façon (encore et toujours) très détaillée dans son autre newsletter de février 2025, voici ce qu’il faut retenir.

  • Les titres Paperback seront en format souple (et non avec une couverture « dure »)
  • Parmi les récits publiés de nouveau, pour Batman, citons les sagas Knightfall et (l’excellente) No Man’s Land. Chez les autres super-héros DC, Geoff Johns présente Superman et Geoff Johns présente Green Lantern sont prévus
  • Le découpage ne correspondra pas forcément à celui du format initial, par exemple No Man’s Land sortira en 3 volumes (au lieu de 6) – le premier volume coûtera 42 € pour presque 700 pages (sortie prévue le 6 juin prochain)
  • Idem pour les titres des comics, qui seront parfois segmentés différemment, ainsi Geoff Johns présente Superman – Tome 1 devient Superman The Last Son et Geoff Johns présente Superman – Tome 6 devient Superman Secret Origins par exemple (on ignore pour Batman si, à ce stade, il y aura la même chose)
  • Des titres inédits feront partie de cette collection, comme The Final Night (publié en France chez Semic en 2005 sous le titre Justice League – Extinction, cf. photos ci-dessous) – cela veut dire qu’ils n’auront pas droit à une sortie « habituelle » (comprendre dans le format standard d’Urban, avec une couverture « dure »)

Voilà une innovation bienvenue qui va éviter de dépenser des sommes farfelues sur le marché de l’occasion ! Cela permet aussi d’éviter d’attendre de longues années la republication de certains titres sur le Chevalier Noir dans les Batman Chronicles. Seule ombre (mineure) au tableau : une homogénéité graphique de collection qui sera forcément cassée si l’on possède l’une des séries dans son ancienne édition et sa future nouvelle. Saluons l’initiative qui devrait contenter la plupart des lecteurs. Rendez-vous cet été pour découvrir ce format inédit !

Batman Meurtrier & Fugitif – Tome 3

Suite et fin de la série qui voit Bruce Wayne en meurtrier et fugitif. Après un excellent premier opus et un second assez médiocre et même totalement dispensable, on renoue avec le meilleur : les mystères sont résolus et la cohérence de l’ensemble reste satisfaisante ! Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Trois mois ont passé depuis le meurtre de Vesper Fairchild, et Bruce Wayne demeure introuvable. Sillonnant les rues à la recherche de nouveaux indices pour innocenter son alter ego, le Chevalier Noir croise la route d’Azrael, une rencontre qui lui réserve bien des surprises… De leur côté, les membres de la Bat-Famille sont maintenant convaincus de l’innocence de leur mentor, mais tout reste encore à prouver, et le meurtrier à retrouver.

Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, le résumé de l’éditeur suffit amplement.

[Critique]
À l’instar des deux opus précédents, revenons sur le contenu du livre par titre des épisodes, séries dont ils sont tirées, noms de leur auteur et condensé de ce qu’ils racontent – sans révélations majeures. Accès (Detective Comics #771) de Greg Rucka replace Batman en liaison avec Saïd, un agent de l’organisation Checkmate (service de contre espionnage). De son côté, Alfred a bien du mal à se dépêtrer de Crispus Allen, ce dernier considère le majordome de Wayne comme complice dans son évasion. Dans Pitié, pitié, je veux vivre (Batgirl #29) de Kelley Puckett, Batgirl (Cassandra Cain), Nightwing, Oracle et Alfred font le point sur les indices pour remonter au véritable tueur de Vesper.

Volte-face (Gotham Knights #30) de Devin Grayson ajoute Azrael dans l’équation (ni suspecté d’être le meurtrier, ni connecté à tout cela – de prime abord), face à Nightwing puis Batman. Le célèbre Jean-Paul Valley est au cœur de sa propre série dans Confession puis Nouveau patron (Azrael #91-92 / parfois titré Azrael – Agent of the Bat), de Dennis O’Neil himself. L’antagoniste y fait face à son célèbre démon « imaginaire », sa psyché et sa vision de la justice. C’est dans Principe (Detective Comics #772) de Greg Rucka qu’on retrouve (enfin !) Sasha Bordeaux, toujours emprisonnée, prise de doutes – doit-elle dénoncer Bruce Wayne en échange d’une éventuelle remise de peine pour le compte d’un mystérieux commanditaire ?

Nettoyage (Gotham Knights #31) de Grayson lève le voile sur le pourvoyeur qui aurait embauché un tueur suite à une demande d’une personne… singulière. Courage (Batman #605) d’Ed Brubaker place le Chevalier Noir au centre de la résolution de l’affaire : il explique à ses alliés qui a tué Vesper et comment il s’y est pris. Prochaine étape : l’attraper et le donner à la justice. Dans les trois chapitres Expiation (Detective Comics #773-775), Greg Rucka montre un Wayne libre et innocenté. Son nouveau combat : retrouver Sasha Bordeaux, déclarée morte en prison mais qui est bien vivante quelque part…

24h/24 (Gotham Knights #32), toujours signé Grayson « relance » l’histoire : on y suit une journée de Bruce Wayne et ses importantes affaires (malgré son statut d’innocenté récent) puis, évidemment, son alter-ego justicier. La bande dessinée aurait pu s’arrêter là – admirablement conclue – mais d’autres ultimes épisodes s’ajoutent : Double pulsion mortelle (Batman #606-607), de Brubaker et du jeune Geoff Johns (29 ans à l’époque, il signe alors ses premières fictions chez DC Comics) suivent Batman face à Deadshot, chargé de tuer le meurtrier de Vesper (arrêté et emprisonné). Fête des pères (Batgirl #33) de Puckett vient conclure la série avant une double postface (de Rucka puis Brubaker).

Il était temps ! Les habituels scénaristes de cette petite saga achèvent avec une cohérence particulièrement plausible même s’il semble manquer d’autres épisodes, en particulier sur le commanditaire initial – identifié. On aimerait en savoir davantage ou lire un flash-back de son point de vue. On ne révèlera pas ici qui est l’assassin (même si un indice se cache quelques lignes plus haut) ni son « patron ». Ce troisième opus frôle le sans-faute d’un point de vue écriture mais il est, hélas, toujours gâché par ses affreuses planches. Comme pour les deux volets précédents, l’ensemble est disgracieux, aucun dessinateur « notable » sort du lot (cf. le bloc À propos), proposant des visages et proportions corporels toujours aussi laides. Malgré tout, le scénario prime sur le reste, donc on ferme les yeux volontairement sur la partie graphique (mais, bon sang, quelle perfection cela aurait été d’avoir seulement deux tomes, dessinés par la même personne avec un style agréable et homogène).

Ce troisième volet de Meurtrier & Fugitif comporte aussi et malheureusement trois chapitres dispensables – ceux sur Azrael – quasiment déconnectés du reste de l’histoire principale. Dommage de ne pas avoir eu droit à la place à ce qu’on évoquait au-dessus : un flash-back ou une sorte d’épilogue sur le véritable responsable de cette macabre orchestration. Ce long segment sur Valley casse un peu le rythme mais la suite se dévore d’un coup.

Le cheminement de Sasha Bordeaux et le très marquant échange final entre elle et Bruce tirent l’ensemble vers le haut, ajoutant un personnage relativement charismatique dans la vaste galerie de l’entourage du Chevalier Noir. On retrouvera ensuite Sasha dans l’organisation Checkmate (longuement abordée ici) dans la grande et chouette épopée Infinite Crisis, puis dans la série du même titre que l’organisation en deux livres (pas chroniqués sur ce site), se déroulant après la fameuse crise DC. Bien sûr, il manquait un peu plus d’intensité dans certains dialogues et des apparitions méritaient d’être plus longues au lieu d’être éphémères (Catwoman, Leslie Thompkins et même Tim Drake), mais l’a narration reste efficace, innovante et palpitante.

Pas grand chose d’autres à dire, les amoureux d’une ambiance polar devraient fortement apprécier Meurtrier & Fugitif. L’entièreté a visiblement été anticipé avant la finalisation, ce qui est une bonne chose. En occultant la dimension visuelle – peu mémorable – et en étant un peu plus sévère sur la série, on conseillerait donc uniquement le premier et dernier volet, soit 62 € de dépenses au lieu de 93 €, pas négligeable ! Comme dit dans la critique du deuxième tome dispensable, l’idéal est tout de même de lire/parcourir rapidement les deux épisodes de Nightwing, les seuls qui faisaient avancer l’enquête. À terme, Meurtrier & Fugitif sera dans Batman Chronicles (année 2002) ; il est aussi possible qu’Urban Comics les réédite dans le format Nomad, à petit prix donc, une fois l’édition actuelle en fin de vie – les volumes des grandes sagas de l’époque (Knightfall, No Man’s Land…) n’étant plus trouvables en commerce et uniquement annoncés dans les Chronicles à terme.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 15 février 2019.
Contient : Detective Comics #771-775 + Batgirl #29, #33 + Gotham Knights #30-32 + Azrael #91-92 + Batman #605-607
Nombre de pages : 384

Scénario : Devin Grayson, Ed Brubaker, Greg Rucka, Kelley Puckett, Denny O’Neil, Geoff Johns
Dessin : Roger Robinson, Scott McDaniel, Steve Lieber, Sergio Cariello, Damion Scott, Rick Burchett
Encrage : John Floyd, Andy Owens, Mark McKenna, Robert Campanella, James Pascoe, John Nyberg, Jim Royal, Robin Riggs, Sergio Cariello
Couleur : Gloria Vasquez, Gregory Wright, Jason Wright, Rob Ro

Traduction : Alex Nikolavitch
Lettrage : Moscow Eye

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Batman Meurtrier & Fugitif – Tome 2

Après un excellent premier opus (surtout scénaristiquement, moins graphiquement), Bruce Wayne accusé de meurtre et, désormais, fugitif poursuit ses aventures (et non son enquête – hélas) dans un deuxième tome dont la moitié s’avère décevante. Que s’est-il passé ? Explications et critique.

[Résumé de l’éditeur]
Inculpé pour le meurtre de sa petite amie Vesper Fairchild, Bruce Wayne est envoyé à la prison de Blackgate. Mais impossible pour Batman de rester derrière les barreaux avec un homicide non résolu sur les bras. Renonçant à son identité de play-boy millionnaire, le Chevalier Noir s’échappe et opère une nouvelle fois dans l’ombre… mais pour la bat-family, le doute est toujours là. Bruce aurait-il pu passer à l’acte et tuer de sang-froid ?

Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, le résumé de l’éditeur suffit amplement.

[Critique]
À l’instar du premier volet, il convient de revenir sur chaque épisode avec son titre, sa série et son auteur pour contextualiser un petit peu ce qu’il se déroule. Dans Meurtrier ? Identification formelle (Gotham Knights #27), Devin Grayson ajoute Superman dans l’équation. L’Homme d’acier tente de raisonner son ami, en vain… Expéditif. Affaires classées (Birds of Prey #41), Chuck Dixon infiltre Black Canary dans une banque tandis qu’Oracle la guide et tentent de déjouer l’usurpateur de Ted Kord (la présence de Blue Beetle dans ce gros canevas demeure toujours mystérieuse). La conclusion lève un soupçon chez Nightwing et Barbara néanmoins.

Place ensuite à Peindre la ville en rouge, d’Ed Brubaker (Batman #601-602), qui voit l’affrontement entre Batman et un nouvel ennemi plus ou moins pyromane, un certain Nicodème. Sans intérêt et sans connexion avec ce qui anime théoriquement le scénario : qui a tué Vesper ? comment ? pourquoi ? Batman lui-même ne semble pas s’en préoccuper… Dans Pureté (Detective Comics #768-770), Greg Rucka s’aventure dans les triades asiatiques de Gotham (en gros), cherche une drogue inédite et fait face à un homme-oiseau (littéralement !). Barbant et toujours aussi éloigné du sujet primordial, dommage. La parenthèse Chat (Batgirl #27) de Kelley Puckett compose avec Cassandra et Spoiler qui font une découverte à la fois macabre mais qui innocenterait bien Bruce, de quoi requinquer la Bat-Famille et revenir enfin (pile à la moitié du livre !) sur le propos essentiel du titre (malheureusement desservi par les affreuses planches de Phil Noto et la colorisation de Jason Wright – on y reviendra).

Dans Temps et Mouvement (Nightwing #68), Chuck Dixon entremêle deux récits, l’un entre Nightwing et Alfred (puis Robin), l’autre entre des ennemis inconnus et sans intérêt (avec de nouvelles mochetés visuelles). On retrouve ensuite Batman dans Le Croque-mort (Gotham Knights#28-29), par Grayson, avec cette fois un Chevalier Noir qui s’en prend à des morts-vivants commandés par le fameux croque-mort du titre… Grisant (malgré les chouettes dessins de Leonardo Manco dans le second chapitre) et, une fois de plus, sans corrélation avec l’enquête-fleuve censée nous tenir en haleine. Il faut attendre Entrées & sorties (Nightwing #69) de Dixon pour renouer avec. En effet, Dick, Alfred et Robin travaillent de concert pour trouver comment l’éventuel coupable a pu se glisser dans la Bat-Cave par l’extérieur. Passionnant et presque anxiogène !

Le même auteur persiste avec Point aveugle (Birds of Prey #43), dont l’éditeur n’en publie que cinq planches, liées à l’histoire générale (les autres suivaient, entre autres, Deathstroke et Green Arrow, c’est donc une bonne chose d’en avoir fait abstraction). Ed Brubaker livre ensuite Point de bascule (Batman #603) où un ancien flic au seuil de la mort confie au Dark Detective le dossier du meurtre des… Wayne. Policier inconnu au bataillon mais qui est donc là « depuis le début » avec Gordon, mouais… L’auteur conclue avec Raisons (Batman #604) dans lequel le héros semble s’affirmer comme Batman ET comme Bruce, prêt à avancer. Pas trop tôt…

Sur les quatorze chapitres qui composent ce deuxième seulement deux (les Nightwing #68-69) nous apparaissent comme pertinents dans l’avancée globale de l’histoire (ainsi que les cinq planches tirées d’un épisode [le Birds of Prey #43 évidemment) et quelques dialogues ici et là – d’Allen et Montoya notamment et des alliés de Batman). En effet, tous les autres se contentent de narrer banalement des aventures du justicier dans Gotham City (Batman, Detective Comics et Gotham Knights).

Des poursuites sans intérêt avec le fil rouge narratif du crossover, un comble ! Pire : ces épisodes montrent le Caped Crusader face à trois nouveaux ennemis oubliables : l’énigmatique Nicotème/qui manipule le feu, l’homme-oiseau et le croque-mitaine… Des personnages propres au fantastique, à l’horreur voire à la légère science-fiction (ce qu’a toujours été Batman toutefois). Ce changement de registre dans un cadre qui était jusqu’à présent entièrement basé sur le polar et le thriller sort complètement le lecteur de l’ensemble, quel dommage !

La bande dessinée n’est d’ailleurs pas du tout aidée par ses dessins, globalement hideux tout du long à quelques cas rares exceptions (Manco cité plus haut, dernière image de cette chronique). Aucun nom « notable » (cf. bloc À propos – sauf Sean Phillips, première image) et aucune patte artistique agréable visuellement. On pourrait donc presque faire l’impasse sur cet opus tant il n’apporte pas grand chose si ce n’est deux ou trois chapitres tout de même « indispensables » par rapport à ce qu’on avait eu avant. Il est incroyable que les mêmes auteurs (Grayson, Dixon, Brubaker, Rucka et Puckett) n’arrivent pas à proposer un niveau d’écriture aussi élevé que précédemment. Faute à manque de coordination entre eux ? Ou des têtes pensantes éditoriales qui souhaitaient étirer au maximum l’ensemble ? Étrange…

La lecture du troisième tome devrait permettre de trancher si le choix éditorial était pertinent ou non. À date, on n’est pas plus avancé et on n’a même pas vu Sasha Bordeaux de tout l’ouvrage, elle qui était si présente (voire suspectée) jusqu’à présent. C’est donc la grosse douche froide mais l’espoir persiste (mise à jour : le troisième et dernier volet est complètement à la hauteur, vous pouvez donc économiser 31 € en sautant celui – ou en feuilletant rapidement chez votre libraire les deux chapitres sur Nightwing) !

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 16 novembre 2018.
Contient : Gotham Knights #27-29 + Birds of Prey #41, 43 + Batman #601-604 + Detective Comics #768-770 + Batgirl #27 + Nightwing #68-69
Nombre de pages : 352

Scénario : Devin Grayson, Chuck Dixon, Ed Brubaker, Greg Rucka, Kelley Puckette
Dessin : Roger Robinson, Rick Leonardi, Scott McDaniel, Steve Lieber, Phil Noto, Trevor McCarthy, Leonardo Manco, William Rosado, Dave Ross, Sean Phillips
Encrage : John Floyd, Jesse, Delperdang, Andy Owens, Mick Gray, Mark McKenna, Robert Campanella, Rob Stull, Leonardo Manco, Marlo Alquiza, Andrew Pepoy, Sean Phillips
Couleur : Gloria Vasquez, Wildstorm Fx, Gregory Wright, Jason Wright

Traduction : Alex Nikolavitch
Lettrage : Moscow Eye

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